La mobilisation sociale semble avoir repris son souffle et est prête à repartir de plus belle, deux mois après le début de cette grève, historique par sa durée, par la diversité des secteurs mobilisés et surtout par la détermination renversante de tous les corps de métiers qui rejoignent la lutte.

Il y avait un risque, celui que tout le monde redoutait et qui faisait rêver le gouvernement : « l’essoufflement ». Face au carnage politique et social de la macronie, il apparait désormais comme une évidence qu’il nous faut installer un rapport de force puissant et solide par la rue et dans la rue.

Les infirmières, les ouvriers, les éboueurs, les enseignants, les lycéens, les avocats, les étudiants, les cheminots, etc… en deux mots : les travailleurs, du public comme du privé, décident de marcher ensemble, et se soutiennent les uns les autres, car quoi que disent les journaux, les chaines d’information et les radios, une grande solidarité populaire est entrain de se construire.

Les dérapages de plus en plus fréquents du gouvernement, les scandales qui éclatent, la police qui réprime et mutile aveuglement, tout cela renforce sensiblement la conscience d’appartenir à la même classe sociale, avec les mêmes difficultés financières, ce même manque de reconnaissance, ce sentiment d’abandon qui, depuis des années, n’a eu de cesse de creuser le fossé qui sépare les travailleurs de la bourgeoisie et des puissants.

Au-delà des revendications économiques et profondément sociales que la mobilisation met au grand jour, c’est un ennemi commun qui se dessine petit à petit, un ennemi qu’il faut combattre. Il n’y a que le travail qui produit de la richesse, le reste n’est rien, alors face au capitalisme libéral opposons-leur la solidarité du peuple.

Ce gouvernement est une catastrophe. Il trahit sans vergogne la promesse républicaine en allant chercher les symboles de son pouvoir dans la terreur qu’installent les forces de l’ordre, oscillant dangereusement entre fascisme et autoritarisme. Macron ne cherche plus à convaincre, il veut vaincre, battre le peuple en offrant la vie des français aux entreprises privées, en capitalisant les 330 milliards d’euros qui jusqu’à présent étaient consacrés aux retraites. Pour les amies de Macron, les banques et les assurances, les retraites sont une potentielle poule aux œufs d’or qu’il serait bien dommage de ne pas exploiter.

Les dates pour de nouvelles manifestations s’enchainent et s’additionnent laissant présager des mois de février et de mars noirs pour la macronie qui se verra une nouvelle fois contrainte d’opposer les forces de police pour faire taire la colère d’un peuple qui n’en peut plus. C’en est fini des magouilles politiciennes, des promesse alléchantes et des discours flambants, bientôt c’en sera fini pour de bon, les gens ne tomberont plus dans le panneau, il ne reste que les flashballs et les matraques pour faire tenir le gouvernement dans un équilibre plus qu’incertain.

A nous de pousser bien fort pour qu’ils tombent et que leur chute face trembler le monde entier, qu’elle retentisse comme une alarme pour les travailleurs, chômeurs et précaires de tous les pays, qu’elle sonne la fin du jeu pour les banquiers véreux et les politiques malsains.

Le capitalisme touche à sa fin, c’est le peuple uni qui sonne le glas des espoirs du libéralisme. Ainsi, c’est bel-et-bien collectivement que la lutte se construit et que la mobilisation prend forme, en même temps que la colère monte, de plus en plus solide et structurée.

Je perçois désormais ce que signifie un mouvement qui « prend de l’ampleur », c’est une vague qui grossit, qui commence par une secousse dans une eau calme et muette, et qui petit à petit se remarque, prend forme, fait du bruit, d’abord aigu et strident puis grave et assourdissant. Nous sommes beaucoup, en tout cas plus qu’eux, les fachos, les flics et les politiques, et si le gouvernement ne lâche pas, ce sera la guerre, la vraie cette fois-ci.

Si nous ne souhaitions pas de violences, un point d’inflexion a été clairement franchi ces derniers mois, au cours de cette dernière année, et la violence se dresse, petit à petit, comme une évidence, à tort ou à raison, l’Histoire en jugera.

Nous ne pouvons plus nous taire, encore, ne pas répondre aux coups portés, injustement. Un proverbe Congolais dit « Miso makasi, ndoki té » – « il ne faut jamais courber la tête sous les coups qu’on ne mérite pas », et nous ne méritons aucun des coups qui nous ont été portés.

Oriol BAILLAUD ROCA, étudiant en Humanités à l’Université de Strasbourg