LOI ASILE IMMIGRATION : LA LOI DU PLUS FAF

C’est avec horreur que nous découvrons le texte qui est sorti de la commission mixte paritaire chargée de trouver un compromis sur le fameux projet de loi immigration, censuré par l’Assemblée il y a quelques jours.

Une grande partie de la Macronie se félicite du « compromis » qui a été trouvé, tandis que Marine Le Pen parle de son côté de « victoire idéologique du Rassemblement National ». Cela ne surprendra donc personne, ledit compromis s’est fait avec l’extrême-droite, que l’on peine plus que jamais à distinguer de la majorité présidentielle. Borne et sa clique auront beau se défendre du contraire, les faits sont là.

Macron, prétendument élu pour faire barrage au RN, lui déroule le tapis rouge.

Depuis des mois nous sommes nombreux·ses à insister sur les similitudes qui existent entre ce que l’on qualifiait habituellement de droite et d’extrême-droite. Aujourd’hui plus que jamais, l’analogie entre ces deux entités est frappante.

Restriction du regroupement familial, mise en place de quotas migratoires, réintroduction du délit de séjour irrégulier, restriction des conditions de régularisation des travailleurs sans-papiers, conditionnement des aides sociales à une durée de résidence sur le territoire supérieure à cinq ans, restriction du droit du sol, suppression des réductions dans les transports, mise en place d’une caution pour les étudiants étrangers, etc.

Autant de mesures abjectes sur lesquelles le Rassemblement National et la Macronie sont finalement parvenus à s’entendre. Sans parler des Républicains qui ne se cachent plus de lécher les bottes du RN depuis un bon bout de temps déjà.

Ce texte est infâme, il symbolise l’union entre une droite qui assume son racisme et son côté fascisant, et une droite qui se veut respectable mais qui n’en pense pas moins.

De nombreuses ONG, associations et syndicats dénoncent ouvertement ce texte et parlent de « xénophobie décomplexée ». Même le rouge-brun Fabien Roussel, « opposant » préféré de la majorité, parle d’un texte « directement inspiré d’un tract du RN ».

Insistons également sur le fait qu’il ne s’agit pas ici d’un texte uniquement dédié à « détourner l’attention » de la population, contrairement à ce que l’on peut régulièrement entendre.

Nul doute que cela arrange le gouvernement de voir l’attention focalisée sur ce projet de loi asile immigration plutôt que sur les questions portant sur la destruction des services publics ou sur son inaction sur le plan climatique. Pour autant, ce projet de loi n’est pas qu’une simple diversion. Bien au contraire.

Ce texte porte une idéologie raciste, xénophobe, et illustre à lui seul la fascisation des institutions républicaines.

Rester silencieux·ses est tout simplement inenvisageable. D’abord par solidarité envers nos camarades exilé·es, ensuite parce qu’il reste nécessaire de s’opposer au fascisme, qu’importe la forme qu’il prend.


Uniformes à l'école : la fausse bonne idée

Uniforme à l'école, le nouveau sujet fashionista qui fait jaser sur la toile.

Gabriel Attal, ministre supposément en charge de la gestion du service public de l'éducation, ( le même qui avait mis de l'huile sur le feu avec l'interdiction du port de l'abaya, et qui, on aime à le rappeler puisque ça l'emmerde, n'est jamais allé à l'école publique ) a eu une fulgurance.

Expérimenter pendant 2 ans à compter de septembre 2024, dans certains établissements scolaires allant du primaire au secondaire, le port de l'uniforme.
Pour 200 euros, pris en charge par l'Etat pour la durée du "test" des familles seront donc dotées de vêtements standards pour leurs enfants.

Au delà de la question budgétaire, c'est bien plus l'idée de soumission symbolique à l'institution dont il s'agit là, ainsi que le déni de la liberté des élèves, d'une manière d'exprimer leur personnalité.

S'habiller d'une certaine façon ou d'une autre, va au delà de la simple représentation de mode ou de conformisation à des standards, c'est aussi la possibilité laissée à chaque individu de s'exprimer de façon consciente ou non.

De surcroît, l'argument selon lequel les vêtements seraient les seuls marqueurs de différences de situation sociale ne tient pas un instant. Des jeunes auront toujours un téléphone ou autre objet symbolique de classe, de la marque la plus chère, et se démarqueront toujours des élèves issus de familles plus pauvres.
Les conditions de vie plus difficiles dans lesquelles évoluent une partie des élèves seront toujours les mêmes, et l'uniforme n'y changera strictement rien. Il sera même une charge et un coût supplémentaires dus aux questions logistiques (lessives fréquentes pour maintenir propre le nombre réduit de tenues, par exemple)
Par ailleurs si l'on observe la réduction des marqueurs d'inégalités sociales chez nos voisins anglais qui pratiquent le port de l'uniforme, on se rend bien compte que loin de remplir son office la mesure accentué les marques d'inégalité. Ce ne sont plus les différences entre élèves d'un même établissement qui sont visibles mais celles d'élèves issu·es d'établissements différents (ceux des quartiers favorisés et ceux des quartiers populaires).

