Demain, la manifestation contre la loi sécurité globale sera sans nul doute massive. Mais un problème se pose et fait de plus en plus le tour des réseaux sociaux. La place de la République. Et sa nasse assurée !

La préfecture a interdit toute manifestation et autorise un rassemblement statique. Un piège grossier pour confiner les manifestant.e.s sur la place entourée de CRS, et à coup sûr les disperser sous les gaz quelques heures plus tard. Une nasse dont le préfet Lallement s’est fait le spécialiste, bien qu’elle soit illégale. Une nasse où nous serons entassé.es, avec un risque sanitaire décuplé.

Pour que ce samedi soit audacieux, offensif, historique, il faut éviter le piège de la République.

Nous nous retrouvons dans la rue pour combattre l’état policier et la casse de nos libertés. Comment envisager le faire dans une cage géante ? Dans une prison à ciel ouvert que le pouvoir présentera comme un espace de liberté ?

Nous avons le droit de marcher, nous avons le droit de résister. Et samedi plus que jamais, nous en avons le devoir.

Alors oui, ne tombons pas dans le piège de la nasse. Et si possible, nassons la nasse !

Descendons aux différentes stations de métro adjacentes. Temple, Arts et métiers, Strasbourg Saint Denis, Jacques Bonsergent. Marchons vers la place, mais sans y aller. Restons à l’extérieur du dispositif policier. Il en va de la possibilité même de manifester.

Quand nous serons hors de la nasse, nous verrons ce qu’il est possible de faire, de tenter, de créer.

Sur le site d’information Paris-Luttes.Info, un texte appelle lui aussi à ne pas rentrer dans la nasse. Mais propose des lieux de rdv alternatifs. Si ces propositions sont alléchantes, Nous pensons que nous ne pouvons pas désigner de cibles précises en amont. Ce serait contre-productif. Si des lieux sont ciblés demain, ce sera grâce à la volonté, la créativité et la détermination des personnes présentes sur place, et non par une diffusion en amont.

Mais nous sommes convaincu.es d’une chose. Il faut aller sur les lieux de pouvoir. Et aller là où le pouvoir ne veut pas que nous soyons. Nous partageons le constat de l’article de Paris-Luttes.infos, notamment ces paragraphes :

« Nous sommes aussi terriblement impuissants, et de plus en plus. Ce samedi 21 novembre, nous en étions réduits à nous regarder nous-mêmes, à mettre en scène notre révolte, chantant toujours les mêmes slogans, réduits à piétiner et faire des tours de place dans le froid. Beaucoup de manifestant.e.s sont ressortis frustrés de cette expérience.

C’est grave car notre mobilisation est inoffensive. Et nous l’acceptons, incapables de réagir. Nous aurions pu être 50 000 ou 100 000 dans cette configuration, peu importe, la loi passerait quand même comme une lettre à la poste, au prix d’une petite semaine de polémique dans les médias.

[…]

C’est un peu comme si nous faisions un simple baroud d’honneur, quelque chose qui nous permette de nous dire dans dix ans : « Ah au moins nous étions là, nous faisions partie des quelques-uns qui ont dit non. Cela n’a pas suffi mais nous étions là ».

A tous ceux que cette loi révolte, que ce monde révolte, il faut à tout prix en finir avec cet esprit de défaite ! »