Pendant la grève, réenchantons nos vies !

Cette grève s'annonce énorme. Et nous avons tous intérêt à ce qu'elle fasse plier le gouvernement pour ne pas finir plus pauvre qu'au départ. Une grève, massive et reconductible, c'est aussi notre quotidien qui est totalement chamboulé. Nos vies professionnelles et personnelles vont forcément être bousculées, qu'on soit gréviste ou non. On peut le subir. Mais on peut surtout en profiter pour vivre autrement, faire de ces prochains jours un terrain de jeux, de rencontres, d'amour. Transformer le quotidien banal en actes de solidarité, se remettre à parler avec les gens qu'on ne fait que croiser dans les gares...

 

Tout reste à écrire. Tout reste à faire. Mais voici déjà quelques pistes pour que ce mouvement dépasse le simple cadre de la grève et des manif, pour tenter de changer nos vies et de faire durer le mouvement :

 

- organiser des garderies dans les gares avec les cheminots
- Mettre un stand de café dans les gares le matin fait par des usagers pour les usagers pour discuter
- Faire des concerts gratuits et surprises
- Organiser une cantine en mode nuit debout
- Faire un pique nique sur les rails
- faire des ateliers de défense numérique dans les gares
- Faire des petits blocages partout comme au début des GJ pour déstabiliser le pouvoir dans sa gestion de crise
- introduire des bugs dans la matrice, perturber le fonctionnement normal du trafic et des échanges (de flux, de marchandises, de personnes).

 

Ce n'est qu'une toute petite liste qui ne demande qu'à être complétée, et surtout, mise en pratique. Et cela peut commencer dans les prochaines heures !


Au delà de la grève. Au delà des clivages.

Les prochains jours vont être déterminants pour l'avenir de notre société. Ce qu'il va se jouer dépasse largement le cadre, déjà important, de la réforme des retraites. Ce qui se joue dans les prochaines semaines, c'est le paysage politique et social du pays. C'est la possibilité d'un changement radical. D'une révolte. Voire au delà.

Mais même si la mobilisation de jeudi sera, sans aucun doute, massive. Même si le pays sera en grande partie bloqué. Même si les grèves seront reconduites les jours suivants : il va falloir bien plus pour renverser le système.

Car ce qu'il risque de se passer, c'est que tous ceux qui ont des intérêts au statut quo du système politique actuel vont avancer leurs pions en ce sens.

Ainsi, nul doute que le pouvoir va tenter de présenter la grève comme un mouvement de gauche, d'en faire une énième grogne dans un rapport de force classique face aux syndicats et aux partis de gauche.

Si le pouvoir réussit, avec l'aide des médias, à faire croire cela au plus grand nombre, il aura gagné ! Car les puissants seront alors face à des rapports de force qu'ils savent gérer. Les syndicats aussi pourraient tirer leur épingle du jeu et en profiter à titre "individuels". Les vrais perdants seraient ceux qui se battent depuis des mois pour une société plus juste et n'ont que faire des partis politiques, de gauche comme de droite.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Macron incarne cet éclatement du schéma ancestral "gauche / droite". Il a été élu président grâce à cet éclatement. Au final, il représente froidement la réalité politique du moment : ni de gauche, ni de droite, simplement au service des puissants. Mais, en stratège qu'il est, Macron va tenter de faire renaitre artificiellement ce clivage uniquement pour diviser la colère des Français, et espérer qu'une partie de ceux qui ne se sont jamais sentis "de gauche" ne rejoignent pas les différentes "actions" liées à la grève générale et illimité.

Plus que jamais, il est donc vital de réaffirmer que la révolte sociale qui secoue le pays depuis plus d'un an est une révolte qui n'est pas le fait de partis (ni de gauche, ni de droite) ni de syndicats. Qu'au sein de cette révolte, certains GJ se sentent de gauche, d'autre de droite. Que certains sont syndiqués. Mais que tous se retrouvent dans l'envie de renverser un pouvoir qui méprise les citoyens de seconde zone, ceux qui, aux yeux de la Macronie, ne sont rien et n'ont rien réussi. Ces millions de personnes en ont marre et ont pris conscience de leur force collective, qui s'exprime notamment dans leur différence et dans le respect de ces différences. Ces millions de personne ont pris conscience qu'une autre vie était possible. Que l'horizon gris et morose qu'on nous présente comme inévitable n'est plus une fatalité.

A travers la réforme des retraites, c'est un choix de société qui se profile. Ce pouvoir (et ceux d'avant) précarise nos vies à toutes leurs étapes : naissance, études, travail, retraite... Lutter pour une retraite digne, c'est lutter pour la dignité. Comme lutter pour des études dans la dignité. Pour un travail dans la dignité.

L’épouvantail du manque d'argent de notre pays qui courrait à sa perte n'est qu'une vaste blague dans un monde où les milliardaires ne font qu'augmenter (et devenir eux même de plus en plus riches). L'argent, on sait tous où il est. Et on sait tous comment mieux le répartir. Ce ne sont pas aux retraités ou aux enseignants de se serrer la ceinture quand quelques milliers de privilégiés se gavent sur le dos des peuples et de la planète.

Pour toutes ces raisons, il est crucial que dès le 5 décembre, tous les citoyens en colère, tous ceux qui sont descendus au moins une fois dans les rue depuis un an, toutes ces forces vives se retrouvent pour lutter. En manif déclarée, en manif sauvage, en blocage, en occupation. Qu'importe.

Dans un second temps, le samedi 07 décembre, il faut que toutes les forces en lutte convergent dans les différentes manif de Gilets Jaunes dans toute la France : étudiants, retraités, pompiers, cheminots... les GJ, qu'importe leur profession et leur statut, ont toujours accompagné les luttes depuis un an. Aujourd'hui, c'est ensemble qu'il faut lutter. Jeudi, les GJ seront dans la rues aux côtés des syndicats. Samedi, c'est à tous ceux qui luttent de rejoindre les GJ. Car GJ n'est ni une profession ni un parti ni un syndicat, simplement un signe de ralliement pour tous ceux qui ont décidé de refuser la fatalité de la précarité. Et refuser les anciens cadres de luttes qui ont été totalement mis en échec par un gouvernement qui en connait trop bien les rouages.