En somme il y a là un parfum d'espoir désespéré de la part d'une bourgeoisie qui sait plus comment se faire respecter.
Et qui espère que ses idées insensées seront un pansement suffisant pour masquer la perdition d'une institution sur laquelle elle s'essuie les pieds.
L'Education Nationale est devenue aux yeux de l'État une équipe trop mollement compétitive, pas assez efficace pour bourrer le crâne d'une jeunesse qu'il rêverait formatée et docile. Apte à générer du PIB avec le sourire, et bien sûr la soumission qui va avec.

Le SNU, autre sujet révélateur de ce grand rêve bourgeois, en est un des symptômes.

Enfin, il ne faut pas oublier que la grande demandeuse de cette mesure est l'extrême-droite, qui prétend détenir la solution pour faire régner dès le plus jeune âge, l'ordre et la discipline, gommer toute originalité, faire respecter l'autorité.
Rien que cela est déjà très révélateur de ce que représente ce projet. L'uniforme scolaire, pour l'extrême-droite est l'uniformisation des individualités.

Et plaire à l'électorat d'extrême droite, est probablement l'objectif du gouvernement Macron, qui joue, comme souvent, un double jeu dangereux.

L'Education Nationale est en perdition en France, mais aucune crainte Attal s'occupe des fringues.


Une motion de rejet et puis s'en va?

La loi asile et immigration a donc été rejetée des débats de l'Assemblée Nationale par une motion de censure préalable votée par le cumul des votes de l'extrême-droite, des Républicains, et de la gauche. 270 voix pour, 265 contre.

Darmanin a dans la foulée proposé sa démission à Macron, qui l'a refusée.

Si on ne peut que se délecter du seum de Darmanin, cette motion n'est pas vraiment une victoire.

Déjà parce que la loi asile et immigration n'est pas rejetée, ce sont les débats préalables à son adoption qui sont écartés. Si elle devait poursuivre sa route, elle reviendrait peut être encore plus violente, encore plus déshumanisante.

Ensuite, parce que cette loi a été rejetée par une coalition singulière. D'un côté, une extrême droite raciste et dure, qui estime ce projet de loi trop laxiste, et souhaiterait mettre aux débats un autre projet encore plus dur sur la question des exilés. Quand on voit le climat profondément raciste qui règne en France ces derniers mois, on est en droit de s'attendre au pire.

De l'autre, une gauche qui ne veut tout simplement pas de cette loi, qui aggrave encore la situation inhumaine réservée aux migrant•es, et marginalise encore plus une population déjà très fragilisée et mise au banc de la société.

Profitons donc du plaisir procuré par la déstabilisation d'un ministre et du président dont il porte le flambeau, mais ne nous leurrons pas.

Il est nécessaire de ne pas céder d'un iota face à ces desseins funestes


Un double meurtre policier, une date à ne jamais oublier.

Malik et Abdel sont irrémédiablement liés par une histoire mortelle, illustrant la violence policière sur les corps.
Malik avait 22 ans. Il était étudiant, et avait une vie à vivre.
Abdel avait 20 ans, et lui aussi voulait simplement vivre.

Ce 6 décembre fut leur dernier jour sur terre.

Malik ne manifestait pas avec ses camarades étudiants à Paris, qui se mobilisaient dans le quartier latin, ce soir du 5 décembre, dans la continuité du mouvement contre le projet de loi Devaquet, instaurant la sélection à l'université.

Lui, il sortait d'un club de jazz.

Voici ce qu'en dira ensuite un témoin qui rentrait chez lui, Paul Bayzelon, fonctionnaire au ministère des Finances, habitant l’immeuble, dans lequel Malik tenta de se réfugier, poursuivi par les voltigeurs qui l'avaient repéré, et avaient commencé à le courser:

« Je rentrais chez moi. Au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d’un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte. Deux policiers s’engouffrent dans le hall, se précipitent sur le type réfugié au fond et le frappent avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. La victime se contentait de crier : “je n’ai rien fait, je n’ai rien fait!"

Malik est mort dans la nuit, des suites du tabassage policier.
Ceux ci furent condamnés en janvier 1990 à... 5 ans et 2 ans de prison avec sursis.

Abdel lui, était dans un bar le 6 décembre au soir à Pantin, en Seine-Saint-Denis, quand une bagarre éclata.

Une de ses amies relatait également par la suite «il était pour rien dans la bagarre, il était en train de discuter avec le gérant du café, quand il a vu qu’il y en avait 2 qui se battaient, il y avait un copain à lui, il a voulu les séparer. Un gars qui était au bar est sorti du café et a tiré. J’ai entendu le coup de feu, je me suis retournée, j’ai vu Abdel par terre. J’ai couru le voir, il avait du sang partout, il a dit à son frère "Qu’est-ce que j’ai ?, Qu’est-ce que j’ai ?" Il lui a dit : "Tais-toi, ne dis rien, garde tes forces.»
La famille d'Abdel fut informée de son décès 48h après.

Le tireur, Patrick Savray, était un inspecteur de police, totalement ivre, et qui n'était pas en service.
Reconnu coupable d'homicide volontaire il fut condamné à...7 ans de prison.

N'oublions jamais leurs noms.


CLASSEMENT PISA : LA DEGRINGOLADE

Cette année encore, la France poursuit sa dégringolade au classement PISA, qui compare les systèmes éducatifs et le niveau des élèves dans les différents pays.

Depuis ce matin toute la presse réactionnaire est en alerte. Le niveau des jeunes régresse. Et chacun y va de sa petite hypothèse, toutes plus amusantes les unes que les autres.

