Le procès du CRS Dominique Caffin : la fabrique de l'impunité

Le CRS Dominique Caffin était jeudi 18 novembre en procès pour avoir matraqué Mélanie à la nuque pendant une manif Gilets Jaunes (acte 23, avril 2019). Provoquant évanouissement et longues séquelles. Son acte barbare est un archétype des violences policières dont la bourgeoisie a besoin et que la justice ne condamne jamais.


En 2019, il est même décoré par Castaner. Sa réputation d’ultra violent ne fait pourtant pas de doute. Et il trimballe quelques casseroles : en 2003, plusieurs faits graves sont identifiés dans l'unité qu'il dirige : agressions sexuelles, violences contre des migrants, chants nazis. (Libération). Mais trois fois rien dans la police…

Dominique Caffin est aussi le CRS qui mène la charge lors du tabassage général du 1er décembre au Burger King (Libération), où les images de quasi tortures infligés par les flics aux Gilets jaunes à terre ont fait le tour des médias.

Hier à son procès, Caffin qui était venu avec sa tenue d'apparat « explique calmement qu'il est choqué d'être visé par une plainte et que le terme violences policières le crispe" (Action Antifasciste Paris banlieue/Twitter/lien du thread)

Bien que dans le dossier IGPN de Mélanie figure expressément qu’elle venait d’un cortège calme, le qualificatif « de situation insurrectionnelle » employé par Caffin fait figure de chèque en blanc pour justifier son arbitraire si lourd de conséquence. Le qualificatif "insurrectionnel" est une boite de pandore dans la bouche de la police et offre un angle mort monumental pour faire du sale tout en sachant que la justice n'aura rien à y redire. C'est une manière aussi de décider à postériori si la police était débordée ou non, pour justifier après coup de l'emploi complétement disproportionné de la force.

« - Je ne sais pas si elle est personnellement violente. Mais elle est dans le groupe. Je ne l'ai pas vu jeter de projectile. Mais elle était là pour entraver notre manœuvre. Et elle a un sac à dos. 
- Et ? Demande à son tour, l’avocat de Caffin.
- Les projectiles ne sortent pas de nulle part. L'individu présentait un danger potentiel.» (live tweet de David Dufresne)

Des termes et accusations totalement subjectives faits par dessus la jambe qui ne seront pas examinés pour en démontrer le caractère d’auto persuasion mensongère, tellement propre au métier de policier.

« L’audience a duré cinq heures. Un cas d'école de la fabrication de l'impunité et du déni, sous l'œil complaisant du Parquet, et d'au moins un des trois juges (sachant qu'un dormait à moitié, ça nous en laisse un, une en l'espèce, à peu près bien). » (David Dufresne)

Ce procès était donc un simulacre de justice. Mais qu’attendre de plus ? Au moins on pourra se dire que ce Caffin aura du trainer sa carcasse pour s’expliquer devant des juges grâce à la persévérance de Mélanie. Au lieu de rester tranquillement chez lui ou même d’aller tabasser des gens comme c’est l’usage qu’il fait de son métier, il a du venir s'expliquer, son costume d'apparat de policier ne trompant que le regard d'une justice partiale et bourgeoise reconnaissant dans la barbarie de Caffin l'expression de la violence qui est nécessaire pour maintenir un ordre inégalitaire.

Le verdict sera donné le 7 décembre.

PS : Pour un portrait plus complet de cet officier des forces de répressions françaises :
https://desarmons.net/2019/10/02/le-zele-agressif-de-dominique-c-alias-go-crs/


Guerre hybride Pologne/Biélorussie : Exilés pris en tenaille, L'innommable déni européen 

Actuellement, entre 3000 et 4000 réfugiés politiques originaires principalement d’Irak et d’Afghanistan  se retrouvent bloqués à la frontière entre la Pologne et Biélorussie et survivent dans des conditions épouvantables. 

Pour le régime polonais et l'Union Européenne, il s'agirait d'une tentative de déstabilisation par la Biélorussie.
Les régimes lituaniens et polonais (globalement hostiles à la Russie et tout aussi anti-immigration) évoquent logiquement une manoeuvre qui viendrait de la Russie, alliée de Minsk.

