deep green resistance censure facebook

Nouvelle censure Facebook : Deep Green Resistance se fait supprimer deux pages

Plus que jamais les réseaux sociaux se positionnent en milices défenseuses des intérêts privés contre les usages collectifs. Facebook s’engage avec ses multiples épisodes de censures contre les pages qui exercent une pensée critique, dans une croisade contre la diversité des points de vue et des informations qui pourraient s'exprimer sur la plateforme.

Ainsi le réseau Deep Green Resistance, qui porte des positions radicales pour la défense de la nature et des pratiques humaines qui y sont liées, a vu ses pages bretonnes dépubliées sans préavis de manière arbitraire.

La Silicon Valley et ses avatars qui se présentaient il y a encore 10 ans comme la vision "cool" du néo libéralisme se révèlent à notre époque comme la face de géants réactionnaires à la manière des vieux régimes dictatoriaux. En réalité à la manière de toute technique qui se prétend neutre et qui pourtant impose de façon dogmatique une seul type d'usage. Voyant l'humanité comme son cheptel de sujets-consommateurs dont il faut réduire les pratiques pour mieux les rationaliser et les commercialiser.

Nous publions le compte rendu des évènements par Deep Green Résistance Bretagne :

🔴UNE NOUVELLE MÉTHODE DE #CENSURE CHEZ #FACEBOOK ?

~ Disparition pure et simple de la page Deep Green Resistance Bretagne... quelles seront les suivantes dans le viseur des maîtres du réseau ? ~

[Partagez et invitez vos ami.es à liker cette nouvelle page pour faire connaître ce qui nous est arrivé. Et surtout, si vous voulez nous soutenir, anticipez de le faire hors de Facebook : nous avons le site DeepGreenResistance.fr, mais aussi une conversation ouverte sur « signal » (messagerie chiffrée gratuite) pour partager largement, sans dépendre de Facebook, nos rendez-vous publics sur Rennes (présentations, soirées-débats, projections, sports, luttes, jardinage & autonomie)… Envoyez-nous un mail pour y être ajouté.e si vous le désirez, ou même simplement pour entrer en contact hors de Facebook : dgrbretagne@protonmail.com]

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1) Retour factuel sur la chronologie des récents événements :

Mardi 13 Juillet, alors qu’un camarade se connecte sur Facebook, il découvre que notre page « Deep Green Resistance Bretagne » a été dépubliée arbitrairement par Facebook, sans aucun avertissement préalable, ni aucune explication. Il a juste reçu, comme les autres administrateur.es de la page, une simple notification affirmant la « dépublication » (la page n’est pas supprimée, mais devient invisible pour toute personne n’étant pas administratrice dessus). Le camarade fait donc immédiatement « appel », mais découvre avec stupeur qu’il ne peut rien écrire pour se défendre, ni poser de questions : sur Facebook, « faire appel » c’est juste cliquer sur un bouton. Facebook lui répond d’ailleurs que sa demande ne sera probablement même pas prise en compte car « avec la COVID » il y aurait un manque d’effectifs pour traiter ce genre de réclamations (mais pas pour censurer arbitrairement des pages, ça par contre manifestement ils ont le personnel pour).

Mais ce n’est que le début : le lendemain, mercredi 14 Juillet, la matinée commence par la déprogrammation de notre autre page locale « Deep Green Resistance Rennes », sur laquelle nous voulions justement mettre un message afin d’annoncer la censure de notre page DGR Bretagne. Ça commence a faire beaucoup, perplexes nous faisons un second appel pour notre page DGR Rennes, tout en nous demandant pourquoi ces deux censures simultanées et très ciblées (nous n’avons pas connaissances d’autres pages ayant été dépubliées à cette période).

Pire encore, la même matinée, alors que nous nous inquiétons pour notre page DGR Rennes qui vient donc d’être la seconde dépubliée, nous cherchons à en savoir plus sur la procédure d’ « appel », et nous tentons donc de retourner sur la page DGR Bretagne pour voir ce qu’a donné l’appel de la veille. Et… la page a disparu, purement et simplement. Il n’en reste plus aucune trace nulle part. Son adresse url ne mène plus a rien (Facebook nous annonce un lien cassé : https://www.facebook.com/dgrbretagne). Même la notification de la veille annonçant aux administrateur.es (sur leurs profils personnels) sa dépublication a disparu. Il ne reste plus aucune trace. Plusieurs années de travail, des centaines de publications, images, vidéos, compte-rendus, plus d’un millier d’abonné.es : PLUS RIEN. En deux jours. Sans aucune explication. Dans notre cas, Facebook s’est permis de jeter à bas sans inquiétude ce masque démocratique que l’entreprise multinationale tâche pourtant par ailleurs de conserver le plus possible auprès de son public.

Aujourd’hui, une dizaine de jours plus plus tard, la page DGR Rennes est toujours dépubliée, nous n’avons reçu aucune nouvelle de l’appel que nous avions réalisée. Et la page DGR Bretagne n’a pas réapparu, pas plus que nous n’avons eu de nouvelles de Facebook à ce sujet, ni trouvé aucun précédent à propos de disparition de pages telle que nous l’avons ici vécu. On peut logiquement penser qu’elle ne réapparaîtra donc jamais. Pire, la grande question qui nous servira donc à conclure cette introduction est : QUELLES PAGES SERONT LES SUIVANTES ?

« Ne vous y trompez pas, si cela ne fait l'objet d'aucune contestation, cela ne s'arrêtera pas là. Plus il sera acceptable que les gouvernements puissent déterminer quelles voix sont autorisées à s’exprimer sur les réseaux sociaux, plus cette censure s’immiscera dans tous les autres secteurs de la société, et plus elle façonnera ce qu'il est possible de penser, ce qu'il est possible d'imaginer. » (CrimethInc dans le communiqué sur la suppression de leur page cet été, cf note 1 en bas)

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2) Quelques réflexions politiques pour contextualiser ces censures, et aller de l’avant :

Vous n’êtes sûrement pas sans savoir qu’il y a des précédents dans la censure sur Facebook, même si pour l’instant aucune n’avait été réalisée de manière aussi abrupte, et surtout aussi silencieuse. Par exemple cet été, des pages anarchistes avaient déjà été supprimées aux USA (1), et on pourrait aussi relever le déréférencement (perte de visibilité dans les fils d’actu des utilisateur.es, donc censure qui ne dit pas son nom) récurrent de grosses pages politiques contestataires, comme Nantes Révoltée.

Pour notre part, à Deep Green Resistance, nous sommes un mouvement écologiste radical « a visage découvert », nous ne pratiquons pas d'actions illégales même si nous tenons souvent des propos radicaux. Notre organisation a donc à cœur le soucis de faire attention à ce qu’elle dit et fait, pour ne pas donner de motifs légaux d’agir aux gens qui voudraient nous interdire. La récente censure par Facebook n’en est donc que d’autant plus arbitraire, et c’est peut être aussi pour cela que nous n’avons reçu aucune explication : parce qu’il n’y en aucune valable, sinon de la répression politique pure et simple ?

Pour Facebook, qui compte plusieurs milliards d'utilisateurs, fermer la possibilité même de l’évocation théorique d'actions et d’analyses radicales; c'est déjà une manière de remodeler la réalité culturelle au sein de la civilisation industrielle, de pousser encore plus loin la domestication des corps et des esprits. Comme la « novlangue » d'Orwell faisait disparaître les mots contestataires pour soumettre la population; Facebook fait aujourd’hui disparaître les espaces virtuels (« pages ») où des mots contestataires sont formulés. Ce processus d’effacement progressif de la critique politique dans le monde virtuel (dans lequel une majorité d’humain.es sont aujourd’hui aliéné.es), amène ainsi finalement à créer les monstres modernes que nous sommes : des personnes qui se divertissent devant des vidéos de pub ou de petits chats, pendant que nos vies sont réduites au seul slogan « travaille, consomme, et ferme ta gueule », que des milliers d'animaux partent a l’abattoir, que des enfants bossent dans des mines, que des forets sont rasées, qu’il y a plus de plastique que de poissons dans les mers… Mais pas de soucis, Facebook est là pour vous changer les idées le matin au réveil et le soir sur votre table de nuit !