Mais si cette année c'est le niveau de maths qui semble poser problème, nous avons le droit aux éternelles tirades sur le niveau de langue de la jeunesse, plus intéressée par Tiktok que par la littérature d’un autre âge, tandis que pour certains, c’est le COVID qui est à blâmer. D’autres affirment que ce sont les écrans, tandis que pour les plus téméraires, c’est carrément la diversité de la population qui fait baisser le niveau général des jeunes (comprendre ici que les Noirs et les Arabes seraient considérés comme responsables de la baisse du niveau global).

Bref, tout un florilège d’hypothèses, qui ont pour point commun de désigner les jeunes comme étant les premiers responsables de cette baisse au classement PISA.

Pourtant, aucun de nos amis réacs n’a pensé à s’interroger sur l’état général de l’enseignement public en France. A croire qu’ils sont tout simplement cons.

Pendant que les enseignants, les élèves et les parents d’élèves alertent depuis des années sur la dégradation des conditions d’enseignement, la droite qui en est la première responsable, se demande comment elle va bien pouvoir expliquer cette dégringolade.

Coupes de budget, diminution des effectifs et augmentation du nombre d’élèves par classe, non-remplacement des profs, vétusté des bâtiments, précarisation des enseignants, notamment des contractuels. En bref, tout un tas de mesures qui détruisent à petit feu le secteur de l’enseignement public.

C’est comme si la droite s’étonnait aujourd’hui du piètre état du secteur de la santé publique en France.

Bref on les emmerde. Et aux jeunes qui nous lisent, ne vous laissez pas faire. Vous êtes bien moins cons qu’ils ne l’étaient à votre âge. Avoir lu quelques classiques de la littérature française ne les empêche pas de raconter de la merde à longueur de journée.


EN MARCHE VERS UNE FRANCE NAZIE

On a du mal à saisir la gravité du basculement que nous sommes en train de vivre. Depuis quelques années (avec l'augmentation de la xénophobie et de l'ensemble des idées d'extrême droite), depuis quelques semaines (avec la guerre en cours sur la bande de Gaza), et depuis quelques jours, on a observé une inversion du réel où l'extrême droite, hier encore collaboratrice devient une des figures de la lutte contre l'antisémitisme (pour mieux pouvoir cracher sa haine sur les personnes d'origine maghrébine)

Chaque événement vient écraser le précédent : L'assassinat du rugbyman Federico Martin Aramburu par un militant d'extrême droite armé d'un flingue, une manif nazie autorisée dans Paris, des ratonnades contre les arabes, une manif contre l'antisémitisme avec la présence du RN et de nombreux groupuscules fascistes, la convocation ou garde à vue de journalistes et humoristes, La liste est aussi longue que vertigineuse est la chute.

La "ratonnade" de Romans Sur Isère n'est qu'un épisode de plus dans la tragédie en cours. Mais elle est importante. L'extrême droite la plus dure et la plus violente estime que le moment est venu d'amener un grand nombre de personnes sur le terrain de la violence. Le terme de guerre civile revient de plus en plus dans les discours.
Le 25 novembre 2023 doit faire date comme l'un des événements les plus important du mouvement fasciste en France de ces 10 dernières années.
Bien que la "ratonnade" était, comme on a pu le voir partout aussi honteuse que ridicule, il ne faudrait pas se réjouir trop vite de leur "défaite" dans la rue. Car les images de ces fachos attrapés par des jeunes du quartier qui ont eu l'audace de se défendre et ne pas se laisser insulter et tabasser, ces images participent au final de l'excitation et de la montée haineuse dont ont besoin ces groupes néo-nazis.
Le fait est qu'actuellement, les médias sont au chevet du néo-nazi frappé par des jeunes du quartier et voici le langage de mort qui se cache derrière cette couverture médiatique bienveillante envers les fascistes: "Arabes, arrêtez donc de frapper ces pauvres néo-nazis qui étaient simplement venus vous lyncher en bas de chez vous".

En allant dans un quartier populaire à 80, ces nazis, si stupides soient-ils, se doutent bien qu'ils ne vont pas raser le quartier et tuer tous ses habitant.e.s à la couleur de peau "trop foncée" et de la "mauvaise" religion. Mais ils entendent jouer sur la peur et la haine en montrant que "les leurs se sont fait sauvagement attaquer". Et espérer qu'encore plus de racistes basculent dans leurs groupes ultras violents et explicitement nazis.

Car le danger ne vient pas uniquement de ces quelques milliers de militants nazis, que les médias de masse appellent gentiment l'ultra droite. Le danger, c'est que tout autour d'eux, gravitent des centaines de milliers de personnes qui considèrent ces groupes comme un peu trop radicaux mais avec un objectif "noble". Celui de lutter contre le danger islamiste.

Depuis des années, la France s'enfonce dans un racisme structurel. L'extrême droite la plus meurtrière le sait et a volontairement fait profil bas pendant cette période, pour ne pas effrayer les Français. Maintenant que leurs idées sont acceptées et même propagées partout, de l'assemblée nationale aux plateaux TV, cette extrême droite peut expliquer que la seule méthode pour sauver la France blanche, c'est la lutte armée. C'est la guerre civile face à l'ennemi de l'intérieur.