De son côté, le président Biélorusse, Loukachenko dément et renvoie ces responsabilités à l'Union Européenne, il appelle "à mettre en garde à l'avance la partie polonaise contre l'utilisation de toute provocation", contre elle "pour justifier d'éventuelles actions belliqueuses illégales" contre les migrants (source France info).
Les sanctions économiques, évoquées comme principal facteur de cette "guerre hybride" interviennent suite à la répression violente d'un mouvement social important à la suite de la réélection contestée de l'actuel président. Comme en Ukraine en 2014, ce mouvement a été soutenu par l'OTAN, des manifestants ont évoqué une récupération émanant d'acteurs libéraux et parfois nationalistes.

Toujours est-il que le long de cette zone frontalière de 418 kilomètres, on évoque une situation absolument désastreuse. D'après le site infomigrants, des exilés évitent des tirs croisés émanant des deux côtés de la frontière, celles et ceux qui souhaitent revenir en arrière et rentrer dans leurs pays d'origine seraient piégés et ne peuvent retourner sur le sol biélorusse ou franchir la frontière polonaise.
Entre 400 et 800 personnes tentent de franchir la frontière chaque jour avec les moyens du bord. Des milliers de personnes sont actuellement condamnés à dormir dans la forêt par le froid, le plus souvent privés d'eau et de nourriture.
La Pologne aurait envoyé des dizaines de milliers de SMS depuis sa frontière, afin de dissuader les exilés et les encourager à rebrousser chemin. La Biélorussie, elle, est même accusée d'accorder des visas provisoires, de laisser son aéroport et son sol comme  zone de transit pour y conduire les exilés vers les pays Baltes, la Pologne et plus rarement l'Ukraine.

Les deux camps se renvoient la balle, dur de savoir qui dit la vérité, sachant que les deux pays mènent une politique migratoire dure : la Pologne, gouvernée par l'extrême-droite vient d'ailleurs de débloquer plus de 350 millions d'euros en urgence dans le but de construire un mur équipé de détecteurs de mouvements. Les deux pays ont légiféré sur le refoulement à leurs frontières.
Ursula von der Leyen, présidente de la commission européenne, a annoncé il y a une semaine que l'Europe ferait tout pour que les exilés soient renvoyés dans leurs pays d'origines dans les "meilleures conditions" et prévoit de nouvelles sanctions contre Minsk. Bagdad promet de rapatrier les citoyens qui le veulent et la Turquie demande à la compagnie aérienne Belavia de ne plus prendre d'irakiens, yémenites et syriens.
Ces exilés se retrouvent donc coincés dans l'agenda géopolitique des règlements de compte entre Minsk et Bruxelles.

Cette situation n'est pas sans rappeler celle de la frontière grecquo-turque en février 2020, où le régime d'Ankara avait effectué des manoeuvres similaires menaçant d'ouvrir ses frontières à l'Europe (la Turquie accueille près de trois millions de réfugiés).

L'Union Européenne est particulièrement mal placée pour donner des leçons d'humanité, en particulier sur ce sujet. Elle laisse des familles entières mourir dans la mer Méditerranée, c'est sur son sol qu'on érige des barbelés. C'est elle qui finance Frontex, une agence de garde côtes et gardes frontaliers dont le budget dépasse aujourd'hui les 322 millions d'euros ayant pour but de persécuter et d'interpeller des exilés qui seront par la suite enfermés dans des camps. Pour balayer devant notre porte, c'est en France que l'on a évoqué la possibilité d'un délit de solidarité et que les conditions du droit d'asile sont désormais très restreintes et qu'on harcèle des migrants en proie aux violences systémiques de la police.
De plus, l'UE porte une responsabilité de poids quant à ces crises sur le plan économique, dans le rapport de domination et des déséquilibres entre des pays du Nord du Sud global, mais aussi et surtout à travers ses interventions participant à des guerres impérialistes (Moyen Orient, Afghanistan, Sahel etc.).

On pourrait dire que démographiquement, quelques dizaines de milliers de personnes ne représentent absolument rien, que les pseudos effets d'appel d'air n'existent pas ou pire encore, les arguments type "l'immigration rapporte plus que la lutte contre la clandestinité"... Même si tout ceci est vrai, ces arguments contribuent à la déshumanisation et sont de considération purement libérale pour l'être humain, amené à n'être qu'un objet de plus dans une logique de rentabilité.

