au delà des retraites

PRENDRE LE GOUVERNEMENT A CONTRE-PIED

Voici un texte reçu aujourd'hui qui questionne notre rapport à cette grève et à ses revendications

On aura été des milliers de personnes à manifester pour ne pas travaillez plus longtemps et pour une allocation retraite digne. Mais, quelle est cette frontière magique qui retient cette grève à mettre en discussion le temps de travail tout au long de la vie et le montant de l'allocation chômage ? Ne pas travaillez plus longtemps, n'est-ce pas aussi travaillez moins. Il serait donc utile de parler de la réduction du temps de travail et du partage du travail. Lutter pour une allocation de retraite digne, n'est-ce pas aussi lutter pour une allocation digne quand on ne travaille pas ? Pourquoi ne parle-t-on pas de l'allocation chômage, de minima sociaux, voir même d'un revenu minimum ?

Étrange frontière encore, entre la volonté de "ne pas travailler plus longtemps" et l'absence de la critique de la valeur travail. Quand des milliers de personnes luttent pour ne pas travailler plus longtemps, c'est donc que travailler, ce n'est peut-être pas si bien que ça, que le travail comme centralité se discute et que peut-être, il serait bon d'en parler. Étrange frontière aussi, entre la volonté de "ne pas travailler plus longtemps" et l'absence de critiques des formes que prend le travail.

Si beaucoup ne veulent pas travailler plus longtemps, n'est-ce pas aussi parce que leur travail n'a pas beaucoup de sens ou que la forme dans lequel il s'exerce - salariat, autoentrepreneur... - n'est peut-être pas très agréable, ou que leur travail est tout simplement pénible, nul, bête.

Bref, c'est assez étrange cette grève massive sur les retraites sans que partout ne se multiplient des meetings sur le travail et sa place dans nos vies. C'est aussi à ça qu'on mesure la richesse d'un mouvement dans sa capacité à faire avancer le dit "progrès social". En quoi les centrales syndicales sont-elles réellement débordées par la grève en cours ? En presque rien. Car rien ne vient dans ce mouvement déborder le mouvement - non pas seulement au niveau des actions - mais au niveau des énoncés. Et ce faisant la maîtrise reste toujours du côté du gouvernement. C'est lui, qui continue d'imposer les sujets, les énoncés. Et notre imaginaire n'aura pas beaucoup bougé. Et on aura sans doute gagner à travailler moins longtemps mais on travaillera toujours davantage, et ainsi, ce qui aura été gagné là, aura immédiatement été perdu ailleurs.

Alors, toi qui dépend financièrement d'une allocation chômage ou du RSA, toi qui ne veux pas construire ta vie autour de ton travail, toi qui envisage la richesse autrement qu'en monnaie... Rejoins la grève et fais ce lien entre le montant des retraites et le montant des allocations chômage, des minima sociaux. Toi qui est en surcharge de travail, rejoins la grève et fais ce lien entre travailler moins longtemps et travailler moins. Réduire le temps de travail, augmenter les allocations, questionner le travail, questionner le revenu en dehors du travail, c'est le sujet de cette grève.

Prendre le gouvernement à contre pied, sur l'une de ces réformes, c'est l'enjeu d'une lutte. Politiser la retraite c'est déborder les centrales syndicales et se ré-approprier la grève et la lutte sociale. Et quand on aura fait le chemin qui va de la retraite à l'allocation chômage et de l'âge de la retraite à la réduction du temps de travail et qu'on sera tout aussi nombreux et peut-être même plus, alors le caractère plan plan des manifs sera bien secondaire, au regard de ce qu'on aura réussi à énoncer collectivement et à hisser à l'ordre du jour.

Gagner, c'est faire la connexion entre la retraite et le chômage. Gagner, c'est faire la connexion entre travailler moins longtemps et travaillez moins tout court. Gagner, c'est connecter ce qui est tenu séparé. C'est conquérir des droits.


réaction en chaine

LA RÉACTION EN CHAINE

Un petit cours de physique nucléaire ne nous fera pas de mal pour la manif nationale de demain. Le texte qui suit a été glané sur les internets et répond à l’étouffement que connait chaque manif qui s’engouffre dans le dispositif sur-armé de la police et qui transforme chaque manifestant en chiffre, à l’instar de ce qu’on connait déjà dans notre quotidien : 

"Plusieurs manifs à 200 dans une ville c'est mieux qu'une seule manif à plusieurs milliers."

Il est urgent de changer de stratégie si nous voulons gagner cette lutte :

Plusieurs manifs à 200 c'est une désorganisation du dispositif policier, une capacité de mouvement retrouvée et une autonomie plus grande dans l'action. Et c'est dans le désordre qu'une lutte se gagne. Alors plusieurs cortèges avec différents points de départs pourraient ne jamais rejoindre le cortège principal.

Le désordre c'est joyeux. Et ce n'est pas nécessairement briser des glaces, ou brûler des poubelles, c'est aussi : (EDIT : La nous pensons qu’il s’agit d’un fin stratagème pour palier la censure, mais la liste est bien plus infinie et croustillante en vrai ;) )

- jouer à 1.2.3 soleil à un feu rouge
- jouer à la marelle sur un passage piéton
- s'assoir à un carrefour
- aller faire coucou à ceux qui prennent le trains
- prendre la ligne 14 ou la ligne 1
- débrayer les facs
- chanter sous les balcons
- aller saluer les partis politiques
- faire du lèche-vitrine aux grands magasins
- pique-niquer sur la voie de bus

La manif est une action et pas une opération de communication. Cela ne sert à rien de se plaindre des centrales syndicales et ensuite aller s'agglutiner dans un même cortège, hyper-canalisé, qui a une capacité de perturbation très limité. Il ne faut pas confondre l'unité dans la grève avec l'unité du cortège.

Le matin il y a plusieurs départs de cortèges, qui tous convergent vers la manif principale, pour ensuite s'y trouver bloqués et c'est l'erreur. S'il n'y a pas assez de monde pour un cortège unitaire, réellement efficace, il y a assez de monde pour plusieurs cortèges. A paris, par exemple, jeudi dernier, 800 personnes ont marché de Mairie de Montreuil à Gare de l'est, ils auraient pu continuer leur trajectoire et ne pas rejoindre le cortège principal où ils se sont retrouvés bloqués.

réaction en chaine


manifestation 17 décembre grève générale contre la réforme des retraites et son monde

Ni derrière ni devant, au milieu

Et si la meilleure tactique qu’on pouvait apporter à la manif nationale de mardi c’était de n’être ni devant ni derrière, mais au milieu. Toutes et tous dans le même bateau. Faire bloc commun plutôt que cortège de tête, pour que puissent jaillir toutes les potentialités. Voici une contribution qu’on publie volontiers, un appel à renouveler la configuration des manifs et qui sait, permettrait de créer la surprise qui saura faire reculer l’Etat sur sa réforme phare tous ensemble, d’un même pas, d’un même bloc.

Ni derrière ni devant, au milieu

Dans l’histoire des manifs, les plus radicaux étaient normalement relégués en queue de cortège. Depuis 2016, en France, lassés de suivre des ballons-rond-ronron, des travailleurs, des précaires, des chômeurs, des étudiants ont inventé le cortège de tête. A savoir, casser les codes établis par les Centrales Syndicales et leurs services d’ordre, rompre avec le rituel des manifs encadrées, gnangnan et aux slogans surannés.

Cette idée, cette dynamique collective a eu de l’effet et s’est démontrée gagnante au printemps 2016, comme elle a connu quelques succès dans certains moments de lutte dans les années suivantes. Mais elle a aussi montré ses limites : face à un cortège de tête déterminé, l’Etat déploie désormais un arsenal répressif absolument démesuré, impossible à contrecarrer dans un face-à-face ou un côte-à-côte. Surtout sur des avenues vidées de voitures et de passants, les commerces fermés, laissant face à face dans ce désert urbain policiers et manifestants.