Plus que jamais, sachons dépasser les clivages du vieux monde, sachons déborder, sachons lutter avec nos différences.


On va faire simple !

« Giletjauner la grève, c’est en finir avec les finasseries. »

Tout est très simple. C’est ça l’esprit gilet jaune. Macron dit de venir le chercher ; on va le chercher à l’Elysée. L’État nous rackette sur les routes ; on pète les radars. On en a marre de tourner en rond chez soi ; on occupe les ronds points. BFM ment ; BFM s’en mange une. On veut se rendre visibles ; on met le gilet fluo. On veut se fondre à nouveau dans la masse ; on l’enlève. Les gilets jaunes, c’est le retour de l’esprit de simplicité en politique, la fin des faux-semblants, la dissolution du cynisme.

Comme on entre dans la grève, on en sort. Qui entre frileux dans la grève, sans trop y croire ou en spéculant à la baisse sur le mouvement, comme le font toujours les centrales même lorsqu’elles font mine d’y appeler, en sort défait. Qui y entre de manière fracassante a quelque chance de fracasser l’adversaire.

La grève qui vient - cela se sent dans la tension qu’elle suscite avant même d’avoir commencé - contient un élément magnétique. Depuis des mois, elle ne cesse d’attirer à elle plus de gens. Ça bouillonne dans les têtes, dans les corps, dans les boîtes. Ça craque de partout, et tout le monde craque.

C’est que les choses sont simples, en fait : cette société est un train qui fonce au gouffre en accélérant. Plus les étés deviennent caniculaires, plus on brûle de pétrole ; plus les insectes disparaissent, plus on y va sur les pesticides ; plus les océans se meurent dans une marée de plastique, plus on en produit ; plus les gens crèvent la gueule ouverte, plus les rues regorgent de publicité pour des marques de luxe ; plus la police éborgne, plus elle se victimise.

Au bout de ce processus de renversement de toute vérité, il y a des Trump, des Bolsonaro, des Poutine, des malins génies de l’inversion de tout, des pantins du carbofascisme. Il faut donc arrêter le train. La grève est le frein d’urgence. Arrêter le train non pas pour le redémarrer après trois vagues concessions gouvernementales. Arrêter le train pour en sortir, pour reprendre pied sur terre ; on verra bien si on reconstruit des rails qui ne passent pas, cette fois, à l’aplomb du gouffre.

C’est de ça que nous aurons à discuter dans les AG, de la suite du monde pas de l’avancée des négociations. Dans chaque métier, dans chaque secteur, en médecine, dans l’agriculture, l’éducation ou la construction, quantité de gens inventent ces dernières années des techniques et des savoirs pour rendre possible une vie matérielle sur de tout autre bases. Le foisonnement des expérimentations est à la mesure de l’universel constat du désastre. L’interruption du cours réglé du monde ne signifie panique et pénurie que pour ceux qui n’ont jamais manqué de rien.

En avril 1970, quelques jours avant le première journée de la Terre, le patron de Coca Cola déclarait : « Les jeunes de ce pays sont conscients des enjeux, ils sont indignés par notre insouciance apparente. Des masses d’étudiants s’engagent et manifestent. Je félicite nos jeunes pour leur conscience et leur perspicacité. Ils nous ont rendu service à tous en tirant la sonnette d’alarme. » C’était il y a cinquante ans. Aujourd’hui, la fille d’Edouard Philippe est dans Extinction Rébellion.

C’est par de tels discours, entre autres, que les capitalistes, d’année en année, ont gagné du temps, et donc de l’argent ; à la fin, ils ont gagné un demi-siècle, et nous l’avons perdu. Un demi-siècle à surseoir à la sentence que ce système a déjà prononcé contre lui-même. A un moment, il faut bien que quelqu’un l’exécute. Il faut bien que quelqu’un commence. Pourquoi pas nous, en France, en ce mois de décembre 2019 ?

Giletjauner la grève, c’est en finir avec les finasseries. La grève part du hold-up planifié sur les retraites ; elle ne s’y arrête pas. A quoi ressemblera ta retraite si ton compte en banque est plein, mais la terre en feu ? Où iras-tu à la pêche lorsqu’il n’y aura plus de poissons ? On parle d’une réforme qui s’étale sur vingt-trente ans : juste le temps qu’il faut pour que ce monde soit devenu invivable. « Pour l’avenir de nos enfants », disaient les GJ depuis le départ.

Cette grève n’est pas un temps d’arrêt avant de reprendre le traintrain, c’est l’entrée dans une nouvelle temporalité, ou rien. Elle n’est pas un moyen en vue d’obtenir un recul de l’adversaire, mais la décision de s’en débarrasser et la joie de se retrouver dans l’action ou autour d’un brasero. Partout dans le monde, en ce moment, des insurrections expriment cette évidence devenue enfin consciente : les gouvernements sont le problème, et non les détenteurs des solutions.

Depuis le temps qu’on nous bassine avec « les bons gestes et les bonnes pratiques » pour sauver la planète, tous les gens sensés en sont arrivés à la même conclusion: les bons gestes, c’est dépouiller Total, c’est prendre le contrôle des dépôts de carburants, c’est occuper Radio France et s’approprier l’antenne, c’est exproprier tous les bétonneurs. Les bonnes pratiques, c’est assiéger les télés, c’est couler les bâtiments des pêcheries industrielles, c’est reboucher le trou des Halles, c’est tout bloquer et reprendre en main ce qui mérite de l’être.

C’est la seule solution, il n’y en a pas d’autre : ni la trottinette électrique, ni la voiture à hydrogène, ni la géo-ingénierie, ni la croissance verte et les drones-abeilles ne tempéreront la catastrophe. Il n’y aura pas de transition, il y aura une révolution, ou plus rien. C’est tout le cadre qu’il faut d’abord envoyer balader si nous voulons trouver des « solutions ». Il faut briser la machine si l’on veut commencer à réparer le monde. Nous sommes enfermés dans un mode de vie insoutenable. Nous nous regardons vivre d’une manière que nous savons absurde. Nous vivons d’une manière suicidaire dans un monde qui n’est pas le nôtre.

