Il y a eu la rave de Lieuron. Certains y ont vu un épiphénomène. Ou l’espéraient. Mais ces derniers jours, avec l’arrivée des beaux jours, il y a eu des rassemblements de jeunes à Lille, à Lyon, à Paris. Et, jeudi soir, l’énorme fête en plein air à Bruxelles. Plusieurs milliers de personnes, venues pour boire un verre, discuter, danser. La police a violemment réprimé. Comme prévu. Mais la jeunesse a aussi riposté, de façon assez massive et inattendue.

Il se passe quelque chose un peu partout en Europe.

Ne pas prendre en compte la situation, et se contenter de blâmer les « jeunes » qui seraient totalement inconscients et égoïstes, voilà la vraie posture dangereuse et inconsciente.

De notre côté, nous n’avons pas de bons points à distribuer. Encore moins de mauvais. Et surtout pas à cette jeunesse.

Sérieusement, qui peut croire que ces jeunes qui se rassemblent pendant une ou deux heures en fin d’après midi, en extérieur, vont propager le virus de façon plus importante que lorsque ces mêmes jeunes sont obligés de s’entasser tous les jours dans le métro, en salle de classe ou au boulot ?

Ces mêmes personnes ont totalement « joué le jeu » du confinement l’an dernier. Parce qu’il y avait l’espoir que cela s’arrête et que la vie « reprenne ». Mais aussi parce que ces « efforts » étaient consentis partout : presque personne au travail, pas d’école, pas de transport…

Sauf que depuis 6 mois, nous vivons dans un couvre-feu permanent. Nos vies ne se résument plus qu’à travailler/étudier/consommer. Et cela, sans que le virus ne recule.

La situation est dramatique pour des millions de personnes. Dramatique socialement, moralement, économiquement. Et s’il est bien difficile de dresser un classement des populations les plus exposées, la jeunesse est sans aucun doute sur le podium.

Les lycéens, les étudiants, les jeunes précaires ont besoin d’air. Par leur âge, ils semblent moins conditionnés que beaucoup de leurs aînés à accepter de façon indéfinie ces restrictions sanitaires, qui ressemblent de plus en plus à un contrôle social, dont le danger est le glissement palpable désormais, vers une société totalitaire où seuls le travail et la consommation seront autorisés.

Alors oui, ces jeunes ont peut être permis au virus de se propager à quelques dizaines, voire centaines de personnes. Ce n’est pas une bonne chose. Sans être scientifiques, est-il raisonnable de rendre ces rassemblements responsables de la propagation de l’épidémie ? Alors que partout ailleurs, le virus continue à contaminer, pourquoi le gouvernement et leurs médias s’offusquent-ils d’un évènement ponctuel en extérieur ? La question est « vite répondue », cela s’appelle détourner l’attention du public, sur les manquements graves de la gestion sanitaire par l’Etat.

Pour rappel, la rave du réveillon à Lieuron n’a finalement donné lieu à aucun cluster. Quelle malhonnêteté de faire peser la responsabilité de la pandémie sur ces personnes alors que des centaines de milliers de contaminations se font ces dernières semaines au travail, dans les transports ou à l’école. Quand le manque de moyens pour l’hôpital, le manque de lits, provoque véritablement des morts. Quand la « ligne rouge » de Macron est le tri des malades, mais qu’en « même temps » il reconnait avoir attendu le plus longtemps possible avant de prendre des mesures plus drastiques ?

Si les morts s’accumulent, ce n’est pas à cause de quelques centaines de jeunes qui ont bu quelques bières en dansant sur un soundsystem. La responsabilité de ces morts revient aux pouvoirs publics, à l’Etat, au gouvernement, aux politiques qui ont fait des choix pour leurs amis milliardaires et actionnaires et certainement pas pour la population. Et que ce président se permet même de demander des efforts supplémentaires au corps soignant, déjà éprouvé par une politique de santé basée sur la diminution de moyens depuis des décennies, sans amélioration depuis le début du mandat macroniste.

Il ne s’agit pas de chercher d’excuse à ces jeunes. Ils font bien ce qu’ils veulent. Et c’est le propre de la jeunesse. On peut estimer que ce n’est pas opportun. En revanche, ceux qui vont au delà de cette simple « réprobation » et font de ces rendez-vous de véritables scandales, ces gens sont coupables et dangereux.

La jeunesse de 2021 est, à l’heure actuelle, une jeunesse sacrifiée. Et pas qu’en raison des restrictions sanitaires. Elle n’a aucun horizon. La planète se meurt, la précarité se généralise, les espaces de vie et l’insouciance disparaissent jour après jour.

Entendons ce cri de détresse. Encourageons cette jeunesse à reprendre en main sa vie, son avenir, et celui des générations futures. Il est bon et bien qu’elle refuse le vieux monde.

Cela se fera inévitablement. Reste à savoir quand, et comment. Mais nous sommes sûrs que cela ne sera pas au goût des gens de bon goût. Tant mieux.