Loi "Sécurité globale" - police sans contrôle, population sous contrôle

L'interdiction de diffuser les actions de la police centralise toutes les craintes, mais légaliser les drones et les technologies de surveillance porte tout autant atteinte aux libertés et à la démocratie. Deux ans jour pour jour après le début des gilets jaunes, le 17 novembre, ce texte sera examiné dans une Assemblée Nationale acquise à LREM et ses projets les plus autoritaires. Qu'en est t'il de cette "loi sécurité globale" ?

Drones, reconnaissance faciale et identification permanente des individus

C'est un sujet peu abordé et qui pourtant nous concerne tous. Le texte prévoit dans ces interstices de légaliser la reconnaissance faciale dans l'espace public et l'exploitation en temps réel des informations sur les personnes. Le flux de vidéo serait traité en direct par le commandement de la police, comme le mentionne l'article 22. Le texte ne fait pas mention du terme "reconnaissance faciale", mais il faut noter que tous les amendements visant à éclaircir la pratique ont été rejetés. C'est l'exemple de l'amendement n°CL340 qui prévoyait explicitement l'interdiction de la reconnaissance faciale. Rejeté ! L'esprit de cette loi est de mettre la totalité de l'espace public (des villes surtout) sous contrôle permanent. Sans angle mort, avec toute la technologie des algorithmes et leurs usages liberticides dans la collecte de données et ce de manière quotidienne.

La maitrise du récit officiel

L'Etat a perdu la bataille sur les violences policières depuis les gilets jaunes, notamment par la profusion d'images mises à la portée de tous sur les réseaux sociaux, devenus de véritables auto médias pour tout individu ou collectif qui y trouve enfin une voix.

Le but de cette loi, qui prévoit 1 an d'emprisonnement et 45 000€ d'amende pour la diffusion "portant atteinte à la police" est de limiter les libertés d'expression pour redevenir maître d'un récit républicain totalement écorné. Pour retrouver un discours hégémonique, les centaines de violences arbitraires, le racisme quotidien, l'impunité quasi permanente, ainsi que la sale besogne qu'effectue la police pour le compte de Etat sont devenus des réalités qu'il faut à tout prix cacher.

Aujourd'hui les forces de l'ordre intimident déjà régulièrement les journalistes professionnels ou simples témoins qui filment. La police exerce déjà une pratique de jugement à l'emporte-pièce sur le terrain par le biais des violences physiques et psychologiques qu'elle exerce. Imaginez son zèle si cette loi passait... Si l'Assemblée Nationale conférait encore plus de pouvoir à ceux qui en abusent déjà en toute impunité...

La manifestation de la vérité, thème si cher à la justice prend du plomb dans l'aile

Sans image, combien de crimes et de violences auraient été étouffés ou ne seraient même pas parvenus aux portes d'un tribunal ? Des juges eux même le disent : les images sont utiles et sans elles, c'est toujours la version policière qui gagne.

Rappelons-nous l'importance qu'ont eu les images pour plusieurs affaires :

  • Pour comprendre ce qui est arrivé à Cédric Chouviat, la vidéo d'un automobiliste a permis de contredire la version policière qui était en train de construire un gros mensonge pour se dédouaner alors qu'elle venait d'étrangler et tuer un homme, images à l'appui.
  • Il en va de même pour Geneviève Legay, pour le contexte de la mort de Steve Maïa Caniço, ou pour Théo.

Floutage de gueule

Cette loi pose aussi un problème technique majeur. Implicitement, elle signerait la fin des vidéos en direct montrant des policiers. Si dans leur grande mansuétude de playmobils faussement naïfs les députés LREM ont suggéré le floutage des visages de policiers, rappelons qu'il est à l'heure actuelle impossible de flouter des visages en temps réel. Et que de manière générale, flouter un visage en vidéo est une technique compliquée qui n'est pas à la portée de tous et qui restreindrait de fait beaucoup d'images. Si toutefois on se tenait au respect de cette loi abjecte...

 

Dernier point, non des moindres, il faut noter que les policiers ne sont pas inquiétés par la diffusion de leur visage qu'ils ont déjà pris l'habitude de masquer depuis longtemps (ainsi que ne pas porter leur matricule), et bien qu'on ait vu des actes barbares commis par leurs soins, cela n'a à ce jour pas fait l'objet de représailles populaires. L'argument de la protection des policiers n'est basé sur rien et constitue surtout une esbroufe faisant passer les oppresseurs pour les oppressés.