Jamais on ne nous a demandé notre avis sur aucun des aspects tangibles de la vie que nous menons : ni pour les centrales nucléaires, ni pour les centres commerciaux, ni pour les grands ensembles, ni pour l’embourgeoisement des centres-villes, ni pour la surveillance de masse, ni pour la BAC et les LBD, ni pour l’instauration du salariat, ni pour son démantèlement par Uber & co., ni d’ailleurs pour la 5G à venir. Nous nous trouvons pris en otage dans leur désastre, dans leur cauchemar, dont nous sommes en train de nous réveiller.

Plus les choses vont et plus un schisme s’approfondit entre deux réalités. La réalité des gouvernants, des medias, des macronistes fanatisés, des métropolitains satisfaits ; et celle des « gens », de notre réalité vécue. Ce sont deux continents qui s’écartent de mois en mois. La grève qui vient sonne l’heure du divorce. Nous n’avons plus rien à faire ensemble. Nous n’allons pas nous laisser crever pour vos beaux yeux, pour vos belles histoires, pour vos belles maisons. Nous allons bloquer la machine et en reprendre le contrôle point par point. Nous sommes soixante millions et nous n’allons pas nous laisser mourir de faim.

Vos jours sont comptés ; vos raisons et vos mérites ont été pesés, et trouvés légers ; à présent, nous voulons que vous disparaissiez. Ça fait quarante ans que nous positivons ; on a vu le résultat. Vous vous êtes enrichis sur notre dos comme producteurs puis comme consommateurs. Et vous avez tout salopé.

Pour finir, nous avons compris que la destruction des conditions de la vie sur terre n'est pas un effet malheureux et involontaire de votre règne, mais une partie de votre programme. Pour vendre de l’eau en bouteille, il faut d’abord que celle du robinet cesse d’être potable. Pour que l’air pur devienne précieux, il faut le rendre rare.

Depuis le temps que les écologistes disent qu’une bifurcation est urgente, qu’il faut changer de paradigme, que nous allons dans le mur, il faut se rendre à l’évidence : cette grève est l’occasion, qui ne s’est pas présentée en 25 ans, d’engager la nécessaire bifurcation. Le moyen sérieux d’en finir avec la misère et la dévastation.

La seule décroissance soutenable. Seul un pays totalement à l’arrêt a quelque chance d’afficher un bilan carbone compatible avec les recommandations du GIEC. La seule ville redevenue un peu vivable, c’est celle où les flâneurs refleurissent sur les trottoirs parce que le métro est à l’arrêt. La seule bagnole admissible, c’est celle où l’on s’entasse à six à force de prendre des autostoppeurs.

« Il n’y aura pas de retour à la normale ; car la normalité était le problème »

Texte à retrouver sur Lundi Matin


Black Futur dans les commissariats

500 commissariats vont être équipés d'un système d'intrusion de smartphone d’ici 2024. Le système serait capable d’aspirer et de traiter toutes les données d’un téléphone portable en moins de dix minutes et ce malgré les cryptages. Il est en cours de déploiement et serait testé actuellement dans certains commissariats du nord de la France. Alors que la garde à vue est devenue tristement commune en 2019, des milliers de personnes se feront potentiellement voler leur données personnelles par la police. Effet d’annonce ou réel outil d’intrusion opérant ?

« Il a déjà été testé lors du G7, pour traiter les téléphones des personnes gardées à vue, avec des résultats jugés “très positifs” »

Dans un article de secours rouge*, on trouve le lien du site web de cette agence et des fournisseurs qui proposent les moyens technologiques de violation de nos libertés individuelles. Des marques comme Panasonic et HP y figurent.

Dans un pure langage commerciale, l’entreprise Cellebrite propose les solutions aux forces de l’ordre pour « réduire le nombre de dossier en souffrance » et « améliorer les flux de travail » des enquêteurs. Elle s’avance même sur le plan juridique avec des phrases d’accroche dignes des plus abominables films d’anticipation en déclarant par exemple : « Optimisez vos taux de condamnation avec précision et rapidité ».

Sans se soucier une seule seconde de l’atteinte aux libertés fondamentales ou du taux de surpopulation bien étrange qu’il y a dans les prisons, l’entreprise propose des moyens pour générer plus de coupables aux yeux de la justice. Une véritable machine à criminaliser si on en croit l’emballage marketing du produit.

Alors que le nombre de garde à vue est un pleine expansion en France, le nombre de classements sans suite est lui aussi énorme. Ainsi rien qu’à Paris avec les gilets jaunes, sur 3000 gardes à vue 1450 ont été classées sans suite. Rien que du point de vue de la loi, on parle donc d’un nombre énorme de personnes qui reconnues non coupables seront potentiellement espionnées et qui verront leurs données personnelles violées.

Au delà de ça, on peut aussi parler d’une véritable campagne de criminalisation de la population qui est marche. Face à l’effondrement de la politique néo-libérale et l’incapacité à produire des solutions égalitaires, la seule réponse semble être la bascule dans un régime policier, à qui tous les moyens de contrôle sont donnés pour accomplir une sorte de projet de guerre envers les citoyens.

On peut aussi noter que face à l’explosion des révoltes mondiales actuelles s’attaquant aux mesures inégalitaires et aux principes de la société bourgeoise, les régimes et leur police s’aperçoivent qu’ils représentent bien peu en terme de nombre face à leurs opposants. Que ce soit en France, au Chili ou à Hong Kong, la ténacité et la longévité des révoltes montrent l’impuissance des moyens actuels policiers pour endiguer les colères sociales.