Alors, que faire ? Dans l’histoire des mouvements populaires insurrectionnels, il apparaît que ce sont les masses qui font l’histoire. Les personnes qui prennent conscience des grands enjeux de société, qui s’organisent entre eux, qui prônent et mènent le combat ne peuvent pas gagner sans un soutien massif de la population, y compris dans la rue.

Ni derrière ni devant, au milieu, fondus parmi les masses. Politiquement, stratégiquement, pratiquement. Depuis 2016 en France, c’est quand des masses, des foules, des milliers et des milliers de grévistes et de manifestants se sont exprimés pour dire leur ras-le-bol de cette société classiste, sexiste, raciste, que le Pouvoir a vacillé. C’est quand des milliers et des milliers de personnes n’ont pas reculé devant les CRS au printemps 2016 contre la réforme du droit des travailleurs que le Pouvoir a pris peur. C’est quand des milliers de Gilets Jaunes ont envahi les Champs Elysées et les beaux-quartiers en décembre 2018, parmi les bourgeois résidants et les touristes ahuris, que le Pouvoir a paniqué. C’est quand des milliers et des milliers de Gilets Jaunes, le 16 mars 2019, ont fait bouclier face aux CRS pour les empêcher d’attraper les « casseurs » que le Peuple a triomphé. Aussi, c’est quand des perturbateurs se sont fondus dans la foule des Halles, le 16 novembre et le 7 décembre 2019 derniers, que le dispositif policier a été dépassé (mais pas le jeudi 12 décembre, téléphoné).

La surprise. Quand les révolutionnaires arrivent à niquer le Pouvoir, c’est quand les salopards n’ont pas vu venir précisément. Un constat et peut-être une règle de comportement : se fondre dans la masse, agir avec les masses. De toute façon, ce sont les ouvriers de la RATP, de la SNCF, des transports, des raffineries, des hôpitaux, des plateformes de distribution, et tous les précaires, étudiants et chômeurs qui peuvent faire plier ce Gouvernement et abattre le système capitaliste et inhumain que nous subissons. Comme avec le mouvement des Gilets Jaunes, il faut être dedans, intérieur au mouvement, au milieu des manifestants.

Le mardi 17 décembre, comme depuis le 5 décembre et la grève illimitée déclenchée par les ouvriers RATP, SNCF, Education Nationale et autres travailleuses et travailleurs en lutte, ce n’est pas seulement pour défendre un régime de retraite juste et digne qu’il s’agit de lutter, mais pour un autre système social, d’autres temps et formes de vie désirables.

Soyons parmi nos collègues, nos amis, nos camarades, pour revendiquer « un monde meilleur pour l’honneur des travailleurs ». Et si des groupes plus déter que d’autres feront de l’autodéfense anticapitaliste et antiautoritaire, le Peuple pourra les protéger.

Venez comme vous êtes, en jaune, en rouge, en mauve, en noir ou en vert. Des slogans, des regards, des sifflotements, des connaissances nous rassembleront.

Un grève qui rêve déjà grave de son Noël...

Sur Paris le rdv est donné mardi à 11H30 à République, départ 13H30


la révolte domestiquée ?

LA RÉVOLTE DOMESTIQUÉE ?

Mardi dans Paris, le mouvement social a connu une journée très étrange. Bien que plus faible que la journée historique du 05 décembre, la mobilisation était encore exceptionnellement forte (plus de 100 000 personnes dans la capitale). La détermination plus que jamais présente. L'espoir aussi. Un cortège de tête de plusieurs milliers de personnes. Et pourtant.... mardi, le pouvoir n'a pas tremblé. Il n'a même pas semblé sous pression. En témoigne la réponse d'Edouard Phillipe le lendemain, qui, non seulement confirme la réforme mais va même encore plus loin.

Mardi, pour la première fois, on a vu un black bloc de plusieurs centaines de manifestants marchant tranquillement de Montparnasse à Denfert en étant constamment entouré de policiers. Une nasse mobile. Si la tactique avait déjà été éprouvée sur la fin des manif contre la loi Travail en 2016, c'est la première fois qu'elle a été aussi imposante et qu'elle s'est passée sans la moindre contestation. Un an plus tôt, pour l'acte 3, les Gilets Jaunes étaient deux fois moins nombreux dans Paris (8 000 selon la préfecture mais probablement 30 à 40 000). Mais ce jour là, le gouvernement était en alerte maximale. Voire en panique.

On se rappelle que c'est entre autre le fait de n'avoir pas voulu se faire fouiller aux check points de la police qui avait permis de sortir du cadre prévu par la préfecture et de regrouper puis d'éparpiller ainsi plein de groupes révoltés dans les quartiers bourgeois.

Ce n'est pas tant le degré de violence qui interroge que le respect bien sage des règles édictées par le pouvoir pour exprimer sa contestation. Car ces règles sont évidemment faites pour que le pouvoir ne soit pas dérangé. Or, depuis plusieurs mois, l'envie est claire de déranger le système, de le faire dérailler, de le changer. De plus en plus de personnes se lèvent face à ce monde abject qui se construit pour le compte de quelques privilégiés au détriment des autres et de la planète.

Gj, écolos, étudiants et même syndicalistes : rarement il n'y avait eu en France et dans le monde autant d'appel à la rébellion. Difficile dans ce paysage là de comprendre l'apathie de la manif parisienne du 10 décembre.

Bien sûr, la répression ultra violente et aveugle du pouvoir peut être une des raisons. Bien sûr que le cordon de policiers qui entoure tout le cortège de tête a dû refroidir certains manifestants. Aussi, deux éléments clés ont fait récemment leur entrée du coté de la répression : La reconstitution des équipes de voltigeurs (appelés les bravm) qui avaient été dissouts après le meurtre de Malik Oussekine et la promulgation de la loi dite "anti-casseur" qui punit le simple fait d'avoir sur soi un masque de protection pour les gaz. D'un coté une tactique meurtrière offensive et de l'autre la soustraction des moyens de défense des manifestants face aux attaques de la police.

Il n’empêche : être des dizaines de milliers ensemble, dans la rue, et dans une colère commune, devrait donner la force de refuser d'être traités comme des moutons qu'on amène d'un point A à un point B. Laisser la police entourer et guider les manifestants, c'est leur accorder une ascendance sur nos vies et nos luttes.

Comment un cortège qui combat l'oppression et la répression policière peut se laisser guider par ces mêmes policiers qui ont autant mutilé, blessé et tué ?

On l'a encore vu mercredi avec les annonces d'Edouard Phillipe, ce pouvoir ne jure que par et pour les plus forts. Ils ne donnera rien au plus faible.

Ce que les plus faibles obtiendront, ce sera en le prenant et non en le réclamant gentiment. Au Chili ou à Hong Kong, les manifestants ne suivent pas les ordres de la police qui leur dirait quelle rue emprunter et à quel rythme marcher. Si nous laissons ces agressions permanentes faire loi et les bottes policières s'essuyer sur nos libertés fondamentales le futur sera terrible.

En tout cas, si cette pratique de la nasse mobile du cortège de tête persiste, c'est probablement la fin même du cortège de tête. Car mardi, il y avait souvent plus de vie et de joie à l'arrière du cortège de tête, voir même au début du cortège syndical, là où il n'y avait pas de policiers. Et c'est assez logique : comment être léger et joyeux quand on marche juste à côté de policiers ultra armés et menaçants. Ces mêmes policiers ayant blessés et mutilés des manifestants depuis des mois. On ne peut pas manifester dignement en étant en permanence menacé de leur LBD et lacrymo.

A travers ce constat, l'idée n'est pas d'inciter à la violence. Mais c'est un constat : ce cortège de tête était l'un des plus apathique et triste de l'histoire. Et la présence proche et intrusive de la police y est sans aucun doute pour beaucoup. La préfecture a été totalement satisfaite de cette journée du 10 décembre. Il y a donc fort à parier qu'elle reconduira cette technique. Manif après manif, le cortège de tête pourrait devenir de moins en moins un espace de liberté et d'expression, mais l'endroit où on marche entouré de policiers. Jusqu'à n'être plus assez massif pour exister.