S'il est évident que dans l'idéal, personne ne devrait fuir son pays et le quitter à moins de le souhaiter par lui même, cette situation intenable n'est malheureusement pas prête de s'arrêter. Bien sûr que le problème doit être combattu à sa racine. En attendant, il faut agir, aussi saluons toutes les belles âmes, à Calais, à Briançon, de la frontière américano-mexicaine à Lesbos et partout dans le monde qui essayent tant bien que mal de trouver encore un minimum de dignité.


En France, 1,1 milion de logements vides

Un million de logements vides... On squatte qui ?

EN FRANCE, 1,1 MILLION DE LOGEMENTS SONT VIDES DEPUIS AU MOINS DEUX ANS

Il y a quelques jours, les chiffres des logements privés vides des communes françaises ont été mis en ligne en accès libre par le gouvernement.

On y apprend qu'au 1er Janvier 2019 à Toulouse, 29195 habitations n'étaient pas occupées, soit 11.4% du parc privé, dont 3951 d'entre elles depuis plus de deux ans.
24 183 à Lyon (9.4%), 13290 à Nantes (8.9%), 108532 à Paris (9.89%), 46382 à Marseille (12.11%), 13814 à Strasbourg (11.6%), 21571 à Nice (9.9%), 18 440 à Montpellier (12.8%), 17348 à Lilles (15.3%)...

Mais qui peut se permettre de garder ces 1.1 millions de logements vides ?
Dont 300 000 dans les zones tendues, ces zones où l'offre ne peut pas répondre à la demande et où l'on connaît les pires galères de logement.

Des petits propriétaires qui proposent un bien à la vente sans trouver d'acheteur ?
Des héritiers en attente du règlement d'une succession ?
De gros propriétaires suffisamment friqués pour oublier qu'ils pourraient louer ?
Ou de gros bailleurs qui jouent la spéculation immobilière ?

Belle hypocrisie en tout cas du gouvernement, qui pointe du doigt le privé en ne communiquant que les données de leurs parcs.
Pas très joli de la part du premier acteur et réalisateur de la crise du logement...
Car même si l'Etat se fait discret sur le sujet, on se souvient qu'en 2015 les journalistes Denis Boulard et Fabien Piliu avaient dévoilé que l'Etat détenait 11.1 millions de mètres carrés de logements et bureaux vacants.

Bailleurs sociaux, église, état... tous jouent ce petit jeu de la propriété privée inoccupée.
Un jeu sordide et inhumain quand on sait que 4 millions de personnes sont mal logées ou non logées en France.

Selon les chiffres de la Fondation Abbé Pierre
300 mille personnes vivent dans la rue, un chiffre qui a triplé en 20 ans...
En 2020, 587 SDF sont officiellement morts dans la rue ou dans des abris de fortune selon le Collectif les Morts de la rue. Qui admet que ce nombre est loin d'être exhaustif.
Un jeu criminel donc.

Alors, on squatte qui ?


GRAMSCI : CRISES & MONSTRES 

« La crise consiste justement dans le fait que l'ancien [monde] meurt et que le nouveau ne peut pas naître. Pendant cet inter-règne, on observe les phénomènes morbides les plus variés. » Antonio Gramsci

Antonio Gramsci est un philosophe italien marxiste qui a notamment développé la thèse de l'hégémonie culturelle et co-fondé le parti communiste italien. Le philosophe italien a toujours lutté contre les figures et les pouvoirs fascistes. Ceux qui l'ont fait croupir en prison pendant près de 20 ans afin « d'empêcher son cerveau de fonctionner ».

Mais c'est justement en prison que Gramsci a développé la plupart de ses hypothèses. Il a touché du doigt les conditions nécessaires à l'avènement des révolutions en Europe de l'ouest avec le développement des thèses sur l'hégémonie culturelle.
La lutte des classes, dit Gramsci, doit désormais inclure une dimension culturelle ; elle doit se poser la question du consentement des classes subalternes à la révolution. La force et le consentement sont les deux fondements de la conduite des Etats modernes, les deux piliers d’une hégémonie. Quand le consentement vient à manquer, les conditions sont réunies pour le renversement du pouvoir en place.