Dans un système ou les moyens politiques sont arrivés en bout de course, il fait peu de mystère que les moyens policiers vont s’accroitre et prendre le relais. Il suffit de regarder les budgets des États pour constater que les militaires et les policiers seront bientôt les seuls fonctionnaires encore bien lotis pour assurer un service répressif face aux révoltes sociales.

Plus que jamais, les techniques de défenses numériques sont primordiales et doivent être démocratisées. Demain, avoir une conversation cryptée qui ne laisse aucune trace sur un téléphone ayant un système opératoire open source devra nous apparaitre aussi facile qu'envoyer une lettre à la poste si l'on tient à garder quelques libertés individuelles dans ce monde.

*Source : https://secoursrouge.org/france-500-commissariats-seront-equipes-dun-systeme-dintrusion-dans-les-telephones-mobiles/


Grève 5 décembre : Rappel de vos droits

A PARTIR du 5 Décembre 2019, un mouvement d'ampleur s'annonce.

Afin d'en faire une séquence historique, il est bon de rappeler les principes de base.
Voici les grandes lignes qui régissent le droit de grève en France.
On notera la distinction entre droit de grève dans le privé et dans le public.
Et on retient également que tout salarié dispose de ce droit, et peut en user sans que l'employeur puisse se retourner légalement contre lui.

DANS LE SECTEUR PRIVE

Le droit de grève est un droit constitutionnel, reconnu à tout-e salarié-e dans l’entreprise, qu’il/elle soit syndiqué-e ou non. Tout-e salarié-e d’une entreprise peut utiliser son droit de grève. Cependant, un-e salarié-e ne peut pas faire grève tout seul, sauf s’il accompagne une grève nationale, ce qui est le cas pour l'appel du 5 décembre.

Il n’est pas nécessaire que la majorité des salarié-es ou tou-tes les salarié-es de l’entreprise participent à la grève.

« Tout salarié peut s’associer à un mouvement de grève, même si aucune revendication particulière à l’entreprise n’a été formulée et même si le salarié est seul à suivre ce mot d’ordre dans l’entreprise. » (arrêt du 29 mai 1979 de la chambre sociale de la Cour de cassation)
Dans le secteur privé, les salarié-es qui veulent utiliser leur droit de grève n’ont pas à respecter de préavis.
Attention toutefois car les spécificités relatives à la grève dans les services publics, notamment l’obligation d’un préavis, s’appliquent au personnel d’une entreprise privée gérant un service public affecté à cette activité.

Il n’existe aucune durée minimum ni maximum de grève : elle peut être de courte durée (1 heure ou même moins) ou bien se poursuivre pendant une longue période (plusieurs jours ou semaines). Elle peut être répétée.

👉IL EST DONC POSSIBLE DE SE METTRE EN GREVE 1H PAR JOUR AUTANT QU'UNE JOURNEE ENTIERE!

DANS LA FONCTION PUBLIQUE

Les agents de la Fonction Publique sont soumis à un dépôt de préavis de 5 jours pour un appel à la grève.

En cas de doute, ne jamais hésiter à poser la question à un délégué du personnel dans son entreprise, ou téléphoner, écrire, au syndicat de son entreprise, ou département, ils auront la réponse aux questions particulières.

Et n'oublions pas, une grève se planifie, s'organise avec les personnes les plus proches de soi, dans l'entreprise.

On discute, on file des tracts pour informer etc...
On peut faire appel à solidarité localement ( caisses de grève, aide logistique, nourriture...) pour pouvoir tenir sur la durée.

Mais également, on prévoit de participer aux AG dès le 5 décembre, pour se tenir informé, et décider en commun de reconduire la grève!

LE 5 DECEMBRE JE FAIS GREVE ET LE 6 JE CONTINUE!


Italie : des sardines vers un tsunami social ?

Après la Catalogne et les événements que nous avons suivi avec intérêt, après la Grèce qui continue sporadiquement à maintenir un niveau d'alerte sociale, avant l'Irlande ou la Grande Bretagne, dont nous observerons les mouvements sociaux probables prochainement...

Il y a tout près de nous, l'Italie.
A Modene, à Palerme, à Bologne des milliers de personnes se rassemblent depuis quelques jours, et cela ne fait que commencer.

On a ainsi vu des milliers de personnes chanter Bella Ciao sous la pluie, et d'autres manifester au slogan de "tout le monde déteste la police" en français !

Ce mouvement populaire ( à l'instar de beaucoup d'autres pays... ) grossit à vue d'œil depuis quelques semaines à peine.

Le mouvement de la sardine, en allusion à la vivacité de ce poisson qui fuit entre les doigts, et qui se déplace en bancs serrés.

Initié par un groupe de 4 personnes, il prend des proportions étonnantes en Italie.

Son objectif, la paix sociale, la justice sociale, la lutte contre l'autoritarisme et le fascisme, bref un programme tout à fait prometteur !

L'Italie a traversé récemment, à nouveau, des moments difficiles avec le régime autoritaire imposé par l'extrême droite de Salvini, qui a été écarté du pouvoir en août dernier, mais qui prépare son retour, régionalement et en tant que secrétaire fédéral de la Ligue d'extrême droite.

Salvini, au delà d'une personnalité intrinsèquement virulente et autoritaire, a imposé des mesures anti sociales, basées sur le souverainisme.

Son programme électoral fut basé sur la volonté de sortir de l'euro en affirmant même que l'euro est "" un crime contre l'humanité" et en se présentant comme un candidat libéral, puis une fois élu, il changea de cap en basculant dans l'autoritarisme.

Une homme peu reluisant, dangereux et surtout peu honnête, dont aujourd'hui, les italiens ne veulent plus, lui, et tout le système qu'il incarne.

Le groupe Facebook, appelé l'archipel de la sardine quant à lui, grossit à vue d'œil et des actions prolifèrent un peu partout comme des petits poissons en déplacement dans les eaux vives.

Inspiration enthousiasmante...
Les italiens sont nos voisins... Alors plus que jamais "EL PUEBLO UNIDO" !!


5 décembre : La Police profite-t-elle du combat de ceux qu'elle mutile ?