Il faudrait se pencher sur d'autres aspects de la loi, comme l'extension du port d'arme dans les lieux publics, même hors service, ou l'augmentation du rôle des sociétés privées dans le rôle de police.

Ce qui est frappant dans ce texte qui passera le 17 novembre à l’Assemblée Nationale, 2 ans jour pour jour après le début des gilets jaunes, c’est son aspect martial. Prenons-nous bien conscience que dans une même loi sont mis en vis à vis une réponse d'Etat face à la contestation sociale et une contre le terrorisme ? Cette loi entend gérer globalement ces problèmes de la même manière.

Des rassemblements auront lieu le 17 novembre pour s'opposer à cette loi :

  • A Paris, devant l'Assemblée Nationale à 18H
  • A Marseille, devant l'Église des Chartreux à 18H
  • A Lyon ,devant l'Hotel de Préfecture à 18H
  • A Chalon sur Saône, Place  de Beaune à 18H
  • Au Mans, devant la préf à 18H
  • A Nice, devant le Palais de Justice, 18H
  • A Rennes, place de la République, 10H30
  • A Bordeaux, parvis des Droits de l'Homme, 18H

 

rassemblement la loi sécurité globale devant l'Assemblée Nationale


Nous ne vendrons plus nos livres sur amazon. Une quarantaine de maisons d'édition boycottent Amazon

"Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon". Une quarantaine d'éditeurs s'y engage.

Plus de quarante maisons d'édition boycottent la firme de Jeff Bezos et appellent les autres éditeurs à ne plus vendre leurs livres sur Amazon.

✭✭✭ NOUS NE VENDRONS PLUS NOS LIVRES SUR AMAZON ✭✭✭

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Son monde est à l’opposé de celui que nous défendons. Nous ne voulons pas voir les villes se vider pour devenir des cités-dortoirs hyperconnectées. Amazon est le fer de lance du saccage des rapports humains et de l’artificialisation de la vie. Nous devons, sans attendre, boycotter et saboter son monopole.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Les conditions de travail dans ses entrepôts et en dehors (bas salaires, précarité, cadences exténuantes, pauses réduites, management électronique, chasse aux syndicalistes), son impact écologique (destruction des invendus, bétonisation, utilisation massive d’énergie pour les frets aériens et routiers), l’enrichissement démesuré de son patron et de ses actionnaires sont autant de marques du cynisme du modèle économique et social défendu par cette multinationale.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Les librairies sont des lieux de rencontre, d’échange critique, de débat, de proximité. Un livre doit pouvoir être défendu auprès de ses lecteurs·rices par un·e libraire, un·e éditeur·rice, un·e auteur·rice et ne pas être invisibilisé par les « meilleures ventes du moment ». Nous ne voulons pas remplacer les conseils d’un·e libraire par ceux d’un algorithme, ni collaborer à un système qui met en danger la chaîne du livre par une concurrence féroce et déloyale.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Diffuser de la pensée critique ne peut se faire par ce type de plateforme. Si nous lisons, publions et défendons des textes, c’est pour affûter nos imaginaires et donner corps à nos refus comme à nos convictions. Nous ne sacrifierons pas notre idée du livre pour un compromis financier. Nous ne nous laisserons pas imposer un futur uniforme et impersonnel.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Avatar d’un système global, Amazon représente un monde dont nous ne voulons pas et avec lequel il est grand temps de rompre.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon et appelons l’ensemble des maisons d’édition et acteurs·rices de la chaîne du livre à nous rejoindre dans cet engagement.

Signataires : Hobo Diffusion, Éditions Divergences, Éditions la Tempête, Nada éditions, Éditions du Commun, L’œil d’or, Les Éditions sociales, La Dispute, Éditions Grevis, Éditions Ixe, Jef Klak, Panthère première, Tendance Négative, Audimat, La Lenteur, Le Monde à l’envers, Éditions des Mondes à faire, Éditions du Bout de la ville, Huber éditions, Archives de la zone mondiale, Smolny, Otium, Ici-bas, Éditions Pontcerq, Premiers Matins de novembre, Faces cachées éditions, Serendip livres, Paon  Diffusion, Les Éditions libertaires, Gruppen, Black star (s)éditions, Le Chien rouge, Rue des  Cascades, Éditions Dépaysage, Éditions Goater, HumuS, Homo Habilis, Tahin Party, L’atinoir, Éditions Adespote, Éditions Blast, Asinamali, Éditions Daronnes, Les Éditions de la Roue, Éditions Noir et Rouge, Les Nuits rouges.