Alors que pouvons-nous faire ? Cela faisait longtemps que nous n'avions pas vu un antifascisme aussi conséquent. Nous avons pu voir comment avec spontanéité, des habitant.e.s d'un quartier ont réussi à défaire plusieurs membres du groupe responsables de cette abjecte "ratonnade". Téléphones saisis, informations sur les canaux de discussions et d'organisation de leurs groupes, identités révélées, visages filmés.

Nous devons reposer la question de l'antifascime telle qu'elle était posée par le front populaire à la suite de la tentative de coup d'état de 1934. A savoir un antifascisme diffus dans les quartiers ciblés, dans des perspectives d'autodéfense des habitant.e.s. Un antifascisme présent dans la rue, en veille permanente.

Le 2 décembre se tiendront au consultat, dans le XIe arrondissement de Paris, des discussions autour du thème "fascisme ou révolution". Une occasion concrète de lieu où se retrouver afin de discuter et surtout réimpulser concrètement des dynamiques d'organisation antifasciste.


40 ans de la révolution Sankariste

Il y a quarante ans commençait la révolution burkinabée entreprise par le capitaine Thomas Sankara.

Quatre années d’un processus révolutionnaire hors du commun freiné brutalement par un coup d’État organisé par son ancien ami Blaise Compaoré, avec le soutien de la France.

Révolutionnaire, Tiers-mondiste, marxiste, panafricain, féministe, écologiste, surnommé « le Che africain », il est considéré légitimement comme l’un des chefs d’État les plus justes de l’histoire.  

Son discours sur la dette ciblant l’impérialisme et le rôle des politiques du FMI et la Banque Mondial, reste encore tristement d’actualité.

https://twitter.com/CerveauxNon/status/1689226993546444800

Arrivé au pouvoir en 1984, le jeune président, âgé de seulement 33 ans, rebaptise « la Haute Volta » Burkina Faso (le pays des hommes intègres).

En quatre années de pouvoir, l’alphabétisation progresse et passe de 5 à 20% pour les hommes.

Plus de deux millions et demi d’enfants seront vaccinés.

Le capitaine nationalise les ressources naturelles et matières premières, luttant de facto contre l’impérialisme.

Ses réformes agraires permettent au pays de sortir de sa dépendance aux produits importés.

Selon un rapporteur spécial de l’ONU, l’objectif de deux repas et dix litres quotidiens d'eau par personne est atteint en 1986.

Écologiste convaincu, la protection des arbres devient une priorité absolue contre le déboisement massif, la divagation des animaux et les feux de brousse.

Le président incite chaque burkinabè à cultiver la terre et offre symboliquement un arbre par foyer et par nouveau couple marié. 

Il crée aussi un ministère de l’eau. 

 

Président aux positions féministes, Thomas Sankara interdit l’excision, la dot et les mariages forcés, et essaie de freiner la polygamie.

Le nombre de femmes dans les écoles augmente.

Elles sont nombreuses à occuper des postes au gouvernement, et plus généralement dans la fonction publique. 

Il tente même la mise en place d’un salaire vital pour les femmes, prélevé sur les salaires des leurs maris.

Les fonctionnaires sont priés de porter des habits traditionnels et de laisser les costumes-cravates occidentaux de côté.

A travers les Comités de défense de la révolution, chaque citoyen est appelé à participer à une forme de démocratie directe et peut faire des propositions sur la vie politique locale et nationale.

Bien plus qu’un simple aspect symbolique, Sankara fait remplacer les voitures de fonction présidentielles Renault 25 par des Renault 5 et refuse de voyager en première classe, estimant qu’un train ou un avion arrive de toute façon à la même heure.

Il choisit également de rester vivre humblement dans une petite demeure.

Cette utopie révolutionnaire et anti-impérialiste prend fin le 15 Octobre 1987, dans une salle du Conseil de l'entente à Ouagadougou.

Un commando fait irruption et abat Thomas Sankara et douze autres de ses proches.

A l’issue de ce coup d’État, son commanditaire et ancien ami Blaise Compaoré, prend le pouvoir et règne seul pendant plus de 27 ans. 

Il se réconcilie avec la France et replonge le Burkina Faso dans le chaos.

Renversé par une révolution en 2014, une enquête est enfin ouverte et la dépouille du capitaine aurait été restituée en 2015. Cependant sa famille doute de son authenticité.

En Avril 2022, les avocats de la partie civile demandent auprès du tribunal militaire l’ouverture d’une instruction internationale du dossier. Blaise Compaoré n’a pas agi seul et la France doit payer. 

Il est possible que d’autres États aient été complices de cet assassinat. 

Parmi eux sont cités le génocidaire Charles Taylor (Libéria), l’ami de la France et de Blaise Compaoré Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire), le libyen Mouammar Kadhafi ainsi que les services secrets américains.

Nous finirons par quelques citations : 

« Celui qui aime son peuple aime les autres peuples »

« La dette sous sa forme actuelle est une reconquête savamment organisée de l’Afrique, pour que sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes, qui nous sont totalement étrangers. Faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier, c’est-à-dire l’esclave tout court, de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l’obligation de rembourser. »

"Une jeunesse mobilisée est dangereuse, une jeunesse mobilisée est une puissance qui effraye même les bombes atomiques."

