deep green resistance censure facebook

Nouvelle censure Facebook : Deep Green Resistance se fait supprimer deux pages

Plus que jamais les réseaux sociaux se positionnent en milices défenseuses des intérêts privés contre les usages collectifs. Facebook s’engage avec ses multiples épisodes de censures contre les pages qui exercent une pensée critique, dans une croisade contre la diversité des points de vue et des informations qui pourraient s'exprimer sur la plateforme.

Ainsi le réseau Deep Green Resistance, qui porte des positions radicales pour la défense de la nature et des pratiques humaines qui y sont liées, a vu ses pages bretonnes dépubliées sans préavis de manière arbitraire.

La Silicon Valley et ses avatars qui se présentaient il y a encore 10 ans comme la vision "cool" du néo libéralisme se révèlent à notre époque comme la face de géants réactionnaires à la manière des vieux régimes dictatoriaux. En réalité à la manière de toute technique qui se prétend neutre et qui pourtant impose de façon dogmatique une seul type d'usage. Voyant l'humanité comme son cheptel de sujets-consommateurs dont il faut réduire les pratiques pour mieux les rationaliser et les commercialiser.

Nous publions le compte rendu des évènements par Deep Green Résistance Bretagne :

🔴UNE NOUVELLE MÉTHODE DE #CENSURE CHEZ #FACEBOOK ?

~ Disparition pure et simple de la page Deep Green Resistance Bretagne... quelles seront les suivantes dans le viseur des maîtres du réseau ? ~

[Partagez et invitez vos ami.es à liker cette nouvelle page pour faire connaître ce qui nous est arrivé. Et surtout, si vous voulez nous soutenir, anticipez de le faire hors de Facebook : nous avons le site DeepGreenResistance.fr, mais aussi une conversation ouverte sur « signal » (messagerie chiffrée gratuite) pour partager largement, sans dépendre de Facebook, nos rendez-vous publics sur Rennes (présentations, soirées-débats, projections, sports, luttes, jardinage & autonomie)… Envoyez-nous un mail pour y être ajouté.e si vous le désirez, ou même simplement pour entrer en contact hors de Facebook : dgrbretagne@protonmail.com]

_________________
1) Retour factuel sur la chronologie des récents événements :

Mardi 13 Juillet, alors qu’un camarade se connecte sur Facebook, il découvre que notre page « Deep Green Resistance Bretagne » a été dépubliée arbitrairement par Facebook, sans aucun avertissement préalable, ni aucune explication. Il a juste reçu, comme les autres administrateur.es de la page, une simple notification affirmant la « dépublication » (la page n’est pas supprimée, mais devient invisible pour toute personne n’étant pas administratrice dessus). Le camarade fait donc immédiatement « appel », mais découvre avec stupeur qu’il ne peut rien écrire pour se défendre, ni poser de questions : sur Facebook, « faire appel » c’est juste cliquer sur un bouton. Facebook lui répond d’ailleurs que sa demande ne sera probablement même pas prise en compte car « avec la COVID » il y aurait un manque d’effectifs pour traiter ce genre de réclamations (mais pas pour censurer arbitrairement des pages, ça par contre manifestement ils ont le personnel pour).

Mais ce n’est que le début : le lendemain, mercredi 14 Juillet, la matinée commence par la déprogrammation de notre autre page locale « Deep Green Resistance Rennes », sur laquelle nous voulions justement mettre un message afin d’annoncer la censure de notre page DGR Bretagne. Ça commence a faire beaucoup, perplexes nous faisons un second appel pour notre page DGR Rennes, tout en nous demandant pourquoi ces deux censures simultanées et très ciblées (nous n’avons pas connaissances d’autres pages ayant été dépubliées à cette période).

Pire encore, la même matinée, alors que nous nous inquiétons pour notre page DGR Rennes qui vient donc d’être la seconde dépubliée, nous cherchons à en savoir plus sur la procédure d’ « appel », et nous tentons donc de retourner sur la page DGR Bretagne pour voir ce qu’a donné l’appel de la veille. Et… la page a disparu, purement et simplement. Il n’en reste plus aucune trace nulle part. Son adresse url ne mène plus a rien (Facebook nous annonce un lien cassé : https://www.facebook.com/dgrbretagne). Même la notification de la veille annonçant aux administrateur.es (sur leurs profils personnels) sa dépublication a disparu. Il ne reste plus aucune trace. Plusieurs années de travail, des centaines de publications, images, vidéos, compte-rendus, plus d’un millier d’abonné.es : PLUS RIEN. En deux jours. Sans aucune explication. Dans notre cas, Facebook s’est permis de jeter à bas sans inquiétude ce masque démocratique que l’entreprise multinationale tâche pourtant par ailleurs de conserver le plus possible auprès de son public.

Aujourd’hui, une dizaine de jours plus plus tard, la page DGR Rennes est toujours dépubliée, nous n’avons reçu aucune nouvelle de l’appel que nous avions réalisée. Et la page DGR Bretagne n’a pas réapparu, pas plus que nous n’avons eu de nouvelles de Facebook à ce sujet, ni trouvé aucun précédent à propos de disparition de pages telle que nous l’avons ici vécu. On peut logiquement penser qu’elle ne réapparaîtra donc jamais. Pire, la grande question qui nous servira donc à conclure cette introduction est : QUELLES PAGES SERONT LES SUIVANTES ?

« Ne vous y trompez pas, si cela ne fait l'objet d'aucune contestation, cela ne s'arrêtera pas là. Plus il sera acceptable que les gouvernements puissent déterminer quelles voix sont autorisées à s’exprimer sur les réseaux sociaux, plus cette censure s’immiscera dans tous les autres secteurs de la société, et plus elle façonnera ce qu'il est possible de penser, ce qu'il est possible d'imaginer. » (CrimethInc dans le communiqué sur la suppression de leur page cet été, cf note 1 en bas)

_____________
2) Quelques réflexions politiques pour contextualiser ces censures, et aller de l’avant :

Vous n’êtes sûrement pas sans savoir qu’il y a des précédents dans la censure sur Facebook, même si pour l’instant aucune n’avait été réalisée de manière aussi abrupte, et surtout aussi silencieuse. Par exemple cet été, des pages anarchistes avaient déjà été supprimées aux USA (1), et on pourrait aussi relever le déréférencement (perte de visibilité dans les fils d’actu des utilisateur.es, donc censure qui ne dit pas son nom) récurrent de grosses pages politiques contestataires, comme Nantes Révoltée.

Pour notre part, à Deep Green Resistance, nous sommes un mouvement écologiste radical « a visage découvert », nous ne pratiquons pas d'actions illégales même si nous tenons souvent des propos radicaux. Notre organisation a donc à cœur le soucis de faire attention à ce qu’elle dit et fait, pour ne pas donner de motifs légaux d’agir aux gens qui voudraient nous interdire. La récente censure par Facebook n’en est donc que d’autant plus arbitraire, et c’est peut être aussi pour cela que nous n’avons reçu aucune explication : parce qu’il n’y en aucune valable, sinon de la répression politique pure et simple ?

Pour Facebook, qui compte plusieurs milliards d'utilisateurs, fermer la possibilité même de l’évocation théorique d'actions et d’analyses radicales; c'est déjà une manière de remodeler la réalité culturelle au sein de la civilisation industrielle, de pousser encore plus loin la domestication des corps et des esprits. Comme la « novlangue » d'Orwell faisait disparaître les mots contestataires pour soumettre la population; Facebook fait aujourd’hui disparaître les espaces virtuels (« pages ») où des mots contestataires sont formulés. Ce processus d’effacement progressif de la critique politique dans le monde virtuel (dans lequel une majorité d’humain.es sont aujourd’hui aliéné.es), amène ainsi finalement à créer les monstres modernes que nous sommes : des personnes qui se divertissent devant des vidéos de pub ou de petits chats, pendant que nos vies sont réduites au seul slogan « travaille, consomme, et ferme ta gueule », que des milliers d'animaux partent a l’abattoir, que des enfants bossent dans des mines, que des forets sont rasées, qu’il y a plus de plastique que de poissons dans les mers… Mais pas de soucis, Facebook est là pour vous changer les idées le matin au réveil et le soir sur votre table de nuit !

Mais outre Facebook en tant qu’outil d’anesthésie massive des capacités humaines à percevoir la destruction organisée du monde vivant, et outre l’intérêt qu’on peut donc deviner en ce sens a effacer les contestataires de ce genre de plateforme divertissantes, un lien pourrait aussi être fait avec la dernière vidéo que nous avions partagé sur notre page : une vidéo qui montrait l'élu industrialisateur « Mr Michot » faire trois pas en arrière (et se blesser de la sorte) lors d'une réunion #Bridor, alors que celui ci et ses collègues promoteurs de Bridor ont depuis demandé une enquête pour « violence sur dépositaire de l’autorité publique », probablement afin de faire accuser des militant.es. C’est une seconde piste pour tenter d’expliquer la censure en cours : couper l'accès à nos communiqués et vidéos démentant la version officielle (notre page avait été cité dans un article de la Chronique Républicaine, qui renvoie maintenant vers un lien cassé puisque la page n'existe plus, cf note 2 en bas). Mais si cette suppression instantanée était vraiment liée à une demande de la gendarmerie, cela serait tout aussi inquiétant, dans un contexte où la loi AVIA n'a pas été votée, et où aucune disposition légale à notre connaissance n’autorise donc encore la gendarmerie à ce genre de procédures conjointe avec Facebook.