Mardi, il y aurait pourtant eu des espaces d'expressions et de rebellions possibles pour empêcher cette marche mortifère : refuser d'avancer tant que la police ne se retire pas, ou encore entourer les policiers de manifestants les mains levés, comme l'ont fait les pompiers le 05 décembre, décider de repartir en sens inverse ou même refuser de rentrer dans le parcours et continuer à manifester par groupe tout autour... En bref, trouver un moyen de faire l'inverse de ce que le dispositif attendait des manifestants.

Qu'on se le dise. Ce gouvernement n'est pas impressionné par les manifestations de masse. Il peut très bien attendre qu'elles se tassent, que les gens s'épuisent et qu'ils n'aient plus suffisamment d'argent pour continuer les jours de grève. Nous vivons un moment historique de convergence des ras le bol. Nous avons le nombre, nous tenons la grève, nous ne pouvons pas tout laisser filer dans le calme et l'apathie. Le moment est idéal pour libérer nos passions, pour faire exploser nos désirs qui sont jour après jour gommés par le mode de vie capitaliste. Réinventer ce monde ne se fera pas sans exulter, pas sans se laisser la place pour rêver et pas sans détruire le système garant de l'ordre bourgeois.

Nous entendions récemment un gréviste dire au secrétaire d’Etat aux Transports venu sur un piquet de grève : "Vous bossez pour le CAC 40, et ceux qui produisent les richesses vous les laissez crever". Sauf que si l'on continue de produire des richesses ainsi tels des machines, si nous continuons tranquillement à revendiquer des améliorations de travail ou de retraite, nous n'obtiendrons rien, car nous continueront à jouer à la table de ceux qui ont les cartes en mains. Afin de rebattre le jeu, nous devons avoir un coup d'avance, être là où on ne nous attend pas. Ce mouvement social doit dépasser la simple question de la sauvegarde du système de retraite. Honnêtement... Si nous sommes là c'est pour un tas de raisons, et la réforme n'est que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Comme la taxe carburant en novembre dernier qui entraina le mouvement des gilets jaunes. Alors débordons, sinon nous coulerons.

"Il n'y aura pas de retour à la normale car la normalité était le problème". (Slogan vu au Chili, où la contestation sociale et la répression barbare a complétement changé les mentalités)


l'heure de nous memes a sonné

L'HEURE DE NOUS-MÊMES A SONNÉ

Un an après, on n’a pas oublié la violence d’Etat que se sont pris 151 jeunes mis à genoux, les mains sur la tête, dans une ambiance dictatoriale à Mantes la Jolie. Dimanche 8 aura lieu une manifestation d’autodéfense populaire à 14H à Barbès. Plus qu’un hommage, une réponse et un après !

Si pour la cheffe de l’IGPN il n’y a pas eu de comportement anormal de la police, pour nous c’est un scandale d’Etat de plus dans un régime qui s’effondre et ne tient plus que par sa police.

Alors qu’un autre mouvement lycéen et étudiant est en train de prendre et qu’on arrive en pleine grève, on est allé interviewer Yessa, une des mamans du Collectif de Défense des Jeunes du Mantois qui organise cette manifestation.

« L’heure de nous-mêmes a sonné ». Interview avec Yessa, une maman du Collectif de Défense des Jeunes du Mantois.


Raconte-nous cet appel pour le 8 décembre 14h à Barbès, comment vous l’avez organisé ?

On a longtemps hésité. On s’est dit : souvent quand il y a une grosse mobilisation autour des violences policières c’est quand il y a eu un mort. Nous ce qu’on dit c’est qu’on ne va pas attendre qu’il y ait un mort. On ne veut plus entrer en lutte uniquement quand il y a un drame. Il faut prévenir et se mobiliser contre toutes les injustices et contre toutes les violences, qu’elles soient systémique, qu’elles soient policières, les violences sociales aussi. Prenons ça tous ensemble à bras le corps. On n’attendra plus le prochain drame. Aujourd’hui les femmes dans le Collectif de Défense des Jeunes du Mantois, si elles ont la force de porter le combat c’est parce que leur enfant est toujours en vie et qu’elles savent les violences policières qu’ils subissent, elles avaient pour certaines déjà porté plainte contre des violences policières parce que leur gamin avait été tabassé dans le commissariat de Mantes la Jolie. Quand il y a un drame, quand les mères perdent la chair de leur chair souvent elles n’ont plus la force et c’est les frères ou les soeurs qui mènent le combat.

Ces mères elles ont encore la force parce que leur enfant est encore là. Elles ont encore l’instinct de protection et l’utilisent à ce moment là pour lutter. Qu’on nous fasse de la place !

Je le dis parce que c’est compliqué face à la machine étatique, le rapport de force il est dur. On le voit avec les gilets jaunes qui bataillent depuis plus d’un an. Avant ça il y a eu toutes les mobilisations, ça part de 1983, la marche pour l’égalité. Ensuite il y a eu toutes les marches à chaque fois qu’il y a eu un mort entre les mains de la police.
Les mouvements sociaux, les manifs loi travail, les luttes portées par l’antiracisme politique et le mouvement décolonial tout ça cumulé, on arrive à un moment ou là - je vais citer Césaire :

« l’heure de nous-mêmes a sonné » à tous. Le 5 c’est important d’être dans la rue. Parce que cette question des retraites nous touchent tous, habitants des quartiers, pas des quartiers, arabes, noirs, musulmans… Les retraites ce n’est que la partie visible de l’iceberg, mais ça va avec cette montée du tout sécuritaire.

Quelque chose doit se jouer au cœur de cet hiver. Il y a des rendez-vous à ne pas louper : celui du 5, mais aussi les mobilisations contre la précarité des étudiants, les mobilisations de sans papier, et lorsque nos migrants sont chassés aux frontières. Mais aussi lorsqu’une partie de la société civile fait corps avec le gouvernement pour asseoir une légitimité de classe contre les plus fragiles, il faut se mobiliser. Et là on ne pourra pas parler de lutte sociale en occultant l’antiracisme politique, parce que la précarité elle touche un bon nombre de français aujourd’hui, mais lorsqu’on cumule, qu’on est un jeune homme noir ou arabe et qu’on vit dans un quartier comme celui du Val Fourré, qu’on se mange les violences sociales et racistes… On parle même pas du racisme ordinaire, mais bien du racisme d’Etat qui permet ensuite à des chroniqueurs de tenir des propos violents à l’antenne. Comme se fut le cas de Zineb El Rhazoui qui a dit qu’il faudrait que la police tire à balle réelle sur les jeunes. Comment cela est permis ? Si on en arrive là, la responsabilité elle vient de là haut.
Notre ennemi à tous c’est l’Etat. On nous a reproché que notre appel était trop politique, et même que c’était bizarre que ça soit des mamans qui l’aient écrit. Donc le mépris il vient même d’ici, de certains milieux militants, sous prétexte qu’on est des mamans, on ne serait pas capable d’avoir un discours politique. Donc nous avons introduit volontairement notre appel par « nous sommes en guerre » et cette guerre que les différents prédécesseurs de Macron ont initiée, lui il la perpétue.

