🚨 Nous ne pouvons compter que sur la solidarité !🚨

Nous relayons ce texte de Sophia Hocini Ă  propos de la situation en Kabylie.
Là-bas comme en Grèce et en Turquie, les habitants font face aux ravages du feu.
Partout, les politiques sont irresponsables et laissent la population en proie à la violence des flammes. Hommes, femmes et enfants sont déraciné.e.s de leurs villages, et certains locaux se secourent les uns les autres pendant que d’autres tentent de sauver les animaux…Horrifiant !

➡️ «La pandémie de la COVID-19 et l’arrivée du variant delta continuent de faire des ravages en Kabylie notamment à cause du manque d’oxygène dans les structures sanitaires déjà très fragilisées par l’incurie du régime. Le nombre de victimes aurait continué d’augmenter sans la solidarité des citoyennes et des citoyens kabyles comptant même sur la diaspora pour réunir des fonds et se procurer eux même des concentrateurs à oxygène.

Non contents de regarder suffoquer ces populations sans apporter le moindre appui à ce vaste mouvement d’entraide populaire, l’administration algérienne a au contraire cherché à décourager la mobilisation par le zèle et la mise en place de contraintes administratives comme « l’autorisation d’acheminement des dons » ou l’obligation de « remettre les dons au ministère algérien de la santé qui les répartirait ensuite au niveau national ».

Dans la journée du lundi 9 aout, l’inquiétude a commencé à se faire sentir lorsque des habitants de différentes communes de Kabylie ont commencé à témoigner d’incendies géants survenus brutalement mais simultanément à des endroits parfois éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres. Très rapidement dans la soirée, le conservateur des forêts de la wilaya de Tizi-Ouzou, Youssef Ould Mohand a affirmé que l’origine de ces incendies ne pouvait être autre que criminelle, le climat caniculaire inédit ayant participé de l’aggravation de ces feux. Il a ajouté avoir dressé des procès-verbaux qui montrent le lien direct entre ces incendies qui se répètent chaque année depuis une dizaine d’année et le squat ou la confiscation de ces parcelles pour dégager du foncier au cœur du massif forestier et réaliser des structures.

Le ministre algérien de l’intérieur, Kamel Beldjoud a déclaré le 10 août à Tizi-Ouzou que les incendies en Kabylie « sont d’origine criminelle ». Le ministre n’a pourtant pas encore diligenté d’enquête sur le sujet.

La violence de ces incendies a surpris les habitants qui se sont retrouvés non seulement encerclés mais surtout sidérés et impuissants. Des mouvements de panique ont été constatés dans la nuit de lundi à mardi et dans la journée. Des centaines de messages et d’appels à l’aide, des images de flammes qui rongent les forêts et les champs, des animaux calcinés, des familles apeurées fuyant à pied ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. En face, les familles de la diaspora témoins des heures sombres que vivaient leur familles, impuissantes face à leur téléphone et la frustration de pas arriver à joindre directement leurs proches fautes de courant.

Le régime algérien a quant à lui préféré se dédouaner subtilement en invoquant la pénurie d’eau et en décrétant le deuil national de trois jours. Seulement, les problématiques de pénurie d’eau n’ont jamais donné lieu à une mesure concrète pour le pallier en mettant en place des réseaux d’eau efficaces dans les zones rurales et dans les quartiers populaires et il n’a jamais été non plus question de financer des engins pour venir à bout des flammes tels que des canadairs.

Face à l’absence de moyens pour agir, le peuple kabyle a exhorté le gouvernement a accepter l’aide internationale pour en venir à bout, mais même face à cette situation d’urgence, le choix de jouer la montre a de nouveau démontré au moins l’indifférence du régime en place au pire leur complicité dans ce qui se caractérise comme une catastrophe humanitaire, écologique et économique. Le dernier bilan faisant pour l’instant état d’au moins 70 décès et de centaines de blessés.
Il y a manifestement de la part du régime algérien, non-assistance à personnes en danger de mort en Kabylie.
De fait, au cours des vingt dernières années, les feux de forêts et l’insécurité d’une manière générale, ont augmenté parallèlement à l’accroissement du nombre d’implantations de structures policières et militaires, jusqu’à faire de la Kabylie le territoire le plus militarisé d’Algérie. Comment expliquer alors l’absence d’intervention sérieuse avec l’équipement adéquat ?

Après la surprise et l’émotion, ce sont de nouveau les villageois qui ont dû coordonner le sauvetage des victimes et l’extinction des incendies avec des moyens dérisoires : des citernes, des tuyaux et des camionnettes. De la même manière, c’est grâce à différents appels sur les réseaux sociaux que la mise à l’abri des rescapés a pu se mettre en place, les uns proposant des couchages, les autres faisant le lien avec les zones sinistrées pour relayer les informations.

De nouveau ces deux derniers jours, c’est sur un élan de solidarité populaire et international que les sinistrés de Kabylie ont pu compter à la fois pour venir à bout des incendies mais surtout prendre en charge les nombreux blessés et traumatisés. Des convois sont acheminés depuis plusieurs autres communes et villages pour fournir de l’eau et des premiers soins aux victimes. Alors que les besoins humanitaires sont urgents, des locaux servant à stocker les denrées collectées ont été fermés à certains endroits par la police algérienne.

De nombreux observateurs affirment qu’il y a un lien direct entre la présence policière et militaire excessive en Kabylie et le processus de délabrement multidimensionnel que connait ce territoire.
Pour le Congrès Mondial Amazigh (CMA) le régime militaire algérien, y compris sa façade civile, veut punir la Kabylie et son peuple qui souhaitent conserver et protéger leur existence et leur singularité linguistique, culturelle, sociale, politique, historique et civilisationnelle.

Cet épisode tragique n’est que la suite logique d’une violence systémique exercée sur les populations autochtones (amazigh) d’Algérie notamment les kabyles qui ont payé plus d’une fois de leur vie leur différence dans un régime qui ne permet aucune libre expression, ni de l’identité, ni de l’opinion.»