Réponse de quelques Gilets Jaunes à l’appel des artistes :
Artistes, nous avons lu avec attention et espoir votre appel « Nous ne sommes pas dupes ». Si certains ne manquent pas de rappeler qu’il est un peu tard pour se réveiller, 25 semaines après le début du mouvement, nous pensons que la situation est trop grave pour se permettre ce genre de critique. Toutes les bonnes volontés sont aujourd’hui précieuses pour éviter de perdre cette bataille.
Car votre constat est le bon : aussi bien sur les revendications des GJ que sur les méthodes abjectes et mortifères employées par le pouvoir. Votre texte se termine par le fait que vous continuerez à vous indigner et à utiliser votre pouvoir, celui des mots, de la musique et de l’art, pour soutenir le mouvement des Gilets Jaunes.
Cela est louable. Mais tellement insuffisant face à l’urgence et la gravité de la situation. Si la dérive totalitaire vous inquiète, il vous faut entrer en résistance. Le pouvoir sait que les revendications des GJ sont éminemment révolutionnaires dans le sens où elle ne trouveront pas de solution dans ce monde actuel, le monde ultra-libéral. L’ensemble des pouvoirs qui tient ce monde travaille donc à détruire cette résistance. Par tous les moyens possibles.
Depuis plus de cinq mois, des citoyens « ordinaires » ont mis une partie de leur vie (personnelle et professionnelle) entre parenthèse pour tenter de changer les choses. Des milliers en ont payé le prix fort : arrestations, agressions,mutilations, insultes, dénigrements, amendes, licenciement… Et pourtant, ils continuent. Avec dignité, courage et allégresse. Dans ce combat, le soutien d’artistes, connus ou non, pourrait apporter une force incroyable à la lutte.
Le mouvement des GJ a toujours refusé l’idée même de leader ou de porte-parole. Prônant l’horizontalité, les GJ mettent l’action individuelle au centre de l’engagement collectif. Mais si chaque citoyen a le pouvoir d’agir, nous savons aussi que certains ont accès à des leviers de pression que la plupart n’ont pas. Nous sommes conscients de la société dans laquelle nous vivons. La société du spectacle du regretté Guy Debord. A ce titre, le combat se mène aussi sur le front de l’image. Face à des médias de masse qui stigmatisent (volontairement ou non) les GJ, il est particulièrement important de réussir à toucher le plus grand nombre pour espérer leur faire comprendre que ce mouvement est porteur d’espoir d’une société plus juste et plus humaine.
C’est dans cette optique que nous vous proposons quelques pistes pour, qu’à votre niveau, vous puissiez aller au-delà de la signature d’un texte :
– Venez sur les actions, pour nous rencontrer et pour lutter à nos côtés (manif, blocage, banquet, occupation de ronds-points…) ;
– Mettez le gilet jaune lors d’une de vos représentations (par exemple à la fin d’une pièce de théâtre ou d’un concert). Ou même sur les plateaux TV où vous êtes invités ;
– Publiez votre soutien au mouvement sur vos propres réseaux sociaux ;
– Participez en donnant aux caisses de grèves ou de soutien ;
– Initiez des grèves dans le secteur de la culture (théâtre, musique, audiovisuel, cinéma…) ;
– Tentez de bloquer, ou au moins de perturber, des festivals (Cannes, Avignon…) ;
– Organisez des soirées de soutien aux GJ (concerts, spectacles…).
Si chacun des 1 500 signataires ne réalise qu’une seule de ces propositions, nous parions que le mouvement sortira particulièrement renforcé de cette période et que le pouvoir en ressortira profondément affaibli.
Alors, pour que votre signature sur cette tribune ne soit pas une fin en soi dans votre engagement mais bien le début d’un mouvement plus profond, nous vous le demandons tout simplement : passez de l’indignation à la révolte. Des milliers de citoyens anonymes l’ont déjà fait depuis des mois, rejoignez-les !