C'est une guerre intérieure, une guerre qui cache son nom derrière des lois liberticides, derrière des réformes assassinent…etc

On n’a pas vécu de guerre civile, mais on a vu des choses, on a lu et on voit ce qui se joue sur la scène internationale : au Chili, en Algérie, à Hong Kong. Tout ça est lié. Le fil rouge c’est l’impérialisme et le capitalisme. C'est ce rapport de domination du Nord sur le Sud. Cette volonté des puissants, des gouvernements et des institutions d’assoir leur pouvoir par la violence ne présage rien de bon pour nous tous. Donc nous ce qu’on dira le 8 décembre c’est que nous sommes en guerre contre tout cela. Mais nous disons surtout que nous voulons la paix ! Tout a été fait pour qu’on en soit là aujourd’hui. Cette conscience politique, nous la vivons au quotidien à différents moment : Premièrement, dans notre rapport aux institutions. Deuxièmement, quand nous retournons dans nos pays d’origine et que nous voyons les dégâts de l’impérialisme. Et troisièmement, au repas en famille quand il y a les grands pères qui nous parlent de ce qu’ils ont vécu pendant la guerre d’Algérie avec les pratiques policières. Aujourd’hui, qu’est ce qui a changé ? Il y a juste une transposition géographique. Mais les arabes et les noirs aujourd’hui sont traités de la même manière que leur aïeux. Rien a changé. Donc les différents champs qui composent la lutte aujourd’hui doivent prendre conscience qu’on ne peut pas lutter uniquement contre le capitalisme sans se soucier du racisme, c’est pareil pour les luttes contre l’impérialisme ou les luttes féministes. Prenons conscience de ça ensemble, on invite celles et ceux qui vont manifester le 5 à nous rejoindre le 8 décembre. L’année dernière quand il y avait les gilets jaunes et que les lycéens ont commencé à faire blocus ça a fait flipper l’Etat.

Les prochaines étapes c’est le 5, le 7 avec les gilets jaunes qui seront massivement présents dans les rues, et nous on a choisi le 8 pour permettre aux gilets jaunes de nous rejoindre.

Depuis un an, on s’est rapproché de différents collectifs en lutte. Ces convergences qui n’étaient pas d’actualité il y a un an, elles le sont plus que jamais aujourd’hui. Donc l’heure de nous-mêmes a sonné. A toutes et tous.


Est-ce que d’une certaine manière il ne faut pas « institutionnaliser » la défense populaire ?

Je dirais plutôt qu'il faut l'organiser, mais avec beaucoup de souplesse, car tout est muable et surtout les spécificités des uns et des autres sont multiples. Quand j’entends parlé de « méthode » de lutte à suivre dans le milieu militant ça me fait marrer. Dire cela c'est vouloir imposer une manière de faire et nous on est contre ça. On s'inspire des luttes passées certes mais on improvise surtout avec nos réalités.
Enfin on se dit qu’entrer dans la lutte politique c'est aussi faire de belles rencontres.

Au départ on pensait être isolées, et on s’est rendues compte que partout en France il y a des femmes qui sont entrées dans la lutte des mères de familles.

Il y a les femmes en luttes du 93, il y a le comité de vigilance des violences policières à Pantin, il y a les femmes de Villeneuve Saint Georges, les very bad mothers du coté de Nantes. Pour préparer le 8/12 nous avons pu compter sur la solidarité et le soutien actif du Collectif des mères solidaires co-fondé par Geneviève Bernanos. A l'internationale également des collectifs de mères et de femmes nous soutiennent, les Omas gegen Rechts qui nous rejoignent (les grands mères autrichiennes et allemandes opposées à l’extrême droite et la droitisation de la société), des mères italiennes qui vont venir de Turin, les Madres Contra la Represion, des femmes belges qui ont l’intention de venir. Il y a eu une manifestation de solidarité dès le départ lorsqu’on a lancé la marche au mois de septembre. Toutes ces alliances qu’on a faites depuis le 6 décembre dernier compte beaucoup.
Il y aura un après 8 décembre. Ça ne sera pas qu’un one shot. Là on a préparé des choses concrètes qu’on dira le 8 décembre parce qu’on a réfléchi à l’après.

Comment avez-vous réagi en apprenant ce qu’il s’était passé à Massy où des policiers ont tiré aux flashball sur des lycéens suite à un blocus ?

Quand on a vu la vidéo à Massy c’était fou. Ça s’est passé aussi à Toulouse et à Creil.

A partir du moment où on est capable de tirer à bout portant sur un gamin, il faut se dire que plus personne ne sera épargné.

C’est grave. Le 8 décembre ça sera ça aussi.
Quand on a un étudiant qui s'immole, épuisé par la précarité, quand un autre étudiant s’étouffe avec un sac plastique dans sa chambre de Crous et qu’il y a zéro réaction de la part du gouvernement. Ou quasi rien. Ils ne sont plus capable de regarder la population en face. Et ça c’est grave. Donc on va marcher le 8 décembre contre ça aussi. Mais aussi contre la répression qui s'abat contre les militants antifas, comme on a pu le voir dans le cas d'Antonin Bernanos, cet acharnement judiciaire dont il est victime est à dénoncer avec autant de ferveur que lorsqu’on lutte contre les violences étatiques plus visibles, la répression par l'enfermement est une violence. On pense aussi à Dan, cet étudiant italien, qui aujourd'hui est enfermé dans un CRA pour délit d'opinion, menacé d'expulsion. Aujourd'hui en France on en là. Que la France arrête de donner des leçons de droit de l'hommisme !

Raconte-nous ce 6 décembre à Mantes le Jolie et le contexte de mouvement lycéen dans lequel cette journée s’inscrivait.

Le blocus avait commencé dès le début de la semaine. Dès le départ ce qu’on a répondu à cette mobilisation lycéenne naissante ça a été une réponse répressive. Dès le départ les forces de l’ordre étaient présentes aux abords des établissements. C’est allé crescendo jusqu’au 6 décembre. Les lycéens ne comprenaient pas l’usage de la force ; les policiers ont très vite lancé des grenades lacrymogènes, ils ont très vite utilisé leurs LBD et évidemment la violence répond à la violence. C’est à dire que ces gamins là qui s’étaient préparés à faire blocus, à l’instar des différentes mobilisations lycéennes partout en France, ils se sont retrouvés face à la violence étatique.
Je fais partie de ces parents, de ces adultes, qui trouvent légitime que la colère, que le sentiment de révolte ne trouve parfois pas d’autres choix que de s’exprimer par la violence à un instant T. Et notamment dans le cas de Mantes la Jolie, la violence de nos gamins, lorsqu’ils répondent par des jets de pierres, ils répondent à une violence qui leur fait face. C’est une manière de dire nous existons. Ils nous l’ont expliqué de cette manière. « On en est venu à la violence parce que c’était tout à fait légitime, on était en droit de manifester, on a voulu nous priver de ce droit, donc on a répondu de la même manière. »

Est-ce que les lycéens avaient en tête le contexte gilets jaunes et sa violence répressive à ce moment là ?

 

C’était clairement dans la tête des lycéens. J’ai encore ce fameux screenshot qui était touchant d’une adolescente, c’était sur Insta, elle avait lancé le truc en disant : « venez on fait comme les gilets Jaunes ». insta qui pour faire les jaunes devant rostand ?

Ça se poursuit sur Snapchat dans les appels à blocus et ça c’est un truc sur lequel les médias mainstream sont complètement passés à coté. Ils ont repris la version de la préfecture qui a légitimé les interpellations du 6 par un climat de violences urbaines, de climat émeutier… Mais personne avant le 6 n’est allé trouver les lycéens pour leur demander pourquoi ils étaient dans la rue.

La presse classique n’a pas pris la peine de rencontrer les lycéens qui non seulement emboitaient le pas aux gilets jaunes, mais avaient aussi des revendications claires. En tant que jeunes des quartiers, noirs, arabes, ils avaient conscience que Parcoursup allait impacter leur avenir scolaire et professionnel.