Gramsci a également fait le constat vérifiable au présent. Du fait de nos temps de crises, économique dans un premier temps (2007), terroriste dans un second (2014), sanitaire et écologiques d'aujourd'hui et de demain.
Que lors de ces périodes, le pouvoir en perdition tente de se maintenir à flot et use pour ça de toutes les stratégies. Il ne lâche rien et empêche ainsi le nouveau monde d'apparaître. Il n'arrive plus à obtenir le consentement de sa population et fait face à des tentatives de débordement, de renversement et entre dans un processus de fascisation.

Ainsi surgissent les monstres.

Alors même que Zemmour tente de récupérer les idées de Gramsci en le citant sans honte là où il le peut, nous devons l'appréhender en tant que symptôme de l'époque, ou pour reprendre l’expression de Gramsci, comme « phénomène morbide ». Il n’est que la face publique du processus de fascisation actuel que seul un antifascisme populaire, solidaire, radical pourra contrer en créant les conditions propices à l'avènement du nouveau monde.


Révolte Indigène Paraguay

Révolte Indigène au Paraguay

Il y a environ trois semaines, des organisations indigènes ont convergé vers Asunción, capitale du Paraguay pour protester contre une loi visant à criminaliser la reprise de leurs terres, notamment face aux grands propriétaires.
Complice du régime en place, il est important de rappeler le rôle désastreux de l'industrie agro-alimentaire, situé en pleine "route du Soja", le Paraguay paie un lourd tribut des effets dévastateurs de la déforestation, de la pollution des sols, et aussi de l’air dans les villes, nous pouvons aussi citer le braconnage et le trafic d’animaux sauvages qui sont monnaie courante . Quatrième exportateur de soja au monde (à 98% OGM), sixième exportateur de viande, un sol riche en matières premières, surexploité et une déforestation qui se chiffre à plusieurs millions d'hectares perdus, le Paraguay est un exemple quasi caricatural des conséquences du capitalisme, des dérives de l’agrobusiness et de l’impérialisme américain.

Le président paraguayen actuel, Mario Abdo, membre du parti Colorado de droite ultra  conservatrice,  a entrepris d'adopter une loi face aux opposants indigènes bien décidés à reprendre leurs terres confisquées consécutivement par tous les différents dirigeants issus de ce parti. La démarche des indigènes étant par ailleurs de proposer autre chose que la vision de l’agriculture intensive, à l'instar d’autres pays d’Amérique du Sud global (mouvement des sans terres). Les régimes consécutifs ont chassés les paysans de leurs terres au détriment de l'agrobuisness et ses ravages, Oxfam chiffre à environ 900 000 (certains parlent même d’un million) le nombre de paysans expulsés de leur terre sur ces dix dernières années. Ceux ci finissant le plus souvent par vivre en périphérie de la capitale dans des bidonvilles ou des logements délabrés. C’est à dire un septième du pays qui compte un peu plus de 6 millions d’habitants. C’est dans cette dynamique d’opposition au régime coloradiste, qu’ont émergé des appels à bloquer les routes et à la grève.

Pour essayer de comprendre un peu mieux de quoi ces révoltes peuvent être le nom, et dans quel contexte elles interviennent, il est important de souligner le rôle du parti Colorado dans la construction moderne de ce pays. Situé à l'extrême droite, celui-ci gouverne le pays d'une main de fer depuis 1947 à l'exception de la période entre 2008 et 2013, le parti étant en proie de manière récurrente à des luttes internes et des règlements de comptes crapuleux entre hommes d'affaires peu scrupuleux.