13 Commentaires
Répondre à christian pfohl Annuler la réponse
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Je m’appelle Ossama, je suis musicien, rappeur et gilet jaune. J’ai écrit plusieurs chansons sur le mouvement depuis début décembre. Je vais en manif et je fais des concerts sauvages. Je me joins à votre appel. L’indignation n’est pas suffisante, il faut agir. La rue a des ailes!
Il n’est jamais trop tard pour bien faire!
Nous avons aussi besoins de vos talents que de votre richesse du cœur,.
Message qui sera partagé su la page fb
Castanerchristophe.fr et le site web
http://www.castanerchristophe.fr
Bien vu, ce texte.
Savez-vous que l’académicienne Danièle Sallenave a pris la plume pour soutenir les gilets-jaunes ?
Son livre s’appelle « Jojo le gilet jaune » : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Tracts/Jojo-le-Gilet-jaune
Salut à tous.
Et on est là !
honteusement nulle cette réponse je trouve, des artistes meurent pour défendre les libertés depuis bien avant que les gilets jaunes n’existent, et le plus souvent dans l’anonymat sans le soutien de personne… et surtout nombre d’entre eux sont gilets jaunes depuis le début.
salut à vous,
tout ce que vous nous dites, nous l’entendons très fort. Notre Acte 1 n’était pas un petit tour et puis s’en va mais une manière de jouer avec les medias et d’entrer par la porte. Nous serons dans la rue partout ou cela est possible. Nous préparons pour Cannes quelque chose de significatif. Pour les manifs des choses spectaculaires (pour le moment musicales). Nous prenons conscience dans nos vies aussi de ce que s’engager veut dire quand on se doit de ne pas trahir l’espoir que soulève notre appel. Depuis plusieurs semaines, nous nous sommes mouillés jusqu’au cou, et avons passé l’essentiel de nos journées a bosser sur cet Appel, nous sommes en train de nous préparer à la suite, et avons tant de bonnes volontés qui se sont déclarées que nous sentons l’amplification possible de notre démarche et sa concrétisation. J’espère, nous espérons que nous serons à la hauteur. La lutte est la vie puissance dix, la victoire du etre-ensemble et d’affirmer notre puissance de feu. L’enjeu de ce moment est de barrer la route à ce système qui va dans le mur et nous emmène avec lui. Ce message est personnel, mais nous parlerons de votre appel avec les camarades des Yellows Submarines.
Christian Pfohl, très bien, merci.
Merci aussi d’avoir évité l’écriture inclusive, ce qui rend votre texte plus lisible.
[…] Juliette Binoche, Emmanuelle Béart, Edouard Louis, Alain Damasio… 1400 personnalités du monde de la culture apportent leur soutien à un mouvement « sans précédent dans l’histoire ». Ils créent un site pour continuer à collecter des signatures. Des Gjs leur répondent. […]
Nous ne sommes pas dupes !? Laissez-moi rire. Quand je regarde la liste des signataires, j’ai honte. Honte pour eux. Honte à eux. Ces signataires de la dernière heure sont les ultra-libéraux de la culture. Ils ont le pouvoir, l’argent. Ils s’auto-congratulent. Sont totalement out. Qu’ils passent le balai devant leur porte ! Que font ces messieurs-dames dans leurs palais dorés ? J’ai cinquante trois ans. Comédien. Je vis avec 800 euros par mois. Repensent-ils leur fonction, leur rôle ? S’interrogent-ils sur le partage des richesses ? Que font-ils pour les artistes sinon soutenir et entretenir leurs copains et leur réseau ! Auraient-ils le courage, le désir de repenser de fond en comble le fonctionnement des institutions dans lesquelles ils s’enferment ? Prennent-ils de réels risques ? Comment produisent-ils leurs spectacles ? Et si on indiquait le prix réel de leurs productions artistiques le public cesserait-il d’être dupe à son tour ! Pourquoi leurs spectacles, leurs créations sont-ils les seuls à avoir de l’argent et des moyens de diffusion ? … Accrochés à leurs privilèges ils nous méprisent, nous ignorent, nous mentent. Alors qu’ils ne viennent surtout pas nous faire croire qu’ils se rallient à la cause des plus faibles. Tout cela n’est que mascarade. Monsieur Nordey, Mademoisellelle Binoche, Monsieur Édouard Louis et tutti quanti vous n’êtes plus crédibles.