Ils n’auront plus accès de manière démocratique aux études universitaires parce que quand on regarde les établissements qu’on a ici, sur un CV ça ne le fait déjà pas, mais pour entrer maintenant avec la sélection dans les universités, clairement ça devient encore plus dur. Ils ont conscience de ça.
En tant qu’adulte, ça me chiffonne de voir qu’on occulte trop souvent leur conscience politique, l’acuité qu’ils ont à comprendre les choses même s’ils ne le verbalisent pas de la même manière qu’un adulte. Et c’est tant mieux, parce que les discours très carrés des gens qui maitrisent tout, ça enlève de l’authenticité parfois à certains combats. D’ailleurs c’est pour ça que le mouvement des gilets jaunes est beau, parce qu’il est à l’image de la société. Le peuple à des choses à dire, ceux dont on n’entend pas les voix parce que ces discours là sont loin des codes de l'oralité dite « académique », c’est pareil pour les gamins de Mantes, ou les lycéens en général. On leur enlève de fait la possibilité de s’exprimer sur la scène politique, ou là dans la rue parce qu’on estime souvent que les revendications ne sont pas claires, voire même qu’il n’en existe pas.

Comment les jeunes ont vécu ça ? Comment ils en parlent ? Y a-t-il des traumatismes ?

La chose sur laquelle ils reviennent souvent, c’est le sentiment d’humiliation. Cette vidéo elle va rester; ils sont à un âge où ils se construisent, aussi à travers le regard de l’autre. Ce qui les a marqués c’est l’humiliation collective. Surtout les jeunes hommes noirs, arabes, turcs qui habitent le quartier du Val Fourré, à quelques centaines de mètres de ces 2 lycées, (Jean Rostand et St Exupéry), qui ont l’habitude d’être confrontés de manière individuelle à la police dans leur quotidien (du contrôle au faciès à la palpation), mais là ils étaient 151, donc cette volonté de les humilier, elle les a marqués d’autant plus qu’après, ils sont retournés en cours, et pour ceux qui vont poursuivre leurs études, dans les programmes scolaires, ils vont être confrontés à des images d’archives, par exemple celles de la guerre d’Algérie, ou par exemple du Chili sous Pinochet, la guerre du Viêtnam, d’Indochine.

Ils vont être confrontés à une iconographie qui va leur rappeler que, eux aussi, en France, en décembre 2018, à Mantes-La-Jolie, sous Macron, sous Castaner, ils ont été mis à genoux…

C’est fou, hein, mais c’est ce qu’ils nous disent, quand on les rencontre avec le collectif: « Madame, on a étudié un texte, qui était accompagné d’une photo, et ben on a été mis dans la même position… »

Quel est le bilan de cette journée en terme de blessés, d’arrestations et de signification ?

151 interpellations, des blessés. Il y a eu beaucoup de tirs de flashball. Des lycéens ont été touchés mais sans blessures graves, à la joue, à la cuisse, suite aux tirs de LBD. Les témoignages qui ont été recueillis à chaud, quand les lycéens sont sortis de garde à vue sont glaçants. Ceux qui avaient plus de 16 ans, ont fait automatiquement 48 heures.
Puis il y a la vidéo filmée par un policier qui circule, elle ne dure que quelques secondes, mais c’est déjà un condensé de violence, symbolique parce qu’il n’y a pas de geste violent à ce moment là, mais la posture, le maintien tête baissée, l’humiliation c’est une pratique violente.
Les plus « chanceux » sont embarqués au bout d’une quart d’heure, ils n’ont pas eu à subir cette position non seulement humiliante, mais aussi douloureuse: on est au mois de décembre, il fait froid, il pleut, ils sont agenouillés dans la boue, les cailloux, ils n’ont pas le droit de se mouvoir, de se regarder, de parler.
Les violences individuelles n’ont pas pu être toutes recensées, mais on a 151 gamins qui ont subi, pour paraphraser un peu Fanon, un langage de pure violence, physique et verbale, de la part des autorités. Parce qu’à ce moment là les forces de l’ordre obéissent à des ordres, qui viennent du ministère,

donc les responsables de l’affaire de Mantes-la-Jolie ce ne sont pas uniquement les policiers, ce serait trop facile! C’est tout un gouvernement qui, en décembre 2018, a permis ça. C’est tout un gouvernement qui, depuis l’automne dernier, massacre sa population.

C’est tout un gouvernement qui, aujourd’hui, tient sa population par le taser, les lacrymos, la matraque et le LBD. Il y a vraiment un langage de pure violence, un usage de plus en plus accru de ce qu'on appelle la violence légitime celle dont l'Etat a le monopole.

Ce qui s’est passé à Mantes-la-Jolie, c’est pas tellement une montée de la violence policière, ça résulte de décennies d’histoires de violences policières dans les quartiers d’immigration, c’est plutôt une extension.

A l’automne dernier, cette violence franchit le périph et touche une autre frange de la population, celle des gilets jaunes. Il y a évidemment des gilets jaunes qui viennent des quartiers populaires, il y a des gilets jaunes noirs, arabes, musulmans, qui eux connaissent déjà ou ont connu les violences policières.
Le 6 décembre dernier, la volonté de l’Etat était qu’il ne fallait surtout pas que vienne s’ajouter au mouvement des gilets jaunes, un mouvement lycéen. Et ça a fonctionné. On parle beaucoup de Mantes-la-Jolie, mais ailleurs aussi il y a des lycéens qui ont été violentés, voire blessés. Mais l’affaire de Mantes est vraiment venue couper l’herbe sous le pied à ce mouvement naissant, qui était celui de la jeunesse; en tous cas, nous, c’est comme ça qu’on l’analyse.

Ça en est où du côté de la justice ?

Il faut voir la réponse de Brigitte Julien, cheffe de l’IGPN. Elle est interpellée à l’assemblée nationale dans le cadre d’une enquête parlementaire en mai sur les violences policières. A propos de Mantes la Jolie elle dit que l’enquête de l’IGPN est bouclée et sa phrase c’est « il n’y a pas eu de comportement déviant de la part des policiers ce jour là à Mantes la Jolie. » Bien qu’on sache que l’IGPN n’est en aucun cas un corps indépendant de la machine policière et judiciaire, on reste stupéfaites. Il y a quand même une vidéo. Rien qu’en se focalisant sur le droit, ce policier qui filme 151 gamins entravés (même si lui dit qu’il a mis cette vidéo sur un groupe whatsapp et qu’ensuite c’est quelqu’un d’autre qui l’a mise sur les réseaux sociaux) ça ne va pas, il y a quand même des histoires de droit à l’image et là c’est des mineurs en plus.

Brigitte Julien qui a certainement quelques notions de droit doit savoir qu’on ne peut pas filmer et diffuser les images d'une personne dans le cadre d’une procédure ou d’une interpellation et qu’on ne peut pas filmer et diffuser les images de personnes entravées parce qu’il y a cette fameuse présomption d’innocence, et il s’agit d’autant plus de personnes mineures.

Elle ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de comportements déviants. Cette vidéo elle contient à elle seule toutes les déviances dont sont capables les forces de l’ordre qui œuvrent en toute impunité.
Ensuite, la procureur de Nanterre classe sans suite 4 plaintes durant l’Eté. Comment peut-on classer sans suite une affaire comme celle-ci après avoir auditionné 4 lycéens sachant que dans cette affaire il y a autant de victimes que de témoins, ils sont 151! Elle ne se base que sur 4 plaintes.
Alors, on avait été préparées, on savait que des violences plus graves ont déjà été commises, des violences policières qui ont entrainé la mort on les comptent par centaines depuis des décennie, des éborgnés et des mutilés, notamment dans le cadre des gilets jaunes. Alors nous, on se dit qu’on va pas lâcher l’affaire. Elle classe sans suite, mais nous on ne classe rien du tout.
Au mois de septembre, les familles se portent partie civile et l’UNL suit également. Il y a eu les premiers dépôts de consignation il y a quelques semaines. On poursuit de cette manière.

Note : L’UNL a porté plainte pour « violences sur mineurs de 15 ans et plus par personne dépositaire de l'autorité publique », « actes de torture et de barbarie sur mineurs par personne dépositaire de l'autorité publique et en réunion », « violations de libertés individuelles » et « diffusion illégale d'images de personnes identifiables mises en cause dans une procédure pénale ».