Bref, dans l’un ou l’autre des cas, et même dans les deux, cette confusion des pouvoirs, entre l’économie et la politique, entre la répression et les médias (devenus propagandistes) et finalement avec les « réseaux sociaux » (présentés par l’entreprise capitaliste Facebook comme une des bases des relations sociales du XXIeme siecle), menace la possibilité même d'un mouvement de résistance, qu'on chercherait ainsi à ôter de l'esprit des gens, en en faisant disparaître progressivement de leurs espaces virtuels quotidiens la simple possibilité intellectuelle.

Ne soyons pas dupes, si tout autour de nous semble parfois si calme, ce n'est que parce que la tempête s’annonce. Dans un monde où les crises écologiques ne peuvent faire qu'augmenter, créant donc toujours plus de crises alimentaires et économiques, le parti de l'ordre se prépare, celui qui voudra continuer à sucer la planète jusqu’à la moelle, pour faire survivre le plus longtemps possible son infâme système et les ignobles privilèges qu’il en retire.

En France on le voit avec la banalisation de l'extrême droite, avec les récentes tribunes des généraux, avec les investissements massifs de Macron dans la répression (toujours plus de policiers, de militaires), avec les nouvelles lois sécuritaires, le pass sanitaire, avec les cameras qui envahissent de plus en plus nos quotidiens, et avec ces écrans (pub publiques comme portables privés) qui partout et tout le temps nous accompagnent, supprimant ce qu'il y a normalement d'imprévisible en l'humain.e pour nous forcer a un auto-contrôle permanent, pour nous faire rentrer dans les critères quantitatifs d'un bonheur© par, pour et dans le système... Vous savez, ce genre de bonheur qui fait que tout le monde prend des anti-dépresseurs ?

Ainsi il y urgence. urgence à résister, urgence à vivre contre leur monde, urgence à recréer des communautés humaines capables de faire exister une réel rapport de force politique contre ceux qui voudraient resserrer les fers qui nous attachent à leur civilisation de mort.

Nous, nous voulons un bonheur sauvage, une planète vivante, des communautés humaines libres... Et nous proposons de s'organiser stratégiquement pour y parvenir. Nous continuerons à porter nos idées sur Facebook, pour faire exister cette fenêtre d'espoir ici aussi tant que nous le pourrons. Et pour rappeler aux gens de ne pas se fier à Facebook, de toujours y voir l'aliénation généralisée que cette plateforme représente. Rappeler de sortir des écrans, de refaire vivre une culture de résistance. De s’organiser pour gagner notre liberté, pour nous comme pour toute cette magnifique biodiversité qui nous entoure encore, et qui n'attend que l'effondrement de la civilisation industrielle pour refleurir.

Deep Green Resistance est un mouvement à visage découvert qui prône la diversité des tactiques, chacun.e a sa place dans le continuum de résistance que nous proposons de mettre en place et d'organiser autour de la nécessité de stratégies offensives pour sauver la planète. Si ces événements vous inquiètent, si ce texte vous touche, dans un premier temps, partagez cette nouvelle page, faites tourner l'info de cette censure abusive, bref aidez nous a toucher du monde, pour ensuite sortir ensemble de ces écrans que nous n'avons jamais maîtrisés. Venez nous rencontrer, à nos présentations, à nos projections, à nos causeries, venez recréer avec nous ce lien entre les corps qui est le ferment essentiel à toute possibilité de résistance. Venez participer à notre culture de résistance.

(1) https://fr.crimethinc.com/.../sur-le-bannissement-par...

(2) https://actu.fr/.../liffre-les-collectifs-de-citoyens...

________
Partagez et invitez vos ami.es à liker cette nouvelle page pour faire connaître ce qui nous est arrivé. Et surtout, si vous voulez nous soutenir, anticipez de le faire hors de Facebook : nous avons le site DeepGreenResistance.fr, mais aussi une conversation ouverte sur « signal » (messagerie chiffrée gratuite) pour partager largement, sans dépendre de Facebook, nos rendez-vous publics sur Rennes (présentations, soirées-débats, projections, sports, luttes, jardinage & autonomie)… Envoyez-nous un mail pour y être ajouté.e si vous le désirez, ou même simplement pour entrer en contact hors de Facebook : dgrbretagne@protonmail.com

 

 


Pass sanitaire : le problème, c'est le flicage !

La vaccination n’a pour nous jamais été un problème. Elle est de facto nécessaire à l’immunisation de la communauté. Elle permet de diminuer les contaminations, d’alléger les symptômes quand elle ne provoque tout simplement pas la disparition de la maladie.
Le problème ce n’est pas les vaccins. Le problème c’est le pass sanitaire.

- Le problème c’est le commerçant qui ne sera plus un commerçant mais un micro-fasciste chargé d’écarter l’individu contaminant de son commerce. Il suffit de parler quelques secondes au patron du bar ou du restaurant d'en bas de chez soi pour comprendre l'absurdité de la mise en place du pass sanitaire : "Je n’ai pas de diplôme de flic moi" nous dit un restaurateur, "Je ne vais pas contrôler les cartes d'identité, (depuis, un amendement supprime le contrôle d'identité par les restaurateurs, mais oblige les clients à se signaler sur registre ou QR code sous peine d'amende et d'emprisonnement) ce n'est pas mon rôle, si quelqu'un veut frauder avec un pass sanitaire à un autre nom ou falsifié, il le fera." rajoute le patron d'un bar. Tous deux sont inquiets du nouvel uniforme qu’ils doivent enfiler, et inquiets de voir leur clientèle déserter et leur chiffre d’affaires plonger de nouveau.

- Le problème c’est la récolte de données personnelles et de santé qui, bien qu’annoncée comme restant anonyme, doit nous alerter. Snowden, Assange ont révélé que des millions de données étaient récoltées et utilisées par les gouvernements dans le but de surveiller leurs concitoyens. Le projet Pegasus, révélé récemment, montre comment toutes les données de nos téléphones peuvent être récupérées, transmises et utilisées par les autorités. La récolte et l'utilisation des données personnelles est une pratique répandue et qui tend à se développer dans le monde numérisé.

- Le problème c’est la géolocalisation. Devoir scanner un QR code, à chaque endroit vivant. Chaque bar, chaque lieu culturel, chaque moment festif. S'enregistrer à chaque endroit où on est passé. Que nos données de localisation soient stockées, que chacun de nos déplacements soit connu. Le problème c’est la société de contrôle.

- Le problème c’est la restriction de circulation et la condamnation à 1 an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende à qui ne respecterait pas ces restrictions. L’interdiction, pour une partie de la population, de la culture, de la fête, du divertissement, du voyage et parfois même du travail. L’expérience de la rencontre, de la vie. Le problème c’est la division qui ne peut que
s’approfondir entre le citoyen immunisé et le paria. Demain peut-être, les restrictions s’étendront. Le bureau de vote, la manifestation, seront-ils interdits aux citoyens non-vaccinés ? Le problème c’est la société disciplinaire.

- Le problème c’est de devoir montrer patte blanche, à chaque instant. De devoir prouver l’immunité. D’abord dans les lieux collectifs, mais demain peut-être, dans l’intime. Quand le pass sanitaire sera définitivement installé, intégré à une manière de vivre, quel regard sera porté sur le non-vacciné ? La condamnation à un an de prison et 15 000 euros d'amende sous prétexte de la mise en danger de la vie d'autrui constitue la création de monstres. Le citoyen contaminant devient un danger, un criminel, il fait peur et doit être exclu. La rencontre lui sera-t-elle encore possible ? L’amitié entre vaccinés et non-vaccinés sera-t-elle envisageable ? Ne faire confiance à personne, surveiller l’autre, rester sur ses gardes. Voilà le projet de l’empire. Nous regarderons nos visages, nos bras engourdis, nos bouts de papiers ou nos QR codes attestant de notre immunité. Dans chaque regard nous nous demanderons si telle ou telle personne fait partie de l’immun ou s’il est pestiféré. Nous installons la peur de l’autre quand l’autre peut être tout le monde. Nous ne nous divisons pas en deux catégories - vaccinés ou non, mais en des millions. Chaque corps est désormais une division, il n’y a plus de communauté sans avoir la preuve de l’immunité de l’autre. Chacun est surveillant, chacun est surveillé. Le problème c’est la société de vigilance.

