Notre page fb est à nouveau victime d’une censure (qui ne dit pas son nom). La troisième fois depuis fin août. Et surtout, la deuxième en deux semaines.

Nous avions été « invisibilisés » durant une semaine (jusqu’au 1er novembre). Et voilà que trois jours après un retour « à la normale », Facebook nous bloque à nouveau jusqu’au 11 novembre ! Concrètement, cela signifie que nos 130 000 abonnés ne voient plus aucune de nos publications, et qu’il est impossible de les partager. Autant dire que cela réduit à néant notre audience.

Ainsi, Fin août alors que nous couvrions le contre-sommet du G7, la même sanction nous était déjà tombée dessus (une première en 7 ans d’existence). Notre audience avait alors été divisée par 1000 pendant une semaine, passant de plusieurs centaine de milliers de vues par jour à quelques centaines. Après une petite enquête nous nous étions aperçu que nous n’étions pas les seuls et qu’une vingtaine de pages subissait le même sort (Lille Insurgée, Nantes Révoltée, Gilets Jaunes Toulouse ou Bretagne Noire…), toutes suivaient notamment le mouvement des gilets jaunes.

A cette « sanction » qui enlève nos publications des murs de nos abonnés, se rajoute une nouvelle sanction, qui court depuis plus de dix jours et se prolonge chaque jour d’une journée supplémentaire (au point que cela ressemble à une mesure permanente) : Facebook nous empêche de poster des publications avec des liens externes (un article d’un site Web, un lien vidéo YouTube, ou autre). D’autres pages ont subi ce même genre de restriction, à l’image du syndicat SUD Rail.

Malgré de nombreux appels de ces sanctions, nous n’avons reçu aucun retour ni explication. Plusieurs journalistes ont enquêté sur la situation, notamment suite à la sortie d’un article sur médiapart, mais aucun n’a réussi à avoir de réponse de Facebook, en dehors de réponses standards sur le « non respect des règles d’usages ».

L’absence totale de transparence de Facebook à ce sujet laisse de sérieux doutes sur les raisons réelles de ces sanctions, d’autant que de nombreuses pages appelant à la haine (voir pire) ne connaissent aucune sanction. A cela s’ajoute les nombreux posts de militant En Marche qui se vantent de lancer des « campagnes de signalement » de pages jugées « hostiles » au gouvernement. A l’image de ce groupe facebook qui lance régulièrement des signalements sur la page CND, grâce à de nombreux profils (dont certains clairement créé pour l’occasion) :

Cerveaux Non Disponibles est un média engagé. Au vu des personnes au pouvoir en France, nous assumons même d’être un média « d’opposition ». Mais, jusqu’à présent, cela n’est pas interdit en France. Et c’est même un élément important d’une démocratie. Si nous relayons des articles et tribunes parfois ouvertement révolutionnaire, il ne s’agit jamais de texte appelant à la haine ou contraire à la législation.

Si sur les deux premières sanction d’invisibilisation, ainsi que sur l’impossibilité de poster des liens, nous n’avons jamais su quel post avait été pris comme « raison officielle », nous avons eu un signalement précis pour la plus récente invisibilisation : c’est le relais d’une lettre anonyme sur notre page : Je suis Cléone. Je fus esclave à Saint Domingue. Une œuvre de fiction très forte, qui a également été reprise par Lundi Matin, Grozeille et d’autres médias français, et qui a aussi été diffusée sur des murs au Chili et à Hong Kong. Mais apparemment pour ce qu’on peut appeler « le réseau de la censure », la lettre « va à l’encontre des standards de la communauté en matière de discours haineux ». Que le ton et le contenu de cette œuvre littéraire éminemment révolutionnaire ne plaise pas à tout le monde, notamment aux militants de la République en Marche et aux partisans d’un statut-quo politique et économique, cela ne nous étonne pas. Mais que Facebook accède à leur demande (voir l’anticipe) en supprimant notre publication puis en nous sanctionnant pour ce post, cela dépasse la raison.

Il est donc très inquiétant de voir que des structures politiques, médiatiques et syndicales puissent se retrouver totalement invisibilisées sur le plus gros réseau social de la planète, et ce, sans aucune explication. Que ce soit un acte volontaire de Facebook (en lien avec le gouvernement), ou le résultat de campagnes de trolls pro Macron, cela pose d’énormes questions.  Bien sûr, Facebook « fait ce qu’il veut » sur sa plateforme. Chaque utilisateur a signé les conditions d’utilisations qui permettent au réseau de décider comment faire apparaitre (ou non) les publications. Mais cela pose problème si ces choix se font de façon totalement opaque, sans réponse, et de façon très ciblée sur certaines pages (clairement opposée au pouvoir en place). Même si Facebook est un organe privé, vu son poids aujourd’hui dans nos sociétés, nous ne pouvons accepter que ce groupe décide de censurer des pages, avec les conséquences (politiques et sociales) que cela peut avoir. C’est une sérieuse menace pour la liberté d’expression et d’opposition.

Car ce qui arrive aujourd’hui à CND (et d’autres pages) pourra arriver dans quelques mois à Médiapart, à Libération, à la CGT, à ATTAC, à XR, à Greenpeace ou à n’importe quelle autre structure. Ne pas interroger aujourd’hui Facebook sur ces agissements, c’est laisser la porte grande ouverte à des dérives de plus en plus fréquentes et importantes.

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