Mais outre Facebook en tant qu’outil d’anesthésie massive des capacités humaines à percevoir la destruction organisée du monde vivant, et outre l’intérêt qu’on peut donc deviner en ce sens a effacer les contestataires de ce genre de plateforme divertissantes, un lien pourrait aussi être fait avec la dernière vidéo que nous avions partagé sur notre page : une vidéo qui montrait l'élu industrialisateur « Mr Michot » faire trois pas en arrière (et se blesser de la sorte) lors d'une réunion #Bridor, alors que celui ci et ses collègues promoteurs de Bridor ont depuis demandé une enquête pour « violence sur dépositaire de l’autorité publique », probablement afin de faire accuser des militant.es. C’est une seconde piste pour tenter d’expliquer la censure en cours : couper l'accès à nos communiqués et vidéos démentant la version officielle (notre page avait été cité dans un article de la Chronique Républicaine, qui renvoie maintenant vers un lien cassé puisque la page n'existe plus, cf note 2 en bas). Mais si cette suppression instantanée était vraiment liée à une demande de la gendarmerie, cela serait tout aussi inquiétant, dans un contexte où la loi AVIA n'a pas été votée, et où aucune disposition légale à notre connaissance n’autorise donc encore la gendarmerie à ce genre de procédures conjointe avec Facebook.

Bref, dans l’un ou l’autre des cas, et même dans les deux, cette confusion des pouvoirs, entre l’économie et la politique, entre la répression et les médias (devenus propagandistes) et finalement avec les « réseaux sociaux » (présentés par l’entreprise capitaliste Facebook comme une des bases des relations sociales du XXIeme siecle), menace la possibilité même d'un mouvement de résistance, qu'on chercherait ainsi à ôter de l'esprit des gens, en en faisant disparaître progressivement de leurs espaces virtuels quotidiens la simple possibilité intellectuelle.

Ne soyons pas dupes, si tout autour de nous semble parfois si calme, ce n'est que parce que la tempête s’annonce. Dans un monde où les crises écologiques ne peuvent faire qu'augmenter, créant donc toujours plus de crises alimentaires et économiques, le parti de l'ordre se prépare, celui qui voudra continuer à sucer la planète jusqu’à la moelle, pour faire survivre le plus longtemps possible son infâme système et les ignobles privilèges qu’il en retire.

En France on le voit avec la banalisation de l'extrême droite, avec les récentes tribunes des généraux, avec les investissements massifs de Macron dans la répression (toujours plus de policiers, de militaires), avec les nouvelles lois sécuritaires, le pass sanitaire, avec les cameras qui envahissent de plus en plus nos quotidiens, et avec ces écrans (pub publiques comme portables privés) qui partout et tout le temps nous accompagnent, supprimant ce qu'il y a normalement d'imprévisible en l'humain.e pour nous forcer a un auto-contrôle permanent, pour nous faire rentrer dans les critères quantitatifs d'un bonheur© par, pour et dans le système... Vous savez, ce genre de bonheur qui fait que tout le monde prend des anti-dépresseurs ?

Ainsi il y urgence. urgence à résister, urgence à vivre contre leur monde, urgence à recréer des communautés humaines capables de faire exister une réel rapport de force politique contre ceux qui voudraient resserrer les fers qui nous attachent à leur civilisation de mort.

Nous, nous voulons un bonheur sauvage, une planète vivante, des communautés humaines libres... Et nous proposons de s'organiser stratégiquement pour y parvenir. Nous continuerons à porter nos idées sur Facebook, pour faire exister cette fenêtre d'espoir ici aussi tant que nous le pourrons. Et pour rappeler aux gens de ne pas se fier à Facebook, de toujours y voir l'aliénation généralisée que cette plateforme représente. Rappeler de sortir des écrans, de refaire vivre une culture de résistance. De s’organiser pour gagner notre liberté, pour nous comme pour toute cette magnifique biodiversité qui nous entoure encore, et qui n'attend que l'effondrement de la civilisation industrielle pour refleurir.

Deep Green Resistance est un mouvement à visage découvert qui prône la diversité des tactiques, chacun.e a sa place dans le continuum de résistance que nous proposons de mettre en place et d'organiser autour de la nécessité de stratégies offensives pour sauver la planète. Si ces événements vous inquiètent, si ce texte vous touche, dans un premier temps, partagez cette nouvelle page, faites tourner l'info de cette censure abusive, bref aidez nous a toucher du monde, pour ensuite sortir ensemble de ces écrans que nous n'avons jamais maîtrisés. Venez nous rencontrer, à nos présentations, à nos projections, à nos causeries, venez recréer avec nous ce lien entre les corps qui est le ferment essentiel à toute possibilité de résistance. Venez participer à notre culture de résistance.

(1) https://fr.crimethinc.com/.../sur-le-bannissement-par...

(2) https://actu.fr/.../liffre-les-collectifs-de-citoyens...

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Partagez et invitez vos ami.es à liker cette nouvelle page pour faire connaître ce qui nous est arrivé. Et surtout, si vous voulez nous soutenir, anticipez de le faire hors de Facebook : nous avons le site DeepGreenResistance.fr, mais aussi une conversation ouverte sur « signal » (messagerie chiffrée gratuite) pour partager largement, sans dépendre de Facebook, nos rendez-vous publics sur Rennes (présentations, soirées-débats, projections, sports, luttes, jardinage & autonomie)… Envoyez-nous un mail pour y être ajouté.e si vous le désirez, ou même simplement pour entrer en contact hors de Facebook : dgrbretagne@protonmail.com

 

 


La lettre d'un jeune étudiant, Matéo, à son ancien professeur

Une longue lettre, qui ne vous laissera pas indemne.

 

Bonjour Monsieur,

Ce mail n’appelle pas nécessairement de réponse de votre part, je cherchais simplement à écrire mon désarroi. Ne sachant plus à qui faire part du profond mal-être qui m’habite c’est vous qui m’êtes venu à l’esprit.

Même si cela remonte à longtemps, l’année que j’ai passée en cours avec vous a eu une influence déterminante sur les valeurs et les idéaux qui sont aujourd’hui miens et que je tente de défendre à tout prix, c’est pour cela que j’ai l’intime conviction que vous serez parmi les plus à même de comprendre ce que j’essaye d’exprimer.

Ces dernières semaines ont eu raison du peu d’espoir qu’il me restait. Comment pourrait-il en être autrement ? Cette année était celle de mes 21 ans, c’est également celle qui a vu disparaître mon envie de me battre pour un monde meilleur.

Chaque semaine je manifeste inlassablement avec mes amis et mes proches sans observer le moindre changement, je ne sais plus pourquoi je descends dans la rue, il est désormais devenu clair que rien ne changera. Je ne peux parler de mon mal-être à mes amis, je sais qu’il habite nombre d’entre eux également.

Nos études n’ont désormais plus aucun sens, nous avons perdu de vue le sens de ce que nous apprenons et la raison pour laquelle nous l’apprenons car il nous est désormais impossible de nous projeter sans voir le triste futur qui nous attend.

Chaque semaine une nouvelle décision du gouvernement vient assombrir le tableau de cette année. Les étudiants sont réduits au silence, privés de leurs traditionnels moyens d’expression.

Bientôt un blocage d’université nous conduira à une amende de plusieurs milliers d’euros et à une peine de prison ferme.