Quelques personnes, nous l’avons vu, ont décidé d’effectuer un parallèle grotesque entre le pass sanitaire, et la mise en place de l’étoile jaune durant la seconde guerre mondiale. Au-delà du fait qu’il s’agit là d’un affront ignoble pour les personnes victimes du nazisme, c’est de surcroît la plus médiocre des analyses. Si nous devions oser une comparaison - que nous vous proposons ici dans les grandes lignes sans en détailler tous les aspects au risque de rallonger un texte déjà fourni - la mise en place et l’extension du bracelet électronique pour les anciens détenus comme alternative à la prison semble être beaucoup plus proche de notre réalité. Le contrôle des déplacements, la menace de restrictions de circulation plus sévère encore, la vigilance portée par les autres sur le porteur du bracelet ou le non-immunisé, sont un ensemble d’éléments permettant d’effectuer un parallèle entre pass sanitaire et bracelet électronique. Discipline, contrôle et vigilance: la triple facette d’un même dispositif. Ce n'est pas si étonnant que dans le dernier rapport du sénat sur la question de la gestion des catastrophes, cette mesure soit proposée : dans le cas d'une quarantaine, il est envisagé le port du bracelet électronique pour contrôler le respect de celle-ci.

« Le vieux fascisme si actuel et puissant qu’il soit dans beaucoup de pays, n’est pas le nouveau problème actuel. On nous prépare d’autres fascismes. Tout un néo-fascisme s’installe par rapport auquel l’ancien fascisme fait figure de folklore(…). Au lieu d’être une politique et une économie de guerre, le néo-fascisme est une entente mondiale pour la sécurité, pour la gestion d’une « paix » non moins terrible, avec organisation concertée de toutes les petites peurs, de toutes les petites angoisses, qui font de nous autant de micro-fascistes, chargés d’étouffer chaque chose, chaque visage, chaque parole un peu fort, dans sa rue, son quartier, sa salle de cinéma » Gilles Deleuze, février 1977

VACCINATION & INTÉRÊTS PERVERS
La mise en place de la vaccination dans le contexte de la pandémie de covid-19 de par la mise en place du pass sanitaire est imbriquée dans des intérêts économiques, privés, individualistes pervers :

- Le problème c’est la course aux vaccins. À la manière de la conquête spatiale durant la guerre froide, la conquête du vaccin a mis en concurrence les états et les laboratoires dans une guerre aussi bien économique que d'égos, pour pouvoir se targuer d'avoir été celui qui sauve le monde de la pandémie et rapportant au passage un maximum d'argent. Il a donc fallu trouver le vaccin le plus rapidement possible et que celui-ci soit le plus efficace. Des millions ont été brusquement injectés dans la recherche du vaccin, annihilant brusquement la possibilité de tout autre recherche de traitement. Nous pouvons faire deux constats de cette course aux vaccins. Le premier est que la production de 5 peut-être 6 vaccins en une année – un record – dont certains basés sur une nouvelle technologie : l'ARN messager – considéré par certains scientifiques comme révolutionnaire - a provoqué une perte de confiance énorme envers un procédé médical vieux de plus d’un siècle et ayant pourtant révolutionné la médecine. Le deuxième, c'est que malgré des dizaines de millions de doses, nous voyons le virus circuler, se transformer - un phénomène cependant tout à fait connu des scientifiques. Pour l'heure nous ne voyons pas le bout de cette période éprouvante.

Cet exemple est frappant. Un ami raconte : « L’autre jour, ma mère vaccinée double dose depuis suffisamment longtemps était de passage dans ma ville. On ne se voit pas souvent et j’étais heureux de pouvoir la revoir. Un quart d’heure avec elle à se raconter nos vies, ce qu’on devient, c’est suffisamment rare et son passage me remplissait de joie. Elle a finalement continué sa route, nous ne nous sommes pas vus. La raison ? Elle a appris qu’elle était cas contact et a préféré ne pas prendre le risque de contaminer. »

Le vaccin, amené par le prince comme le saint-graal libérant la population de la distanciation, censé nous faire retrouver la totalité de nos gestes et nos déplacements n'a – et il fallait s'en douter – pas tout arrangé d'un coup de baguette magique. Il faut attendre, inlassablement, et subir les volontés autoritaires et libérales du pouvoir capitaliste.

- Dans cette logique, le pouvoir effectue une vaccination à marche forcée dans l'unique but d'un retour à la normale le plus rapidement possible. Par retour à la normale nous entendons non pas le retour des libertés pré-pandémie mais bien la remise en route de l'économie mondialisée tournant à plein régime. Pour ce faire, tous les coups sont permis. Jusqu'au chantage le plus abject.

- Le problème c’est l’intérêt privé, profondément individualiste. Celui qui fait qu’on va se faire vacciner pour continuer à faire la fête, à aller voir un concert, à partir en vacances, et qui par la même occasion annihile toute idée collective de la vaccination. Que quiconque ayant pris rendez-vous pour se faire vacciner après les annonces de Macron ose dire qu’il l'a fait pour l’immunité collective, pour protéger les autres, c’est une hérésie. Une doctrine consistant à faire oublier la restriction, le chantage. Car le seul but est de récupérer les droits de circulation perdus.

Il n'y a qu'à observer le nombre de rendez-vous pris sur Doctolib à la minute qui suivit les annonces de l'empereur. 1,3 millions de personnes, qui l'ont fait afin de pouvoir continuer à boire un verre, accéder à la culture, ou bien plus grave, par peur de perdre leur travail. 1,3 millions de personnes se sont empressées de prendre rendez-vous pour se faire vacciner. Il ne s’agit pas ici de condamner mais de faire un constat aussi simple qu'amer. La stratégie vaccinale mise en place est profondément imbriquée dans le libéralisme-autoritaire. Elle individualise, punit, contraint. Chacun pour sa pomme et sauve qui peut. Protéger nos vieux, on s'en foutait encore hier. Mais maintenant que cela inclut de pouvoir se prendre une bonne pinte au bar, cela devient la priorité. Échec de la communauté, victoire du pouvoir libéral et autoritaire. Le pouvoir a façonné nos existences selon ce modèle individualiste dans l'unique objectif de servir ses intérêts.

« La démocratie immunitaire est pauvre en communauté – elle en est désormais quasi privée. Quand on parle de « communauté » on entend seulement un ensemble d’institutions qui renvoient à un principe d’autorité. Le citoyen est soumis à celui qui lui garantit protection. Il se garde en revanche de l’exposition à l’autre, il se préserve du risque de contact. L’autre est infection, contamination, contagion. » Donatella di Cesare – Un virus souverain La communauté, c'est le fait d'accueillir l'altérité de l'autre. Projet fondamentalement antagoniste avec les volontés de séparation des individus auxquels nous assistons. Face à ce projet, nous devons recréer la communauté pour entrevoir la possibilité d’une immunisation désirable, afin de sortir de la crise. Vaccination ou traitement, le but est bien de mettre au premier plan de l’immunisation l’intérêt commun.

POUR L’IMMUNISATION COMMUNISTE
Les perversions organisées par l’empire pour détourner les esprits de la communauté nous ont plongés dans un monde de petites peurs façonnant nos regards portés sur l’autre. Provoquant la rétractation de nos gestes. Pour sortir la tête haute de cette crise, il nous aurait fallu une organisation de l’immunisation basé sur le sensible et la communauté. Dénuée de tout intérêt économique et privé. Basée sur la communisation des recherches scientifiques. Comprenant la suppression des brevets sur les vaccins dans le cas réformiste. Invitant à l’immunisation des populations pour soi et pour les autres. Comprendre pour la communauté. Privilégier les libertés plutôt que les restrictions. Sans pervertir nos démarches d’immunisation par un chantage grotesque.

Refuser de voir nos libertés détruites, nos corps contrôlés, nos déplacements mutilés. Sortir ensemble plutôt que seul. Retrouver ce qui nous lie. Préférer l'immunisation communiste plutôt que la vaccination individualiste, capitaliste, libérale. L’immunisation communiste s'appuie sur la possibilité pour les communautés de s’immuniser par et pour elles. C’est choisir, avec l’intégralité des données scientifiques mises en commun la meilleure façon de s'immuniser. L’important réside dans la prise de décision la plus éclairée et consentie possible.

Au vu de la verticalité des prises de décision actuelle, nous ne pouvons que constater l’antagonisme entre la vaccination libérale et l’immunisation communiste. La première sert le pouvoir, elle a pour objectif d’asseoir son autorité en contrôlant la circulation des individus. La nécessité de l'immunisation communiste réside également sur le constat simple qu'il y a une lutte des classes qui se joue ici. On ne peut que la constater en observant la décision de ne pas appliquer le pass sanitaire à l’Assemblée nationale, ou encore pour les policiers.

Également dans le fait que le métro, haut lieu de contamination, ne soit pas soumis au pass sanitaire dans la logique évidente de permettre la circulation des travailleurs et des travailleuses qui seront pourtant les plus impactés par les nouvelles contraintes disciplinaires. Encore plus violent, l'annonce par la ministre du travail de la possibilité de suspensions des contrats de travail sans rémunération pour les salariés n'ayant pas de pass sanitaire pouvant être suivie d'une procédure disciplinaire. Aussi, le simple fait que dans le même discours, Macron annonça l’extension du pass sanitaire aux lieux de vie, la mise en place de la retraite à 64 ans dans les temps à venir et la mise en application de la réforme de l’assurance chômage montre qu’il s’agit d’un seul et même projet, libéral et autoritaire.

