Marche pour Hong Kong - Paris 11 juillet

MARCHE POUR HONG KONG : Le 11 juillet à Paris a lieu une marche de soutien

« 1984 de Georges Orwell, modèle d'une société parfaite pour Xi Jinping. Les livres parlant de démocratie, qu'ils soient historiques ou contemporains sont bannis des bibliothèques. Les slogans sont interdits et brandir des feuilles blanches (devenu le symbole de la censure du Parti Communiste Chinois) sont passibles d'arrestations et de condamnations. Et même dans ton pays, que tu sois en France ou ailleurs, tu es maintenant contraint à respecter la Loi de Sécurité Nationale. Elle est, en fait, la première loi sur le contrôle international, dépassant toutes frontières, toutes cultures et toutes ethnies. Que tu sois Ouïghour, Tibétain, Hong Kongais, Français, Anglais, Tchétchène : Si tu ne respectes pas cette loi, tu seras fiché et interpellé dès ton arrivée dans "La République Populaire de Chine". Voilà l'importance des masques, voilà l'importance des parapluies, et voilà l'importance de se révolter maintenant. C'est beaucoup plus qu'une question de sol et de business. C'est l'avenir mondial qui se joue ici et maintenant. »

C'est le témoignage de camarades Hongkongais qui nous transmettent l'appel à tous les Gilets Jaunes de France, tous les Hong Kongais réfugiés, tous les sympathisants et toutes celles et ceux qui sont contre le despotisme de Xi Jinping à venir marcher à leur coté samedi 11 juillet à Paris.

Dans la description de l'évènement une attention particulière est exprimée sur le masquage des visages. Surtout si vous comptez voyager en Chine à l'avenir :

"Amenez votre plus beau parapluie, votre plus beau casque jaune et votre plus beau masque de protection contre le coronavirus.
Lunettes de soleil et chapeau recommandé.

Manifestation déclarée, plus de détails à venir dans les prochains jours."

Premier évènement de grand envergure et à grande échelle en soutien à Hong Kong face à l'oppression de la Chine et du non-respect du traité de 1997 sur la rétrocession de Hong Kong à la Chine !

Pour partager et s'inscrire à l'évènement : https://www.facebook.com/events/281897293247450/


Libérez Hong Kong, révolution de notre temps

LA CHINE CRIMINALISE UN SLOGAN « Libérez Hong Kong, Révolution de notre temps »

Au nom de la loi dite « de sécurité nationale », Pékin a imposé depuis hier la fin de l’exception démocratique de Hong Kong. Tout acte remettant en cause la souveraineté de l’Etat chinois sera sévèrement réprimé. La liberté d'expression, la liberté de la presse et la justice indépendante dont bénéficiaient les Hongkongais sont totalement remises en cause.

Libérez Hong Kong, révolution de notre temps

« Libérez Hong Kong, Révolution de notre temps » 

Quelques mots écrits sur les murs ou des bouts de tissu deviennent plus que jamais des mots de résistance et un amer symbole de la fin des libertés individuelles qui s'abat sur Hong Kong. Hier plusieurs manifestants portant le slogan ont été arrêtés pour un total de 370 arrestations dont 10 en vertu de la loi sécurité, selon les chiffres officiels.

A juste titre, ces mots sont déclarés sécessionnistes et pro indépendantistes et témoignent de la volonté pour Pékin de se ré emparer d'un territoire longtemps colonisé par l'Angleterre. Après la rétrocession de 1997, Hong Kong a cependant pu bénéficier de son autonomie et a nourri des rêves d’autodétermination, se sentant loin du régime dictatorial chinois.

Mais c'est cette autonomie que Pékin compte depuis le début anéantir. La Chine qui est un empire colonisateur en puissance met tout son pouvoir pour étouffer la liberté des Hongkongais et les velléités contestataires. Les personnes considérées comme opposantes au régime risquent la prison à vie.