Bientôt les travaux universitaires seront soumis à des commissions d’enquêtes par un gouvernement qui se targue d’être le grand défenseur de la liberté d’expression.

Qu’en est-il de ceux qui refuseront de rentrer dans le rang ?

Je crois avoir ma réponse.

Samedi soir, le 5 décembre, j’étais présent Place de la République à Paris.

J’ai vu les forces de l’ordre lancer à l’aveugle par-dessus leurs barricades anti-émeutes des salves de grenades GM2L sur une foule de manifestants en colère, habités par une rage d’en découdre avec ce gouvernement et ses représentants.

J’ai vu le jeune homme devant moi se pencher pour ramasser ce qui ressemblait à s’y méprendre aux restes d’une grenade lacrymogène mais qui était en réalité une grenade GM2L tombée quelques secondes plus tôt et n’ayant pas encore explosée.

Je me suis vu lui crier de la lâcher lorsque celle-ci explosa dans sa main.

Tout s’est passé très vite, je l’ai empoigné par le dos ou par le sac et je l’ai guidé à l’extérieur de la zone

d’affrontements.

Je l’ai assis au pied de la statue au centre de la place et j’ai alors vu ce à quoi ressemblait une main en charpie, privée de ses cinq doigts, sorte de bouillie sanguinolente.

Je le rappelle, j’ai 21 ans et je suis étudiant en sciences sociales, personne ne m’a appris à traiter des blessures de guerre.

J’ai crié, crié et appelé les street medics à l’aide.

Un homme qui avait suivi la scène a rapidement accouru, il m’a crié de faire un garrot sur le bras droit de la victime.

Un garrot… Comment pourrais-je avoir la moindre idée de comment placer un garrot sur une victime qui a perdu sa main moins d’une minute plus tôt ?

Après quelques instants qui m’ont paru interminables, les street medics sont arrivés et ont pris les choses en main.

Jamais je n’avais fait face à un tel sentiment d’impuissance. J’étais venu manifester, exprimer mon mécontentement contre les réformes de ce gouvernement qui refuse de baisser les yeux sur ses sujets qui souffrent, sur sa jeunesse qui se noie et sur toute cette frange de la population qui suffoque dans la précarité.

Je sais pertinemment que mes protestations n’y changeront rien, mais manifester le samedi me permet de garder à l’esprit que je ne suis pas seul, que le mal-être qui m’habite est général. Pourtant, ce samedi plutôt que de rentrer chez moi heureux d’avoir revu des amis et d’avoir rencontré des gens qui gardent espoir, je suis rentré chez moi dépité, impuissant et révolté.

Dites-moi Monsieur, comment un étudiant de 21 ans qui vient simplement exprimer sa colère la plus légitime peut-il se retrouver à tenter d’installer un garrot sur le bras d’un inconnu qui vient littéralement de se faire arracher la main sous ses propres yeux, à seulement deux ou trois mètres de lui.

Comment en suis-je arrivé là ? Comment en sommes-nous arrivés là ?

Je n’ai plus peur de le dire. Aujourd’hui j’ai un dégoût profond pour cette République moribonde.

Les individus au pouvoir ont perverti ses valeurs et l’ont transformée en appareil répressif à la solde du libéralisme.

J’ai développé malgré moi une haine profonde pour son bras armé qui défend pour envers et contre tous ces hommes et ces femmes politiques qui n’ont que faire de ce qu’il se passe en bas de leurs châteaux.

J’ai toujours défendu des valeurs humanistes et pacifistes, qui m’ont été inculquées par mes parents et desquelles j’ai jusqu’ici toujours été très fier.

C’est donc les larmes aux yeux que j’écris ceci mais dites-moi Monsieur, comment aujourd’hui après ce que j’ai vu pourrais-je rester pacifique ?

Comment ces individus masqués, sans matricules pourtant obligatoires peuvent-ils nous mutiler en toute impunité et rentrer chez eux auprès de leur famille comme si tout était normal ?

Dans quel monde vivons-nous ?

Dans un monde où une association de policiers peut ouvertement appeler au meurtre des manifestants sur les réseaux sociaux, dans un monde où les parlementaires et le gouvernement souhaitent renforcer les pouvoirs de cette police administrative qui frappe mutile et tue.

Croyez-moi Monsieur, lorsque je vous dis qu’il est bien difficile de rester pacifique dans un tel monde…

Aujourd’hui être français est devenu un fardeau, je suis l’un de ces individus que l’Etat qualifie de « séparatiste », pourtant je ne suis pas musulman, ni même chrétien d’ailleurs.

Je suis blanc, issu de la classe moyenne, un privilégié en somme…

Mais quelle est donc alors cette religion qui a fait naître en moi une telle défiance vis-à-vis de l’Etat et de la République ?

Que ces gens là-haut se posent les bonnes questions, ma haine pour eux n’est pas due à un quelconque endoctrinement, je n’appartiens à l’heure actuelle à aucune organisation, à aucun culte « sécessioniste ».

Pourtant je suis las d’être français, las de me battre pour un pays qui ne veut pas changer.

Le gouvernement et les individus au pouvoir sont ceux qui me poussent vers le séparatisme.

Plutôt que de mettre sur pied des lois visant à réprimer le séparatisme chez les enfants et les étudiants qu’ils s’interrogent sur les raisons qui se cachent derrière cette défiance.

La France n’est plus ce qu’elle était, et je refuse d’être associé à ce qu’elle représente aujourd’hui.

Aujourd’hui et malgré moi je suis breton avant d’être français. Je ne demanderais à personne de comprendre mon raisonnement, seulement aujourd’hui j’ai besoin de me raccrocher à quelque chose, une lueur, qui aussi infime soit-elle me permette de croire que tout n’est pas perdu.

Ainsi c’est à regret que je dis cela mais cette lueur je ne la retrouve plus en France, nous allons au-devant de troubles encore plus grands, le pays est divisé et l’antagonisme grandit de jour en jour.

Si rien n’est fait les jeunes qui comme moi chercheront une sortie, un espoir alternatif en lequel croire, quand bien même celui-ci serait utopique, seront bien plus nombreux que ne l’imaginent nos dirigeants.

Et ce ne sont pas leurs lois contre le séparatisme qui pourront y changer quelque chose.

Pour certains cela sera la religion, pour d’autre comme moi, le régionalisme.

Comment pourrait-il en être autrement quand 90% des médias ne s’intéressent qu’aux policiers armés jusqu’aux dents qui ont été malmenés par les manifestants ?

Nous sommes plus de 40 heures après les événements de samedi soir et pourtant je n’ai vu nulle part mentionné le fait qu’un manifestant avait perdu sa main, qu’un journaliste avait été blessé à la jambe par des éclats de grenades supposées sans-danger.

Seul ce qui reste de la presse indépendante tente encore aujourd’hui de faire la lumière sur les événements terribles qui continuent de se produire chaque semaine.

Soyons reconnaissants qu’ils continuent de le faire malgré les tentatives d’intimidation qu’ils subissent en marge de chaque manifestation.

Je tenais à vous le dire Monsieur, la jeunesse perd pied.

Dans mon entourage sur Paris, les seuls de mes amis qui ne partagent pas mon mal-être sont ceux qui ont décidé de fermer les yeux et de demeurer apolitiques.

Comment les blâmer ?

Tout semble plus simple de leur point de vue. Nous sommes cloîtrés chez nous pendant que la planète se meurt dans l’indifférence généralisée, nous sommes rendus responsables de la propagation du virus alors même que nous sacrifions nos jeunes années pour le bien de ceux qui ont conduit la France dans cette impasse.

Les jeunes n’ont plus l’envie d’apprendre et les enseignants plus l’envie d’enseigner à des écrans noirs.

