Par Lille insurgée

Samedi 20 juin, plus de 200 personnes se sont rassemblées devant la statue du général Faidherbe, soldat en Algérie entre 1844 et 1852 où il a enchaîné les pillages, massacres, enfumages, destructions de villages, décapitations de rebelles, et autres actes de barbarie coloniale. Alors qu’il était gouverneur, Il a organisé une campagne de “Pacification” du Sénégal, qui s’est traduit par des opérations militaires sanglantes entre 1854 et 1865 . Le Général Faidherbe est aussi un idéologue raciste : « Dès son arrivée au Sénégal, il se met en relation avec les sociétés savantes parisiennes et participe à l’effort de classification des peuples locaux. Contrairement à ses prédécesseurs, qui se contentaient de descriptions et de typologies, Faidherbe s’attache à établir un système raciologique cohérent et hiérarchisé. Il décrit ainsi l’histoire du Sénégal comme une interminable « guerre des races ». »

Pour plus d’information sur l’histoire de Faidherbe, allez lire cet article du collectif « Faidherbe doit tomber » : https://faidherbedoittomber.org/qui-etait-louis-faidherbe-…/

Le rassemblement appelé par les collectifs Faidherbe doit tomber, le Collectif Décolonial DéterminéSurvie Nord, le FUIQP 59/62, le Comité des Sans Papiers 59, le collectif Afrique, le collectif sénégalais contre la célébration de Faidherbe et l’Atelier d’histoire critique avait donc pour objectif de rappeler ces actes que l’histoire officielle a minutieusement dissimulés pour glorifier le personnage.

 

 

Une pétition a d’ailleurs été lancée pour demander le retrait de la statue : http://chng.it/4wcLX24H

Cela fait deux ans qu’un groupement d’associations et de collectifs demandent le déboulonnage de la statue (depuis 2018, bicentenaire de l’année de naissance de Faidherbe – né le 3 juin 1818). Deux ans sans réponse de la mairie.

▶️ LA PLACE DE FAIDHERBE DANS L’ESPACE PUBLIC.

L’argument premier des personnes s’opposant au déboulonnage des statues serait que la destruction de ces statues reviendrait à détruire notre histoire. Cet argument fallacieux n’est en définitive qu’une inversion complète du réel. L’histoire de Faidherbe n’est finalement que peu connue malgré les nombreuses évocations du personnage dans l’espace public. La présence de la statue banalise et glorifie le Général sans que son histoire ne soit expliquée. Pour exemple, certaines promos de prépa au lycée Faidherbe vont traditionnellement, dans le cadre de journées d’integration, rendre hommage à la statue du général en passant devant. Pas sure que ces étudiant.e.s soient adeptes des actes et des théses racistes de Faidherbe. Cette tradition est uniquement due fait que le lycée porte le nom de Faidherbe.

La place de Faidherbe dans l’espace public est colossale. Une des rue les plus importante et commerçante de Lille, allant de la Gare Lille-Flandre jusqu’à la place du théâtre. L’un des plus important lycée de la ville, accueillant notamment la prestigieuse prépa hypokhâgne et cette statue imposante et glorifiante trônant sur la place Richebé, faisant face à la place de la République.

▶️ DÉBOULONNER LES STATUES, CE N’EST PAS DÉTRUIRE L’HISTOIRE, C’EST L’ÉCRIRE

De tout temps l’espace public a évolué et nombre de statues et autres monuments à la mémoire de personnages controversés ont été retirées, à l’instar des collabos. Déboulonner une statue, ce n’est pas réécrire l’histoire, c’est arrêter de la glorifier et de lui rendre hommage lorsque celle-ci est basé sur de nombreux crimes.

La manifestation de samedi, protestant contre la présence de la statue a participé à écrire l’histoire, en rappelant l’histoire de Faidherbe et en l’imposant dans le débat public. Ce personnage est, par ces protestations, visibilisé. Son histoire et ses actes se diffusent là où des dizaines d’années de présence dans l’espace public sans se poser la moindre question avait complètement fait oublier l’histoire du Général des mémoires.

Faire tomber Faidherbe, ce n’est pas faire tomber l’histoire, c’est faire tomber la gloire qu’on en fait. Faire tomber Faidherbe c’est remettre l’histoire coloniale et esclavagiste de la France au coeur du débat public là où elle est constamment évincée.

Rassurons les détracteurs qui auraient peur que notre passé soit détruit. L’histoire coloniale de Faidherbe continuera à être contée et le moment politique qui se joue contribue fortement à en parler.

Faidherbe n’a tout simplement pas à trôner fièrement sur l’une des places les plus fréquentée de la ville. Sa place est bien dans un musée.

Déplacer la statue dans un musée, déposer une plaque explicative, la végétaliser ou la remplacer par un monument en hommage aux victimes du colonialisme, les propositions sont nombreuses chez les manifestant.e.s venu.e.s protester contre la statue.

▶️ ON A LES DÉFENSEURS QU’ON MÉRITE.

« Le racisme de notre société s’explique en partie par l’histoire coloniale et esclavagiste de la France » expliquait un manifestant lors du rassemblement devant la statue, bien gardée par une rangée de plusieurs dizaines de policiers, épaulés par une quinzaine de militants identitaires. Les Bleus et les Bruns s’étaient positionnés au pied du monument provoquant à de nombreuses reprises le rassemblement anti-raciste.

 

 

 

Le face à face en disait long. Faidherbe, idéologue raciste et colonisateur, protégé par des identitaires et des policiers dont il n’est plus à prouver le racisme au sein de l’institution (groupes Whatsapp, groupe Facebook, vote RN, etc..). Faidherbe fut donc vaillamment défendu par ceux qui lui ressemble.

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Crédit photo : Revol