« Ceux qui nous ont prêté de l'argent, ce sont eux qui nous ont colonisés ».

« Un militaire sans formation politique idéologique est un criminel en puissance. »

« Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l'eau potable pour tous.

« Quand le peuple se met debout , l’impérialisme tremble. »

« Un peuple conscient ne saurait confier la défense de sa patrie à un groupe d’hommes quelles que soient leurs compétences. Les peuples conscients assument eux-mêmes la défense de leur patrie ».

« Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont eux qui nous ont colonisés. »

« La famille patriarcale fit son apparition, fondée sur la propriété unique et personnelle du père, devenu chef de famille. Au sein de cette famille, la femme était opprimée »

"On parle du Plan Marshall qui a refait l’Europe économique. Mais l’on ne parle pas du Plan africain qui a permis à l’Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leurs économies étaient menacés, leurs stabilités étaient menacées. Qui a sauvé l’Europe ? C’est l’Afrique. On en parle très peu. On parle si peu que nous ne pouvons, nous, être complices de ce silence ingrat. Si les autres ne peuvent pas chanter nos louanges, nous en avons au moins le devoir de dire que nos pères furent courageux et que nos anciens combattants ont sauvé l’Europe et finalement ont permis au monde de se débarrasser du nazisme.".

 


En cendres, tout devient possible. Même le pire

La séquence actuelle nous plonge dans des sentiments très paradoxaux. Car nous n'avons que peu d'espoir sur le fait qu'elle débouche sur des avancées significatives en terme de recul du racisme systémique ou de lutte contre un état oppresseur et ultra libéral. On pense même assez probable que l'État et son appareil répressif en ressortent renforcés, et encore plus autoritaires. Et que l'extrême droite profite de cette "crise" pour continuer sa morbide ascension.

Mais même avec un horizon aussi sombre, les révoltes actuelles nous paraissent salutaires et importantes.

Evidemment, brûler des voitures ou même des commissariats et des banques ne fera pas disparaître le racisme dans la police et dans toutes les structures de notre société. Cela ne donnera pas de travail à tous ces laissés pour compte.

Nous ne voulons pas non plus essentialiser et romantiser les actes qui ont lieu ces dernières nuits un peu partout en France. Car oui, il y a une part de "kiff" pour certains dans le fait de brûler des poubelles ou des voitures, et il y a un intérêt personnel, immédiat et matériel, à piller des magasins de fringues, de luxe ou d'informatique. Et alors ? Ces actes sont largement moins condamnables que les écritures comptables des criminels en col blanc, qui, en l'espace d'une saisie informatique, volent des millions, avec des conséquences bien plus graves pour ceux en bas de l'échelle.

Mais même avec ces considérations individuelles, matérialistes et presque "nihilistes", nous pensons que ces révoltes sont à soutenir.

Car ce que font ces gamins est assez unique : ils contribuent à dévoiler le vrai visage de l'état dont le masque s'effrite un peu plus chaque jour.

On pourrait évidemment se dire qu'il n'y a aucun intérêt à voir un pouvoir autoritaire devoir montrer son vrai visage si cela ne permet pas de le renverser. Sauf qu'à l'inverse, si l'on pense vivre dans un état autoritaire (et raciste) et qu'on préfère ne pas le provoquer de peur de sa réaction, on offre un boulevard à ce que rien ne change.

Car qui peut encore croire que faire des pétitions, des manifestations ou des tribunes peut faire changer cette société ? Ce n'est même plus le cas pour le monde du travail, pour les luttes ecolo, et cela n'a jamais été le cas pour les Gilets Jaunes... alors imaginez pour ces sauvages de banlieue ? Or cette société, elle tue, quotidiennement. Et pas qu'avec sa police.

Et si jeunes soient-ils, ces enfants de 2023 l'ont totalement compris. Ils l'ont même intégré sans avoir eu à le verbaliser.

Et pour cause... Ces gamins sont de purs 'produits" de la France. La quatrième voir cinquième génération d'ancêtres "issus de l'immigration" pour utiliser le langage policé et policier. En vrai, ce sont des français, mais ils sont noirs et arabes. Et ils ont très vite compris qu'ils n'étaient pas vus comme les autres français. Ils l'ont compris face à la police, mais également dans tous les moments de leur vie.

Car il faut être aveugle (ou raciste et donc malhonnête intellectuellement) pour ne pas voir la réalité de notre société : les noirs et les arabes sont des citoyens de seconde zone, cantonnés dans une précarité sociale et économique, et sans cesse stigmatisés.

Ces gamins voient bien que leurs aînés travaillent principalement pour faire le ménage, la sécurité ou du Uber/Deliveroo. Et encore, quand ils arrivent à trouver un taff.

Ils ont bien compris que l'ascenseur social n'était qu'un mirage. Qu'à part avec le foot ou le rap, personne de leur quartier n'a de chance de réellement s'en sortir.

Par ces révoltes, ces jeunes reprennent également un pouvoir, un rapport de force, une existence. Qu'importe s'ils sont stigmatisés et traités de sauvages. Au moins, ils existent. Ils comptent. Et c'est déjà énorme. Par leurs actes, ils ont réussi à faire annuler des concerts, des festivals, fermer des centres commerciaux, couper des services de transport. Alors oui, on peut se dire, à raison, que ce n'est pas ça qui fera avancer la question des inégalités sociales et du racisme systémique. C'est vrai; Mais c'est aussi vrai que toutes ces répercussions obligent le pouvoir et le système à regarder le problème. A défaut de le régler, c'est déjà un énorme progrès.