Comment ça s’est passé au niveau des soutiens ?

Au moment où la vidéo est diffusée, évidemment l’indignation est générale sur les réseaux, et même avec des grosses organisations comme Amnesty international ou la LDH, donc les images suscitent l’indignation. Point. Mais après c’est le propre des réseaux sociaux et de l’instantanéité de l’info. Tout vas trop vite parfois. Mais il y a l’après. Il y a une solidarité qui est là et qui était presque naturelle, d’abord de la part le milieu de l'antiracisme politique et la plupart des collectifs de lutte contre les violences policières, notamment Urgence Notre Police Assassine, les antifas aussi, et bien évidemment, les Gilets Jaunes. Jusqu’à présent il faut savoir que la page du collectif reçoit énormément de messages de soutien de la part des gilets jaunes. Nous, on a nos gilets jaunes locaux, les gilets jaunes de Buchelay, mais il y a des gilets jaunes de par la France qui nous envoient des messages de soutien. Souvent on reçoit des photos de cette posture qui avait été imposée aux gamins de Mantes la Jolie et par laquelle les forces de l'ordre ont essayer d’humilier, de porter atteinte à la dignité de nos enfants.

Dès le lendemain c’est une posture qui est devenue un acte militant. C’est devenu un symbole contre les violences policières.

hommages aux lycéens de mantes la jolie
Voilà pour les solidarités fortes qu’on a depuis le départ. Le collectif a essayé tant bien que mal de tenir l’opinion publique en alerte, mais c’est hyper compliqué parce qu’une actualité en chasse une autre. Mais jusqu’à présent on tente de le faire malgré tout. Même si certaines membres du collectif sont essoufflées. Ce ne sont pas des militantes. Forcément l’investissement s’est un peu amoindri au fil du temps, même si on reste un bon petit groupe actif localement. Parfois on est sollicitées ailleurs et on le fait parce qu’on se dit que pour tenir la distance sur le marathon juridique et judiciaire il faut aussi asseoir une place dans l’espace militant, dans les espaces de lutte contre les violences d'état.
Ce qu’on dit aujourd’hui et c’est une des raisons pour lesquelles on a décidé d’organiser une marche pour la date anniversaire, c’est que les mamans sont souvent fantasmées comme des sujets politiques passifs et dociles. Et il y a aussi un côté hyper infantilisant de la société en général. Les institutions, l’école. On nous a assignées à un rôle auquel il faudrait se cantonner. Sortir de ce rôle c’est être considérées comme des mères inconscientes « occupez-vous d’abord de l’éducation de vos enfants et nous on s’occupera du reste ». Mais l’éducation de nos enfants elle se fait à la maison et à l’extérieur. Quand on envoie nos enfants à l’école on ne laisse pas notre rôle qui est d’éduquer et d’accompagner à la porte de l’établissement. Ce qu’on demande surtout aux enseignants c’est de transmettre des apprentissages, mais on ne leur demande pas d’éduquer nos enfants. On ne veut plus répondre à ces injonctions sur l’éducation. Les mères dont les gamins ont subi des violences physiques et verbales, souvent on leur dit « mais enfin c’est un peu de votre faute ». Ça c’est d’une violence…!
Là on a touché à la chair de leur chair, il y a des gamins qui se sont pris des coups en garde à vue, qui ont été insultés de sales arabes, de sales noirs, il y a des jeunes filles qui ont reçu des insultes sexistes de la part de policiers hommes, envers des mineurs. Et on voudrait que ces mères restent dans leur cuisine ? Parce que c’est de cette manière qu’on voudrait nous assigner. On est des femmes d’origines maghrébines, africaines, musulmanes, ou ne nous imagine pas ailleurs que dans nos cuisines.

Cette interview a été réalisée avant le 1 décembre et il semblait important de rappeler des dates de mobilisation contre les violences policières. Certaines sont passées depuis et d'autres sont à venir, mais nous les énumérons toutes ici quand même :

- Le 1er décembre avait lieu un hommage à Zineb Redouane, morte par un tir tendu de lacrymogène d’un CRS à Marseille alors qu’elle fermait ses volets.
- Le 3 décembre a eu lieu à Paris une campagne de soutien à Assa Traoré dont le frère Adama est mort sous le poids de trois gendarmes en aout 2016. Assa Traoré comme le reste de sa famille subit depuis un acharnement judiciaire.
- Le 7 décembre à 14H à Rennes aura lieu la marche pour Babacar Gueye tué en 2015 par un agent de la BAC de 5 balles.
- Le 8 décembre à 14H à Barbès (Paris) aura lieu la marche des mamans pour la justice et la dignité.

Marche des mamans


Black Futur dans les commissariats

500 commissariats vont être équipés d'un système d'intrusion de smartphone d’ici 2024. Le système serait capable d’aspirer et de traiter toutes les données d’un téléphone portable en moins de dix minutes et ce malgré les cryptages. Il est en cours de déploiement et serait testé actuellement dans certains commissariats du nord de la France. Alors que la garde à vue est devenue tristement commune en 2019, des milliers de personnes se feront potentiellement voler leur données personnelles par la police. Effet d’annonce ou réel outil d’intrusion opérant ?

« Il a déjà été testé lors du G7, pour traiter les téléphones des personnes gardées à vue, avec des résultats jugés “très positifs” »

Dans un article de secours rouge*, on trouve le lien du site web de cette agence et des fournisseurs qui proposent les moyens technologiques de violation de nos libertés individuelles. Des marques comme Panasonic et HP y figurent.

Dans un pure langage commerciale, l’entreprise Cellebrite propose les solutions aux forces de l’ordre pour « réduire le nombre de dossier en souffrance » et « améliorer les flux de travail » des enquêteurs. Elle s’avance même sur le plan juridique avec des phrases d’accroche dignes des plus abominables films d’anticipation en déclarant par exemple : « Optimisez vos taux de condamnation avec précision et rapidité ».

Sans se soucier une seule seconde de l’atteinte aux libertés fondamentales ou du taux de surpopulation bien étrange qu’il y a dans les prisons, l’entreprise propose des moyens pour générer plus de coupables aux yeux de la justice. Une véritable machine à criminaliser si on en croit l’emballage marketing du produit.

Alors que le nombre de garde à vue est un pleine expansion en France, le nombre de classements sans suite est lui aussi énorme. Ainsi rien qu’à Paris avec les gilets jaunes, sur 3000 gardes à vue 1450 ont été classées sans suite. Rien que du point de vue de la loi, on parle donc d’un nombre énorme de personnes qui reconnues non coupables seront potentiellement espionnées et qui verront leurs données personnelles violées.

Au delà de ça, on peut aussi parler d’une véritable campagne de criminalisation de la population qui est marche. Face à l’effondrement de la politique néo-libérale et l’incapacité à produire des solutions égalitaires, la seule réponse semble être la bascule dans un régime policier, à qui tous les moyens de contrôle sont donnés pour accomplir une sorte de projet de guerre envers les citoyens.

On peut aussi noter que face à l’explosion des révoltes mondiales actuelles s’attaquant aux mesures inégalitaires et aux principes de la société bourgeoise, les régimes et leur police s’aperçoivent qu’ils représentent bien peu en terme de nombre face à leurs opposants. Que ce soit en France, au Chili ou à Hong Kong, la ténacité et la longévité des révoltes montrent l’impuissance des moyens actuels policiers pour endiguer les colères sociales.

Dans un système ou les moyens politiques sont arrivés en bout de course, il fait peu de mystère que les moyens policiers vont s’accroitre et prendre le relais. Il suffit de regarder les budgets des États pour constater que les militaires et les policiers seront bientôt les seuls fonctionnaires encore bien lotis pour assurer un service répressif face aux révoltes sociales.