Derrière la défaite de Trump, un pays plus divisé que jamais

Nous aurions tort de nous arrêter sur le seul résultat final de cette élection US 2020 pour conclure que la page du Trumpisme est terminée. Pire, après le Trumpisme, il pourrait y avoir un ou plusieurs mouvements bien pires dans les prochaines années. Si personne ne peut prédire l'avenir, encore moins en cette période, quelques chiffres peuvent tout de même nous alerter. A commencer par le chiffre brut du nombre de voies qu'a obtenues Donald Trump sur cette élection : près de 71 millions sur les 93% de bulletins validés au 8 novembre. C'est 4 millions de moins que Biden. Oui mais c'est 8 millions de plus qu'il y a 4 ans, lorsqu'il a été élu. C'est aussi plus que n'importe quel finaliste des élections US de toute l'histoire. Seul Biden en 2020 fait au dessus de lui (cf. le graph ci dessous). Alors bien sûr, il faut prendre en compte la démographie dans un pays qui gagne près de 3 millions d'habitants chaque année. Il faut aussi prendre en compte l'énorme taux de participation sur ces élections 2020. Mais justement, malgré la mobilisation très importante d'une partie de la population décidée à sortir le président actuel de la Maison Blanche, Trump a fait plus que résisté.

 

Il faut comprendre que sur les 65 millions de personnes qui ont voté Trump en 2016, la quasi totalité a encore voté pour lui cette année. Et s'y sont ajoutés près de 8 millions de personnes supplémentaires. C'est énorme. Surtout au vu du mandat de Trump sur ces quatre années et la situation du pays en 2020, avec la question raciale en premier plan. A ces chiffres, nous pouvons ajouter des infos plus précises sur l'origine des votes pour Trump, notamment puisque les USA autorisent les analyses sur les origines raciales. Ainsi, Trump arrive en tête (et de loin) uniquement chez les américains "Blancs", avec 57% des voies. Chez les Noirs, il ne fait que 8% ! Globalement, le profil type de la personne ayant voté pour Trump en 2020 est un homme, blanc, de plus de 45 ans. Si ce n'est pas une surprise, il faut garder à l'esprit que cette "catégorie" est typiquement celle qui occupe toutes les positions de pouvoir politique, économique et institutionnel. Autrement dit : si Trump n'est plus aux manettes de la maison blanche, ses soutiens restent fortement présents dans tous les rouages de la société. Et il y a peu à espérer que la tendance soit à un apaisement et à une compréhension respective.

L’apparition du mouvement Qanon (qui compte désormais une représentante au sénat) et la montée en puissance des milices suprémacistes sur-armées n'hésitant pas à sortir dans les rues ne sont que la face visible et "caricaturale" d'une tendance plus profonde au sein de la société US : celle d'une lutte d'une partie de sa population (âgée et blanche) pour ne pas être "déclassée" / "remplacée". Pour maintenir sa position dominante dans la société. La question économique et sociale vient donc intimement s'entrechoquée avec ces problématiques. Et, malheureusement, l'énorme crise post Covid qui nous pend au nez (ou qui est déjà là pour beaucoup) devraient plutôt accroitre le phénomène, avec une montée du chômage, de la pauvreté et donc d'un déclassement brutal d'une partie de la population. Face à cela, le principal risque, c'est que Biden et les démocrates continuent la marche forcée du pays dans un libéralisme qui nous conduit tous à notre perte. Et que Trump (voire des personnes encore plus fascisantes) capitalisent sur cette chute de l'empire US.

Autant dire que cette élection, si elle soulage par son résultat immédiat, ne peut que nous inquiéter dans ses conséquences à moyen et long terme.


Protocole sanitaire : Merci pour les paroles, on attend toujours les actes

Merci pour les paroles, on attend toujours les actes. Communiqué de la Coordination Lycéenne Autonome de Paname (CLAP)

La Coordination Lycéenne Autonome de Paname réagit dans un communiqué face aux mesurettes prises par Blanquer pour "renforcer" le protocole sanitaire. S'il a bien cédé sur quelques revendications, le compte n'y est pas et l'éducation fait encore une fois de plus les frais d'une politique à 0€ qui sauve à peine les apparences et ne prévoit toujours pas plus de profs pour des classes moins surchargées.