Les gamins de 16 ans sont nés en 2007. Deux ans après la révolte des quartiers suite à la mort de Zyed et Bouna. D'ailleurs, il est fort probable que parmi les émeutiers de 2023, certains soient des enfants d'émeutiers de 2005.

La grande question est donc de savoir comment cette révolte pourrait déboucher sur plus d'avancées que celle d'il y a 18 ans. Comment pourrait-elle faire mieux également que le soulèvement BLM de 2020 après la mort de George Floyd, lui aussi tué par un policier, et lui aussi filmé.

Nous n'avons évidemment pas la réponse.

Mais nous sommes convaincus que les nuits de révoltes permettent d'ouvrir une brèche. Cette brèche n'est pas un boulevard pour les idées progressistes et pour la lutte contre ce système et cette société. Mais elle reste une brèche, quelque chose de si rare de nos sociétés désormais totalement atomisées et contrôlées. Où on nous rabâche qu'il n'y a pas d'autres "vivre ensemble" possible que ce capitalisme puant et raciste.

Il faut donc entrer dans cette brèche et tenter d'y apporter des éléments qui permettront d'infléchir, au moins un peu, la dérive actuelle du pouvoir. Espérer que ces jeunes (dont ne nous faisons pas partie et dont on ne prétend savoir comment ils pourront s'en sortir) sauront trouver des espaces et des structures pour peser durablement, et même pour lutter efficacement. Espérer aussi que la rencontre Beauf et barbares devienne une réalité. Que les oubliés de toutes les périphéries comprennent que c'est le système capitaliste qui est responsable de leur situation.

Le faire en comprenant qu'en plus d'être des citoyens de dernière zone, les habitants des quartiers populaires racisés subissent en plus un racisme systémique et permanent. Et qu'on ne peut mettre cette réalité abjecte en second plan. Qu'il faut l'aborder frontalement, en même temps que la question sociale.

Dire cela ne donnera certainement aucune clé pour sortir d'une impasse que nous craignons. Mais nous n'avons, à l'heure actuelle, pas d'autres mots que ceux-ci.

Et dire, redire, et répéter, qu'une révolte des laissés pour compte n'est jamais illégitime et doit être soutenue et appuyée.

« Ceux qui ont pris tout le plat dans leur assiette, laissant les assiettes des autres vides, et qui ayant tout disent avec une bonne figure “Nous qui avons tout, nous sommes pour la paix !”, je sais ce que je dois leur crier à ceux-là : les premiers violents, les provocateurs, c’est vous !

Quand le soir, dans vos belles maisons, vous allez embrasser vos petits enfants, avec votre bonne conscience, vous avez probablement plus de sang sur vos mains d’inconscients, au regard de Dieu, que n’en aura jamais le désespéré qui a pris les armes pour essayer de sortir de son désespoir. »
L'Abbé Pierre, 1984

Photo Tulyppe


Attentat raciste : indignité jusqu'au sommet de l'État

Vendredi 23 décembre, ce n'est pas que la communauté kurde qui a été frappée, c'est tous ceux qui partagent des valeurs de liberté et de tolérance. Malheureusement, les heures qui ont suivi le drame n'ont pas fait honneur à ces valeurs et aux victimes de cet attentat.

Après le choc de l'attentat, et une fois les éléments assez clairement établis, il nous semble important de remettre les pendules à l'heure. Pour malheureusement constater les défaillances de l'État français et du monde occidental, qui ne cesse d'être complaisant avec l'extrême droite, et qui n'arrive pas à se détacher de la pression du pouvoir turc sur la question kurde.

La presse mainstream et l’État Français sont fidèles à leur indécence en refusant de qualifier ce crime raciste d'attentat, préférant évoquer une « attaque » par balles, et ce, malgré la revendication ouverte du terroriste d’avoir agi par racisme et délibérément visé la communauté kurde.

Nous partageons ce sentiment de colère et souhaitons revenir encore une fois sur cette affaire et les interrogations qu’elle suscite dans un contexte où se multiplient les tentatives d’attentats imputées à l’extrême-droite.

Aussi l’équipe de CND tient une fois de plus à adresser ses condoléances et son soutien aux familles et proches des victimes.

 

Les faits

Vendredi dernier, en fin de matinée, un homme âgé ouvre le feu devant l’entrée du Centre Démocratique Kurde Français, situé au 16 rue d’Enghien, dans le 10ème arrondissement de Paris, où réside une part importante de la diaspora. Des commerces kurdes divers sont ensuite pris pour cible, notamment un restaurant, puis un salon de coiffure.

Le terroriste, armé d’un Colt 45 1911 de l’US Army, tire neuf fois et sera finalement interpellé.

Mis en garde à vue, il sera arrêté avec une mallette contenant « deux ou trois chargeurs approvisionnés, une boîte de cartouches calibre 45 avec au moins 25 cartouches à l'intérieur. ».

L’assassin, William Mallet, est un Français âgé de 69 ans, conducteur de train qui avait déjà été arrêté l’année précédente pour avoir attaqué des migrants à l’arme blanche en lacérant des tentes muni d’un sabre, puis en tentant de tuer un exilé qui s’était défendu avec cette même arme.