Que d’aigreur… croyez-vous que vous en êtes plus productif que les personnes que vous dénigrez ? c’est dommage, inutile. Que savez-vous des engagements individuels de chacun des signataires, connus ou non ? Voilà le genre de discours et d’attitude dont personne n’a besoin. J’ai signé cet appel depuis le début, je suis artiste visuelle et pas mieux lotie que vous financièrement. Et alors ? Il y a parmi les artistes qui gagnent très bien leur vie des gens parfaitement intègres et d’autres pas. Comme chez les artistes précaires. Comme dans tous les domaines. Ne vous trompez pas de combat.
JF,
Avant les gilets jaunes il leur était pratiquement impossible d’initier quoique ce soit. Individuellement ils ne pouvaient rien faire au risque de se faire marginaliser dans la profession et par les médias. (le 1er qui dit la vérité, il sera exécuté…)
Le mouvement des gilets jaunes est l’occasion pour eux de monter en nombre au créneau. Et c’est à saluer.
Bonjour,
Je partage l’indignation de DAMIEN (2D) HENCEVAL, oui! en France il y a des artistes qui meurent par suicide ou de maladies du stress, dans la solitude, l’isolement et l’indifférence la plus totale.
Les causes principales sont la (ou les?) politique culturelle étatico-structurelle + l’économie capitaliste des 30 à 40 dernières années comme le dénonce JF.
Merci à vous, un Gilet Jaune et Noir depuis 1990.
précaires ou non… (extrait de « nous ne sommes pas dupes ! »)
Pour le Collectif Yellow Submarine un précaire, est-ce un intermittent du spectacle ou un RSAste interdit de spectacle ?
La violence la plus menaçante est économique et sociale… (extrait de « nous ne sommes pas dupes ! »)
Très certainement et c’est bien pour cela qu’il faudrait bannir le népotisme qui pullule dans les métiers artistiques, pour laisser toute la place requise et nécessaire aux expressions, créations, issues du prolétariat (du peuple par le peuple pour le peuple).
– Mais est-ce que le Collectif Yellow Submarine a seulement conscience du népotisme partial, destructeur de vies, véritable institution du fabriqué « artistique » en France…
– Et plus généralement de la lutte de classes que cela implique ?
Texte (lien) dénonçant le népotisme dans la chanson ou la musique dite « populaire »:
https://www.legrandsoir.info/le-blues-de-cunegonde-ou-le-nepotisme-dans-la-chanson-francaise.html
Texte pour l’emploi et pour parer, éviter, le népotisme : (dans la chanson ou la musique dite « populaire »)
Emploi / Transparence et démocratie dans les Salles et Scènes de Musiques Actuelles (et lieux subventionnés)
Objet :
Établir plus de transparence et d’équité, de démocratie participative au sein des Salles ou Scènes de Musiques Actuelles. Dans le but de promouvoir, la création musicale dite populaire par une dynamique réelle et interactive, entre le public et les musiciens / musiciennes, de nos communes, départements, régions et donc sur le plan national. De leur accorder sans discriminations sociales, le droit d’exercer leur métier, de travailler dans ces lieux appropriés et édifiés pour cela, afin de quitter ou d’échapper à la précarité, la pauvreté, l’exclusion (RSA, chômage, etc.).
– Obligation pour les Salles ou Scènes de Musiques Actuelles* de prendre sans distinction de style, des musiciens et musiciennes en groupes, duos, seul en scène (one man show) du département ou se trouve la dite, Salle ou Scène de Musiques Actuelles.
*Les Salles ou Scènes de Musique Actuelles ont été construites, grâce aux divers financements et subventions municipales, départementales, régionales, nationales, européennes et fonctionnent en partie avec le concours d’un seul ou de plusieurs acteurs territoriaux précédemment nommés. Donc grâce au peuple.