Plus que jamais, les techniques de défenses numériques sont primordiales et doivent être démocratisées. Demain, avoir une conversation cryptée qui ne laisse aucune trace sur un téléphone ayant un système opératoire open source devra nous apparaitre aussi facile qu'envoyer une lettre à la poste si l'on tient à garder quelques libertés individuelles dans ce monde.

*Source : https://secoursrouge.org/france-500-commissariats-seront-equipes-dun-systeme-dintrusion-dans-les-telephones-mobiles/


Grève 5 décembre : Rappel de vos droits

A PARTIR du 5 Décembre 2019, un mouvement d'ampleur s'annonce.

Afin d'en faire une séquence historique, il est bon de rappeler les principes de base.
Voici les grandes lignes qui régissent le droit de grève en France.
On notera la distinction entre droit de grève dans le privé et dans le public.
Et on retient également que tout salarié dispose de ce droit, et peut en user sans que l'employeur puisse se retourner légalement contre lui.

DANS LE SECTEUR PRIVE

Le droit de grève est un droit constitutionnel, reconnu à tout-e salarié-e dans l’entreprise, qu’il/elle soit syndiqué-e ou non. Tout-e salarié-e d’une entreprise peut utiliser son droit de grève. Cependant, un-e salarié-e ne peut pas faire grève tout seul, sauf s’il accompagne une grève nationale, ce qui est le cas pour l'appel du 5 décembre.

Il n’est pas nécessaire que la majorité des salarié-es ou tou-tes les salarié-es de l’entreprise participent à la grève.

« Tout salarié peut s’associer à un mouvement de grève, même si aucune revendication particulière à l’entreprise n’a été formulée et même si le salarié est seul à suivre ce mot d’ordre dans l’entreprise. » (arrêt du 29 mai 1979 de la chambre sociale de la Cour de cassation)
Dans le secteur privé, les salarié-es qui veulent utiliser leur droit de grève n’ont pas à respecter de préavis.
Attention toutefois car les spécificités relatives à la grève dans les services publics, notamment l’obligation d’un préavis, s’appliquent au personnel d’une entreprise privée gérant un service public affecté à cette activité.

Il n’existe aucune durée minimum ni maximum de grève : elle peut être de courte durée (1 heure ou même moins) ou bien se poursuivre pendant une longue période (plusieurs jours ou semaines). Elle peut être répétée.

👉IL EST DONC POSSIBLE DE SE METTRE EN GREVE 1H PAR JOUR AUTANT QU'UNE JOURNEE ENTIERE!

DANS LA FONCTION PUBLIQUE

Les agents de la Fonction Publique sont soumis à un dépôt de préavis de 5 jours pour un appel à la grève.

En cas de doute, ne jamais hésiter à poser la question à un délégué du personnel dans son entreprise, ou téléphoner, écrire, au syndicat de son entreprise, ou département, ils auront la réponse aux questions particulières.

Et n'oublions pas, une grève se planifie, s'organise avec les personnes les plus proches de soi, dans l'entreprise.

On discute, on file des tracts pour informer etc...
On peut faire appel à solidarité localement ( caisses de grève, aide logistique, nourriture...) pour pouvoir tenir sur la durée.

Mais également, on prévoit de participer aux AG dès le 5 décembre, pour se tenir informé, et décider en commun de reconduire la grève!

LE 5 DECEMBRE JE FAIS GREVE ET LE 6 JE CONTINUE!


Italie : des sardines vers un tsunami social ?

Après la Catalogne et les événements que nous avons suivi avec intérêt, après la Grèce qui continue sporadiquement à maintenir un niveau d'alerte sociale, avant l'Irlande ou la Grande Bretagne, dont nous observerons les mouvements sociaux probables prochainement...

Il y a tout près de nous, l'Italie.
A Modene, à Palerme, à Bologne des milliers de personnes se rassemblent depuis quelques jours, et cela ne fait que commencer.

On a ainsi vu des milliers de personnes chanter Bella Ciao sous la pluie, et d'autres manifester au slogan de "tout le monde déteste la police" en français !

Ce mouvement populaire ( à l'instar de beaucoup d'autres pays... ) grossit à vue d'œil depuis quelques semaines à peine.

Le mouvement de la sardine, en allusion à la vivacité de ce poisson qui fuit entre les doigts, et qui se déplace en bancs serrés.

Initié par un groupe de 4 personnes, il prend des proportions étonnantes en Italie.

Son objectif, la paix sociale, la justice sociale, la lutte contre l'autoritarisme et le fascisme, bref un programme tout à fait prometteur !

L'Italie a traversé récemment, à nouveau, des moments difficiles avec le régime autoritaire imposé par l'extrême droite de Salvini, qui a été écarté du pouvoir en août dernier, mais qui prépare son retour, régionalement et en tant que secrétaire fédéral de la Ligue d'extrême droite.

Salvini, au delà d'une personnalité intrinsèquement virulente et autoritaire, a imposé des mesures anti sociales, basées sur le souverainisme.

Son programme électoral fut basé sur la volonté de sortir de l'euro en affirmant même que l'euro est "" un crime contre l'humanité" et en se présentant comme un candidat libéral, puis une fois élu, il changea de cap en basculant dans l'autoritarisme.

Une homme peu reluisant, dangereux et surtout peu honnête, dont aujourd'hui, les italiens ne veulent plus, lui, et tout le système qu'il incarne.

Le groupe Facebook, appelé l'archipel de la sardine quant à lui, grossit à vue d'œil et des actions prolifèrent un peu partout comme des petits poissons en déplacement dans les eaux vives.

Inspiration enthousiasmante...
Les italiens sont nos voisins... Alors plus que jamais "EL PUEBLO UNIDO" !!


5 décembre : La Police profite-t-elle du combat de ceux qu'elle mutile ?

POLICIERS : LES SEULS FONCTIONNAIRES QUI N’ONT RIEN A CRAINDRE

Deux syndicats policiers veulent se servir du 5 décembre, journée d’appel à la grève, pour exploiter la colère sociale de celles et ceux qu’ils mutilent depuis 1 an tous les samedis.

S’il y a bien un statut de fonctionnaire qui n’a rien à craindre et qui peut être sûr d’obtenir ce qu’il demande c’est bien la police. On se rappelle de 2016 et de la loi sécuritaire visant à l’extension du domaine de la légitime défense et de l’anonymat des policiers ou en avril de la loi dite « anti casseur » qui permet une sorte de justice prédictive basée sur l’intentionnalité. Ce ne sont que des exemples en matière de revendications exaucées avec les innombrables demandes de plus de moyens répressifs. A ce jeu, la police est très certainement championne de France. A quoi s’étaient ajoutés les 300€ de primes suite aux 3 premiers actes des gilets jaunes sans même qu’ils le demandent.

Bien que toutes ces lois en faveur de la police aient complètement fait basculer le pays dans un régime autoritaire à défaut de régler les problèmes sociaux de façon démocratique, on assiste chaque année à la même surenchère sécuritaire des syndicats de police. A la différence des autres, ils convainquent l’Etat car ils sont armés et sont utiles au gouvernement pour réprimer les revendications sociales des autres corps de métiers. Il faudra toujours des policiers pour aller taper les profs, les étudiants, les cheminots, les chômeurs, les hospitaliers ou tous ceux qui contestent la politique néo-libérale sérieusement.

Alors que sur le tract du syndicat Alliance et Unsa Police on peut lire qu’ils veulent “une réponse pénale réelle, efficace et dissuasive” il est bon de rappeler qu’en 1 an la police a obtenu toutes les cartes blanches qu’elle voulait à la barbe des libertés fondamentales et qu’on ne compte plus le nombre d’arrestations arbitraires, illégales, les passages à tabac et les mutilations passées sous silence et sans que les flics ne soient inquiétés judiciairement. Ils ne sont pas plus inquiétés également quand en décembre ils tuent Zineb Redouane d’une grenade lacrymogène dans la tête alors qu’elle fermait les volets à sa fenêtre un jour de manif. Pas plus tard que Samedi, Manu un manifestant qui ne faisait que discuter sur la Place d’Italie, s’est aussi pris un tir tendu (interdit) de lacrymogène et il en a perdu son oeil…!

