Que vous considériez que la gestion de cette pandémie est criminelle ou au contraire qu’on en fait trop, vous devez admettre que ce système réussit un tour de force prodigieux au nom d’une idéologie. 

Il saute désormais aux yeux du plus grand nombre que la startup nation gère la santé publique tel un entrepôt à flux tendu d’Amazon.

L’argent est une religion de fanatiques et la santé économique se contre fout de votre bonne santé personnelle.

En témoigne la destruction des capacités de soin de l’hôpital public en pleine pandémie que continue d’achever le gouvernement. Actuellement, des hôpitaux sont obligés de déprogrammer des opérations pour accueillir les patients covid, faute de lits, faute de personnel, faute d’anticipation. En pleine tempête, l’objectif d’une libéralisation complète du système reste le cap d’une politique qui assume le risque d’effondrement du système hospitalier.

En témoigne aussi la réduction de la durée d’isolement des cas positifs pour qu’ils retournent bosser plus vite afin de maintenir notre économie à flot. Sera-t-on encouragé un jour à bosser en étant positif du moment qu’on est vacciné ( c’est déjà le cas pour les soignants dès lors qu’ils sont asymptomatiques ) ?

Autre exemple : tout miser sur le vaccin alors même qu’il ne suffit pas à endiguer à lui seul la pandémie. Qu’il faudrait en complément, un meilleur système hospitalier public, de ventilation des lieux publics, la levée des brevets sur les vaccins pour en faire bénéficier tous les pays, des masques FFP2 gratuits partout. Et surtout qu’il y ait une communication claire là où nous avons vu la pitoyable succession des mensonges d’Etat qui plus est délibère et agit dans l’opacité.

Si vous pensiez vivre dans un monde où la vie vaut son pesant d’or, il est temps de capter que votre vie est une insignifiante variable d’ajustement dans un système qui vise avant tout la croissance économique.

Tel un crevard bien portant qui cherche à grappiller le moindre sou, l’Etat, avec le covid, est à l’affût de la moindre marge qu’il pourra gratter pour assurer le « business as usual ». Quitte à ce qu’il faille imposer de ramper pour avoir des échanges économiques normaux. Façonner une humanité servile n’est d’ailleurs pas le point faible des États qui savent parfaitement manier le chantage et au besoin envoyer les flics aux récalcitrants. Exit la dignité, exit la liberté de choix, exit la démocratie déjà enterrée.

Une majorité de citoyens ne voit d’ailleurs jamais rien à redire à une telle dynamique. Lorsque l’État faisait rentrer la doctrine néo libérale à coup de matraque dans la tête des gilets jaunes, il n’y avait pas beaucoup d’antivax d’aujourd’hui pour s’en émouvoir.

Si aujourd’hui le monde occidental découvre avec une certaine souffrance ce qu’il en coûte d’avoir laissé le néolibéralisme gérer tous les aspects de nos vies pour nous réduire à une variable d’ajustement censée faire tourner la machine, les pays du sud global en avaient souffert bien avant. Vous n’y aviez pas prêté attention…

Maintenant que tout le monde est à peu près concerné par les contorsions que nous impose le système pour continuer à être ses pigeons (le pass sanitaire puis vaccinal, les masques en extérieur, être flic de nous même et flic des autres, l’interdiction de consommer debout dans les bars, les interdictions d’aller dans la nature au 1er confinement, etc..), n’est-il pas temps de regarder les choses en face et se rendre compte que nous récoltons les fruits pourris d’un système que nous n’avons cessé de valider jour après jour ?

Par pitié, arrêtons de réagir comme si nous étions nés de la dernière pluie en faisant mine de découvrir que la gestion néolibérale du monde est inhumaine, ou plutôt que sa définition de l’humanité a de quoi faire froid dans le dos. Il s’agira toujours pour les dirigeants de trouver le point de productivité optimal d’une société. Quoi qu’il en coûte, même si cette société est malade ou génère des fléaux. L’enjeu des politiques n’est d’ailleurs pas l’intérêt commun, mais trouver le régime adéquate, la dose de répression ou de chantage nécessaire pour remplir cet objectif. Espérons que la pandémie aura au moins rendu plus claire cette règle sous-jacente.

UNE GESTION DE CRISE QUI PRÉFIGURE LE PASS CARBONE, VOIRE UN PASS CITOYEN ?

Il ne faut pas être devin pour voir que le futur ne sera pas rose. Entre réchauffement climatique, pénurie d’énergie, sécheresses, inondations et par conséquent pénurie de denrées de base qui viennent, ça va être coton.