Nous sacrifions nos samedis pour aller protester contre ce que nous considérons comme étant une profonde injustice, ce à quoi l’on nous répond par des tirs de grenades, de gaz lacrymogènes ou de LBD suivant les humeurs des forces de l’ordre.

Nous sommes l’avenir de ce pays pourtant l’on refuse de nous écouter, pire, nous sommes muselés. Beaucoup de choses ont été promises, nous ne sommes pas dupes.

Ne gaspillez pas votre temps à me répondre. Il s’agissait surtout pour moi d’écrire mes peines. Je ne vous en fait part que parce que je sais que cette lettre ne constituera pas une surprise pour vous. Vous êtes au premier rang, vous savez à quel point l’abîme dans laquelle sombre la jeunesse est profond.

Je vous demanderai également de ne pas vous inquiéter. Aussi sombre cette lettre soit-elle j’ai toujours la tête bien fixée sur les épaules et j’attache trop d’importance à l’éducation que m’ont offert mes parents pour aller faire quelque chose de regrettable, cette lettre n’est donc en aucun cas un appel au secours.

J’éprouvais seulement le besoin d’être entendu par quelqu’un qui je le sais, me comprendra.

Matéo


Darmanin : mytho de l'intérieur et de l'arbitraire

MYTHO DE L’INTÉRIEUR ET DE L'ARBITRAIRE

Il devait casser du "méchant Black Bloc", il arrête des militant.es, des mineur·es, des journalistes, des daronnes, des membres des Brigades de Solidarité Populaire, un avocat, monsieur et madame tout le monde, des gens très ordinaires, nous et vous... En tout plus de 150 interpellations et 120 gardes à vue. Retour sur un fiasco qui vaut aujourd’hui aux malchanceux·ses de passer leur 3e nuit derrière les barreaux pour justifier les mythos du ministre de l’intérieur.

Darmanin avait une mission en ce jour de manifestation contre les lois liberticides. Comme l’a révélé le Canard Enchaîné du 9 décembre ; Macron l’avait chargé de faire un coup de filet sur les « Black Blocs ».

Après une semaine de propagande contre-insurrectionnelle des médias et de certains partis de gauche, il ne faisait pas bon pratiquer l’émeute samedi dernier. Le dispositif hors norme avait pour consigne d’empêcher toute casse et il a réussi.

Néanmoins, Darmanin devait saisir du Black bloc pour remplir sa mission. Ni une, ni deux, il suffisait d’envoyer quelques CRS pour arrêter n’importe qui. C’est ainsi que des personnes se sont retrouvées extirpées manu militari de la manifestation au hasard.

Cependant, il est fort probable que la bleusaille en ait aussi profité pour arrêter les têtes connues, qui ne leur reviennent pas. C’est ainsi que Mélanie, en procès contre Dominique Caffin, le commandant de CRS qui lui avait asséné un violent coup de matraque derrière la tête en 2019 et qui par ailleurs commandait l'unité impliquée dans l'opération du Burger King contre des gilets jaunes, a aussi été arrêtée. Vengeance ? Intimidation ? Humiliation ?

Aujourd’hui, nous n’avons pas toutes les informations sur les gardé.es à vue. Certains sont sortis après 24H, comme les mineurs qui avaient été arrêté·es. Mais nous savons que trois militantes vont effectuer leur 3ème nuit derrière les barreaux, pour des motifs fallacieux comme attroupement en vue de commettre des violences. Rappelons que dans cette répression aveugle de samedi, les porteur·ses de banderoles, de parapluie et de simples pancartes, les mots qui contestent le pouvoir, ou le tournent en dérision, ont aussi été pris pour cible et semblent aussi devoir être définitivement éradiqués.

Ces trois personnes passeront mardi au TGI de Paris devant le procureur puis le juge des libertés. La justice va-telle ce soir et demain se faire l'instrument de la police et valider les mythos de Darmanin qui s’était vanté d’avoir arrêté « des individus ultra violents »?

Hormis ces personnes dont nous avons eu des nouvelles. Il y en a qui manquent encore à l’appel et sont certainement dans des situations compliquées, enfermées en attendant que la police trouve de quoi convaincre la justice de les poursuivre.

Soutien inconditionnel à tous·tes les interpellé·es qui manifestaient samedi contre des lois liberticides, contre la loi sécurité globale, contre la loi séparatisme et contre l’islamophobie.

Il est intolérable que des vies soient mises en danger pour satisfaire les challenges qu'un président donne à son ministre de l'intérieur.

 


Arrestation arbitraire : dissuader la remise en cause de l'ordre social

ARRESTATION ARBITRAIRE : Dissuader ceux qui remettent en cause l'ordre social et policier

Mélanie fait partie des quelques 150 personnes qui ont été placées en garde à vue lors des violentes charges orchestrées par la préfecture de police de Paris contre les manifestant.es, lors de la manifestation « Contre les séparatismes » et « Sécurité globale » du samedi 12 décembre 2020. Au moment où nous écrivons, elle est toujours détenue au commissariat du 19e arrondissement.

Blessée le 20 avril 2019, au cours d’un des actes du mouvement des gilets jaunes, Mélanie a, comme beaucoup d’autres blessés, déposé plainte devant l’IGPN. Et comme pour tous les autres, cette plainte a été classée sans suite par le Parquet de Paris. Elle explique ici pourquoi :

Mélanie n’a pas l’intention d’en rester là et décide de porter plainte contre le commandant Dominique Caffin, le CRS réputé pour sa brutalité qui est l’auteur des coups reçus le 20 avril 2019 :

https://www.liberation.fr/france/2020/07/13/violences-policieres-un-chef-crs-jamais-inquiete_1794198

Défendue par Arié Alimi, son procès est prévu pour le 15 avril 2021.

L’arrestation de Mélanie lors de la manifestation du 12 décembre ressemble étrangement à une sanction pour « outrecuidance ». Comme d’autres gilets jaunes, Mélanie n’est pas du genre à accepter les verdicts de la justice lorsque ceux-ci entérinent purement et simplement l’impunité des forces de l’ordre. En témoignent son engagement constant depuis 2019 dans un certain nombre de collectifs de blessés par la police (Collectif vies volées, Les mutilé.es pour l’exemple), et sa participation à de très nombreuses rencontres ou émissions de radio aux côtés de l’Assemblée des blessés des Familles et des Collectifs contre les Violences Policières ou encore du collectif Désarmons-les, dont l’un des membres, Ian B, vient d’écoper de huit mois de prison ferme (soit une peine extrêmement lourde eu égard à la fragilité des preuves apportées). Sans compter l’investissement très important de Mélanie au sein du groupe des Réfractaires du 80, qui a été un des fers de lance de la lutte des gilets jaunes dans les Hauts de France. Le 4 décembre dernier, avec trois autres membres des Réfractaires du 80, Mélanie a assisté au procès d’Aurélien et de Jérémy, deux membres du groupe qui ont eux aussi pris très cher, en termes de mépris social et de peines infligées. Mélanie est alors photographiée à de nombreuses reprises par un gendarme, en dépit des protestations de ses camarades.

Si on accepte l’hypothèse que la police est venue « faire son marché » lors de la manifestation parisienne du 12 décembre, il est à parier que cette forte tête ait été délibérément ciblée, l’objectif étant d’intimider durablement, d’humilier, et finalement de dissuader ceux et celles qui ont eu l’audace de contester l’ordre social et policier et de s’opposer de toutes leurs forces aux dérives autoritaires qui caractérise aujourd’hui l’État français. L’acharnement dont Mélanie est l’objet est inacceptable : blessée une première fois dans son corps, elle est maintenant enfermée pour un temps indéterminé, le temps sans doute d’évaluer si elle ne pourrait pas, sur la base de faux en écriture publique, être inculpée.

