L’ambition de la loi est cependant beaucoup plus large et dangereuse que le simple article 24. Elle vise à donner un cadre légal à une société de contrôle dont les victimes ne seront pas les seuls journalistes, mais bien l’ensemble de la population. À commencer par les cibles habituelles : pauvres, habitants des quartiers populaires, travailleurs en lutte, militants.
illustration : @Zelie_t_draws (insta), Zelie’s Scribbles (Telegram)
Elle renforce la mise en place d’un état sécuritaire et d’une société de surveillance
Extension des pouvoirs de la police municipale
Extension des pouvoirs de la sécurité privée
Surveiller, partout, tout le temps
L’article 20 bis veut permettre la transmission des images de vidéosurveillance des halls d’immeubles « en cas d’occupation par des personnes qui entravent l’accès et la libre circulation des locataires ou empêchent le bon fonctionnement des dispositifs de sécurité et de sûreté ou nuisent à la tranquillité des lieux ».
– L’article 20 ter veut permettre aux agents de la SNCF et de la RATP de pouvoir visionner les images des caméras de vidéosurveillance sur la voie publique (en pleine contradiction avec une décision du Conseil constitutionnel qui rappelle que seules des autorités publiques ont le droit de visionner des images de la voie publique).
– L’article 21 tend à développer quant à lui, les caméras de vidéosurveillance mobile. Portées par des policiers, elles seront désormais retransmises directement au poste de police qui pourrait utiliser la reconnaissance faciale pour identifier un individu directement.
Protéger la police en leurs laissant les pleins pouvoirs
Tout en prétendant ne pas vouloir entraver la liberté de la presse, le texte laisse à l’appréciation du policier de déterminer si l’image va à son encontre ou pas, si elle « porte atteinte à son intégrité physique ou psychique ».
Il y a peu de doute sur ladite appréciation, qui a déjà fait ses preuves le 17 novembre, avec les 7 journalistes ciblés par la police par des coups et des arrestations (une journaliste indépendante de Taranis News et un journaliste de France 3 ont fini en GAV).
En résumé, c’est un pouvoir de menace arbitraire accru qui est donné aux policiers. Les députés LREM font semblant de ne pas voir les réalités du terrain.
L’article 23 prévoit ainsi que les infractions effectuées à l’encontre des forces de l’ordre, ne bénéficient plus des réductions de peine.
L’article 25 prévoit que les policiers hors service puissent porter leur arme dans des établissements recevant du public.
L’article 26 prévoit que les militaires déployés sur le territoire puissent user de leurs armes (de guerre) afin d’empêcher un « parcours criminel ».
Si certains des articles, indépendamment des autres, ne vous paraissent pas problématiques, cette loi est à prendre comme un « tout ». Elle constitue une dérive importante, accentuant les pouvoirs des polices publics et privées, municipales et nationales, permettant une meilleure communication, transmission de savoirs et de pratiques entre celles-ci. Il serait donc complètement illogique de s’en prendre uniquement à l’article 24.
Nous voulons voir tomber les articles 1, 4 , 8, 12, 15, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26. Rarement une loi censée protéger la police n’a autant mis les individus en insécurité.
Samedi, plusieurs rassemblements sont prévus dans toute la France, en voici quelques uns :
(liste non exhaustive)