Voilà pour nous l’intérêt de descendre dans la rue pour nous opposer au pass sanitaire. Il ne s’agit pas là d’appréhension médicale. Mais bien de philosophie, d’éthique, mais également d'une lutte sociale et libertaire. De combattre un modèle pour un autre, plus désirable.

« Il est de la règle de vouloir la mort de l’exception. Il sera donc de la règle de l’Europe de la culture d’organiser la mort de l’art de vivre qui fleurit encore à nos pieds. » Jean-Luc Godard

____
Source :
Donatella di Cesare - Un virus souverain
Gilles Deleuze - Deux régimes de fous
Michel Foucault - Sécurité, Territoire, Population
Michel Foucault - Surveiller et Punir
Vanessa Codaccioni - La société de vigilance
Sénat - Rapport Numérique Pandémie


💉 Macron, la dose de trop 💉

Pas besoin de nier l'existence et la gravité du Covid pour être révolté par le dernier discours de Macron. Pas besoin d'être antivax pour être scandalisé par la façon dont le pouvoir décide d'imposer cette vaccination. Imposer aux soignants sous peine de ne plus être payé (mais seront-ils encore applaudis?), imposer pour aller au restaurant, au ciné, pour prendre le train... C'est bien une obligation qui ne dit pas son nom !

Nous avons toujours été du côté des soignants, du côté de la vie. Nous avons à plusieurs reprises pris position pour la mise à disposition de masques, au moment où le pouvoir disait qu'ils ne servaient à rien (avant de l'imposer de façon autoritaire). Nous avons appelé à manifester pour soutenir l'hôpital public, financièrement et humainement. Nous savons que le vaccin peut aider à freiner le virus, et sauver des vies. Mais nous comprenons les doutes sur les risques potentiels d'un vaccin créé aussi rapidement (même si la recherche sur le sujet date d'une dizaine d'années,) grâce aux fonds colossaux apportés par la finance, sans recul, et dans un monde pharmaceutique régi par le profit.

La France compte déjà plus de 35 millions de vaccinés. Plus de la moitié de la population, dont la très grande majorité des populations les plus fragiles face au virus. Sans que le le vaccin soit imposé, la majorité des Français ont fait le choix de la vaccination. La plupart avec des doutes et craintes, à juste titre, sur les éventuels effets secondaires.

Le « gain sanitaire » des nouvelles mesures liberticides du pouvoir sera très faible. En revanche, la perte en terme démocratique et social est énorme.

Dans quelques jours, nous allons ainsi « accepter » de devoir montrer patte blanche pour aller au restaurant, au cinéma, pour prendre le train...

Nos esprits vont accepter que notre vie privée, et notamment notre santé, soit accessible à des sociétés pour pouvoir accéder à des services. Aujourd'hui c'est le Covid qui est tracé et contrôlé. Mais demain ? La grippe ? Un nouveau virus ? C'est une brèche dans notre paradigme de vie en société, qui peut très rapidement aboutir à d'autres dérives, peut être encore plus graves.

Que fera un gouvernement encore plus autoritaire qu'actuellement de cette arme du pass sanitaire ? On a vu les dérives du contrôle en Chine ou en Israël. Et, à la vitesse où vont les choses, cela peut très vite déraper. La France semble être totalement prête...

Nous vivons depuis plusieurs années dans l'état d'urgence sécuritaire (risque d'attentat) puis d'urgence sanitaire (risque épidémique). Ces états d'urgence ont pour conséquence de détruire les garde fous de nos libertés individuelles et collectives, sous l'autel de la « sécurité ».

Pourtant, ce sont des moyens dans l’hôpital public et dans la recherche qui vont sauver des vies. Bien plus que l'état d'urgence. Bien plus qu'un pass sanitaire.

Le discours de Macron est d'ailleurs une triple dose d'horreur sociale puisqu'en plus de ces mesures liberticides, le président des riches en a profité, discrètement, pour détruire la vie des plus précaires. D'une part en affirmant que la réforme de l'assurance chômage serait appliquée, malgré les mises en garde du Conseil d'Etat et l'opposition des syndicats. Une réforme qui s'annonce catastrophique pour les chômeurs, notamment les plus précaires. Une réforme qui va clairement faire plonger des dizaines de milliers de Français dans la pauvreté.

D'autre part sur la réforme des retraites avec la volonté affichée de Macron de reculer l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Parce que bon « puisqu'on vit plus longtemps, il faut bien travailler plus longtemps ! »

Sauf que les pauvres vivent en moyenne 13 ans de moins que les plus riches. Et que de plus en plus de Français vont tomber dans la pauvreté/précarité, notamment grâce aux mesures de ce même Macron !

Ce n'est pas un hasard si le pouvoir a décidé de glisser ces deux mesures de guerre aux pauvres, dans le même discours que celui des mesures liberticides pour lutter contre le covid.

Les ultra riches savent en effet qu'ils peuvent profiter de la « crise » pour asseoir leur domination sociale et économique, en terrorisant la population et en imposant des mesures « d'urgence face à la situation dramatique ». Des mesures toujours dirigées dans le sens d'un autoritarisme en terme de libertés individuelles et d'un libéralisme économique.

C'est une guerre qui est menée. Et elle est en train d'être gagnée. Par la classe dominante. Par la classe dirigeante.

Seul un séisme social pourra contrer cette course mortifère vers leur monde d'après.

 


So Foutu

On a malheureusement pris l'habitude d'être déçus par les médias. Mais quand il s'agit d'un média qu'on estime très fort, cela fait toujours plus mal. C'est ce qu'il s'est passé ce week-end avec la couverture indigne de So Foot sur le match Hongrie-France, qui a donné lieu à une apologie à peine cachée de supporters hongrois qui, détail sans trop d'importance semble-t-il pour le journal, sont nazillons et homophobes.

So Foot, c'est un peu le média qui a bouleversé le paysage de la presse sportive française dans les années 2000. Un ton décalé et piquant, qui ne se cantonne pas qu'aux discussions tactiques, et qui inclut l'environnement des matchs, notamment les supporters. Et de nombreuses enquêtes liant intelligemment des sujets de société au monde du ballon rond. Avec So Foot, on pouvait kiffer le foot sans être ringard ! Mais c'était il y a 15 ans.

On aimait aussi So Foot pour sa façon nuancée et documentée de traiter de l'univers des supporters, entre autres les Ultras, loin des clichés et raccourcis considérant tout supporter comme un assoiffé d'alcool et de violence. C'est une (bonne) chose de ne pas stigmatiser les supporters. Mais c'en est une autre de traiter un groupe de nazillons sous le prisme de l'animation et de l'ambiance, en mettant de côté leur racisme et homophobie.

De quoi/qui parle t on ? Des supporters hongrois, et plus précisément du groupe Carpathian Brigade., qui est un regroupement de supporters de différents clubs hongrois, souvent ennemis, se réunissant le temps des matchs internationaux autour de la grande Hongrie. Une bonne partie des membres ne cache pas son appartenance aux mouvances néo nazies (ils faisaient le salut hitlerien en 2016 lors de la coupe du monde). Sur cet Euro, ils se sont déjà illustrés avec des banderoles anti LGBT et contre le mouvement BLM (Black Lives Matter) avec une opposition à l'idée de poser un genou à terre. Face à la France, certains ont poussé des cris de singes quand des joueurs noirs touchaient le ballon...

Résultat ? So Foot décide de mettre en avant les supporters hongrois, et notamment ce groupe, pour louer la folle ambiance qu'ils ont réussi à mettre dans et hors du stade.

On aurait aimé qu'il s'agisse d'une boulette d'un journaliste qui n'était pas au courant des tendances idéologiques de ces supporters. Mais non.
Après les avoir interpellés sur les réseaux, So Foot nous a répondu qu'ils n'avaient jamais fait l'éloge de ces fascistes, ayant même écrit un autre article sur le sujet.

Sauf que c'est pire. La rédaction avait donc connaissance du fait que le noyau de ce groupe était clairement composé de néo-nazis mais elle a tout de même décidé de mettre en avant leur formidable organisation et l'ambiance qu'ils ont su mettre. Même si, il est vrai, certains sont un peu racistes et un peu homophobes.

Comme si un média musical allait chroniquer un artiste ouvertement néo-nazi, en mentionnant qu'il est quand même un peu raciste. .. Mais que, putain, il assure musicalement !

Ce qui nous met en rage. C'est que cette attitude de So Foot valide et renforce l'idée qu'en 2021, être raciste, ce serait une opinion parmi tant d'autres...Être nazi aussi. Le discours serait : "Oui oui, on entend que ça ne plaise pas à tout le monde. Mais bon, ça ne plaît pas à tout le monde non plus que certains soient anarchistes, ou musulmans, ou homos, ou vegans... Bon bah c'est pareil ! Et puis, faites pas chier, on l'a bien précisé qu'ils étaient nazis, on peut donc parler du reste ? Et notamment de ce qu'ils font de formidable en termes d'animation des stades ?"