– Dans le but de bannir tout népotisme culturel qui sévit lourdement dans le secteur musical sur les personnes venant du peuple : Ces personnes, musiciens et musiciennes qui n’ont rien d’autre que leur force de travail et leur créativité musicale à offrir et n’ayant donc, aucune relation de privilège de part leur naissance et milieu social.
– Sachant qu’il existe en France, une ou plusieurs Salles ou Scènes de Musiques Actuelles (de tailles et de grandeurs différentes) dans chaque département.
– Pour établir une réelle « politique » locale et culturelle pour tous les styles musicaux dit populaires (donc venant du peuple).
– Toutes les Salles ou Scènes de Musiques Actuelles devront être constitué d’une équipe tripartite, de représentants mandatés pour une année (mandat impératif), suivant des modalités fonctionnelles d’appels à candidature, étendues à l’ensemble du département, soit :
Du représentant administrateur(1) ou programmateur de la Salle ou Scène de Musiques Actuelles, de plusieurs représentants issus des musiciens, musiciennes et de plusieurs représentants issus du public (donc du peuple), toutes et tous favorables au développement de la musique dite populaire dans leur département. Chaque partie n’aura qu’un tiers décisionnel – trois parties égales – pour décider de façon absolument égalitaire de la programmation annuelle à venir et des conditions logistiques, matériels, entretiens, divers, etc.
(1) Seul et pour des raisons techniques de bon fonctionnement de la salle, l’administrateur et son équipe (ou l’équipe actuelle) pourront être des permanents mais en aucun cas, le représentant administrateur au niveau de la programmation ne pourra outrepasser ses droits précédemment définis (soit un tiers décisionnel).
– D’étape en étape par propositions évolutives au niveau régional puis national, ces équipes tripartites devront se réunir (suivant des modalités de fonctionnements à définir : planning, délégués, consultations et concertations en salle et / ou via internet, mandats impératifs, etc.) dans un esprit coopératif et fédérateur donc d’absolue transparence. Pour établir entre elles, une interactivité qui puisse de façon commune et démocratique, sans partialité et au bénéfice de tous, permettre et facilité à chaque musicien et musicienne de pouvoir vivre de leur métier, dans un mouvement ascensionnel de culture du peuple pour le peuple et par le peuple dans toutes ses diversités et créativités.
– Les Salles ou Scènes de Musiques Actuelles devront indépendamment de la multitude des styles de musiques programmées en leur sein, être comptables d’une répartition à 50 % de textes de langue française et 50 % de textes de langues étrangères, régionales ou autres.
=> Pour les langues étrangères, prendre en compte toutes les langues et pas uniquement
l’hégémonique langue du monde anglo-saxon.
– Ce texte à légiférer peut s’appliquer à toutes salles, scènes, associations, susceptibles de diffuser des spectacles musicaux ou de le permettre, ayant par le passé ou actuellement dans leurs fonctionnements des financements et subventions soit d’un seul ou de plusieurs acteurs territoriaux précédemment nommés. En tenant compte des capacités techniques, structurelles, physiques, matérielles et géographiques de chaque lieu ainsi que d’éventuelles singularités ou spécificités.
Hyperliens / sites (liste non exhaustive) :
https://www.musictips.net/la-liste-des-smac-en-france
http://www.fedelima.org/rubrique4.html
http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Musique/Organismes/Creation-Dif…
– Précarité :
« Dans cette précarité où les difficultés du présent oblitèrent l’avenir, les qualités propres des personnes sont ignorées, déniées, bafouées. La détermination sociale y prévaut et apparaît dans toute sa cruauté.
Jacques Rigaudiat – Le nouvel ordre prolétaire, 2007
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Precarite.htm
[…] Juliette Binoche, Emmanuelle Béart, Edouard Louis, Alain Damasio… 1400 personnalités du monde de la culture apportent leur soutien à un mouvement « sans précédent dans l’histoire ». Ils créent un site pour continuer à collecter des signatures. Des Gjs leur répondent. […]