EN MARCHE VERS UNE FRANCE NAZIE

On a du mal à saisir la gravité du basculement que nous sommes en train de vivre. Depuis quelques années (avec l'augmentation de la xénophobie et de l'ensemble des idées d'extrême droite), depuis quelques semaines (avec la guerre en cours sur la bande de Gaza), et depuis quelques jours, on a observé une inversion du réel où l'extrême droite, hier encore collaboratrice devient une des figures de la lutte contre l'antisémitisme (pour mieux pouvoir cracher sa haine sur les personnes d'origine maghrébine)

Chaque événement vient écraser le précédent : L'assassinat du rugbyman Federico Martin Aramburu par un militant d'extrême droite armé d'un flingue, une manif nazie autorisée dans Paris, des ratonnades contre les arabes, une manif contre l'antisémitisme avec la présence du RN et de nombreux groupuscules fascistes, la convocation ou garde à vue de journalistes et humoristes, La liste est aussi longue que vertigineuse est la chute.

La "ratonnade" de Romans Sur Isère n'est qu'un épisode de plus dans la tragédie en cours. Mais elle est importante. L'extrême droite la plus dure et la plus violente estime que le moment est venu d'amener un grand nombre de personnes sur le terrain de la violence. Le terme de guerre civile revient de plus en plus dans les discours.
Le 25 novembre 2023 doit faire date comme l'un des événements les plus important du mouvement fasciste en France de ces 10 dernières années.
Bien que la "ratonnade" était, comme on a pu le voir partout aussi honteuse que ridicule, il ne faudrait pas se réjouir trop vite de leur "défaite" dans la rue. Car les images de ces fachos attrapés par des jeunes du quartier qui ont eu l'audace de se défendre et ne pas se laisser insulter et tabasser, ces images participent au final de l'excitation et de la montée haineuse dont ont besoin ces groupes néo-nazis.
Le fait est qu'actuellement, les médias sont au chevet du néo-nazi frappé par des jeunes du quartier et voici le langage de mort qui se cache derrière cette couverture médiatique bienveillante envers les fascistes: "Arabes, arrêtez donc de frapper ces pauvres néo-nazis qui étaient simplement venus vous lyncher en bas de chez vous".

En allant dans un quartier populaire à 80, ces nazis, si stupides soient-ils, se doutent bien qu'ils ne vont pas raser le quartier et tuer tous ses habitant.e.s à la couleur de peau "trop foncée" et de la "mauvaise" religion. Mais ils entendent jouer sur la peur et la haine en montrant que "les leurs se sont fait sauvagement attaquer". Et espérer qu'encore plus de racistes basculent dans leurs groupes ultras violents et explicitement nazis.

Car le danger ne vient pas uniquement de ces quelques milliers de militants nazis, que les médias de masse appellent gentiment l'ultra droite. Le danger, c'est que tout autour d'eux, gravitent des centaines de milliers de personnes qui considèrent ces groupes comme un peu trop radicaux mais avec un objectif "noble". Celui de lutter contre le danger islamiste.

Depuis des années, la France s'enfonce dans un racisme structurel. L'extrême droite la plus meurtrière le sait et a volontairement fait profil bas pendant cette période, pour ne pas effrayer les Français. Maintenant que leurs idées sont acceptées et même propagées partout, de l'assemblée nationale aux plateaux TV, cette extrême droite peut expliquer que la seule méthode pour sauver la France blanche, c'est la lutte armée. C'est la guerre civile face à l'ennemi de l'intérieur.

Alors que pouvons-nous faire ? Cela faisait longtemps que nous n'avions pas vu un antifascisme aussi conséquent. Nous avons pu voir comment avec spontanéité, des habitant.e.s d'un quartier ont réussi à défaire plusieurs membres du groupe responsables de cette abjecte "ratonnade". Téléphones saisis, informations sur les canaux de discussions et d'organisation de leurs groupes, identités révélées, visages filmés.

Nous devons reposer la question de l'antifascime telle qu'elle était posée par le front populaire à la suite de la tentative de coup d'état de 1934. A savoir un antifascisme diffus dans les quartiers ciblés, dans des perspectives d'autodéfense des habitant.e.s. Un antifascisme présent dans la rue, en veille permanente.

Le 2 décembre se tiendront au consultat, dans le XIe arrondissement de Paris, des discussions autour du thème "fascisme ou révolution". Une occasion concrète de lieu où se retrouver afin de discuter et surtout réimpulser concrètement des dynamiques d'organisation antifasciste.