Placé un an en détention provisoire et tout juste relâché le 12 décembre dernier, l’homme n’a pas été fiché malgré plusieurs condamnations pour détention d’armes illégales en 2016 et 2017.

Le mobile raciste est revendiqué, l’assassin assume une haine viscérale vis à vis des populations racisées.

Il explique en vouloir à tous les migrants et spécifiquement aux kurdes pour le fait d’avoir faits prisonniers des soldats de Daesh, au lieu de les exécuter.

Le Monde rapporte que le suspect a déclaré aux enquêteurs que, le matin de l’attaque, il s’était d’abord rendu à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) muni de son arme « pour commettre des meurtres sur des personnes étrangères », selon le parquet. Il a finalement renoncé « compte tenu du peu de monde présent et en raison de sa tenue vestimentaire l’empêchant de recharger son arme facilement ».

Conduit en psychiatrie, sa garde à vue a été levée.

 

Les victimes

Le Centre Démocratique Kurde Ahmet-Kaya, un lieu de vie important pour les communautés du peuple kurde, accueille 24 associations et regroupe des activités en lien avec la culture et la vie politique. Trois personnes y ont été assassinées :

Emine Kara est une responsable du Mouvement des Femmes Kurdes en France. Combattante du Nord-Est de la Syrie, elle était initialement venue en France pour se faire soigner après avoir été blessée par Daesh.

Mir Pewer, réfugié politique, était un artiste, poète et chanteur kurde dont les paroles engagées dérangeaient profondément le pouvoir turc.

D’après Berivan Firat, porte-parole du CDKF, le dictateur Erdogan en personne redoutait ses compositions.

Abdullah Kizil, était un homme âgé qui avait pour habitude de venir quotidiennement dans ce centre. Il aurait dévoué sa vie aux combats des Kurdes.

 

La répression comme réponse d'État

Une fois de plus, l’ordre républicain se distingue par son mépris odieux.

Le ministre l’intérieur exclut immédiatement le mobile politique de cet attentat, ce qui rajoute de l’huile sur le feu et attise naturellement la colère de la population kurde.

Pour en rajouter une couche, Gérald Darmanin n'a pas hésité à laisser la police française attaquer une population endeuillée qui se recueille le soir-même d’un attentat. Un manifestant a été grièvement blessé à l’œil par un tir de lacrymogène.

Cette manière de procéder rappelle que le départ du préfet Lallement, remplacé par Laurent Nunes ne change rien et que l’ère du tout répressif ne fait que commencer.

Toutefois, la dignité kurde a su tenir tête à la honte républicaine et a prouvé sa détermination partout en France, notamment à Paris et Marseille.

 

Un sentiment de colère et des questions

Outre l’attitude tout bonnement irresponsable des forces de l’ordre, que dire une fois de plus de la piteuse couverture médiatique des grands groupes de presse ? Est-il si difficile d’utiliser les mots « terrorisme » ou « attentat » dans une situation appropriée ?

Rien n’évolue a ce sujet, mais ce n’est pas une surprise. Pas plus que le peu de temps accordé à interroger les motifs du terroriste et surtout les conditions, l’ambiance générale et les discours qui ont inspiré son acte et sa manière de penser.

Évidemment, nous retrouvons aussi cette géométrie variable qui refuse de s’attarder sur les violences policières et la volonté délibérée d’attaquer des manifestants à Paris et Marseille.

Nous n’attendons rien ni de ces médias, ni de la classe politique et évidemment encore moins de l’État français. Il y a cependant matière à être inquiet et à s’interroger.

La classification immédiate en tant qu’irresponsable du meurtrier qui a pourtant revendiqué fermement son acte en tant que raciste et dit avoir ciblé spécifiquement la communauté kurde laisse songeur.

L’immense majorité des auteurs d’attentats d’extrême-droite sont immédiatement considérés comme « fous » et ne seraient donc pas responsables de leurs actes, et la France n’est pas une exception. Nous devons nous questionner sur les qualifications à géométrie variable concernant les actes terroristes.

On retrouve des cas similaires partout dans le monde occidental. Faut-il rappeler qu’il a fallu plusieurs contre-expertises obtenues sous la pression pour prouver que Anders Behring Breivik, auteur d’un attentat épouvantable en Norvège en 2012 n’a pas agi par « pulsions délirantes » ?

Le racisme est le produit d’une construction sociale et un système de domination politique, pas une pathologie liée à des troubles d’ordre psychiatrique.

Comment et surtout pourquoi peut-on bâcler la possibilité d’une enquête aussi rapidement, 24 heures après les faits alors que des militants nationalistes et racistes sont ces derniers temps régulièrement arrêtés pour projeter des attentats ? La personne revendique clairement son acte.

Nous savons aussi que le peuple kurde est la cible de tous les impérialismes régionaux au Kurdistan et donc que ses ennemis sont nombreux allant de l’État turc à Daesh en passant par l’extrême-droite mais aussi l’État iranien où la communauté kurde joue un rôle phare dans les révoltes actuellement en cours.