POLICIERS : LES SEULS FONCTIONNAIRES QUI N’ONT RIEN A CRAINDRE

Deux syndicats policiers veulent se servir du 5 décembre, journée d’appel à la grève, pour exploiter la colère sociale de celles et ceux qu’ils mutilent depuis 1 an tous les samedis.

S’il y a bien un statut de fonctionnaire qui n’a rien à craindre et qui peut être sûr d’obtenir ce qu’il demande c’est bien la police. On se rappelle de 2016 et de la loi sécuritaire visant à l’extension du domaine de la légitime défense et de l’anonymat des policiers ou en avril de la loi dite « anti casseur » qui permet une sorte de justice prédictive basée sur l’intentionnalité. Ce ne sont que des exemples en matière de revendications exaucées avec les innombrables demandes de plus de moyens répressifs. A ce jeu, la police est très certainement championne de France. A quoi s’étaient ajoutés les 300€ de primes suite aux 3 premiers actes des gilets jaunes sans même qu’ils le demandent.

Bien que toutes ces lois en faveur de la police aient complètement fait basculer le pays dans un régime autoritaire à défaut de régler les problèmes sociaux de façon démocratique, on assiste chaque année à la même surenchère sécuritaire des syndicats de police. A la différence des autres, ils convainquent l’Etat car ils sont armés et sont utiles au gouvernement pour réprimer les revendications sociales des autres corps de métiers. Il faudra toujours des policiers pour aller taper les profs, les étudiants, les cheminots, les chômeurs, les hospitaliers ou tous ceux qui contestent la politique néo-libérale sérieusement.

Alors que sur le tract du syndicat Alliance et Unsa Police on peut lire qu’ils veulent “une réponse pénale réelle, efficace et dissuasive” il est bon de rappeler qu’en 1 an la police a obtenu toutes les cartes blanches qu’elle voulait à la barbe des libertés fondamentales et qu’on ne compte plus le nombre d’arrestations arbitraires, illégales, les passages à tabac et les mutilations passées sous silence et sans que les flics ne soient inquiétés judiciairement. Ils ne sont pas plus inquiétés également quand en décembre ils tuent Zineb Redouane d’une grenade lacrymogène dans la tête alors qu’elle fermait les volets à sa fenêtre un jour de manif. Pas plus tard que Samedi, Manu un manifestant qui ne faisait que discuter sur la Place d’Italie, s’est aussi pris un tir tendu (interdit) de lacrymogène et il en a perdu son oeil…!

S’ils ont les coudées franches niveaux violences, il faut aussi rappeler que la justice prononce des peines très lourdes en faveur des flics contrairement à ce qu’ils peuvent dire. Rien que pour exemple, aux dernières comparutions immédiates, des policiers qui avaient traîné par les cheveux une gilet jaune, portent plainte contre elle et gagnent 900€. Et un manifestant ayant donné un coup de pied dans une porte de lavomatique derrière laquelle se trouvaient deux policiers, écope d’un an ferme. Pour un coup de pied sur une porte…! Et on ne compte plus les interdictions de manifester ou de paraître dans un territoire pour des cas qui ne sont même pas encore jugés. Plusieurs articles sont déjà sortis pour dénoncer le business des outrages à agent pour arrondir les fins de mois ou pour dire que les violences sont souvent inventées dans le but de couvrir les propres violences des flics (dans article récent de la Croix, c'est un aveu même d'un policier).

Dans le camp des luttes d’intérêts, il est clair que la police fait cavalier seul et n’a pas la moindre sympathie à l’égard des luttes sociales. D’autant plus qu’elle sait qu’avec un peu de chantage, l’Etat qui ne tient que par elle, lui accordera toujours un traitement de faveur la plaçant au dessus des autres.

Pour ce qui est de la réforme des retraites qui sera combattue dans la rue le 5 décembre et qui menace déjà des centaines de milliers de personnes de perdre des centaines d’euros par mois, les flics peuvent être tranquilles. Castaner a déjà dit qu’il défendrait leur statut jusqu’au bout. C’est tout l’inverse chez les hospitaliers ou les cheminots dont les ministres de tutelle déclarent plutôt que les soldes sont ouverts ! Macron a également déclaré derrière ses apparences de fermeté que les flics conserveraient malgré tout un régime spécial et différent des autres.

Dans un avenir sans doute proche, la police et les renseignements seront les derniers fonctionnaires de ce pays et ils auront vu tous les autres services publics se faire démanteler avec l’aide de leurs matraques et de leurs enquêtes secrètes.

Le 5 décembre, tout le monde sera dans la rue pour combattre le système que eux protègent !


Flics black bloc : A qui profite l'intox?

La mécanique avait déjà été actionnée après l'acte 45. Mais cela va aujourd'hui bien plus loin. De nombreuses personnalités, des médias alternatifs, des soutiens aux GJ et des GJ eux mêmes clament depuis dimanche que la police serait responsable de nombreuses dégradations de la Place d'Italie et/ou que celle-ci laisserait volontairement faire des manifestants casseurs.Deux séquences ont été très largement utilisées pour valider cette thèse. Les deux sont fausses :

Sur une vidéo, on voit trois hommes en noir passer à travers un cordon policier, en criant "C'est la BAC" . En fait, il s'agissait de deux policiers en civil (donc effectivement en tenue type BB), qui venaient d'interpeller un manifestant (celui du milieu). Des vidéos le prouvent.

L'autre séquence prétend que la personne ayant détruit la stèle du maréchal Juin serait un gendarme. Avec comme preuve, des photos de ce même manifestant posant à côté d'une personne avec un bouclier "Gendarmerie". Là encore, c'est totalement faux : ce bouclier est tombé suite à la confusion lorsque des manifestant ont réussi à sortir de la nasse en forçant un barrage. Ce bouclier s'est retrouvé dans une manif sauvage, et plusieurs manifestants ont posé avec.

Sur ces deux cas, CheckNews (de Libération) a fourni un gros travail de vérification qui ne laisse aucune place au doute. Les liens en commentaires.