Durant son règne, le dictateur Alfredo Stroessner, au pouvoir de 1954 à 1989, a mené une politique d’expropriation des terres : on estime que deux tiers des terres ont été confisquées durant la dictature, aboutissant parallèlement à l’exil forcé de certaines minorités indigènes, notamment les Aché, sédentarisés de force. Comme trop souvent en Amérique, on parle de meurtres, enlèvements d'enfants indigènes et une perspective d'avenir morne en travaillant dans des conditions proches de l'esclavage.
Presque deux millions de personnes auraient choisi l'exil sous le règne de Stroessner, soit presque un tiers du pays.
Si la législation actuelle promet des élections censées être libres depuis 1993, le parti au pouvoir bénéficie d'un appareil politique structurellement très fort, véritable forteresse soutenue par les occidentaux, USA en tête, par des puissances régionales dont les régimes sont proches, notamment le Brésil et le Chili comme durant les années de dictature et du secteur de l'industrie agroalimentaire dont dépend une partie de l'économie.

Le Paraguay est probablement l’un des pays les plus à droite d'Amérique du sud ayant étouffé dans l'oeuf  toute tentative même idéologique tendant vers le progressisme. Cela s’est fait comme partout en Amérique du sud global, par la torture, les enlèvements et les assassinats politques.
Il aura fallu attendre 1994 pour retrouver des mouvements sociaux importants accompagnés de grèves.

Démographiquement, les peuples indigènes (Guaranis, Aché, Ayoero et autres…) représentent 5% de la population, 93% de la population est considérée comme "métisse", ayant des origines indigènes et de conquistadors, pour un pays d'environ 6 millions d'habitants, auquel il faut additionner une diaspora importante notamment en Argentine, parfois appelée de manière péjorative « Paraguas ». Environ 90% de la population parle couramment le Guarani (langue indigène), elle est enseignée au même titre que l'espagnol, la population est très largement bilingue et fière de ses racines autochtones.

Les appels à la grève et aux blocages semblent avoir échoué pour le moment et il y a peu de chances que le pays bascule du jour au lendemain. Cependant, l’actuelle dynamique portée par des révoltes à l'échelle de tout le continent, mais aussi des résultats électoraux d’envergure pour la gauche,  du Mexique au Chili en passant par la Colombie, la Bolivie, l'Equateur ou le Pérou, et l'amplification des mouvements de réhabilitation et de prise de conscience de l'histoire des peuples premiers, auront peut être une influence sur la suite des événements, d'autant plus dans un pays qui a toujours revendiqué une part de l'indigénisme. Enfin, on peut aussi rappeler que des mouvements sociaux assez inhabituels avaient déjà secoué le pays en 2020.


BERLIN : LE REFERENDUM D’INITIATIVE POPULAIRE DIT OUI A L’EXPROPRIATION DES GRANDS PROMOTEURS IMMOBILIERS

56,4% de berlinois, soit plus d’1 million, ont voté en faveur de la saisie d’environ 240 000 logements à des sociétés immobilières privées en vue de leur transfert en propriété publique.

Dans la capitale allemande, jadis réputée « pauvre mais sexy », les prix des loyers ont quasiment doublé en dix ans. On est passé de prix décents largement en deçà des moyennes des capitales européennes à des prix inabordables. La cause : les rachats massifs d’immeubles coutant une bouchée de pain pour les fonds d’investissements et autres sociétés privées qui ont petit à petit fait monter les prix.

Si les conservateurs et libéraux parlent d’un retour au socialisme, l’affaire est loin d’être conclue. Et c’est là une des limites du référendum d’initiative populaire. Rien n’est en place pour assurer son exécution concrète. Surtout quand son résultat n’est pas en faveur des marchés financiers. Il n’existe même pas une contrainte juridique apprend t’on dans le journal de propagande capitaliste « les Echos ».

Les partis au pouvoir ne sont pas favorables à une telle mesure et arguent déjà du cout que cela représenterait. Entre 29 et 39 milliards d'euros. Quid de la ville ou de l’Etat fédéral pour faire le chèque aux pauvres investisseurs privés concernés par ce référendum (à savoir les sociétés détenant plus de 3.000 appartements) ?

L’ironie du sort, c’est qu’en même temps, les allemands votaient pour les législatives. Pour le SPD (les sociaux-démocrates) qui arrive en tête des scrutins, c’est un vote qui fait tâche. Rien dans leur programme n’est prévu pour dire « cassez vous et rendez les apparts » aux investisseurs immobiliers. Ils sont même carrément défavorables à l’expropriation des compagnies immobilières.