Merci pour les paroles, on attend toujours les actes

Jean Michel Blanquer a annoncé hier soir plusieurs « mesures », ou du moins quelques directives prévoyant la mise en place de différentes dispositions sanitaires. Certes, des classes en demi-groupes sont évoquées et prévues, et les E3C annulées, mais ces annonces sont largement insuffisantes.

  • Premièrement, le communiqué du ministre prévoit « au moins 50% des cours en présentiel ». Autrement dit, il est toujours envisageable de voir une disposition inéquitable des cours en visioconférence, et ce au détriment de la santé des élèves, des professeur-es, ainsi que de leurs proches.
  • Deuxièmement, rien n’a été communiqué quant à l’équipement informatique des élèves n’ayant pas accès à internet à leur domicile, et qui ne peuvent, dans l’état actuel, pas suivre lesdits cours à distance.
  • Quant à l’annulation des E3C, il est dit que les notes des examens prévus seront remplacées par les moyennes des élèves. Or ces notes n’ont jamais été censées compter à ce point pour le baccalauréat. Cette mesure rétroactive pose évidemment problème, les lycéen-nes n’ayant pas préparé chaque contrôle comme une épreuve de bac.
  • De plus, un grand nombre d’élèves se sont trouvés l’année dernière en situation de décrochage scolaire, en raison du confinement et des cours à distance dont l’existence n’a été assurée par aucune instance. Il a d’ailleurs été remarqué qu’une fois de plus, les populations les moins aisées financièrement ont été beaucoup plus affectées par ces turbulences que les tranches les plus riches de la société.
  • Enfin, monsieur Blanquer a annoncé que les épreuves d’enseignement de spécialités de mars seraient désormais des épreuves à la carte, durant lesquelles les élèves auront le choix entre deux sujets. Malheureusement, il explique également que seul l’étude d’un des deux sujets proposés serait garantie en classe.

Ces insuffisances sont toutes dues à la même raison : un manque cruel de moyens pour l’Éducation Nationale. Avec plus de budget et plus de professeur-es, l’intégralité des cours pourrait avoir lieu en demi-groupes, tou-tes les élèves auraient un accès à internet garanti, et les sujets de bac seraient tous (miraculeusement) étudiés en classe.

C’est pour ces multiples raisons que nous nous adressons aujourd’hui à monsieur Blanquer et son ministère : nous souhaitons des réponses claires, et des annonces précises quand à la mise en place de ces protocoles. Nous demandons une date de mise en place des cours en demi-groupes, et nous demandons (une fois de plus) à ce que soit fournis aux élèves en difficulté financière un accès gratuit à Internet.

Si lundi nos interrogations restent sans réponse, nous maintiendrons notre appel à toustes les lycéen-nes de France à bloquer leurs lycées tant que ces mesures ne seront pas appliquées

 

Coordination Lycéenne Autonome de Paname (CLAP)

 

version tract : Merci pour les paroles, on attend toujurs les actes


Tout est question de fric !

Nous voilà rendus à la cage départ. La cage du confinement. Pour la bonne cause, pour sauver des vies. Sauf que désormais, on sait que cette crise sanitaire inédite ne provoquera pas de remise en cause globale du système. Au printemps, l'intensité du choc nous a permis de rêver à une prise de conscience massive et à un monde d'après différent. Vraiment différent.

Que s'est-il passé depuis ? Pas grand chose. Si ce n'est que la société est devenue encore plus sécuritaire et encore plus libérale. Aucun plan massif d'investissement dans la santé et dans l’hôpital public. Ni dans l'éducation. Aucun changement politique majeur concernant le réchauffement climatique.

Pourtant, il serait faux de dire que rien n'a changé. Les conséquences des mesures liées au Covid sont énormes. Et nous n'en voyons que les prémices. Au moins un million de Français-es ont basculé dans la pauvreté cette année et des millions de personnes vont être au chômage. Des centaines de milliers vont tomber dans l’extrême pauvreté. Des dizaines de milliers de petites entreprises vont fermer. Des personnes vont être expulsées de leur logement. En fait, l'énorme crise n'est pas encore arrivée. Mais elle est inéluctable. C'est une question de semaines. De mois tout au plus.