EDIT Lundi 16H53 : Mélanie va passer une nouvelle nuit au dépôt. Elle ne passera que demain matin devant le juge des libertés. On ne connaît toujours pas le motif de l'inculpation. Cet acharnement vise à la détruire. (message de ses proches)

 

 

 


Paris Xe : Une école maternelle transformée en commissariat

UNE ÉCOLE MATERNELLE TRANSFORMÉE EN COMMISSARIAT ! Sur les ruines du Paradis commence l’enfer

Dévastée par une pluie torrentielle en 2019, l’école Paradis dans le Xe arrondissement de Paris va définitivement fermer ses portes.

Cette maternelle, situé dans le Xe bobo, était dans l’attente des travaux promis par la Mairie. Les élèves, les enseignant-e-s et le périscolaire étaient hébergés depuis plus d’un an dans les écoles avoisinantes dans des conditions précaires et dégradées. Las ! Début novembre 2020, sans concertation ni information préalable, on apprend lors du conseil d’école d’une des écoles « hôtes » que Paradis n’ouvrirait pas. L’école Chabrol élémentaire deviendrait polyvalente à la rentrée 2021, les enseignant-e-s de Paradis renvoyé-e-s dans l’enfer des mutations sans priorité pour garder leur poste !

photo et texte : Le Parisien

A la tête de la décision de fermeture, Alexandra Cordebard, de sinistre mémoire bras armé d’Hidalgo dans la mise au pas des enseignant-e-s opposé-e-s aux rythmes scolaires avec le mercredi matin travaillé, prouve une fois de plus son mépris à l’égard de l’école.

Cerise sur le gâteau, les locaux de feu Paradis seront occupés par la police municipale, nouvelle acmé de la politique de la mairesse de Paris, dont l’ambition est de donner des gages bien réacs en vue d’une candidature aux présidentielles.

L’annonce de la transformation de Paradis en hôtel de police a provoqué l’émoi des parents et de quelques élus de l’arrondissement ; leur réaction n’est quand même pas à la hauteur de l’attaque !

Transformer une école en commissariat, qu’elle soit municipale ou nationale, est un symbole fort de la dérive autoritaire des puissant-e-es qui se veulent en charge de nos vies.

Depuis la crise sanitaire, la mobilisation des gilets jaunes, les mobilisations sociales de ces dernières années, les thuriféraires de la « démocratie blindée » ont tombé le masque : leur seul rempart semble être de renforcer la police et le contrôle social des populations en établissant un flicage serré du territoire.


Le séparatisme des riches

Loi séparatisme : le vrai séparatisme est celui des riches

Au pays où on flashballe ceux qui réclament la devise "liberté égalité fraternité" une loi entend faire face « à ce qui malmène la cohésion nationale et la fraternité […] et bafoue les exigences minimales de vie en société et conforter les principes républicains »

Cohésion, fraternité, exigence de vie en société, principes républicains... La belle blague ! On pourrait en rire si derrière ces faux principes ne régnait pas l'horreur d'une situation qui vire à la surveillance de masse, au racisme d'état décomplexé, au fichage et à l'avènement d'un état policier.

Macron s'est employé méthodiquement à défoncer chaque petite brique de bien commun depuis qu'il est au pouvoir, à anéantir ce qui est utile à tout le monde, comme l'hôpital et a fait tout ce qui permettait de précariser les emplois. Comment croire une seule seconde que tout cela était dans l'intérêt de "la cohésion nationale et la fraternité" comme prétend le rappeler cette loi ? Le résultat du macronisme n'est que l'extension de l'atomisation des individus.

Il aura suffi d'une succession de sinistres de l'intérieur toujours plus fachos les uns que les autres et l'abjecte instrumentalisation d'un attentat sur un prof pour qu'enfin un gouvernement arrive à ses fins les plus crapuleuses : faire oublier un instant que sa politique est un désastre social, économique et affectif. Que sa théorie du ruissellement est une liquidation en règle de tous les pauvres de France qui n'en boiront pas une seule goutte.

Ceux qui nous pondent aujourd'hui une loi contre le séparatisme sont en vérité ceux qui sont le plus séparés des autres. Ils nous pointent du doigt en criant "séparatistes !" comme jadis ils auraient crié "anarchistes !" alors qu'en même temps ce sont eux qui sont en train de se barrer loin du monde en emportant la caisse sous le bras.

Ils voient la haine chez les autres mais sont bien souvent ceux qui en ont le plus pour tout le monde.

Regardez un spécimen comme Zemmour qui s'emploie toute la journée sur une télé poubelle à raconter sa panique de bourgeois dépassé par un monde qui l'ignore royalement et fait sa vie sans lui.

Le peuple pourrait bien demain, faire sa vie sans eux, les "puissants", ceux d'en haut. Leur faire une révolution, les dégager pour de bon et mettre la France en autogestion. Ils le savent et c'est en cela qu'ils ont besoin de nous designer comme des séparatistes. Pour nous jeter en premier à la figure le tort de ce qu'ils sont en train de faire eux mêmes.

Les histoires d'islam radical ne sont dans tout cela que des épouvantails et des amalgames racistes hérités du colonialisme pour faire avaler un package sécuritaire à une population meurtrie par les attentats et prête à se raccrocher au premier escroc qui vend de la solution. Ces escrocs, ce sont ceux qui arrivent avec le projet de loi sur le séparatisme, renommé en "projet de loi confortant le respect des principes de la République".

Cette loi profite d'une situation de choc (épidémie, attentats) pour imposer un grand foutoir d'articles se superposant à du droit existant. Pèle mêle nous avons un bloc de lois contre le mariage forcé ou les propos terroristes...soit, même si ça existe déjà... mais aussi contre la haine en ligne façon grand retour de loi Avia qui ne manquera pas de mettre en taule les futurs gilets jaunes pour une photo de flic violent mise sur Twitter ou un nom d'oiseau contre un policier sur Facebook...

Cette loi, c'est la mise en scène d'une république faible contre un communautarisme fort qui serait coupable de tous les maux.

Mais la vraie communauté qui nous fait chier, ce n'est pas celle qui est liée à une religion. Le communautarisme qui nous pourrit la vie c'est celui des riches ! C'est contre leur séparatisme qu'il faut une loi car c'est ce communautarisme et son système qui tue et ravage pour se reproduire.

On tiendrait même notre article 1er : le délestage obligatoire de pognon excédentaire en vue d'une meilleure distribution générale. Sûr qu'avec les biens communs qu'on les empêcherait de vampiriser, ils l'obtiendraient leur foutue cohésion sociale. Mais qu'ils ne nous fassent pas croire que c'est ce qu'ils cherchent en nous divisant ainsi et en taillant une loi de stigmatisation qui met la liberté de pensée sous surveillance.

Alors Samedi manifestons nombreux et nombreuses contre le vrai séparatisme et exigeons la séparation de l'état et de la bourgeoisie ! 14h30 place du Châtelet pour Paris !


Marche des Libertés : le nombre et la force

Le 28 novembre a eu lieu. Et il n'est pas passé inaperçu ! Entre 100 et 200 000 personnes à Paris, près de 500 000 sur toute la France. Au delà du nombre, il y a eu aussi la détermination. Face à une police volontairement en retrait et sur la défensive - pas pour autant en sous-effectif - une partie des manifestant·e·s ont fait bien plus que marcher.

"Est-ce que vous condamnez les violences des manifestants ?" la question des BFM, C-NEWS, TF1, etc.