La campagne menée depuis des mois par le mouvement pour faire émerger le problème du logement et de la spéculation est une réussite et a été très mobilisatrice (72% de participation). Malheureusement, ça risque de ne pas être suffisant. Il y a de grandes chances que le pouvoir s’assoit sur ce référendum comme il s’assoit sur tout ce qui dérange sa feuille de route néo-libérale. Au mieux, cela conduira peut-être à une mesurette sur la limitation des prix des loyers. Et encore… C’est tout ce qu’il y a à espérer dans un système cadenassé par l’économie de marché. On ne braque pas la banque du néo-libéralisme avec des fleurs, ni même avec le vote…

"NE VOTEZ PAS ! ATTAQUEZ LA VILLE DES RICHES !" Sur cette photo prise le 11 septembre 2021, des manifestants participent à une manifestation contre la flambée du coût de la vie des locataires, à Berlin. (Photo de PAUL ZINKEN / AFP)

L'hommage à Steve effacée

La fresque hommage à Steve effacée : une amnésie politique

La fresque hommage à Steve vient d'être recouverte de peinture noire.

Depuis 2 ans elle permettait aux passants de ne pas oublier la violence de la répression policière durant cette nuit de fête de la musique, le 21 juin 2019 à Nantes.
On ne s'éternisera pas sur les raisons de la disparition de la fresque, Nantes Révoltée les explique très bien dans son article.
Mais on déplore cette disparition, totalement assumée par le collectif Ju'Steve qui l'explique comme un choix stratégique « en accord avec la famille » afin « qu'elle ne soit plus ni dégradée ni politisée ».

Explication du collectif Ju'Steve

On peut le comprendre. Voir des tags fascistes à coté d’une représentation de Steve est choquant. Mais les tags fascistes ne font pas le poids face au symbole de résistance.

La mort de Steve est politique. Qu'on le veuille ou non. Avec ou sans fresque pour le rappeler, elle est une preuve de plus que l’ordre policier veut primer sur la vie humaine. Qu’il serait normal qu’une décision policière arbitraire tue un jeune homme qui faisait la fête dans un endroit qui ne gêne personne. Elle est le résultat d'une politique répressive où l'usage de la force n'a pas de limites quand il s’agit de soumettre le peuple et de débrancher ce qui nous rend vivant.

Ils veulent nous faire marcher au pas, nous on continuera à danser. Nous ne voulons pas céder au mouvement de recule qui accepterait ce climat de peur.
Cette normalisation assassine du comportement des corps ne doit pas passer.

La fresque politique pour Steve qui a été recouverte tenait la dragée haute à tous ceux qui ont une responsabilité dans sa mort. Elle était une force pour tenir à distance le climat fasciste de notre époque qui pourrait reproduire un tel drame.

Elle faisait que nous ne baissions pas la tête et fédérait toutes celles et ceux qui face aux crimes fascisants de la police ont besoin de se serrer les coudes. Toutes celles et ceux qui savent que c'est en parlant haut et fort et ensemble qu'on repousse les violences systémiques de l'Etat. Qu'on esquisse les contours de notre liberté. C’est de ça qu’on a besoin. D'un rapport de force. C’est cela qui nous protège et nous fait avancer.

PS : Un peu plus loin, un portrait de Steve a été peint sur fond bleu. Seul son prénom y figure.
« Il ne faut pas être grand sage pour se douter que la mairie est plus à l’aise avec le nouvel hommage qu’avec l’ancien » explique la journaliste Marion Lopez.


Copenhague va bannir de sa vie nocturne les personnes avec un casier judiciaire

A Copenhague, le Pass-Sanitaire engendre un monstre

La police de Copenhague va bannir les personnes ayant un casier judiciaire des lieux de vie nocturne.

Comment ne pas voir un coté Minority Report dans la décision prise par le parlement en Juillet… Une peine appliquée avant même la constitution d’un délit ou d’un crime.

Et en pratique alors… Comment les flics ou gérants de bar distingueront une personne avec casier ou sans casier judiciaire ? Est-ce là l’instauration d'un contrôle permanent, d’un pass pour tout le monde, tout le temps ? Les gentils citoyens de Copenhague devront ils badger à chaque fois qu’ils iront boire un coup ? Ou chacun sera t’il invité à balancer à la police dès qu’il aura un doute sur une personne ?