Au final rien de bien nouveau ici : oui, il y avait probablement des flics infiltrés samedi à place d'Italie, il y en a toujours eu. Oui, il est très probablement arrivé que des flics cassent en manif. Mais non, ce ne sont pas eux qui sont responsables de la majorité des dégradations.

On se demande alors qui a intérêt a propager ce discours et cette suspicion. Et c'est là que toute cette déferlante anti BB/flics infiltrés devient très dangereuse pour le mouvement. Car les seuls à avoir intérêt à ce que la plupart des manifestants pensent que les BB sont des flics, c'est le pouvoir. Car la casse est l’une des expression de la colère sociale. Faut-il rappeler que sur les actes GJ ayant vu le plus de dégradations (vitrines brisées, voitures incendiées, police attaquée) ont été les premiers actes, alors qu'il n'y avait aucun manifestant en kway noir ? C'est à ce moment là que le pouvoir a vraiment tremblé. Il a aussi été inquiété le 16 mars, lorsque des milliers de manifestants en jaune ont exprimé leur colère sur les Champs avec des centaines de personnes en noir. Le pouvoir ne redoute rien de moins qu'une solidarité entre tous les citoyens en colère. Pour éviter cette jonction, il faut stigmatiser la frange la plus offensive. Et puisque le côté "violent" ne marche plus, de nombreux citoyens comprenant que la vraie violence est sociale, que la précarité tue, alors, le pouvoir n'a plus comme carte que celle de faire passer ces manifestants pour des "agents infiltrés".

De Hong Kong au Chili en passant par l’Iran, ce sont les mêmes gestes émeutiers destinés à ébranler le pouvoir et son ordre inégalitaire. L’intrusion de flic dans cette histoire n’est qu’anecdotique, sensationnaliste et a pour but de créer de la confusion dans les rangs de ceux qui ont intérêt à destituer le pouvoir pour un avenir meilleur.

Aussi, au delà du fait que cela soit faux, prétendre que toutes les dégradations sont le fait de policiers, c'est nier les milliers de personnes qui depuis des mois ont mis leur corps en jeu dans cette révolte. Ceux qui en ont payé le prix fort, aussi bien juridiquement que physiquement. Christophe Dettinger n'était pas un flic infiltré. Ceux qui ont défoncé la porte d'un ministère avec un transpalette non plus. Bref, participer à cette construction fantasmatique, c'est invisibiliser ceux qui ont fait le choix de se battre pour une société plus juste, y compris par des moyens offensifs et dangereux pour eux.

On l’a bien vu dans les soulèvements aux quatre coins du monde. C’est bien en partie la destruction des symboles d’un système en place, banques, grandes surfaces, assurance, statues du pouvoir, etc, qui a permis de stopper les réformes neo libérales.

Le fait qu’elle se fasse masquée est une emmerde pour les enquêtes policières. D'ailleurs, les GJ l'ont bien compris. Face aux nombreuses images qui circulent après chaque manif, face aux arrestations massives et aux condamnations (parfois pour simple fait d'avoir été présent sur une manif sauvage), de plus en plus de manifestants font le choix de s'anonymiser au plus possible. Et pour cela, rien de mieux que de s'habiller en noir et de se couvrir le visage. C'est une simple tactique. Cela ne veut pas dire que des GJ sont devenus BB. Ou que les BB ont infiltré les GJ. Et s'il y a moins de gilets jaunes dans les manifs, surtout à Paris, c'est tout simplement parce qu'il y a eu des centaines (milliers) de GAV pour simple port d'un GJ (ou même l'avoir dans son sac à dos). Certains ont même reçu des amendes ! Donc oui, quand on criminalise à ce point la contestation sociale, il ne faut pas s'étonner que de plus en plus de personnes adopte les techniques minimisant les risques d'être victimes d'arrestations et de condamnations !

Aussi le masque permet de projeter les pires fantasmes. Et la police ne s’en prive pas pour transformer l’expression d’une colère sociale en acte soit disant barbare et non assumé, donnant ainsi les éléments de langage à la pensée bourgeoise qui n’imagine pas qu’on puisse vouloir s’en prendre à la société inégalitaire qu’elle a construite. On le sait, le masque est à double tranchant. A la fois fantasme pour véhiculer une détestation et en même temps véritable tactique efficace pour ne pas être identifiable par la police de l’ordre bourgeois.

Plus que jamais, il convient donc de casser cette construction de flic BB et cette opposition entre bon manifestant et mauvais. Ce qui est mauvais, c'est cette société. Ce qui est bon, c'est notre solidarité et le respect de nos différences. Et c'est seulement cela qui pourra faire vaciller le système.


Amer Anniversaire

Une sorte de brouillard plane en ce début de semaine. Difficile d'y voir clair sur ces trois jours de festivités et de luttes. De savoir s'il s'agit d'une victoire pour les GJ ou pour le pouvoir. Sûrement aucune des deux. En tout cas, du côté des défaites, on peut clairement y mettre la démocratie et la liberté.

Si le pouvoir nous a habitué a pousser toujours plus loin la violence et l'arbitraire, ce weekend d'anniversaire est encore allé plus loin dans le délire totalitaire qui se met en place, insidieusement. Liste non exhaustive en fin d'article.

Le pouvoir et les médias ne parlent que des événements de la place d'Italie, et ce, uniquement sous le prisme des fameux "débordements". La belle affaire. Sauf que le pouvoir a tout fait pour empêcher tout autre événement : concerts, maison du peuple, happening... Tout a été sauvagement réprimé, et pas seulement les actions dites "offensives". Macron et Castaner poussent les citoyens à un choix particulièrement dangereux : accepter d'exprimer sa colère dans des manifestations totalement inoffensives et que le pouvoir n'écoute pas, ou entrer dans le "camp" adverse (selon les mots du préfet Lallement). Tout opposant sortant du cadre imposé par les puissants est désormais considéré comme un ennemi d'Etat (à l'image des prélèvements ADN à la Maison du Peuple).