Dans un post du deux Juillet, le média Vécu par le biais de Jules, reporter qui est allé plusieurs fois à Hong Kong couvrir les manifestations écrivait :

Depuis le début de l’année plus de 2000 Hongkongais impliqués dans les manifestations se sont échappés en direction de Taïwan.
Le Royaume-Uni va étendre les droits à l’immigration des Hongkongais, facilitant ainsi l’accès à la citoyenneté Britannique pour les habitants de Hong Kong possédant un passeport spécial auquel sont éligibles près de 3 millions de Hongkongais.

D’après une source locale, il n’y aura plus de manifestations pro-démocratiques dans les rues, certains continuent le combat depuis l’étranger et pour ceux qui ne peuvent pas partir, il faudra « faire avec ».

Rappelons que depuis Mai 2019 avait débuté un important soulèvement à Hong Kong contre une loi d’extradition vers la Chine. Tout un tas de modes d’actions ont alors été déployés jusqu’à maintenant :

➡️ Manifestations gigantesques (parfois jusqu’à 2 millions),
➡️ Occupations (aéroport, centres commerciaux, université Poly U),
➡️ Des rues entières "piégées" de briques pour déjouer la police,
➡️ Des affrontements avec des tactiques en constantes évolutions (ustensiles, communications, ravitaillement…)
➡️ Et par dessus tout, un esprit de solidarité à toute épreuve qui mobilisait tous les ages et tout type de personne.

Nous n’avons pas oublié les 5 revendications de ce soulèvement populaire :

• Retrait définitif du projet d’extradition
• Retrait de la caractérisation "d'émeute"
• Libération sans condition de tous les manifestant.es arrêté.es, sans inculpation
• Enquête indépendante sur les violences policières et les abus de pouvoir
• Démission de Carrie Lam, et mise en œuvre du suffrage universel intégral

Soutien à Hong Kong qui se bat pour sa liberté et son autodétermination

deux manifestans Hongkongais avec le slogan criminalisé
Photo: KH/United Social Press.

sources : Hong Kong Free Press (HKFP) et "Hong Kong, Clap de fin ?" (Jules pour Vécu)


EELV remportent des grandes villes. Ecologie ou greenwashing ?

L’ÉCOLOGIE QUI N’ABOLIT PAS LES INÉGALITÉS C'EST DU GREENWASHING

Le parti des Verts a remporté plusieurs grosses villes aux municipales hier dans un contexte d'abstention historique : Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Grenoble, Besançon ou Lyon (avec souvent quelques alliances)… N’oublions pas que les Verts, ce sont aussi beaucoup de Nicolas Hulot et autres charlatans pratiquant une écologie à l'idéologie néolibérale qui arrange la progression destructrice de la nature et du peu qu'il nous reste dans les villes.

« Il y a une écologie qui est un art d’habiter et de défendre les milieux vivants, et une écologie qui se présente comme un gouvernement de la nature et des sociétés. » C’est ainsi que commence le livre "Ecologie sans transition" de Désobéissance Ecolo Paris.

L’écologie qu’on veut, c’est celle des habitants des métropoles qui veulent respirer sans s’intoxiquer et reconquérir l’espace que le monde de l’argent leur a volé. On veut des logements dignes, de la bonne bouffe et pouvoir utiliser l'espace urbain sans que des flics viennent semer le chaos.

Est-ce que Michèle Rubirola par exemple, en tête à Marseille, va redonner la Plaine à ses habitants et expulser les promoteurs véreux d’un haut lieu de vie populaire ? Sa liste va t'elle rénover les immeubles vétustes des quartiers pauvres pour éviter un autre drame comme celui de la rue d'Aubagne ?

Ou est-ce que Pierre Hurmic par exemple, va arrêter d’expulser les squats à tire larigot comme le faisait son sinistre prédécesseur à Bordeaux ? Idem pour Lyon où des militants ont coupé hier soir le discours du Vert Bruno Bernard pour que cesse les expulsions...