Un indice déjà de la bouche d’Anne Tønnes directrice de la police de Copenhague : « La loi permet l'échange d'informations sur les personnes interdites de vie nocturne avec les propriétaires de bars. » (source : The Local)

Bref, après l'annonce de l'abandon du pass-sanitaire au Danemark, la société de contrôle se poursuit. Si aujourd'hui certains ne voient pas encore que la question du pass-sanitaire est dépassée de loin par une matrice de société de contrôle qui existait bien avant ce pass... le futur qu'ils espéraient sucré sera en fait bien amer. 

Quatre zones centrales de la ville proches des bars et des restos seront considérées comme des « zones de vie nocturne ». Les personnes ayant déjà été condamnées pour des types de délits comme certains « crimes contre la personne » ou « infractions liées aux armes » seront bannies de ces zones.

Bien sûr l’image de l’agresseur fait peur. Mais doit-on pour autant laisser se constituer des sociétés policières en roue libre, qui, devenant de plus en plus malades, opèrent une fuite en avant vertigineuse vers des solutions dystopiques dont l’idéologie est une généralisation des conditions carcérales à l’ensemble de la société. Comment juridiquement quelqu’un qui a purgé sa peine, peut il encore être considéré coupable ? C'est là un renversement de la justice au bénéfice du tout policier.

Au delà de ça, cette décision est un aveu d’échec total du système carcéral et du système judiciaire. Après une peine, voici donc une autre peine, et sans justice celle là. C’est un régime de culpabilité permanente. Et au final ce qu’on voit, c’est que face à cet échec de société qui n’a jamais essayé un modèle égalitaire pour sortir des problèmes, c’est que la roue de secours qu’elle propose c’est l’avènement d’Etats policiers ou chacun est susceptible d’être contrôlé et invité à être une balance. Récemment on a vu la création d’un nouveau job : barman auxiliaire de police.

Cette loi devrait entrer en vigueur le 14 septembre pour une période de deux ans, c’est à dire jusqu'au 13 septembre 2023, a indiqué la police de Copenhague dans un communiqué.

On peut pronostiquer que dans un futur proche si rien est fait pour changer le modèle globale de nos sociétés, ici ou là bas, d’autres formes d’exclusion toucheront d’autres catégories de personnes considérées comme ennemies de la société.

Ferez vous partie de ces prochaines catégories ?


L'émancipation des peuples est retombée à un niveau antédiluvien

Ceux qui se croyaient loin des ségrégations commencent à les sentir. Le pass sanitaire, prétend entrer en vigueur le 9 août. Vivre normalement : un flicage permanent...

La marche d'un monde autoritaire se met alors petit a petit à toucher tout le monde. Et on ressent alors qu'une idéologie tente d'exercer un pouvoir sur chacun de nos corps.
Cet ordre des choses qui s'impose violemment, nombreux sont ceux qui l'ont expérimenté avant.
Ils voudraient certainement dire à ceux qui manifestent maintenant qu'il ne suffira pas de qq slogans et manifestations pacifiques pour arracher les racines d'un autoritarisme qui s'est déjà répandu partout sur la planète.

Vous avez certainement entendu parler de la loi sécurité globale ou de la loi contre le séparatisme. Deux des dernières lois scélérates récemment combattues et pourtant... Il n'a également échappé à personne que le seul pays ayant sorti son économie en pole position de la pandémie est une dictature et que beaucoup d'états comme la France sont en train de prendre modèle dessus. Sur la Chine. Il serait peut être donc temps de remettre en question cette économie que les états vénèrent religieusement.

Aujourd'hui le pouvoir étend son rôle policier et sa normalisation violente et discriminante sur l'aspect sanitaire de nos vies.

S'il entend désormais nous supprimer des droits selon l'état de notre carnet de santé (renommé pour l'occas en passeport sanitaire), c'est aussi car il arrive fort de toutes les luttes passées qu'il a gagné. Les atteintes sur les gilets jaunes, sur les Zad, sur les migrants, sur le système de santé, sur la nature entière...