On pourrait se dire que c'est terrible mais qu'on n'y peut rien. Que c'est la faute au virus et qu'il fallait de toute façon prendre des mesures pour éviter des dizaines de milliers de morts supplémentaires.

En effet. Mais surtout, il ne faut pas oublier que, depuis le début de cette crise, les plus riches mettent tout en œuvre pour éviter d'être eux aussi des perdants de cette séquence. N'oublions pas qu'en mars, l'Etat a pris d'énormes mesures pour faire cesser le krach boursier. Pour rassurer le Cac 40 : baisse des taux d'intérêts, aides, allègement des charges... Le gouvernement a donné des milliards aux plus grands groupes. Officiellement pour sauver de l'emploi. Sauf qu'on connait bien la chanson. Cela n’empêchera pas les licenciements.

Le grand problème, c'est que ces milliards donnés aux ultras riches, ce sont autant de milliards qui n'ont pas été mis dans la santé, dans l'école, dans tous les services publics. Autant d'argent qui ne sera pas disponible pour éviter à des millions de personnes de tomber dans la pauvreté. Il n'y a pas d'argent magique ma petite dame !

Il faut donc le redire : tout est question d'argent. S'il n'y a toujours pas plus de lits à l’hôpital ou de personnel de santé, c'est une question de fric. Si le gouvernement a choisi de laisser les enfants aller en cours à la rentrée, c'est une question de fric. S'il n'y a pas eu assez de centres de test et que les délais de résultat ont parfois dépassé deux semaines, c'est une question de fric. S'il n'y a quasiment aucun travaux de ventilation dans les bâtiments publics, c'est une question de fric.

Jeff Bezos a vu sa fortune augmenter de plus de 80 milliard depuis la crise. Les milliardaires français sont, avec les chinois, ceux qui ont vu leur fortune le plus augmenter ces dernières années. Cela ne tient pas du hasard.

Les émeutes actuelles en Espagne et en Italie partent d'un refus des restrictions sanitaires mais s'ancrent dans une colère face à la misère sociale du plus grand nombre. Il y a quelque chose de désormais insoutenable à comprendre que les gouvernements occidentaux ne gèrent cette crise qu'au prisme des élections et du profit des plus riches. Leur objectif, c'est que cette crise ne change rien dans le système actuel, dont ils profitent eux et leurs amis. Mieux, si la crise du Covid peut permettre de renforcer les dispositifs de contrôle pour éviter la contestation sociale tout en cassant le droit du travail... c'est gagnant/gagnant !

On ne va pas se mettre à rêver d'une prise de conscience générale qu'un autre monde est possible. Les derniers mois nous ont montré le contraire. Et l'acceptabilité par la population des mesures contraignantes du gouvernement démontrent que sa stratégie paie. Pour l'instant.Un sondage IFOP début novembre, montre que plus de 7 Français sur 10 sont prêts à rester confinés pendant les fêtes de fin d’année.

Par contre, la réalité sociale qui est en train de se mettre en place va forcément aboutir à des colères difficilement canalisables par les structures politiques et syndicales. Reste à savoir si ces colères sauront se focaliser sur les vrais responsables. Ou si le système réussira, encore une fois, à trouver un bouc émissaire pour canaliser cette colère et se maintenir en place...


Obscure hantise

Quand on se bat pour la liberté et l'émancipation de tous et de toutes, il ne peut y avoir de compromission avec l'obscurantisme et le fanatisme. Qu'il soit nationaliste et/ou religieux.

En ce sens, les actes atroces commis à Conflans et à Nice ces derniers jours nous écœurent et nous révoltent. Ils sont le fait de personnes aux valeurs totalement opposés aux nôtres, prônant l'oppression, l'obscurantisme et la mort. Ils ne trouveront aucune once de sympathie ou d'empathie chez nous. Cela peut paraître une évidence, mais la période actuelle semble imposer ce rappel.

Et nous n'avons pas attendu que cette terreur s’exerce en France pour avoir un rejet absolu de ce fanatisme islamiste. Les premières victimes de cet obscurantisme sont, depuis longtemps, les musulmans et les populations vivant sur des territoires où ces fascistes peuvent agir. On pense notamment aux Kurdes ou aux Arméniens mais aussi aux militants communistes, libertaires, anarchistes, féministes et tous ceux qui se battent pour une émancipation des peuples.