Imaginez deux secondes… Et transposez la gestion autoritaire qui est faite aujourd’hui avec le covid sur les futures crises que le capitalisme ne manquera pas d’engendrer demain. Encore une fois, il ne faut pas être devin pour voir que la rationalité économique imposera son lot de sacrifices comme c’est le cas aujourd’hui avec l’hôpital. Là où les gains seront privatisés, les dégâts seront socialisés, comme c’est toujours le cas avec cette logique.

Il ne paraît alors pas dément de penser que nous verrons surgir un pass carbone lorsqu’il s’agira d’enrayer le réchauffement climatique que l’économie de marché a créé et n’aura jamais été capable d’endiguer. A ce moment-là comme toujours, ce sera à nous de payer l’addition. On imagine déjà les injonctions à la « solidarité pour surmonter les défis » que tiendront les crevures en costard qui nous auront mis dans cette merde. Les mêmes qui auront expulsé les Zad et matraqué toutes les alternatives.

Les « petits gestes quotidiens » que nous plébiscitons naïvement préfigurent d’ailleurs déjà notre rapport de force défavorable face à un système qui, lui, ne change pas et épuisera les ressources jusqu’à la dernière goutte.  Nous sommes déjà embarqués dans une contorsion visant à accepter ce qui nous flingue. C’est le capitalisme vert et celui des big datas, censés dans un futur proche rationaliser et gouverner tous nos faits et gestes.

Aucun agenda politique n’existe pour désamorcer la bombe que représentent nos sociétés d’accumulation. Et la notion de progrès a depuis un moment passé son point de bascule, ne représentant plus qu’un outil technologique du marché que tout le monde redoute comme la prochaine création du Dr Frankenstein. C’est au point qu’on se demande si sa fonction ne serait désormais pas plus qu’un investissement que fait l’humanité en vue de trouver une nouvelle planète en remplacement de celle que notre système économique semble s’efforcer à rendre inhabitable.

Maintenant, il faut se rendre à la raison, ce gouvernement gère absolument bien cette pandémie, car son objectif est de maximiser la croissance économique malgré un virus qui normalement devrait nous inciter à revoir et renverser immédiatement le système.

L’autoritarisme nécessaire dont fait usage Macron pour plier la réalité aux exigences de son idéologie n’est d’ailleurs pas une surprise si on considère que le pays qui a le mieux surmonté économiquement la pandémie en générant une croissance, est la dictature chinoise avec son système totalitaire de crédit social. Nul doute que c’est le modèle honteux sur lequel lorgnent les sociales démocraties du monde entier.

La logique des pass pour répondre aux crises conduirait selon nous inévitablement à une société totalitaire. L’obsession de fichage actuel et les pressions exercées par l’industrie techno-sécuritaire pour imposer les smartcities et les cartes d’identité numériques ne présagent rien de bon.

Le socle de nos libertés a été acquis par les révoltes sociales et on l’oublie trop souvent : par l’abondance des énergies facilement exploitables ayant libéré le besoin d’exploitation outrancière de la force de travail humaine dans un monde construit sur le productivisme. Considérons ce dernier volet comme un bien mal acquis. Un socle instable.

Si vous enlevez la possibilité de révolte par les mesures de lois successives sur le contrôle et la surveillance globale et considérez un monde dont les ressources en énergies conventionnelles ont atteint leur pic, combien de temps croyez-vous que la philanthropie gardera les libertés fondamentales ?

Est-ce vraiment ce système que vous voulez pour gérer le futur ? La majorité des prochains candidats à l’élection présidentielle n’ont qu’un programme : le néolibéralisme. Avec supplément raciste pour certains, supplément éoliennes pour d’autres.

Il est maintenant temps d’arrêter ce cycle infernal qui fait qu’à chaque crise, de nouveaux protestataires arrivent sur le marché de la protestation et se font écraser puis digérer comme les autres. La prochaine révolte populaire si elle a lieu, ne devra pas se contenter de voir le bout de son nez et devra avoir un objectif commun des plus radicaux. Un de ces projets qui envisage un futur viable et désirable.

Pour nous il n’y a que deux choix : soit renverser le système en cassant autant d’œufs que nécessaire pour un monde plus égalitaire débarrassé des relations de pouvoir et d’argent, soit vivre dans une crise permanente ou vous serez gérés par autant de pass que nécessaire pour que règne l’économie dans un monde où on vous veut dociles, prévisibles et productifs.

Pour quel futur êtes vous prêts ?