Cette nouvelle doctrine trouve son illustration Place d'Italie, entre 12h et 14H : la préfecture, totalement débordée et surprise des actions offensives du matin, décide d'annuler la manifestation. Mais elle force des centaines de manifestants arrivés dans le quartier (et qui n'avaient pas l'info de l'interdiction) à entrer sur la place. Pour ensuite les empêcher d'en sortir, pendant plusieurs heures, le tout sous des centaines de lacrymo, de grenades de désencerclement et de charges ultra violentes.

Le message est clair : "Vous venez sur une place où il y a des GJ qui cassent ou brûlent. Vous êtes donc solidaire de cette violence inacceptable. Et vous allez en payer le prix. Vous êtes les ennemis de la France. Et nous allons vous traiter de la sorte."

Avec un double objectif : dissuader les manifestants de revenir à de futures manif GJ (car il y en aura encore et encore). Et casser la popularité du mouvement auprès des citoyens encore solidaires de cette révolte sociale.

Qu'on se le dise : la préfecture n'a pas planifié tout cela à l'avance comme certains ont pu le prétendre. Les autorités ne pensaient pas que les éléments les plus déterminés viendraient à cette manif. Personne ne l'avait vraiment prévu. Pas même une fantasmatique "internationale des Blacks Blocs". Non, ce qu'il s'est passé, c'est que plusieurs GJ, notamment de province, sont arrivés assez tôt sur Paris. Les Champs étant totalement barricadés, et vu l'expérience du 21 septembre, certains ont décidé d'aller sur le lieu de la manif déclarée, plusieurs heures en avance. Parmi ces GJ, quelques uns ont commencé à monter des barricades sur une place remplie d'objets de chantier. Un petit feu a été allumé. Les images ont très rapidement tourné. Et donc les GJ les plus déterminés ont eu la tentation de venir rejoindre la place. Le temps que la préfecture s'en rende compte, plus de 3 000 manifestants étaient Place d'Italie, plus d'une heure avant le début de la manif. Des barricades, des feux, des voitures renversées. Tout cela sans que la police ne soit en mesure d'intervenir.

En revanche, une fois que les forces de police étaient arrivées en force place d'Italie, les manifestants se sont retrouvés nassés et il n'y a quasiment plus eu de dégradation. Pourtant, c'est seulement à ce moment là que le carnage a commencé. Pendant des heures, la police a littéralement agressé les manifestants présents sur la place, et totalement coincés. Sans aucun discernement, sans même chercher à arrêter ceux qui avaient commis des dégradations. Non, il s'agissait de terroriser et punir ceux qui étaient présents. La terreur. On pourra noter d'ailleurs que ceux qui auront le plus souffert de cette terrible décision des autorités sont les personnes venues sans protection (et donc, logiquement, celles les moins à même d'avoir commis d'actes offensifs).

Cette attitude n'est pas une surprise pour ceux qui suivent et vivent les luttes sociales en France depuis plusieurs mois. Il n’empêche, un nouveau cap a été franchi. Les médias mainstream, comme prévu, n'en ont eu que pour des feux de poubelles, des bris de vitrines et une statue d'un maréchal pétainiste et partisan de l'Algérie française détériorée. L'Histoire n'est amère qu'à ceux qui l'attendent sucrée !

Du côté GJ, on peut se réjouir du nombre d'initiatives lancées sur ce weekend, même si beaucoup ont été rapidement réprimées (et parfois étouffées dans l’œuf) : des occupations, des ronds points, des blocages, des happenings, des concerts, des maisons du peuple... Réussite également au vu du nombre de manifs sauvages toute la journée de samedi, mais aussi le soir et le dimanche, dont beaucoup ont réussi à déborder le dispositif ultra sécuritaire.

On peut en revanche regretter le nombre quelque peu décevant de GJ descendus dans la rue. Si on est bien au dessus des chiffres annoncés par la pref et les médias, on pouvait tout de même espérer beaucoup plus. Aussi bien sur Paris qu'en Région. Alors que le mouvement reste apprécié et compris par une majorité de la population, alors que des centaines de milliers de Français sont déjà descendus dans la rue en jaune au moins une fois fin 2018, il n'a pas été possible de ramener à la lutte ces personnes. Il faut le prendre en compte et ne pas se voiler la face. Car ceux qui crient "révolution" dans les rues depuis des mois, et qui le veulent vraiment, doivent savoir que cet horizon ne sera possible qu'avec une adhésion très forte des autres citoyens, et leur participation active. Comme on peut le voir au Chili ou à Hong Kong.

Cela ne veut pas dire que ces GJ qui ne lâchent rien sont dans l'erreur. Bien au contraire. Mais il faut essayer de comprendre pourquoi les autres, bien que solidaires dans la pensée, ne descendent plus sur les ronds points, dans les manif, sur les occupations. Bien sûr que la terreur d'état est un des éléments importants. Mais pas que.

Samedi, Place d'Italie, la détermination était là. La colère aussi. Mais il manquait peut être de la folie, de la joie, de la fraternité. De la musique et de la danse aussi. La beauté du mouvement GJ, ce sont ces instants improbables, où dans la cruauté du monde libéral, quelques personnes arrivent à créer du lien, du beau, de l'amour.

Il a peut-être aussi manqué de stratégie et d'idées sur cette place d'Italie, qui fut un terrain de révolte pendant deux heures avant de devenir une énorme prison et une salle de torture. Des milliers de personnes étaient présentes. Toutes voulaient sortir de cet endroit, pour vraiment manifester (en déclarée ou en sauvage). Mais il n'y a pas eu suffisamment d'échanges et de propositions pour réussir à sortir de cette nasse. La lutte doit être aussi le moment d'expérimenter des actions collectives constituées de plusieurs actions individuelles. Il faut discuter, il faut proposer, il faut agir. Il faut également redonner du sens aux actions et clamer/afficher les objectifs de cette révolte sociale, d'autant qu'ils sont partagés par des millions de citoyens.