Ce fanatisme est un poison qui tente de faire sombrer dans l'obscurité le plus grand nombre possible de personne et de territoire. Tout comme le fanatisme juif, catholique ou hindouiste. Tout comme le suprémacisme blanc. Pour le combattre, certains pensent qu'il faut combattre l'ensemble de la culture et de la religion dont ces fanatiques prennent l’étendard. En l’occurrence, combattre l'Islam pour combattre les fanatiques islamistes. Comme s'il fallait combattre les blancs pour faire reculer le suprémacisme, ou combattre les juifs pour mettre en échec les intégristes juifs.

C'est totalement à côté de la plaque. Pire, cela ne fait que renforcer ces mouvances. On le voit depuis des décennies où la montée d'une islamophobie généralisée et décomplexée, bien au delà de l'extrême droite, n'a en rien fait reculer le fondamentalisme musulman. Loin de là. très loin de là.

Comprendre ce mécanisme ne signifie pas excuser les actes odieux dont on parlait en début de texte. Mais il est essentiel de comprendre ce qu'il se joue quand, à la faveur d'un drame comme celui d'un attentat, toute une population se retrouve accusée. Quand, par sa couleur de peau, sa religion, sa tenue, on se retrouve à faire peur à son voisin, à son collègue, aux passants dans la rue. Se faire rejeter, voire insulter ou accuser d'être complice du pire, conduira forcément de nombreuses personnes à se renfermer sur les seuls qui ne jugeront pas. En l’occurrence les personnes ayant la même religion, la même couleur de peau, la même tenue. C'est un piège tendu par les fanatiques islamistes. Quand ils commettent un attentat, ils espèrent qu'il aura un écho énorme médiatiquement et dans la population. Ils espèrent que les réactions seront à la hauteur de l'horreur perpétrée, et créera des réactions de rejet, voire de haine, envers les musulmans. Ils se réjouissent que l'extrême droite s'empare et prenne le quasi monopole de la réaction face à leur acte. Ils se réjouissent que cela occupe le devant de la scène politique et médiatique.

Alors bien sûr, être conscient de cette stratégie ne signifie pas qu'il faut, pour les mettre en échec, ne pas s'indigner et ne pas parler de ces atrocités. Mais il faut le faire en évitant de leur donner les éléments pour leur victoire : à savoir cliver la société et ne laisser le choix que d'être islamophobe ou intégriste islamiste. Cela peut paraître un peu grossier, mais, avouons-le, la méthode de pensée de ces gens là ne fait pas dans la finesse.

Que faire donc face à la montée de la terreur, et sa réaction raciste et tout aussi fasciste?

Rester droit dans ses bottes concernant les principes de libertés et d'émancipation, tout en restant fortement attaché aux respects des croyances et au combat contre le racisme. Cela n'évitera pas de nouveaux drames. Mais reconnaissons que cela n'est pas de notre ressort. Qu'un illuminé pourra toujours créer l'horreur. Et ainsi, notre victoire sera que son acte ne puisse pas influer sur le basculement de nos sociétés vers l'obscurité.

Interrogeons également les systèmes de renseignements français et européens. Depuis des années, le pouvoir a mis en place une véritable société du contrôle et du fichage. Sauf que ce contrôle se fait aussi (surtout?) pour des militants (écolo, Gilets jaunes, féministes, anarchistes). L’État est capable d'interpeller un GJ , et de l'enfermer plusieurs mois, pour simple "présomption" de vouloir commettre des dégradations. Mais il est incapable d'avoir les moyens pour repérer les fanatiques islamistes sur le territoire national. Ces ratages sont d'autant plus problématiques que des moyens juridiques, techniques, matériels et humains considérables sont mis en œuvre au nom de la lutte contre le terrorisme.

Interrogeons aussi le jeu malsain et hypocrite de la France qui soutient militairement et diplomatiquement des régimes parmi les plus obscurantistes du monde, et que l'on sait objectivement proche de terroristes islamistes. A commencer par l'Arabie Saoudite, berceau de l'Islam sunnite, ouvertement en conflit avec l'Iran chiite et que l'occident a décidé de soutenir financièrement, militairement et diplomatiquement, sachant pertinemment ses liens avec des groupes terroristes (y compris l'Etat Islamique). Et qui a participé à des guerres qui sous couvert de combattre le terrorisme ont massacré des populations civiles au moyen orient.