Il paraît tout de même invraisemblable d’exclure d’office la possibilité que l’assassin aurait pu agir pour le compte de quelqu’un en y trouvant ses intérêts. Le profil des victimes ainsi que leurs engagements respectifs laisse tout aussi songeur. Pour finir, qui était le conducteur du tireur ?

Les soupçons envers les sbires d’Erdogan, plus particulièrement la mafia des Loups Gris paraissent tout à fait justifiés même si nous ne connaîtrons malheureusement peut-être jamais la vérité.

Nous rappelons aussi que cet attentat survient, quasi jour pour jour, presque dix ans après un autre attentat qui avait causé la mort de trois militantes kurdes : Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, tuées par Ömer Güney, agent du renseignement turc (MIT) surnommé « la source ».

Ce dernier, décédé d’un cancer du cerveau en 2016 dans un hôpital parisien, était membre des Loups gris : une organisation paramilitaire d’extrême-droite ouvertement mafieuse, dont la branche politique, le MHP, est actuellement alliée à l’AKP du dictateur Erdogan pour lequel il sert de milice.

L’enquête avait été classée sans suite et les familles n’avaient pas été reçues par les chefs d'État ou leur ministres. Et l'enquête suite à une deuxième plainte visant les commanditaires demeure obstruée par le secret-défense.

L’État français n’avait pas souhaité froisser son homologue turc, également membre de l’OTAN.

Pour en revenir à cette affaire, comme souvent les obstacles à la manifestation de la vérité et de la justice seront des facteurs parmi les plus rageants, que le terroriste ait agi seul ou pas.

Car c’est aussi de ça dont il s’agit lorsqu’il s’agit de justice sociale, d’honorer la mémoire des martyrs et de pouvoir faire intégralement son deuil.


Froid, restrictions : l'école va mal

L'école va mal : entre 10 et 14 degrés dans certaines classes, distribution de polaires, économies à la cantine

Marquée par une reprise difficile où se multiplient les annonces de fermetures d’établissements scolaires faute de personnel et de moyens, l’Éducation Nationale continue sa chute vertigineuse dans le précipice, et l’atterrissage pourrait être dramatique.

Des collectivités territoriales ont fait leur choix, et elles estiment que les bâtiments coûtent trop cher pour être chauffés. Il faut faire des économies en priorité là où nous avons le plus besoin de moyens : l’éducation et la santé.

On remarque que le gouvernement n’a pas les mêmes difficultés quand il s’agit de débloquer des fonds pour équiper la répression et recruter des policiers et que lutter contre l’évasion fiscale ou rétablir l’ISF n’est pas à l’ordre du jour.

Ainsi, dans plusieurs écoles, on fait cours dans le froid.

Dans l’Oise, à Laigneville, il est dorénavant interdit d’ouvrir les fenêtres pour économiser la chaleur (source Courrier Picard).

Un comble sachant que c’est en hiver que risquent de revenir à la hausse les épidémies de type Covid-19 ou encore de grippe.

À Rouen, les écoles n’avaient pas rallumé le chauffage trois jours après la rentrée et certaines allaient jusqu’à inciter les parents à venir récupérer leurs enfants évoluant entre 11 et 15 degrés. Le problème semble cependant avoir été résolu depuis.

Dans la commune de Périers (située dans la Manche), l’école est allée jusqu’à investir dans l’achat de 6000 euros en polaires distribués aux élèves (source Le Parisien).

De la Seine et Marne à la Dordogne, en passant par la Vendée, le Conseil Départemental réduit et limite la température à 19°C en salle de classe et 17°C dans les couloirs. Et il est de plus en plus envisagé d'en faire une norme au niveau national.

Un collège d’Avignon dans la Vaucluse (le collège Lavarin), avait récemment décidé de fermer tout l’hiver sa section SEGPA et de se délocaliser à trois kilomètres faute de moyens.

Finalement, à la suite d’une mobilisation importante des parents d’élèves, cette décision a été annulée.

Pas de quoi se réjouir pour autant, cet exemple en dit long sur l’état de nos institutions et leur futur proche. Cela témoignera peut-être aussi bientôt aussi des disparités et inégalités entre les communes, départements et régions, car tous n’ont pas les mêmes moyens.

Autre exemple concernant les lycées, dans la ville de Toulouse, France Bleu rapporte que la région Occitanie a demandé à des lycées d’économiser sur les menus dans les cantines. Au lycée international de Colomiers par exemple, on devra vraisemblablement choisir entre l’entrée et le dessert, à Déodat on doit déjà choisir entre le fromage et le fruit.

Même son de cloche dans la plupart des universités, avec toujours cette réduction de 1°C.

Nous pouvons également citer un fait notable : l’Université de Strasbourg fermera deux semaines supplémentaires cet hiver.

Être classée en tant que 8ème puissance mondiale et parmi les premières du continent soi-disant le plus « développé » n’empêche définitivement pas d’être confrontés à des choix politiques contre sa propre population, en la contraignant à être conditionnée par la précarité dès le plus jeune âge.

C’est une volonté délibérée de préférer faire souffrir celles et ceux qui vont à l’école que de taxer les ultras riches.

Du plus jeune âge à la vie d’adulte en passant par l’adolescence, tous vont en pâtir.

Le corps enseignant doit absolument prendre ses responsabilités sachant qu’il est déjà trop tard. Nous n’avons donné que quelques exemples à un mois et demi du début de l’hiver.