Dire cela, même en pointillé, c'est faire de la politique. C'est prendre position. Et, à nos yeux, c'est être du mauvais côté de l'histoire et de l'humanité.

Qui plus est, quand on sait les enjeux politiques du moment. Quand on voit l'offensive raciste qui a poussé l'équipe de France à ne pas poser un genou à terre. C'est d'autant plus rageant que So Foot avait publié une très belle tribune (Genoux à terre, debout à tort ?) prenant position pour que les Bleus ne cèdent pas à la pression de l'extrême droite sur cette question.

On a du mal à saisir qu'un média puisse prendre position pour que les bleus posent un genou à terre puis, deux jours plus tard, fasse l'apologie d'un groupe à l'opposé de ces valeurs antiracistes. Car les Carpathian combattent clairement les différences : de couleur de peau, de religion, de sexualité...

La seule explication encore plausible (et paisible) à nos yeux serait que la rédaction de So Foot ne se soit pas rendue compte que les lignes sur la superbe ferveur hongroise concernaient ce groupe. Et qu'elle n'ose pas le reconnaître.

Si ce n'est pas cela, So foot nous paraît bien foutu...


Colombie : la France complice

"Les entreprises françaises bénéficient en Colombie d’une excellente image. Outre les actions de fondations d’entreprise françaises sur le plan social, les filiales françaises apparaissent année après année comme le premier employeur étranger en Colombie (environ 100 000 emplois directs). De nombreuses entreprises françaises ont connu de beaux succès en Colombie." (source Site Officiel du Medef)

A l'heure où les massacres de la police colombienne et des paras menés par le binôme Uribe/Duque continuent, il nous paraissait important de souligner la complicité de la présence française en Colombie par son silence.

Cette présence c'est plus de 210 entreprises (source chambre du commerce), 130 accords de coopération universitaire, 12 Alliances françaises, des échanges culturels récurrents, une coopération avec la police française qui ne se cantonnerait pas qu'à la lutte contre le narcotrafic (comme un peu partout dans le monde). La Colombie est le premier bénéficiaire de l’aide publique du développement français sur le continent américain, et donc la France contribue à accroître les inégalités sur place. Dans tous les cas, le silence est accablant alors que la situation dans le pays se dégrade.

En effet : ni les dizaines de morts, ni les centaines de disparus, les milliers de blessés, les militants arrêtés arbitrairement, torturés, violés, frappés ne semblent peser sur la conscience morale des industriels venus faire fortune sur le sol colombien. Aucune condamnation réelle y compris de la part des associations d'échanges universitaires qui semblent peu soucieuses du sort réservé aux étudiants et enseignants colombiens au front pour défendre leurs droits depuis 2019.

Il nous paraît légitime et important de préciser que par le passé, dans presque toute l'Amérique du Sud, la France a participé de manière concrète à aider les dictatures et à la formation des groupes paramilitaires d'extrême droite, invitée à exporter son savoir-faire en matière de contre-révolutions pratiqué durant la guerre d'Indochine et surtout d'Algérie (Opération Phénix) mené par Paul Aussaresses. Sur ce sujet, on pourra citer le documentaire de Marie Monique Robin "Escadrons de la mort, l'école française 24". La France était seule à collaborer aussi étroitement avec les USA durant l'Opération Condor, elle avait une présence militaire plus ou moins secrète en Argentine, mais aussi en Colombie, Chili, Brésil et au Vénézuela, d'après Pierre Messmer ministre des armées sous De Gaulle. Dans les années 70, le président Giscard d'Estaing a appuyé les juntes de Videla en Argentine et de Pinochet au Chili. L'héritage diplomatique et industriel paraît assez logique. Nous savons aussi que la police française participe à aider la police colombienne, ici aux côtés de la DEA et du FBI.

 

Les entreprises françaises, numéro 1 parmi les étrangères sur le sol colombien

Nous avons choisi de lister ci-dessous quelques unes des plus grosses entreprises françaises présentes sur le sol colombien, estimant qu'elles se rendent complices des massacres d'état par leur silence :

Groupe Éxito ( groupe Casino), Sanofi-Genfar, Axa-Colpatria, Renault-Sofasa, Groupe Seb-Imusa, L’Oréal-Vogue, Teleperformance-Teledatos, Schneider Electric, Sodexo, Lactalis, EDF, Legrand, Veolia, BNP Paribas, Airbus, Nexans, Mersen, April, Vinci, Alcatel, Thalès, Suez, l'Occitane, Saint-Gobain, Natixis, Crédit Agricole, Accorhôtels (gros projet d'investissement en cours), Royal Canin, Servier, Bolloré, Total, Arcelor-Mital, Air Liquide etc.

Liste détaillée et un peu plus complète des entreprises françaises recensées sur le sol colombien, classées par secteurs comprenant l'adresse du siège social

 

EXITO, filiale du groupe Casino, main dans la main avec l'ESMAD

Premier fait établi, une filiale du groupe Casino : Exito a fait des dons à la police anti-émeute ESMAD ( qui correspond à un mélange de ce que sont nos BRAV et CRS). On doit à ces unités de police la responsabilité de nombreux morts, de cas de tortures et d'exactions très graves sur les manifestants.

Dans cette vidéo, EXITO félicite l'ESMAD et justifie son don félicitant son travail, en présence de Diego Molano (ministre de la défense depuis février 2021). Le représentant d'EXITO, explique que les entreprises privées sont là pour soutenir la force publique. Il remet une carte cadeau de 40 millions de Pesos (plus de 9000euros) au ministre pour les agents et leurs famille qui se seraient battus pour "la démocratie".

 

 

 

De plus, à Cali, épicentre des révoltes, un supermarché EXITO, aurait peut être servi de centre de détention provisoire où des manifestants auraient été torturés d'après cet article et de nombreux témoignages (le groupe nie). Il aurait fallu 24 heures pour que des représentants de l'exécutif et des défenseurs des droits humains puissent y entrer après ces révélations, de nombreuses informations contradictoires en sortie de commission sont décrites par des parlementaires et n'auraient pas été prises en compte dans le rapport officiel (nettoyage par des produits ménagers, emplacement des traces de sang...)

Le groupe français Casino ne serait-ce que par ce don, participe plus ou moins directement à la répression en cours. On se doute qu'il n'est pas seul, ce pourquoi nous espérons que des journalistes ouvriront des investigations.

Si vous avez des informations vérifiées ou vérifiables sur le rôle de la présence française : n'hésitez pas à nous transmettre tout ce qui concernerait cette porosité ou collaboration avec le régime de Duque/Uribe, mais aussi concernant les blocages ou grèves en cours dans ces entreprises.

Nous ferons de notre mieux pour que l'information circule.

 

Que pouvons nous faire ici ?

Nous ne nous faisons aucune illusion sur le fait que ni la diplomatie, ni les entreprises françaises, ni le gouvernement Macron, ni les organisations politiques ne prendront leurs responsabilités et bougeront le petit doigt à moins d'une très forte pression interne. Tout au plus un appel démagogique au "calme" ou "à calmer les tensions des deux cotés".

C'est donc aussi sur notre territoire que nous devons appeler à se mobiliser le plus massivement possible pour soutenir les révoltes actuellement en cours, et mobiliser la presse pour qu'elle enquête afin que la France et ses entreprises prennent leurs responsabilités. C'est un devoir non seulement pour le continent américain, mais aussi pour l'ensemble du sud global et donc pour l'avenir du monde.

Après deux ans de mobilisation, le Chili, pays le plus riche d'Amérique latine et l'un des plus à droite va finalement se débarrasser de la constitution mise en place depuis Pinochet, infligeant un sérieux revers au président Piñera, en sachant qu'une partie des manifestants a pourtant préféré s'abstenir méfiante à l'égard de la démocratie représentative. L'un des terreaux d'expérimentation le plus caricaturales du néo-libéralisme imposé par les USA en tête est donc en train de s'écrouler.

C'est aussi ce qui se joue en Colombie actuellement dont l'influence économique pèse dans de nombreux secteurs économiques de taille : portuaire, numérique, touristique, pétrole et hydrocarbures ou même le narcotrafic. Cinquième pays le plus riche d'Amérique du sud, chasse gardée des USA, prise en tenaille par les paras, l'extrême-droite et les narcos, elle est un exemple concret de tous les travers engendrés par le capitalisme.

L'épicentre révolutionnaire, Cali, n'est pas un symbole mais un exemple à suivre pour tous les révolutionnaires du monde incluant une lutte dans son ensemble : place des minorités, points de blocages, organisation autonome supervisée par les premières lignes, programme de démocratie directe etc.

N'importe quelle victoire remportée par les insurgé-e-s colombiens peut contribuer à l'effet château de cartes à l'échelle d'un continent gangrené par la corruption et par les déstabilisations venues de l'Oncle Sam pour défendre "son" territoire par tous les moyens du soutien à une gauche libérale (Equateur) en allant jusqu'à des coups d'états d'extrême droite échoués ou réussis ces dernières années (Honduras, Venezuela, Bolivie...).

Depuis la France : nous insurgés appelons à soutenir le peuple colombien de toutes les manières possibles.

