« Loin d’être le fou dangereux décrit aux fins de couvrir une énième violence injustifiable, Olivier est avant tout un père de famille avec deux filles qui ce jour là fumait tranquillement sa clope devant chez lui avant de connaitre tout ce qui allait lui arriver. » 

Les images ont fait le tour des réseaux sociaux et des médias : Olivier, la cinquantaine, s’est fait frapper à coup de muselière par une brigade de police la nuit du vendredi 24 au samedi 25 avril à Toulouse. L’auteur de la vidéo nous a envoyé ses images prises de son balcon.

Très rapidement, France 3, La Depêche et France Bleu traite l’affaire avec pour seul axe la communication du syndicat policier d’extrême droite Alliance qui fait alors un portrait à charge pour justifier l’injustifiable violence de l’arrestation. L’homme lynché à coup de muselière alors qu’il est à terre et sans arme est dépeint comme un fou dangereux au passé judiciaire. Il viendrait de « s’évader de l’hôpital psychiatrique » et il serait «  potentiellement porteur d’une grenade et d’un pistolet ».
Pour la police à ce moment, une seule chose compte : faire croire qu’il fallait à tout prix arrêter une menace ambulante pour la société.

Sauf que la réalité est assez différente. Nous nous sommes entretenus avec son avocat Maitre David Lanes ainsi qu’avec ses proches. Qu’avons nous appris ?

– Olivier n’a jamais eu d’antécédents psychiatriques
– Son passé judiciaire remonte aux années 90
– Il avait le droit de partir de l’hôpital
– Ce jour là il a eu une altercation avec un voisin violent qui était venu devant chez lui
– Olivier a utilisé une relique de fusil pas chargé et une hachette à couper son bois de barbecue afin d’éloigner le voisin
– Les armes ont été remises à la gendarmerie
– Avant l’arrivée des gendarmes, Olivier a pris beaucoup de médicaments pour se calmer
– A cause des coups des policiers qu’on voit sur la vidéo, Olivier a perdu des dents et a de nombreuses marques sur le corps
– Olivier dément certaines charges retenues contre lui, notamment la violence envers dépositaires de l’ordre public
– Il va porter plainte

Il y a donc eu deux temps dans cette affaire. En premier une altercation entre voisins à Longages et dans un deuxième temps les violences policières à Toulouse. Son avocat nous raconte qu’après l’altercation avec le voisin « Olivier a été accompagné à l’hôpital par les pompiers sur décision de la gendarmerie à cause de la surdose de médicaments. Il les avait pris pour « redescendre ». »

Mais au bout d’un moment, il veut rentrer chez lui et quitter l’hôpital contre l’avis des médecins. La sécurité appelle alors la police et transmet qu’il serait « potentiellement porteur d’une grenade et d’un pistolet ». Olivier dément avoir évoqué ces termes ou proféré des menaces. Quoi qu’il en soit il n’est pas arrivé à l’hôpital avec des armes et la sécurité le savait bien. Alors pourquoi ces termes si incriminants alors qu’à ce moment tout le monde sait qu’il n’a pas d’armes ? Ça reste une zone d’ombre…

« Partir de l’hôpital comme il l’a fait, il en avait tout à fait le droit. Il voulait rentrer pour se reposer chez lui. » (Maitre David Lanes)

La police le retrouve un peu plus tard dans les rues de Toulouse et décide de l’interpeller. Les agents lancent le chien sur Olivier qui se fait mordre plusieurs fois. Alors qu’il saigne à cause des morsures, Olivier informe la police qu’il a l’hépatite C.
Dans la version policière cela se transformera en volonté de « transmission d’une substance dangereuse sur dépositaire de l’ordre public ». Olivier et son avocat démentent cette menace ou la tentative de contamination.

La suite, nous la voyons sur les images filmées par un témoin. Olivier se fait plaquer au sol par derrière et tombe violemment face contre terre. Un autre policier frappe plusieurs fois Olivier sur la tête avec la muselière du chien alors qu’il est plaqué par terre et tente tant bien que mal de se protéger des coups. Olivier a vu la vidéo et dit que c’est à ce moment là qu’il a perdu des dents.

Après ça, les pompiers l’ont amené à l’hôpital suite à ses blessures. Il a été mis en garde à vue dans la foulée et mis en examen le dimanche.

La certitude de son avocat, c’est que la police a très vite pu constater qu’il n’avait aucune arme et que l’argument qui avait été invoqué pour justifier l’ultra violence ne peut pas entrer en ligne de compte. D’ailleurs, a-t-on déjà vu une police choisir comme dispositif un plaquage hasardeux et une muselière pour arrêter un homme potentiellement armé d’une grenade et d’un pistolet ?

Loin d’être le fou dangereux décrit aux fins de couvrir une énième violence injustifiable, Olivier est avant tout un père de famille avec deux filles qui ce jour là fumait tranquillement sa clope devant chez lui avant de connaître tout ce qui allait lui arriver.

Dans cette affaire, la police est allée chercher des faits de justice remontant à 20 ans et a brandi la menace psychiatrique (qui s’avère être fausse) pour s’en servir comme d’arguments aggravants et justifiant l’injustifiable. La criminalisation des victimes est une recette systématiquement employée pour tenter de faire admettre les violences policières dans l’opinion publique. Il faut aussi noter que les journaux ont montré une grande disponibilité à relater une telle version.

Comment se fait-il qu’un homme parti d’un hôpital pour rentrer se reposer chez lui après un épisode éprouvant, se retrouve quelques minutes plus tard tabassé par la police et un jour après traîné dans la boue par un de ses syndicats d’extrême droite repris en fanfare par les médias ?

Maintenant Olivier est confronté à une autre institution aussi connue pour sa disponibilité à entériner les versions policières : la justice. Mercredi, Olivier a été placé en détention provisoire. Motifs : Son casier judiciaire de plus de 20 ans justifie aux yeux du juge une crainte de récidive. Autre argument invoqué : l’altercation avec le voisin pourrait se réitérer. Bien que son avocat ait proposé qu’Olivier réside loin de ce voisin, dans sa famille, cette option n’a pas été entendue. Ce choix plus que contestable a fait l’objet d’un recours par l’avocat qui va porter plainte avec Olivier contre les violences injustifiables qu’il a subies.