En cela, la mobilisation de ce week-end a parfois été décevante. Décevante mais pas décourageante. Car le feu est toujours là. L'envie de vivre et de connaitre un monde nouveau. L'envie de voir leur monde s'effondrer. De ne plus laisser cette précarité systémique nous tuer.

Pour cela, il faudra dépasser les limites rencontrées ce weekend. Ce ne sera pas facile. Mais existe-til une révolution facile ? Et n'oublions pas quil ne s'agissait que du premier anniversaire.

Annexes - Résumé de trois jours de totalitarisme en France :
- Le vendredi, une soirée concert sur les quais de Seine, totalement pacifique et ne gênant personne, est expulsée. Les deux musiciens sont embarqués et passent la nuit au poste. Les instruments sont gardés par la police tout le weekend

- Une maison des peuples est ouverte dans un lieu désaffecté depuis plus de 3 ans dans Paris. Elle est violemment expulsée par la police dès le lendemain. Avec de nombreuses interpellations.

- Plusieurs journalistes sont tabassés, au moins deux recevoient des grenades aux visages, dont un blessé gravement

- Des milliers de manifestants sont nassés pendant des heures Place d'Italie et interdits de sortir alors que la place est gazée et chargée en permanence. Une véritable boucherie.

- Des manifestants qui font une action totalement pacifique dans les Galeries Lafayette sont violemment arrêtés et embarqués au poste, y compris des personnes dans la rue qui soutenaient les GJ sur place.


Anniv GJ : Infos pratiques et liens utiles

Trois jours pour fêter un an de lutte, d'espoir et de solidarité ! De vendredi 15 à dimanche 17 novembre, des centaines d'initiatives sont lancées partout en France pour fêter comme il se doit le premier anniversaire des Gilets Jaunes.  Pour ceux qui souhaiteraient des informations sur toute la France, un pdf en ligne recense plus de 140 rdv : DISPONIBLE ICI.

Pour Paris, notamment pour le samedi 16, la tendance semble être à l'improvisation et à la volonté de ne rien planifier publiquement, pour éviter les nasses et interpellations abusives des derniers gros rdv sur la capitale. Quelques appels sont tout de même en ligne : manif déclarée, appels à retourner sur les champs, occupation de lieux stratégiques ou encore concerts et autres festivités.

Cet article sera actualisé très régulièrement durant les prochaines heures afin de vous donner un maximum d'informations sur ce qu'il se passe : appels à rassemblement, décisions de la prefecture, stations de métro fermées. Une fois le weekend de festivité lancé, nous continueront à alimenter cet article sous forme de fil info.

MISE A JOUR : 15/11/19 A 15H30

HEURES ET LIEUX DE RDV

VENDREDI 15
Surprise party dans Paris (concerts, danse, picnic)
Rassemblement festif à Montreuil

SAMEDI 16
- Le matin : blocage du périph sans lieu de rassemblement à 10h, formez vos propres groupes
- La journée : prendre les Champs Elysées
- A partir de la mi-journée : petite surprise, info à venir (suivre l'événement ci-dessous)
+ deux manifs déclarées : Place d'Italie: rendez-vous à 10h, départ vers 14h  /  Porte de Champerret: rendez-vous dès 8h, départ vers 11h30

DIMANCHE 17
Blocage d'un temple de la consommation.
+ Pl. Joaquim Du Bellay: rv à 9h, Fontaine des Innocents, Métro Les Halles

 

INFOS PREFECTURE / RATP

Arrêté préfectoral disponible ICI

Résumé, sur une carte, des secteurs interdits :

Les stations et lignes de métro fermées ne sont pas encore communiquées.

La RATP a annoncé qu'elle donnerait la consigne à ses agents d'effectuer des fouilles samedi dans les couloirs et lignes du métro.
IMPORTANT : les agents RATP n'étant pas assermenté, ces fouilles ne sont basées que sur le consentement de l'usager. Vous avez tout à fait le droit de refuser ces fouilles ! plus d'infos ICI.

LES EVENEMENTS FACEBOOK

Part 2 Acte 53 Appel Mondial Un An Après On Revient !
ACTE 53 : 16-17 Nov. 1 an de Gilets Jaunes Le Pouvoir Au Peuple!
Acte 53 : 1 AN DE LUTTE !!! TOUTE LA FRANCE À PARIS
Acte 53 Gilets Jaunes l’anniversaire sur les Champs-Élysée
Anniv GJ : infos et liens utiles
Manif et rassemblement de départ GJ Saint Ouen
16/17 Novembre - Convergence des Luttes
Paris capitale mondiale des Gilets Jaunes - Acte 53
Acte 53 TOUS A PARIS ET LES Alentours
Gilets Jaunes | Les origines
Les Écolos avec les Gilets jaunes - 16/17 nov, acte 53
Gilets Jaunes Act 50:Ultimatum Final
Gilets Jaunes. Acte anniversaire : ZAD à Paris. Winter Is Coming
Surprise party dans Paris (concerts, danse, picnic)
Rassemblement festif à Montreuil
blocage du périph
Gros Banquet à l'Elysée
Blocage d'un temple de la consommation.

ANTIREP

On ne répètera jamais assez qu'avant d'aller en manifestation, il est bon de connaitre le nom d'un avocat de la legal team de votre ville et de connaitre ses droits en cas d'arrestation :

- Droit de ne rien déclarer
- Droit de voir un médecin
- Droit de voir son avocat
- Pour ce qui est du refus de signalétique, ce n'est malheureusement pas légal, mais plusieurs jurisprudences existent et ont déjà donné raison à celles et ceux qui refusaient de s'y soumettre. De plus les poursuites ne sont pas systématiques en cas de refus. Au delà de ça il s'agit aussi d'un acte militant et étique d'opposition aux fichages de masse.

(NB : En GAV, les flics vous mentent très souvent. Ex : Tu sortiras plus vite si tu parles. Ton avocat n'est pas là, choisis un commis d'office)

Lien vers un réseaux de défense collective fiable, présent dans plusieurs villes : https://rajcollective.noblogs.org/

Infos pratiques pour la légal team Paris

Conseils en manif paris Paris Lutte