Nous reviendrons très rapidement sur les événements en cours pour faire un point plus détaillé de la situation sur place avec l'appui de correspondants,

En attendant, toutes nos pensées et tout notre amour révolutionnaire accompagnent les victimes de la répression du régime Duque/Uribe et tou-te-s les manifestant-e-s colombiens.


Réforme de l'assurance chômage : la fabrique à pauvreté du gouvernement

Annoncée comme une lutte contre la précarité et la permittence (novlangue désignant l’alternance de contrats et de chômage) par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, la réforme de l’assurance chômage dite « universelle » était une mesure phare de son programme.

Mais derrière cette belle opération de séduction pré-électorale se cache surtout une économie à venir de 2.3 milliards d’euros par an selon les prévisions de l’Unédic.

Et depuis fin 2019, avec le début de sa mise en place en 3 phases, la réforme se révèle bien moins sociale que ce que le gouvernement voulait nous faire croire : sous couvert de lutter contre l’abus des contrats courts, elle permet en réalité de taper sur ceux qui n’ont pas d’autre choix que d’accepter ce type de contrats.

Un rapport édifiant de l’Unédic, l’association chargée de la gestion de l’assurance chômage en coopération avec Pôle Emploi, alerte sur les effets de cette réforme.

 

⏳ Sur la phase 1 mise en place au 1er Novembre 2019, la période de travail nécessaire au rechargement des droits au chômage d’un demandeur d’emploi a été rallongée. Elle est passée de 1 à 6 mois, puis généreusement revue à 4 mois le temps de la crise sanitaire.

En allongeant les délais et en durcissant les conditions pour être indemnisé, la mesure a fait ses premières victimes. Ce sont les salariés en CDD, les intérimaires, les extras, les saisonniers… qui doivent additionner les contrats courts renouvelables afin de pouvoir recharger leurs droits et continuer à toucher les allocations chômage.

Mais elle a également fait ses premières économies, car en retardant le rechargement de leurs droits, c’est autant de mois d’indemnisations non versées par le gouvernement.

Pour faire mine de respecter les promesses de campagne, l’assurance chômage a toutefois été ouverte à des catégories qui n’y avaient pas droit jusque-là, à des conditions à la limite du ridicule tant elles sont peu atteignables :

Pour les salariés démissionnaires

Avoir au minimum 5 ans d'ancienneté, dans la même entreprise, et présenter un projet de reconversion dont la faisabilité doit être validée par une commission.

Pour les travailleurs indépendants

Être impérativement en liquidation judiciaire après au moins 2 années d'exploitation et avoir eu un revenu annuel minimum de 10.000 euros sur ces 2 dernières années. Conditions pour pouvoir toucher une indemnisation fixée à 800 euros mensuels pendant 6 mois.

 

⏳ Sur la phase 2 qui sera mise en place au 1er Juillet, le montant de l’allocation chômage sera calculé selon de nouvelles règles. Le salaire journalier de référence, qui permet de définir le montant de l’indemnisation versée à un demandeur d’emploi, ne sera plus basé uniquement sur les jours travaillés d’une période, mais prendra également en compte les jours non travaillés de cette même période.

Le résultat de ce changement, une baisse pouvant aller jusqu’à 43% du salaire journalier de référence, qui entraînera donc une baisse d’indemnisation pour 1.15 million de chômeurs la première année.

Selon une étude de l’Unédic, si l’allocation augmentera pour 23% des allocataires de quelques dizaines d’euros, elle baissera de plusieurs centaines d’euros pour 63% d’entre eux, une perte énorme sur un budget.

Objectif assumé du gouvernement : faire en sorte que le travail paye plus que l'inactivité. Et s’il met en avant la durée d’indemnisation allongée par la réforme, passant de 11 à 14 mois en moyenne, il oublie de préciser que 27% des indemnisés reprendront une activité avant la fin de leurs droits, autant d’argent qui ne sera pas versé donc là aussi économisé.

 

⏳ Sur la phase 3 dont la date de mise en place devrait avoir lieu à partir de l’automne 2021, les conditions d’ouverture des droits seront durcies. Il faudra avoir travaillé 6 mois sur les 24 mois qui précèdent l’inscription pour avoir droit à une indemnisation, contre 4 mois sur les 28 précédents actuellement.

Une petite exception pour les plus de 53 ans qui auront eux 36 mois pour effectuer leurs 6 mois, soit 130 jours ou 910 heures.

Près de 500.000 chômeurs, selon l’Unédic, seront lourdement impactés par cet allongement du temps de cotisation qui retardera l’ouverture de leurs droits et repoussera de plusieurs mois leur indemnisation.

Et si dans cette réforme le gouvernement annonce mettre en place un bonus-malus sur les cotisations patronales de certaines entreprises pour les inciter à embaucher en CDI, nous ne sommes pas dupes, ça n’est pas là que se trouvent les 2.3 milliards d’économies annuelles.

Après 15 mois de crise sanitaire, alors que le taux de chômage est déjà élevé (9% en 2020) et qu’on note une augmentation des CDD (87% des embauches en 2019 contre 76% en 2000), la fabrique à précaires ne chôme pas. Et l’Unédic prévoit déjà 2.8 millions de personnes supplémentaires qui ouvriront un droit à l’allocation chômage entre juillet 2021 et juin 2022.

💥 Combien de demandeurs d’emploi déjà précaires basculeront dans la pauvreté ?

Ça l’Unédic ne le dit pas...

Lien source Unédic 📊 https://www.unedic.org/publications/etude-dimpact-de-levolution-des-regles-dassurance-chomage-au-1er-juillet-2021

Lien source embauches 📊 https://partageonsleco.com/2020/10/26/evolution-de-la-part-des-cdi-cdd-1993-a-2019-graphique/


FAIRE SÉCESSION

La manif policière devant l'Assemblée Nationale n'est pas qu'un épiphénomène. Elle révèle l'état de notre société et donne une idée assez précise de son évolution dans les prochaines années.

Alors que le pays a traversé une crise sanitaire catastrophique (plus de 100 000 morts, des hôpitaux et des soignants débordés) et qu'il entame une crise économique tout aussi dévastatrice (des millions de personnes au chômage, tombant dans la pauvreté, des faillites à la chaîne), il paraît que les deux "problèmes" majeurs sont :

- Le danger de l'islam et de l'étranger

- La police qui n'est pas assez reconnue et protégée

On pourrait presque en rire. Si tout cela n'allait pas aussi loin comme on l'a vu hier avec le ministre de l'Intérieur, le préfet et toute une partie de la classe politique (du PCF au RN) qui ont participé à un rassemblement putschiste prônant ouvertement la fin de l'indépendance de la justice...

Au passage, le même jour, après 200 jours de couvre-feu inédit dans l'histoire de la 5e République, des terrasses ont été évacuées avec des gaz lacrymogènes (à Rennes) et des policiers armés de mitraillettes automatiques (à Paris).

2022 est déjà perdue. La 5e République est déjà foutue.

On peut se lamenter, mais il faut surtout en prendre acte.

Acter qu'il n'y a plus rien à espérer du système, et de tous ceux qui composent avec. Partis politiques, syndicats, assos, collectifs... Tous ceux qui continuent de jouer "le jeu" de notre société actuelle en font partie et ne font que retarder sa chute. Sauf qu'avant de chuter, le système va mettre tout en œuvre pour vivre le plus longtemps possible, y compris des politiques racistes, inhumaines et meurtrières. Il sera prêt à tous les "sacrifices" pour peu que cela lui donne quelques années de plus.

Cela fait des décennies que les riches deviennent plus riches, de façon indécente et totalement déconnectée de toute réalité macro économique. Pendant ce temps, la planète se meurt, tout comme les classes les plus précaires. Les classes moyennes, elles, sont paupérisées, sur l'autel de la crise et de sacrifice... permettant aux ultras riches de gagner encore plus d'argent.

Alors oui, face à ce terrible constat, une seule issue : faire sécession.

Cesser de tenter de "réformer" le système de l'intérieur. Cesser de jouer le jeu de la "démocratie" en exprimant nos colères par des pétitions, par les élections ou par des manif/nasses. Cesser de composer avec des personnes et structures qui affirment vouloir changer le monde mais sans changer les règles. Cesser d'écouter et de regarder les médias des ultras riches. Cesser de participer à leur simulacre démocratique. Cesser de leur donner de l'importance.

Car au final, nous sommes des millions à en avoir clairement ras le cul de ce monde, de cette société. A vouloir tenter de tout renverser pour tout changer. Des millions à ne pas considérer l'étranger ou l'autre comme la cause de nos malheurs. Des millions à savoir que c'est le puissant, l'ultra riche, qui en est responsable.

Mais le système est si bien fait que les espaces médiatiques, politiques, publiques sont occupés par des personnes et des débats qui laissent à penser que les thématiques imposées par les puissants sont vraiment celles qui préoccupent le plus grand nombre.

Cessons d'être en réaction. Construisons à côté. Construisons sans eux. Détruisons aussi. Émancipons nous de nos chaînes, de nos maîtres, de nos peurs.

