Des jours d’émeutes et des manifestations dans tous les Etats Unis suite au meurtre de George Floyd commencent à montrer leurs conséquences politiques. La police de Minneapolis gangrénée par le racisme est maintenant en voie de démantèlement.

Une majorité de membres du conseil municipal annoncent vouloir transférer les fonds alloués à la police à un futur organisme public qui sera chargé de la sécurité. Ils ont aussi annoncé vouloir travailler avec les représentants des communautés. Une possible opposition du maire, récemment hué lors d’un rassemblement pour avoir exprimé son hostilité à une dissolution de la police, ne serait pas suffisante pour empêcher ce processus.

Si ce n’est pas encore l’heure de sabrer le champagne, c’est un tournant majeur pour les partisans de l’abolition de la police, il faut clairement y voir le fruit d’un rapport de force et d’alternatives autonomes qui sont depuis longtemps travaillées. C’est peut-être aussi un premier pas pour mettre hors jeu une police et son héritage raciste responsables de la mort de nombreuses personnes, surtout non blanches. Petit à petit un constat apparait au grand jour : la fonction de la police tient plus dans la répression que dans la protection et tout le monde peut enfin penser à comment s’en passer.

La police n’a d’ailleurs pas toujours existé et la résolution de nombreux types de conflits est quelque chose d’expérimenté dans plusieurs endroits du monde à une échelle plus communautaire ou communale qu’institutionnelle. Gérer la violence, ses conséquences et ses réparations est quelque chose que des groupes au sein d’une communauté peuvent assumer collectivement.

A Chicago des collectifs de mères et des cercles de paroles font ça.
Au Chiapas des conseils communaux font ça.
A la Zad de Notre Dame des Landes un collectif en constante évolution selon les conflits fait ça.
Dans toutes les zones du monde qui tentent de se rendre autonome face au capitalisme cela existe à plus ou moins grande échelle et dans bien des situations, il est possible de se passer de la police lorsqu’on s’organise.

Mais dans chacun des cas, il s’agit d’individus partageant immeubles, villages ou quartiers qui se sont emparés collectivement des questions sur lesquelles l’Etat les mettait d’habitude sur la touche et sous tutelle, parce qu’il y avait urgence aussi. Abolir la police n’est pas quelque chose qui tombe du ciel. Aux Etats Unis, il existe un vrai mouvement abolitionniste qui s’organise en conséquence depuis des décennies.

Derrière, c’est aussi une question plus vaste qui se pose. Comment changer la vie, comment participer à la construction de sa propre vie et de son environnement au lieu de déléguer… Si pour l’instant nous sommes des millions à devoir nous subordonner à un monde qui crée des inégalités et à devoir aller bosser pour que ses inégalités puissent se reproduire dans un système qu’on appelle le capitalisme, il se pourrait qu’en poussant encore un peu plus, qu’en nous organisant dans les révoltes et qu’en remettant la pression dans la rue, il en soit autrement.

Démantèlement partout !