La métropole Lilloise connait un important mouvement lycéen depuis deux semaines.

Contre Parcoursup, la réforme du baccalauréat, la réforme des retraites, la précarité étudiante, ainsi que le désastre environnemental actuel et à venir : tous les jours, plusieurs lycées de la métropole sont bloqués. Mardi dernier, on comptait au moins 13 établissements mobilisés. Tout comme ce jeudi 12 décembre. Des centaines de lycéen-ne-s se réunissent dans le centre-ville et manifestent spontanément, massivement et sauvagement. À Roubaix, Tourcoing, Marcq-en-Baroeul, Villeneuve d’Ascq, La Madeleine, Lambersart, Lille, les lycées se soulèvent. Chaque matin, vers 7h, les lycéen-ne-s se retrouvent devant leurs bahuts pour bloquer afin d’empêcher la tenue des cours, libérer du temps et manifester.

🔸FAIRE CORPS : L’ESSENCE DU MOUVEMENT 🔸

Ce mouvement s’est rapidement amplifié. En deux semaines, on est passé de 3 lycées mobilisés à 13. De quelques dizaines de lycéen-ne-s mobilisé.e.s à plus d’un millier. Il s’organise rapidement, et multiplient les initiatives. Ce mouvement s’est amplifié car les revendications qu’il porte font écho à une réalité partagée par chacun.e de celles et ceux qui le font vivre. Cette société tue, des lycéen-ne-s sont tués ou tentent de se suicider.

Hier, un jeune sautait du 2eme étage de son lycée dans un élan de désespoir, éminemment politique. Le gouvernement refuse d’admettre cette réalité terrifiante qui pourrait soulever l’ensemble d’une génération délaissée, méprisée, dont la puissance pourrait se révéler indomptable.

Parcoursup est un processus de sélection infâme qui montre sa cruauté depuis 2 ans. Il en est de même pour la réforme du bac encore en cours d’application. Le désastre environnemental qui vient ne laisse aucune perspective d’avenir viable à une génération qui devra composer avec un monde de moins en moins vivable dont les seules responsables sont les riches capitalistes et les dirigeant.e.s autoritaires. La répression policière s’intensifie et tout.e.s les lycéen-ne-s se souviennent des images de Mantes-la-Jolie, il y a un an. Tout les lycéen-ne-s lillois.e.s se souviennent des violences policières au lycée Montebello ou lors des manifestations au Rectorat de décembre dernier.

🔸 RÉPRESSION POLICIÈRE 🔸

La police joue très vite le jeu de la provocation en réprimant salement et lâchement les lycéen-ne-s dès les premiers jours de blocages. Des dizaines de jeunes ont été interpellé.e.s sans motif légitime et placé.e.s en garde-à-vue.

La police vient, dès 7h du matin les premiers jours, empêcher les blocages. Comme à Queneau (Villeneuve d’Ascq) ou Montebello (Porte des Postes). La BAC vient jouer les gros bras pour faire peur à celles et ceux qui feraient ici leurs premières manifestations. Elle n’hésite pas à matraquer, gazer, interpeller. En bref, faire pleinement leur boulot de raclures.

La FCPE dénonce dans un communiqué l’usage disproportionné de la force. La police multiplie les provocations et les insultes, notamment « homophobes et à caractère sexuels ». Elle interpelle violemment les lycéen-ne-s. Plusieurs ont été passé à tabac.

🔸 RIPOSTE IMMÉDIATE 🔸

Mais les lycéen-ne-s ne se laissent pas faire. Loin de là.

Dès les premières photos et vidéos montrant la répression, les jeunes ont commencé à s’organiser. Et pas qu’un peu.

Sur certains réseaux, les appels à bloquer se multiplient. Les jeunes se font tourner le mot. « Venez en noir, masque, lunettes de piscine. Ramenez tout ce que vous pouvez. On va pas se laisser faire comme l’année dernière. »

La police gaze le premier jour, les lycéen-ne-s s’équipent de masques à gaz et de sérum physiologique le deuxième. La BAC tabasse et interpelle le troisième jour, les jeunes ripostent le quatrième.

Très vite, après les premiers contacts avec les forces de l’ordre, les premiers blocages et les premières nasses (qui ont parfois duré jusqu’à 1h30). Nous avons pu observer une solidarité très spontanée !

Alors que certain.e.s font reculer les forces de l’ordre, d’autres distribuent du sérum physiologique, de la nourriture, de l’eau. D’autres, encore, se chargent du dialogue avec les proviseur.e.s pour obtenir des assemblées générales ou autres permissions.

Nous avons également observé des profs sortir dans la rue et soutenir les lycéen-ne-s ou rédiger des courriers à l’administration afin de dénoncer le comportement de certain.e.s proviseur.e.s à l’égard du mouvement.

🔸 PANIQUE LA POLICE 🔸

Les blocages se transforment doucement en zone de maintien à distance des forces de l’ordre. C’est ainsi que les barricades enflammées se multiplient, comme ce vendredi matin au Lycée Gaston Bergé. Face à la répression, la riposte est incroyablement déterminée. C’est ainsi que les policiers essuient des tirs de projectiles, comme ce tir de mortier au lycée Valentine Labbé, ou comme ce projectile envoyé sur Papineau – le shérif de la ville. Deux établissements de la métropole ont décidé de fermer en fin de semaine. Ils rouvriront leurs portes lundi si la situation se calme. Nous en doutons fortement.

Les lycéen-ne-s s’organisent aussi pour ne pas se faire choper. Les caméras des établissements se font fracasser. Les jeunes se font tourner des mots. Sont particulièrement attentif-ve-s aux déplacements des flics, aux personnes qu’ils recherchent. La répression du mouvement ne passe pas et les lycéen-ne-s sont particulièrement vener. C’est ainsi que nous avons vu le « commissaire » Lejeune, se faire salement rembarrer par les lycéen-ne-s quand il leur a dit qu’ils n’avaient pas le droit de manifester – ce qui est faux.

 

Les manifestations sauvages mettent en déroute les forces de l’ordre, qui ont beaucoup plus de mal à gérer ces moments spontanés.Le mouvement lycéen en cours a beaucoup à apprendre aux autres mouvements. Sa spontanéité, sa détermination, l’organisation rapide, simple et efficace, sa capacité à riposter doit inspirer dans des pratiques que beaucoup sont de moins en moins habitué.e.s à employer. Pas besoin d’aller à Hong-Kong pour trouver des pratiques efficaces : il y en a en bas de chez nous.

Aujourd’hui les lycéen-ne-s sont capables de s’entraider dans des situations dangereuses imposées par l’Etat, destinées à mater toute forme d’expression qui ne va pas dans son sens, et la jeunesse résiste mieux que jamais. Et c’est pour une bonne raison, cette jeunesse n’a rien à perdre. Elle a tout à gagner. Elle ne désire désormais qu’une seule chose : le Monde.

Ou rien.

Comme ce jeune, arreté et matraqué à coté d’Euralille.

Vidéo d’une barricade enflammé au Blocus de Gaston Bergé le vendredi 13 décembre.

Tir de mortier (feu d’artifice) au lycée Valentine Labbé le 12 décembre.

Au Lycée Fenelon, une caméra est arraché le jeudi 12 décembre.