Les images qui en découlent sont abondamment utilisées par les médias pour décrédibiliser la marche. Le pouvoir va essayer de légitimer la méthode "Lallement" en procédant à un inversement de la réalité pour donner l'illusion que la violence est du fait des manifestant·e·s barbares. Il n'en est rien, la violence est bien dans les politiques du pouvoir, dans le mépris des médias, dans les armes de la police. Rappelons-nous que c'est encore et toujours l'État qui fixe le niveau de violence en imposant cette loi qu'il défend ensuite par la force de son bras armé.

Évidemment, la dialectique du retournement de la violence n'a rien de nouveau. Et il y aura toujours les habituelles courroies de transmission du pouvoir pour se prêter à l'exercice. Il n’empêche, à l'heure d'une bascule très grave du pays dans un état post-fasciste, il convient de remettre les choses à leur place.

Quand la presse voit flou

Ce samedi, quelques voitures ont brûlé , des abris et des toilettes de chantier aussi. Une vitrine du concessionnaire BMW a volé en éclats. Un bâtiment de la banque de France a vu sa devanture s'enflammer. Et les policiers ont reçu énormément de jets de pavés, de fumigènes, de feux d'artifice et autres joyeusetés trouvées sur le chemin. Clairement, les ordres de la préfecture et du ministère de l'intérieur étaient de rester en retrait, d'intervenir le minimum possible. Pour éviter un maximum d'images de violences policières mais aussi pour mettre sur le banc des accusés les manifestants.e.s. Pour un temps, la police a préféré jouer aux victimes vu le contexte. Elle n'a pas hésité d'ailleurs à envoyer quelques uns de ses soldats en sous nombre pour se faire cartonner. Les ordres sont les ordres…

Quand les médias français pointent du doigt les "casseurs", de l'autre côté de la manche, The Guardian les appelle les "défenseurs des libertés de la Presse". D'ailleurs, en France, on ne parle jamais de casseurs quand il s'agit des révoltes à Hong Kong, au Chili ou en Égypte. Ce sont des résistants. Des manifestants en première ligne qui affrontent le pouvoir autoritaire et sa police.

Que tout le monde ne veuille pas participer à ces actions est tout à fait compréhensible.

En revanche, ceux qui accuseront ces manifestant·e·s d'être responsables d'un éventuel échec du mouvement pour le retrait de la loi Sécurité Globale portent, pour le coup, une grave responsabilité dans ce qu'il risque de se passer dans les prochaines années. Quand un fascisme d'un nouveau genre frappe à nos portes, il est dangereux et même complice de vouloir trier entre les bons et les mauvais manifestants, entre les bons et les mauvais résistants. C'est une forme de régression vis à vis des mouvements sociaux précédents. Comme si nous n'avions rien appris du passé. S'il y a bien une leçon à tirer, c'est que la révolte populaire trouve une vraie puissance par la diversité des tactiques et le soutien inconditionnel des uns envers les autres, dans le respect des pratiques. Toutes. Violentes ou non violentes.

Ce que nous combattons en ce moment, ce n'est pas seulement l'article 24 de la loi Sécurité Globale. Ce n'est pas non plus uniquement la loi Sécurité Globale. C'est l'avènement d'une société post-fasciste qui se met en place. Une hybridation entre un état policier, une super structure technologique de surveillance et une ségrégation des musulmans que la prochaine loi Séparatisme entend écrire noir sur blanc.

Rarement dans l’histoire de la 5e république, la répression n'avait été aussi totale contre tous les mouvements sociaux (gilets jaunes, écolos, antiracistes, lycéens, féministes) mais aussi contre tous les corps de métiers : journalistes, avocat.ess, pompiers, profs, soignant.es, éboueurs, etc.

Rarement dans l'histoire de la 5e république, il n'y avait eu autant de mouvements sociaux massifs en si peu de temps. Depuis que Macron est président, des manifs à plus de 100 000 personnes ont eu lieu pour le climat, pour la justice sociale, contre le racisme, ou pour le droit des femmes. Aucun de ces combats n'a vu le pouvoir reculer, malgré l'ampleur des mobilisations. L'exemple le plus parlant reste la réforme des retraites, avec un passage en force via le 49.3.

La seule fois où Macron a reculé, très légèrement, c'était en décembre 2018, après les actes GJ les plus insurrectionnels. La fois où, rappelons-le, le roi s'était enfermé dans son Bunker par peur qu'une foule révolutionnaire ne vienne le chercher.

Il faut comprendre que ce pouvoir n'a rien de démocratique. Que le dialogue social n'existe pas et que les puissants sont en train de mettre en œuvre les outils légaux pour éviter que la contestation ne puisse s'exprimer, en dehors des contestations de salon et qui, au-delà du cirque médiatique, ne seront jamais prises en compte.

Comment le dogme de la non-violence protège l'État

Alors oui, ce samedi, ceux qui ont jeté des pavés l'ont fait pour changer de monde. Pour changer de société. Pour combattre le fascisme 2.0. Vous pourrez leur cracher dessus, les traiter de sauvages, les accuser d'être les idiots utiles du pouvoir. Mais c'est une illusion. Une illusion créée par ce pouvoir. (cf. "Comment la non-violence protège l'État : Essai sur l'inefficacité des mouvements sociaux" de Peter Gelderloos)

Nous préférons voir dans ces personnes la lueur et l'espoir face à l'obscur monde que Macron nous façonne. Qu'ils soient en noir, en jaune ou en rose, ceux qui ont participé aux actions offensives samedi à Paris (mais aussi dans de nombreuses autres villes) rêvent d'une société meilleure et moins violente.

Les "casseurs" et les "casseuses" ne sont rien de plus que des Farida - l'infirmière qui avait jeté un caillou à visage découvert le 16 juin dernier avant de se faire arrêter sauvagement. Ou des Christophe Dettinger - le boxer gilet jaune. La différence réside uniquement dans la tenue vestimentaire, écran de tous les fantasmes, alors qu'en réalité ce n'est qu'une tactique adoptée par une foule d'individus hétéroclites pour éviter l'identification policière.

Un tag populaire pendant les gilets jaunes disait : "On n'est pas des casseurs mais on va tout péter". En vrai, le mot "casseur" est une étiquette saugrenue qui convient avant tout à la bourgeoisie pour décrédibiliser l'expression d'une violence légitime qui remet en cause son ordre inégalitaire. Les médias bourgeois aimeront parler de "haine anti-flic" aussi. Et ramener à une déviance un rapport de force. Les aspirations démocratiques qui se heurtent au bras armé du pouvoir ne sont pas des "haines anti-flic".

Il faut ne jamais avoir été ces femmes et ces hommes qui se réveillent chaque matin la boule au ventre suite aux immondices de la veille. Ne jamais avoir eu le frigo vide et se battre pour que ça n'arrive plus. N'avoir jamais subit la ségrégation parce que pas les bons papiers français. N'avoir jamais eu envie de vomir lorsqu'un gilet jaune prend de la prison ferme pour une porte de ministère défoncée au fenwick alors qu'un policier meurtrier continuera à être en liberté.

Voir clair dans la tempête

A l'image d'un camion de syndicat qui passait avec son gros cortège après les affrontements et qui eut l'intelligence de passer dans sa sono "Mais qu'est ce qu'on attend pour foutre le feu" de NTM, il s'agit maintenant de voir la suite et comment nous allons tenir ensemble avec nos diversités pour dégager cette loi et tout le projet post-fasciste qui vient derrière.

Les manifestations de ce 28 novembre sont une réussite : force numérique, actions offensives, but commun, organisation des colères et parfois déchainement de colère, comme pour rappeler qu'on n'est pas là que pour se représenter, mais pour agir. Mais ne soyons pas dupes et rappelons que toutes les luttes émancipatrices des derniers années ont un triste point commun : leur échec.