Conscients de ses victoires, il est plus que jamais crucial de savoir frapper à la racine de l'autoritarisme. De ne plus faire de concessions aux petits pouvoirs qu'on subit et à ses sommes de verticalités qui s'imposent un peu partout en prétextant d'une efficacité qui se trouve être une loi du plus fort qui nous asphyxie. Cela n'aboutit qu'à des formes d'obscurantismes où un souverain et son système s'impose à tout le monde. Voyez ou nous a mené l'idéologie managériale... Cela n'aboutit qu'à suivre et subir. A la manière d'un Macron qui décide de tout, tout seul et pour tous : un génocide des intelligences humaines.

Avec le covid, l'émancipation des peuples est retombée à un niveau antédiluvien. Jamais nous n'avions autant été obligés de dépendre d'un seul gourou et de son armée de flics pour nous y contraindre en cas de volonté de s'organiser autrement.

Si les gilets jaunes ont réussi à être le plus grand mouvement populaire depuis mai 68, c'est avant tout parce qu'il s'était d'emblée organisé horizontalement, radicalement et un peu partout. Répandant ainsi le débat, l'intelligence tactique et politique entre les mains de quiconque voulait s'occuper du futur à construire. De la terre et d'une société à réparer.

C'est peut être ce génie populaire de vouloir tout remettre en question et d'être prêt à renverser la table qui manque aujourd'hui dans les manifestations anti pass sanitaire.

Aujourd'hui il y a tant à défaire, tant à réparer que c'est sans doute en visant large et fort qu'on pourrait voir le pouvoir se remettre à trembler.

Le pass sanitaire est une attaque sans précédent dans la gestion de nos vies par un état néolibéral. Il est le fruit d'un état assoiffé de rentabilité et prêt à tous les mensonges. Qui prétend vouloir sauver des vies et qui pourtant détruit le secteur de la santé au bulldozer, matraque ses opposants.

Le pass sanitaire est l'expression au niveau sanitaire de l'état policier qui s'est déjà auto proclamé il y a quelques mois quand nous étions des millions à manifester contre la loi sécurité globale et séparatisme.

C'est l'ensemble de ces combats qu'il va falloir faire ressurgir si on ne veut pas une fois de plus voir notre liberté piétinée, notre humanité diminuée.

Qu'on se le dise. Une gestion populaire et démocratique de cette pandémie n'aurait pas moins bien marché que le désastre sanitaire et liberticide qu'a produit le pouvoir.


NON AU PASS SANITAIRE : LA LISTE DES RÉSISTANCES

  • TRANSPORTS

- Le Syndicat SUD-Rail a appelé lundi 26 juillet les cheminots « à ne pas réaliser de contrôle sur les passes sanitaires »

- SUD-Rail prévient qu’il « n’hésitera pas à appeler à la grève sur l’ensemble » du groupe, « si l’État et la direction de la SNCF venaient à confirmer leurs intentions de sanctionner » les salariés sans pass

- Les routiers avaient annoncé une grève les 14 et 15 aout. Le gouvernement a finalement décidé que les relais routiers seraient exemptés de pass sanitaire.

  • CULTURE

- Plusieurs bibliothèques et médiathèques de Paris ont annoncé se mettre en grève si le pass sanitaire est imposé dans leurs établissements. Une lettre a été envoyée à la Maire de Paris : « Les bibliothécaires rappellent par cette lettre leur attachement aux valeurs défendues : l’accès égalitaire pour tous les publics à nos établissements, la même qualité de service pour tous.

  • SANTÉ

- Le syndicat SUD Santé Sociaux de l'Hôpital Édouard Herriot à Lyon a déposé un préavis de grève illimitée à compter du jeudi 29 juillet 2021.

- Appel à la grève illimitée du personnel soignant en Martinique de la part de la CGTM, la CDMT, Force Ouvrière, l’UGTM, l’USAM, Convergences.

- Les personnels hospitaliers soignants et non-soignants de la CGT ont appelé à la grève du Groupement Hospitalier de Porte de Provence (Montélimar)

  • SPORT

- Les Ultras de Montpellier ont annoncé leur intention de boycotter le stade tant qu'il sera imposé un pass sanitaire pour y accéder.