S’ils ont les coudées franches niveaux violences, il faut aussi rappeler que la justice prononce des peines très lourdes en faveur des flics contrairement à ce qu’ils peuvent dire. Rien que pour exemple, aux dernières comparutions immédiates, des policiers qui avaient traîné par les cheveux une gilet jaune, portent plainte contre elle et gagnent 900€. Et un manifestant ayant donné un coup de pied dans une porte de lavomatique derrière laquelle se trouvaient deux policiers, écope d’un an ferme. Pour un coup de pied sur une porte…! Et on ne compte plus les interdictions de manifester ou de paraître dans un territoire pour des cas qui ne sont même pas encore jugés. Plusieurs articles sont déjà sortis pour dénoncer le business des outrages à agent pour arrondir les fins de mois ou pour dire que les violences sont souvent inventées dans le but de couvrir les propres violences des flics (dans article récent de la Croix, c'est un aveu même d'un policier).

Dans le camp des luttes d’intérêts, il est clair que la police fait cavalier seul et n’a pas la moindre sympathie à l’égard des luttes sociales. D’autant plus qu’elle sait qu’avec un peu de chantage, l’Etat qui ne tient que par elle, lui accordera toujours un traitement de faveur la plaçant au dessus des autres.

Pour ce qui est de la réforme des retraites qui sera combattue dans la rue le 5 décembre et qui menace déjà des centaines de milliers de personnes de perdre des centaines d’euros par mois, les flics peuvent être tranquilles. Castaner a déjà dit qu’il défendrait leur statut jusqu’au bout. C’est tout l’inverse chez les hospitaliers ou les cheminots dont les ministres de tutelle déclarent plutôt que les soldes sont ouverts ! Macron a également déclaré derrière ses apparences de fermeté que les flics conserveraient malgré tout un régime spécial et différent des autres.

Dans un avenir sans doute proche, la police et les renseignements seront les derniers fonctionnaires de ce pays et ils auront vu tous les autres services publics se faire démanteler avec l’aide de leurs matraques et de leurs enquêtes secrètes.

Le 5 décembre, tout le monde sera dans la rue pour combattre le système que eux protègent !


Nouveau blocage de Facebook : la censure En Marche ?

Notre page fb est à nouveau victime d'une censure (qui ne dit pas son nom). La troisième fois depuis fin août. Et surtout, la deuxième en deux semaines.

Nous avions été "invisibilisés" durant une semaine (jusqu'au 1er novembre). Et voilà que trois jours après un retour "à la normale", Facebook nous bloque à nouveau jusqu'au 11 novembre ! Concrètement, cela signifie que nos 130 000 abonnés ne voient plus aucune de nos publications, et qu'il est impossible de les partager. Autant dire que cela réduit à néant notre audience.

Ainsi, Fin août alors que nous couvrions le contre-sommet du G7, la même sanction nous était déjà tombée dessus (une première en 7 ans d'existence). Notre audience avait alors été divisée par 1000 pendant une semaine, passant de plusieurs centaine de milliers de vues par jour à quelques centaines. Après une petite enquête nous nous étions aperçu que nous n’étions pas les seuls et qu’une vingtaine de pages subissait le même sort (Lille Insurgée, Nantes Révoltée, Gilets Jaunes Toulouse ou Bretagne Noire…), toutes suivaient notamment le mouvement des gilets jaunes.

A cette "sanction" qui enlève nos publications des murs de nos abonnés, se rajoute une nouvelle sanction, qui court depuis plus de dix jours et se prolonge chaque jour d'une journée supplémentaire (au point que cela ressemble à une mesure permanente) : Facebook nous empêche de poster des publications avec des liens externes (un article d'un site Web, un lien vidéo YouTube, ou autre). D'autres pages ont subi ce même genre de restriction, à l'image du syndicat SUD Rail.

Malgré de nombreux appels de ces sanctions, nous n'avons reçu aucun retour ni explication. Plusieurs journalistes ont enquêté sur la situation, notamment suite à la sortie d'un article sur médiapart, mais aucun n'a réussi à avoir de réponse de Facebook, en dehors de réponses standards sur le "non respect des règles d'usages".

L'absence totale de transparence de Facebook à ce sujet laisse de sérieux doutes sur les raisons réelles de ces sanctions, d'autant que de nombreuses pages appelant à la haine (voir pire) ne connaissent aucune sanction. A cela s'ajoute les nombreux posts de militant En Marche qui se vantent de lancer des "campagnes de signalement" de pages jugées "hostiles" au gouvernement. A l'image de ce groupe facebook qui lance régulièrement des signalements sur la page CND, grâce à de nombreux profils (dont certains clairement créé pour l'occasion) :

Cerveaux Non Disponibles est un média engagé. Au vu des personnes au pouvoir en France, nous assumons même d'être un média "d'opposition". Mais, jusqu'à présent, cela n'est pas interdit en France. Et c'est même un élément important d'une démocratie. Si nous relayons des articles et tribunes parfois ouvertement révolutionnaire, il ne s'agit jamais de texte appelant à la haine ou contraire à la législation.

Si sur les deux premières sanction d'invisibilisation, ainsi que sur l'impossibilité de poster des liens, nous n'avons jamais su quel post avait été pris comme "raison officielle", nous avons eu un signalement précis pour la plus récente invisibilisation : c'est le relais d'une lettre anonyme sur notre page : Je suis Cléone. Je fus esclave à Saint Domingue. Une œuvre de fiction très forte, qui a également été reprise par Lundi Matin, Grozeille et d'autres médias français, et qui a aussi été diffusée sur des murs au Chili et à Hong Kong. Mais apparemment pour ce qu'on peut appeler "le réseau de la censure", la lettre "va à l'encontre des standards de la communauté en matière de discours haineux". Que le ton et le contenu de cette œuvre littéraire éminemment révolutionnaire ne plaise pas à tout le monde, notamment aux militants de la République en Marche et aux partisans d'un statut-quo politique et économique, cela ne nous étonne pas. Mais que Facebook accède à leur demande (voir l'anticipe) en supprimant notre publication puis en nous sanctionnant pour ce post, cela dépasse la raison.

Il est donc très inquiétant de voir que des structures politiques, médiatiques et syndicales puissent se retrouver totalement invisibilisées sur le plus gros réseau social de la planète, et ce, sans aucune explication. Que ce soit un acte volontaire de Facebook (en lien avec le gouvernement), ou le résultat de campagnes de trolls pro Macron, cela pose d'énormes questions.  Bien sûr, Facebook "fait ce qu'il veut" sur sa plateforme. Chaque utilisateur a signé les conditions d'utilisations qui permettent au réseau de décider comment faire apparaitre (ou non) les publications. Mais cela pose problème si ces choix se font de façon totalement opaque, sans réponse, et de façon très ciblée sur certaines pages (clairement opposée au pouvoir en place). Même si Facebook est un organe privé, vu son poids aujourd'hui dans nos sociétés, nous ne pouvons accepter que ce groupe décide de censurer des pages, avec les conséquences (politiques et sociales) que cela peut avoir. C'est une sérieuse menace pour la liberté d'expression et d'opposition.

Car ce qui arrive aujourd'hui à CND (et d'autres pages) pourra arriver dans quelques mois à Médiapart, à Libération, à la CGT, à ATTAC, à XR, à Greenpeace ou à n'importe quelle autre structure. Ne pas interroger aujourd'hui Facebook sur ces agissements, c'est laisser la porte grande ouverte à des dérives de plus en plus fréquentes et importantes.

Plus que jamais (surtout à l'approche de l'anniversaire des GJ), nous vous invitons à nous suivre sur nos autres réseaux :
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