Les défaites des derniers mouvements sociaux nous ont prouvé qu'on ne peut continuer à se battre avec la naïveté du réformisme. C'est une impasse dangereuse qui ne fait qu'étouffer les chances de réel renversement en faisant croire à des milliers de gens qu'il suffira d'invoquer le droit et de voter aux prochaines élections. "il nous semble incroyablement naïf, ou alors d'une hypocrisie plus ou moins dissimulée, de croire que l'on nous remettra gentiment les rênes du pouvoir, l'argent du coffre ou les clés de la ville simplement par bonté d'âme." (Peter Gelderloos)

La vérité c'est que les institutions jouent contre nous. Ceux qui ambitionnent de gérer des mouvements sociaux en ordre discipliné et convenable aux yeux du pouvoir ne travaillent qu'à la maintenance de ce système inégalitaire.

Nous sommes des millions à vouloir un changement profond et émancipateur. On crie sans cesse "ça va péter". On reprend à tue-tête les chants du mouvement insurrectionnel des gilets jaunes. Il ne suffira pas de le dire pour le faire. Un jour, il faudra se remonter les manches et avoir le courage de regarder en face la violence et l'inventivité nécessaire qu'il faut pour faire tomber le monde qui nous opprime.

Tant qu'on se battra avec les modalités choisies par le pouvoir et le folklore qui est admis dans les médias bourgeois, nous ne serons que des figurants et les luttes ne seront que des illusions nous entrainant malgré nous dans un monde toujours plus fermé, autoritaire, ségrégationniste... Et sous surveillance.


France : à l'aube d'un état fasciste

La France à l'aube d'un état fasciste

... même sans l'article 24 de la loi Sécurité globale

Cette semaine n'a pas été à la faveur de l'article 24. Avec l'évacuation de la République et le tabassage de Michel Zecler, le crash test est foiré, la réalité a parlé. Le fait qu'il légalise une pratique mafieuse empêchant la production de preuves de violences policières et qu’il touche à la liberté de la presse, chère à la corporation des journalistes le rend dur à avaler. Il est probablement déjà mort né. Sans compter que la colère qu'il suscite est en train de produire l'inverse de l'effet recherché.

Par contre, si jamais les autres dispositions de la Loi Sécurité globale et la future loi Séparatisme sont adoptées, Macron aura réussi à poser les piliers d'un état policier couplé à une ségrégation islamophobe légalisée. 

Une question : si l'article 24 saute, restera-t-il des journalistes et des organisations citoyennistes pour s'opposer à cette descente aux enfers ? 

Le maintien de l'article 24 est devenu intenable

En une semaine, pas moins de deux cas d’école viennent de prouver que l’article 24 de la loi sécurité globale est incompatible avec le besoin de vérité dans les affaires de violences policières. Lundi, l’évacuation inhumaine des réfugiés de la place de la République et jeudi le tabassage de Michel Zecler à son studio de musique ont véritablement plongé le gouvernement dans sa propre merde. Maintenant, on se demande plutôt combien de Michel sont actuellement derrière les barreaux pour faute d’images contredisant les mensonges policiers

Par ailleurs la défenseure des droits et de nombreux juristes ont montré que dans les faits, cet article 24 est inutile puisque des lois existent déjà pour réprimer les délits qu'il prétend cibler. Bref, politiquement, cet article 24 est probablement devenu un poids trop lourd à porter pour le gouvernement. Et la création par Castex d'une commission pour « une nouvelle écriture » de l’article, qui au final ne concernera pas l'article 24... ne fait que confirmer cette impression.

Il est probable que le gouvernement finira par lâcher l'article 24 ou le fera passer déplumé de toute sa substance afin de préserver les autres articles qui apparaissent bien plus juteux en terme d'intensification du contrôle sur la population. Au vu des conséquences de la pauvreté de masse qui s'annonce, nul doute qu'il a besoin au plus vite d'un cadre légal et de moyens répressifs surdimensionnés pour asseoir sa politique inégalitaire.

Loi Sécurité globale ou comment faire de la France le premier pays sécuritaire d'Europe

Deux aspects nous paraissent essentiels au delà de l’article 24 et il en a été très peu question dans les débats.

Des pouvoirs élargis pour toutes les forces armées intérieures : police nationale, municipale, privée

Il y a tout d’abord une extension de pouvoir, et donc de moyens, à la police municipale. « Les polices municipales placées sous l’autorité politique des maires se voient reconnaître avec cette loi des pouvoirs et des missions de plus en plus proches de ceux de la police nationale. » note une tribune parue dans le Monde aujourd’hui (Loi « sécurité globale » : « La France devient le premier pays sécuritaire de l’Union européenne »).

Grosso modo, il s’agirait pour les municipaux de faire le boulot de la police nationale pour libérer cette dernière pour le maintien de l’ordre. Elle serait également moins qu'avant, sous le contrôle des maires.

Ensuite, cette extension de pouvoir policier concerne aussi le secteur privé. La loi donne la possibilité aux policiers de pouvoir se reconvertir dans ces secteurs une fois la retraite arrivée ou lorsqu’ils décident de raccrocher le flashball républicain. Il faut aussi noter que la loi permet une extension des missions du privé qui pourrait désormais s’occuper de la sécurité publique et ce avec des prérogatives répressives étendues. Le cas concret qui s’annonce est clairement le déroulement des prochains jeux olympiques à Paris, cités comme exemple à l’Assemblée Nationale par un des rapporteurs de la loi, ancien policier du Raid, Jean Michel Fauvergue.

Voilà donc des aspects bien concrets de la loi qui comptent à la fois financièrement dans la vie d’un policier et qui donnent par dessus tout les possibilités à ce corps de métier d'une extension inédite du pouvoir répressif et du contrôle permanent de nos vies. Comme le dit le docteur en droit Yves Jeanclos « l’Etat pourrait avoir à sa disposition répressive, au quotidien, pas loin d’un demi million d’agents du maintien de l’ordre et de la sécurité intérieure, soit un potentiel ratio d’environ un fonctionnaire des forces intérieures pour 150 habitants (contre un pour 281 en 2018), la France devenant le premier pays sécuritaire de l’Union européenne. »

Après la phase test, la technopolice passe à l'échelle industrielle

Alors que la France se situe déjà dans le top des pays dits démocratiques par ses moyens juridiques et policiers de surveillance et de contrôle de sa population civile, le gouvernement semble lancé, sans aucun débat public, dans une course aveugle au déploiement de technologies de surveillance de masse. Le traitement en direct des images de drones dont l'usage serait largement étendu, de celles des caméras qu'elles soient policières, de rue, ou de hall d'immeuble et la reconnaissance faciale prévus par cette loi constitueraient un pas en avant immense vers une société où les moindres faits et gestes quotidiens des citoyens pourront être surveillés.

Loi Séparatisme ou la construction d'un ennemi intérieur

Il a beaucoup été question de la pratique journalistique à propos de cette loi. Mais au delà de la liberté de faire, il y a une liberté bien plus importante qui s'annonce ciblée, c'est celle d'être. Car ne l'oublions pas, cette loi s'inscrit dans un contexte où l'Etat profite du choc des attentats terroristes pour terroriser à son tour celles et ceux qu'il estime pouvoir jeter à la vindicte populaire. Avec la loi Séparatisme qui s'annonce, l'Etat se désigne son ennemi numéro un, car s'il est une règle de pouvoir cardinale c'est de se désigner un ennemi à combattre pour cacher les vrais problèmes. Les musulmans sont plus que jamais les cibles des fakenews et fantasmes de l'extrême droite avec qui le macronisme joue la concurrence.

Ce qui s'annonce avec ces deux projets de loi, Sécurité globale et Séparatisme, c'est une société de la surveillance, de la suppression des libertés publiques et de la suspicion généralisées construite sur la paranoïa islamophobe. Pour reprendre la formule de Guillaume Meurice, « on ne pourra pas dire qu'on a pas vu venir le fascisme. Il arrive en klaxonnant ! »

Là où les gens se connaissent, se font confiance et prennent le temps de penser et d’agir ensemble, nous pouvons faire échouer le gouvernement et la société de contrôle. Nous pouvons gagner ! 