Quand une société nous parait si affreuse et inhumaine, et qu'elle prétend vouloir/devoir aller encore plus loin dans l'inhumanité, nous n'avons qu'une option : faire sécession.


PALESTINE : LE REFUS DE L'APARTHEID

Alors que le bilan s'alourdit, à l'heure ou nous écrivons ces lignes, on compterait déjà 126 morts dont 7 israéliens d'un côté et 119 Palestiniens de l'autre parmi lesquels au moins 31 enfants, plus de 800 blessés, la destruction d'écoles, de bâtiments officiels, du siège des médias et des dizaines d'habitations rasées par les bombardements. Beaucoup de choses ont déjà été dites.

Cependant, il nous paraît important de resituer le contexte dans lequel intervient cette escalade de la violence coloniale pouvant aboutir à une troisième intifada alors que les organisations palestiniennes, dont le Hamas, demandent à la communauté internationale d'encadrer et sécuriser un cessez-le-feu général, ce que le gouvernement israélien a délibérément refusé.

« Les terroristes n'ont pas payé un prix suffisamment lourd pour leurs attaques » (B. Netanyahu dans Times of Israel)

L'histoire se répète et va de mal en pis, l'état israélien accélère son processus de colonisation dans le quartier de Sheick Jarrah, autour de la mosquée de Al-Aqsa, lieu hautement symbolique de Jérusalem-Est, ville séparée par un mur, symbole même de ce régime d'apartheid. En effet, le feu aux poudres a été déclenché par la menace d'expulsion de 70 familles palestiniennes. Pour le coup, le procès en cours qui devait se dérouler le 10 mai, a dû être repoussé pour le moment.

A la veille du 73ème anniversaire de la Nakbah (synonyme de « grande catastrophe »), correspondant à l'édification de l'état sioniste et de l'exil forcé de 800 000 Palestiniens, tout laissait entrevoir une montée du conflit avec une voie sans issue. Une partie de la population palestinienne vit enclavée entre la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est. D'autres Palestiniens appelés « arabes-israéliens » vivent en Israël (où ils représentent 20 à 30% de la population) le plus souvent dans la pauvreté et discriminés, en étant dotés d'un passeport israélien avec une mention spécifique à cette identité, également dans l'état civil.

Nous utilisons ce terme d'« arabes-israéliens » avec parcimonie, rappelant qu'historiquement et même actuellement, il existe de nombreux juifs de culture arabe qui le revendiquent (issus du Moyen-Orient et du Maghreb). Nous préférerons donc l'emploi général du terme Palestinien et refuserons cette expression, utilisée par Israël pour isoler la minorité palestinienne sur son sol du reste de la communauté palestinienne enclavée.

 

 

Renforcé après le mandat du précédent président américain Donald Trump, artisan de la normalisation des relations diplomatiques pré-existantes mais dorénavant officialisées d'Israël avec des pays arabes parmi lesquels l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis ou le Maroc, le gouvernement de Netanyahu a le champ libre après l'échec total de la gauche israélienne.

Provocation suprême, après le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem, les palestiniens se retrouvent encore plus esseulés et ignorés par l'ensemble de la communauté internationale à de rares exceptions telles que l'Irlande (dont le nord subit encore une occupation militaire et étatique) et l'Afrique du Sud (qui a connu une situation similaire en termes d'occupation, on n'ignore pas non plus que ce pays a subi l'apartheid ), quand bien même Biden a rétabli l'aide financière américaine. Si le sort des Palestiniens n'intéresse pas outre mesure les institutions mondiales, il existe heureusement une solidarité internationale infaillible réunie autour de la campagne BDS afin de faire pression sur ces instances.

Le gouvernement d'extrême droite israélien a pu légiférer légalement l'apartheid avec une loi sur le concept d'un état juif approuvé par la Knesset (assemblée). Elle est dorénavant appliquée pour accélérer le processus de colonisation, incitant largement les colons à prendre possession des terres et des maisons à Jérusalem-Est dans le quartier de Sheick Jarrah autour de Al Quads (Esplanade des Mosquées), tandis que ce qui reste de territoires palestiniens rétrécit déjà à vue d'œil au fur et à mesure des années comme le montre le graphique ci-joint. Tout s'accélère.

Encouragés par ces mesures, des colons d'extrême droite protégés par Tsahal, ont multiplié les intimidations sous des formes pré-pogromistes aux cris de « Mort aux Arabes ! » au cours des derniers mois, alors que l'armée israélienne appuie cette multiplication des tentatives d'expulsions des logements et des terres palestiniennes dans le but de mettre à « bien » son projet d'annexion totale. Les recours juridiques de la population palestinienne passent à la trappe, certains qui devaient passer en appel le 10mai sont reportés à cause des événements en cours.

Aux abords de la mosquée Al Aqsa, l'occupation sioniste réprime les fidèles à l'approche de la fin de Ramadan, ce qui est vu comme une provocation extrême d'autant que le peuple palestinien s'apprête à commémorer la Nakbah. La colère populaire s'est ainsi logiquement propagée et reportée sur l'ensemble des territoires occupés.

Si nous voulons saisir les enjeux, même en les survolant, il est important de rappeler le facteur démographique (voir photo) notamment concernant la population de Jérusalem, environ 920 00 personnes dont environ 500 000 israéliens pour 220 000 colons à Jérusalem-Est.
Plus de la moitié de la population palestinienne a moins de 25 ans, la nouvelle génération a seulement des souvenirs de la deuxième Intifada, elle a grandi à la sortie d'une guerre civile fratricide entre le Hamas et le Fatah, pleine de désillusions sur son avenir, accentuée par la corruption de ses instances à Jérusalem, Gaza comme en Cisjordanie. Tous les Palestiniens subissent la répression féroce de l'occupant dès le plus jeune âge, souvent la prison, les seules perspectives d'avenir sont de partir sans pouvoir revenir (Israël interdit aux Palestiniens de revenir sur leurs terres), ou de rester, lutter, résister mais forcément subir.

 

 

Revenant à l'aspect démographique, il y a une réelle peur chez une partie des israéliens d'être « remplacée » sur ses terres conquises, la natalité « arabe » étant plus forte et sa population plus jeune sur son sol et dans les territoires occupées. La peur d'un « grand remplacement » et la férocité du nationalisme israélien ainsi que son arsenal militaire et répressif, fait que cet état est de plus en plus érigé en tant que modèle par une partie non-négligeable de l'extrême-droite largement antisémite et de la suprématie blanche de manière globale, on pourra citer Bolsonaro, le gouvernement polonais qui légifère des lois mémorielles négationnistes, ou encore Orban en Hongrie, en passant par Modi en Inde.

Israël accuse forcément le Hamas d'être à la manœuvre parce que ses milices sont celles qui disposent du plus de moyens pour lui tenir tête. Tsahal en profite pour riposter, attaquer ses bases et se débarrasser de ses têtes de réseaux. A plusieurs reprises, les Cerveaux non Disponibles ont été interpellé-e-s voir accusé-e-s de soutenir le Hamas. Il nous paraît nécessaire de répondre brièvement et d'éclairer notre grille de lecture analytique d'un point de vue décolonial et matérialiste. Il faut souligner que par le passé, Israël a tenté d'affaiblir le Fatah par tous les moyens possibles.

L'arrivée au pouvoir du Hamas en 2000 par un processus démocratique est le résultat d'un demi siècle d'occupation et de colonisation. Le Hamas qui n'existe que depuis 1987, n'est pas un État et ne dispose en aucun cas des moyens militaires de Tsahal, malgré des aides financières parfois importantes venues de l’étranger.

Les Palestiniens de Gaza étouffent tous, sous le blocus israélien. Ce n'est ni le Hamas, ni le FPLP, ni le Djihad Islamique, ni même le Fatah qui sont en capacité de stopper la colonisation, les blocus sur l'eau et l'électricité, de freiner les humiliations quotidiennes de la police et l'armée, l'attitude "pogromiste" des colons, donc et surtout de décréter une paix, juste et durable à laquelle aspirent les palestiniens.

 

 

Le président de l'autorité palestinienne Mahoud Abbas, qui semble avoir lâché sa population, ne répond plus par la force , et par le passé le Hamas a respecté les cessez-le-feu, auxquels il appelle encore aujourd'hui. En dehors des "regains de tensions", l'expansion des territoires annexés n'a jamais cessé, ni les persécutions envers les palestiniens, ni les check-points, ni toutes les persécutions coloniales.

Israël est seule à pouvoir manœuvrer si toutefois elle désirait l'arrêt du "conflit", ses interlocuteurs sont prêts, mais ça ne pourra se faire qu'à la seule condition de la justice et la dignité trop longtemps bafouées. Seulement voilà, le 1er ministre, B.Netanyahou, plutôt préoccupé de légitimer sa position devenue fragile à force de procès pour détournements et corruption, en sollicitant l'appui des partis ultraorthodoxes d'extrême droite, ne semble pas du tout être engagé dans un processus de paix... Bien au contraire, ce dirigeant, qui a tout de même permis l’implantation de ces nouvelles colonies israéliennes, n'a jamais donné de signe en ce sens et une partie de la gauche israélienne se tait, à de rares exceptions.

