56,4% de berlinois, soit plus d’1 million, ont voté en faveur de la saisie d’environ 240 000 logements à des sociétés immobilières privées en vue de leur transfert en propriété publique.

Dans la capitale allemande, jadis réputée « pauvre mais sexy », les prix des loyers ont quasiment doublé en dix ans. On est passé de prix décents largement en deçà des moyennes des capitales européennes à des prix inabordables. La cause : les rachats massifs d’immeubles coutant une bouchée de pain pour les fonds d’investissements et autres sociétés privées qui ont petit à petit fait monter les prix.

Si les conservateurs et libéraux parlent d’un retour au socialisme, l’affaire est loin d’être conclue. Et c’est là une des limites du référendum d’initiative populaire. Rien n’est en place pour assurer son exécution concrète. Surtout quand son résultat n’est pas en faveur des marchés financiers. Il n’existe même pas une contrainte juridique apprend t’on dans le journal de propagande capitaliste « les Echos ».

Les partis au pouvoir ne sont pas favorables à une telle mesure et arguent déjà du cout que cela représenterait. Entre 29 et 39 milliards d’euros. Quid de la ville ou de l’Etat fédéral pour faire le chèque aux pauvres investisseurs privés concernés par ce référendum (à savoir les sociétés détenant plus de 3.000 appartements) ?

L’ironie du sort, c’est qu’en même temps, les allemands votaient pour les législatives. Pour le SPD (les sociaux-démocrates) qui arrive en tête des scrutins, c’est un vote qui fait tâche. Rien dans leur programme n’est prévu pour dire « cassez vous et rendez les apparts » aux investisseurs immobiliers. Ils sont même carrément défavorables à l’expropriation des compagnies immobilières.

La campagne menée depuis des mois par le mouvement pour faire émerger le problème du logement et de la spéculation est une réussite et a été très mobilisatrice (72% de participation). Malheureusement, ça risque de ne pas être suffisant. Il y a de grandes chances que le pouvoir s’assoit sur ce référendum comme il s’assoit sur tout ce qui dérange sa feuille de route néo-libérale. Au mieux, cela conduira peut-être à une mesurette sur la limitation des prix des loyers. Et encore… C’est tout ce qu’il y a à espérer dans un système cadenassé par l’économie de marché. On ne braque pas la banque du néo-libéralisme avec des fleurs, ni même avec le vote…

« NE VOTEZ PAS ! ATTAQUEZ LA VILLE DES RICHES ! » Sur cette photo prise le 11 septembre 2021, des manifestants participent à une manifestation contre la flambée du coût de la vie des locataires, à Berlin. (Photo de PAUL ZINKEN / AFP)