 

 

 


Qui sont les policiers qui ont tabassé Michel ?

Qui sont les policiers qui ont tabassé Michel ? Par Désarmons-les

Comment la police en arrive a de telles violences racistes ? Dans l'article que nous reproduisons, le collectif Désarmons-les nous rappelle qui sont les Brigades Territoriale de Contact dont les policiers qui ont tabassé Michel sont issus.

LES BTC ET LE SYNDROME MALIK OUSSEKINE : DES BRIGADES POUR CHASSER LES "MÉTÈQUES ET LES GAUCHISTES"

L'équipe de petites frappes racistes qui a tabassé un producteur de musique et de jeunes artistes dans et devant un studio privé du 17eme arrondissement le 21 novembre (cf.Loopsider) est issue de la Brigade Territoriale de Contact (BTC) du 17eme.

Les BTC, anciennes BST, sont un dispositif neo-colonial expérimenté dans les banlieues depuis quelques années. Dans la pure tradition de "l'anti-criminalité", concept inventé par Pierre Bolotte, premier préfet de Seine Saint Denis, fossoyeur des grévistes guadeloupéen en mé 67 (plus de 80 morts) et inventeur de la première BAC en 1971 (Saint Denis toujours), l'objectif de ces unités spéciales est de "taper du délinquant", de faire du "saute dessus", notamment sur la base de critères racistes (délit de faciès).

LES BTC ET LE SYNDROME MALIK OUSSEKINE : DES BRIGADES POUR CHASSER LES "MÉTÈQUES ET LES GAUCHISTES"

L'équipe de petites...

Publiée par Désarmons-les sur Jeudi 26 novembre 2020

Les BTC avaient aussi été incorporées dans le dispositif temporaire des Détachements d'Action Rapide (DAR) fin 2018 (vous vous souvenez, quand le gouvernement se faisait dessus) pour aller semer la terreur sur les artères des beaux quartiers en prise à la révolte populaire des Gilets Jaunes. Des centaines de ces pantins violents (et sans conscience, les faits en attestent) s'étaient alors retrouvés armés de LBD et de grenades GMD, équipés à la va-vite de tout ce que les vieux placards de la PP pouvaient contenir de casques de motos et de fringues civiles de tout genre (évidemment, y'avait pas assez d'équipements de maintien de l'ordre pour ces flics non habilités à cette mission) pour aller chasser sur les Champs-Élysées.

Traque sous les porches d'immeubles, ou le syndrome Malik Oussekine...

Ces brigades de mercenaires, idiots utiles d'un système fondamentalement réactionnaire et raciste, agissent comme on l'attend d'eux, c'est à dire comme bêtes en meute...

Dissolution !

Pour aller plus loin, lire notre article sur l'histoire coloniale du maintien de l'ordre :

 


Si tout s'accélère contre nous, c'est qu'ils sont morts de trouille

On aura beau dire tous les trois jours que c'est de pire en pire sur tous les points et que ça va de plus en plus loin, c'était prévisible et on l'a vu venir en se sentant impuissants depuis longtemps.

Sous fond d'autoritarisme sanitaire, de racisme d'état (islamophobie, chasse aux exilés et j'en passe), de politique ultra-sécuritaire et j'en passe aussi, ce glissement idéologique assumé vers l'extrême-droite est logique : tout l'arsenal vers l'autoritarisme est désormais en place et ça empirera probablement dans les mois ou les années à venir. La république assume dorénavant les valeurs sur lesquelles elle s'est construite, maintenant c'est à visage découvert.

Bien sûr, ce futur proche aux aspects orwelliens est effrayant. Ceci-dit, rappelez vous d'un truc : depuis la fin du mouvement Nuit debout et la loi travail disons mi-2018 à nos jours, il s'est passé plein de choses, dans un ordre plus ou moins chronologique avec beaucoup d'oublis, nous avons eu :

- plusieurs victoires dans les ZAD

- le soulèvement populaire le plus violent, le plus déterminé et dans l'idée et la pratique, l'un des plus inventifs et des plus audacieux généralisé à l'échelle du pays entier depuis au moins 36

- trois jours d'émeutes spontanées et parallèle aux gjs des lycéens, certes tuées dans l'oeuf par la répression mais qui laisseront des traces plus étalées encore sur le territoire que la génération "loi travail"

- la plus longue grève depuis 1945 avec un durcissement évident des bases, qui plus est vu que la défaite est cuisante

- des dizaines de milliers de personnes contre l'islamophobie

- encore plus devant le TGI, puis à répu contre la négrophobie, le racisme d'état et les violences policières

- un monde fou à chaque marche pour le climat

- de même pour les exilés où les cortèges sont de plus en plus importants

- des manifs énormes pour le droit des femmes, contre le patriarcat et la violence qui en émane

- le fait de parler beaucoup plus des violences d'état, qu'on évoque enfin leur racisme, et qu'on médiatise enfin les collectifs de familles qui se battent pour demander justice et vérité.

- Si les révoltes de 2005 n'avaient rien de nouveau dans leur légitimité ou les actes et qu'elles continuent, elles n'ont probablement jamais été aussi ciblées à l'encontre du bras armé de l'oppresseur notamment par le mortier.

Bien sûr, ça ne suffit pas du tout, chaque lutte possède ses spécificités et tout ne peut "s'articuler" logiquement uniquement sous prétexte d'avoir les mêmes ennemis en commun si on veut des alternatives concrètes pour accompagner ces combats.

Reste que si tout s'accélère contre nous, c'est aussi le cas contre eux : ces chiens sont morts de trouille et tenteront donc toujours d'avoir un temps d'avance en régnant par la terreur. Du préfet de Paris, aux renseignements en passant par certains généraux de l'armée, tous flippent de l'évolution des mouvements sociaux en quelques années.

C'est pas pour vous donner du baume au coeur, encore moins vous rassurer vu le contexte et le rapport disproportionné face auquel on ne se résignera pas, mais bien dire que tout n'est pas perdu.

On va prendre de plus en plus cher, on manque d'organisation mais aussi cruellement d'imagination, souvent de souplesse renfermé dans nos délires "puristes", et surtout de renouveau parce que clairement pour certains d'entre nous, on est à bout, y'a forcément l'affect qui rentre au jeu, on a trop la tête dans le guidon à force de courir partout et donc pas le temps d'avoir le moindre recul. Evidemment : la répression nous a fait beaucoup de mal et on s’en remet pas comme ça (blessures, mutilations, incarcérations, condamnations, interdictions de manifs, post-traumas..)

Ce qui est rassurant, c'est de lire beaucoup d'entre vous qui ont envie de manifester pour la première fois de leur vie, en général ça annonce des trucs cools, là c'est vraiment le moment, confinement ou pas : il n'y aura pas de retour en arrière possible et on a besoin de vous sur place plus encore que sur les réseaux.

Si on attend 2022 pour espérer changer les choses et de se calquer uniquement sur l'agenda électoral qu'on nous impose on sera encore plus déçu et se résigner à ça, c'est signer l'arrêt de mort de tout ce qui s'est construit en si peu de temps et se faire bouffer par une double candidature de la loose : Taubira/Jadot, ou même JLM...d'autant qu'ils n'ont pour le moment aucune chance et que la crise qui arrive après le covid va faire très mal, c'est notre consentement à tout accepter qui est actuellement expérimenté.

A nous de nous imposer pour être force de proposition.

Leur crasse nous donne peut être l'opportunité d'aller nous aussi encore plus loin.