Toutes les vies se valent, qu'importe les confessions, mais les cartes de la résolution du conflit sont donc logiquement dans la main de l'oppresseur, l'opprimé lui, ne fait que résister par tous les moyens qui lui semblent bons et possibles, cela a toujours été le cas durant les guerres coloniales.

Face à cette injustice insupportable qui dure depuis trop longtemps, nous appelons à nous mobiliser dans différentes villes de France, et ailleurs dans le monde, ce samedi et pour la suite des événements. Vous trouverez ci dessous une liste des rassemblements dans la francophonie :

Vive la Palestine libre et vive la paix et la dignité pour tous !

Mobilisations ce samedi :

• Albertville, devant la sous-préfecture, 11h
• Bordeaux, place de la Victoire, 15h
• Bruxelles, place Albertine, à 15h
• Caen, place du théâtre, à 16h
• Clermont-Ferrand, place de Jaude, 15h
• Genève, zone piétonne du Mont Blanc, 14h
• Lannion, devant la sous-préfecture, 11h
• Le Havre, Hotel de ville, 14h
• Lille, Grand Place, à 15h00
• Lyon, place Bellecour, à 15h
• Marseille, place Bargemon, à 15h
• Metz, place Saint-Jacques, à 11h
• Montpellier, St Paul la Paillade, à 10h30
• Nancy, place Maginot, à 15h
• Nantes, carrefour Barillerie/50 otages, 14h30.
• Nice, place Massena, à 15h
• Nîmes, avenue Feuchères, à 15h
• Orléans, place du Martroi, 15h
• Paris, métro Barbès, à 15h
• Poitiers, place de la mairie, 15h
• Reims, Fontaine de la solidarité (Place d’Erlon), à 14h30
• Rennes, place de la République, à 15h
• Saint-Étienne, place Chavanelle, à 15h
• Strasbourg, place de l’Université, à 14h30
• Toulouse, place du Capitole à 11h
• Tours, place Jean Jaurès, 15h


Que jeunesse se lâche !

Le monde a plus que jamais besoin que la jeunesse désobéisse, qu'elle renverse la table et ne suive plus les règles de ce vieux monde. Et qu'elle emmerde ceux qui lui reprocheront d'agir avec autant de désinvolture. Car c'est de désinvolture et d'audace dont le monde a cruellement besoin.

Les adultes veulent une jeunesse raisonnable, enfermée, docile. Parce qu’ils ont peur. Et qu'ils ne savent pas vivre autrement.

Sauf que le pire arrivera justement si rien ne change. Le monde court littéralement à sa perte : écologiquement, socialement, moralement. Et ce sont ces mêmes adultes qui en sont responsables. Suivre leurs conseils ne serait pas seulement un échec de jeunesse mais une faute pour la nature et le vivant.

Dans l'histoire, les générations dont on se souvient sont celles où la jeunesse a clairement désobéi et refusé le monde qu'on leur imposait. Ils ont détruit les règles et les cadres dans lesquels leurs parents et grands parents vivaient. Pour leur propre bien, mais surtout pour le bien des générations d'après.

Les adultes de 2021 ont clairement échoué. Ils le savent. Mais il ne savent pas comment sortir de cette spirale et de ce monde qui nous étouffe. Seule la jeunesse pourra trouver l'issue, et cela se fera forcément de façon subversive, déraisonnable, insensée...

Alors oui, mille fois oui : soyez ivres. Ivres de vie, ivres d'alcool, ivres de sexe, ivres d'amour, ivres de musique. N'essayez pas d'être mesurés, de tenter de vous faire plaisir tout en ayant l'approbation du système. Faites vous plaisir. Point barre.

Et ouvrez des brèches. Tentez tout. L'erreur peut même être superbe.

Notre société est à détruire. De plus en plus de personnes en sont convaincues. Mais la plupart restent enchaînées par des années de constructions sociales. Constructions qui n'ont rien de naturelles et qui sont entretenues par les puissants de ce vieux monde.

Il faudra donc réussir à faire le deuil de ce système, de ce monde, de cette société, pour comprendre ce qu'il est possible de créer, le monde qui peut nous attendre. On pourra alors danser sur la tombe du vieux monde. Et tant pis si cela choque.

« Si je ne peux pas danser à la révolution, je n’irai pas à la révolution » Emma Goldman

 

Crédit photo DURSUN AYDEMIR / ANADOLU AGENCY


Démasquons la liberté

Nous avions déjà publié en août dernier une tribune pour expliquer notre position concernant le masque.

La situation actuelle nous parait nécessiter une nouvelle mise au point.

Depuis plusieurs semaines, nous constatons sous nos publications que la plupart des commentaires se concentrent sur le port (ou non) du masque. Que ce soit des posts sur le Covid mais aussi et surtout sur tout autre sujet, notamment les luttes sociales.

Certains se scandalisent de manifestants sans masque. Mais, d'autres, encore plus nombreux, dénoncent les manifestants qui acceptent "docilement, en soumis", de porter le masque.

Ce nouveau point Godwin nous questionne et nous inquiète.

De notre côté, nous estimons qu'il n'y a pas à asséner une vérité absolue sur l'intérêt sanitaire du masque : FFP1, en tissu, en intérieur, en extérieur...

La question est très complexe et les études varient parfois dans leurs conclusions. Mais, globalement, nous pensons que le masque permet de limiter la propagation du virus, notamment dans des lieux clos.

Le gouvernement a soufflé sur les braises de la défiance, en affirmant il y a un an que le masque était totalement inutile pour le grand public. Tout simplement parce qu'il n'avait pas les stocks nécessaires (ils finiront par l'avouer dans quelques années). Aujourd'hui, il a opté pour un revirement à 180 degrés et impose le masque obligatoire, partout, tout le temps. Et surtout, verbalise à la moindre escapade non masquée.

On comprend donc que certains puissent se révolter de cette attitude répressive du pouvoir.

Mais, ce que nous ne comprenons pas, c'est cette focalisation extrême sur cette question. Le masque serait devenu le symbole de la nouvelle dictature mondiale. Tous ceux qui le portent seraient des "soumis" au "nouvel ordre mondial".

Cela serait drôle si ce n'était pas si grave.

Imaginons une personne ayant passé 5 ans dans le coma et qui se réveille aujourd'hui. Elle réalise que la culture, les concerts, le cinéma, la danse ou le théâtre n'ont plus leur place. Que les discothèques, les restaurants, les cafés sont fermés. Qu'il est désormais mal vu de se réunir entre amis. Que les fêtes sont pointées du doigt. Elle constate que les citoyens sont sous couvre feu, que leurs déplacements sont limités et contrôlés, qu'ils ne peuvent s'éloigner de chez eux que pour aller travailler.

Elle apprend qu'il est désormais interdit de filmer la police, que celle-ci a des pouvoirs accrus et quasi sans limites. Que la surveillance a été généralisée et, qu'il s'agisse d'actes ou d'opinions, que tous les citoyens sont désormais espionnés par l'Etat et la police. Et elle découvre que le combat principal pour retrouver ses libertés... serait de pouvoir enlever son masque ?

Et si la situation nous inquiète autant, c'est qu'elle n'est pas le fruit du hasard. Partout dans le monde, des manifs ont lieu contre la "dictature sanitaire". Des citoyens de différents horizons et profils sociaux y participent. Mais souvent, en sous main, l'extrême droite se place, voire initie les manifestations.

Pourquoi ? Parce que dans cette période où les libertés ont été dramatiquement diminuées, pour s'approcher objectivement d'une société autoritaire, voire dictatoriale, l'extrême droite n'a aucun intérêt à ce que la situation change. Au contraire. Elle n'a plus qu'à attendre pour cueillir les fruits de la crise économique. Et prendre le pouvoir avec tous les outils dont elle a toujours rêvé pour contrôler la population. Face à cela, il lui paraît plus que vital de faire en sorte que la population ne se focalise pas sur la perte de ses libertés fondamentales.

Mettre le paquet sur la question du masque est donc la stratégie idéale pour l’extrême droite. Une stratégie qui, in fine, n'est pas pour déplaire au pouvoir. Pendant que ces personnes dépensent leur énergie pour réclamer le droit de sortir sans masque, elles ne descendent pas dans la rue pour réclamer le retour de toutes leurs libertés, voire pire, exiger la chute du régime.

Alors oui, on aimerait pouvoir imaginer à moyen terme retrouver une vie où on sort dans un parc sans avoir à mettre le masque. On aimerait une société où chacun décide s'il est utile /pertinent de mettre un masque selon la situation. Mais, alors que nous perdons de jour en jour le peu de libertés qu'il nous reste, nous ne comprenons pas comment des personnes peuvent critiquer et dénigrer ceux qui continuent de lutter, dans la rue, face au pouvoir et à la police, au motif qu'ils portent un masque.

A ce jeu là, on finira peut-être par ne plus avoir de masque. Mais nous serons chacun dans notre cellule. Enfin libres de ne pas porter le masque.... A quel prix ?