L’écologie qu’on veut, c’est celle du partage de la terre et de l’abolition des inégalités avant toute chose, que ce soit à la ville ou à la campagne. A quoi bon vivre dans un environnement "Haute Qualité Environnementale" si c'est pour vivre barricadé ? Si tout autour il y a de la misère ? Si c'est l'apartheid social ?

L’écologie qu’on veut, ce n’est pas celle des startups, pas celle de la FNSEA, ni celle des bars branchés qui vendent des bières bio hors de prix pour une élite bien intégrée. Ce n’est pas celle non plus des champs d’éoliennes et de panneaux solaires qui sert de bonne conscience à un monde concurrentiel bâti sur l'exploitation et l'aménagement de chaque mètre carré de planète.

Notre écologie, c’est celle des gilets jaunes, celle qui postule que sans abolir les inégalités, ce n’est que du greenwashing.


Fête de la musique en cavale à Nantes. 2020

FÊTE DE LA MUSIQUE : UNE EXTENSION DU DOMAINE DE LA LUTTE MALGRÉ ELLE

Un an après la mort de Steve à Nantes, la fête de la musique a une nouvelle fois été attaquée par la police et la gendarmerie. A Paris, la police semait la terreur en évacuant la rue de Lancry, sans hésiter à user de la matraque sur les fêtards, pendant qu’à Nantes la gendarmerie noyait le cortège festif sous les lacrymos.

S’il est un signe que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, en voilà un de plus. Toujours un de trop. En France, la police frappe les fêtards. En France, l’Etat met en danger de mort la population lorsqu’elle sort simplement danser sur son sol, sur son territoire. En France, on argue d’un risque du Covid pour des fêtes en plein air, mais on s’accommode des municipales en lieu clos. La science établit des liens entre municipales et contagion, mais c’est dehors à l’air libre, dans l’espace populaire, que règne l’interdiction et la répression.

A Nantes hier, chacun a pu assister à une drôle de fête. A une fête de résistance. Les interdictions proclamées par le Préfet Claude d’Harcourt, déjà en place quand Steve est mort, ont été bravées. Comme un peu près toutes les interdictions de manifestations en France ces dernières semaines.

Camion teuf mille personnesA la manière de ce camion sono emportant un bon millier de personnes en cortège festif hier à Nantes, la multitude d’individus présents a su inventer, a su oser. Comme par un geste naturel qui ignore les entraves qu’on s’apprête à lui mettre, le dispositif de gendarmerie a pendant un bon moment été balayé, ignoré. Méprisé comme il se doit. Au nom de quelque chose de vital. Au nom d’un droit écrit nulle part comme tel, celui de vivre et s’exprimer à nombreux quand c’est interdit, surtout quand c’est interdit.

La liberté a cependant fini par être rattrapée. La fête de la musique 2020 à Nantes était en cavale hier. On n'aurait jamais cru possible d'écrire "cavale" et "fête de la musique" dans la même phrase, mais c’était sans compter le climat répressif et brutal qui sévit en France avec Macron et ses préfets criminels. Le camion et son conducteur ont ainsi été rattrapés. Le conducteur toujours en garde à vue risque gros et de payer à titre d’exemplarité car le pouvoir n’aime pas être défié. Le conducteur va avoir besoin de soutien très vite.

camion sono Nantes
Le camion sono et la fête prise dans les lacrymos. Photo : Nantes Révoltée

Nous n’avons d’autres choix que de rentrer en résistance et de se serrer les coudes, car la fête est maintenant devenue malgré elle un espace où il faut lutter. On n’oubliera pas qu’avant cela, celle et ceux qui faisaient vivre la fête libre comme Steve Maia Caniço étaient déjà depuis longtemps les cibles de la répression.

En France en 2020, l’Etat transforme officiellement la joie libérée en comportement criminel. Soyons fortes forts et solidaires pour savoir briser les chaines qui se resserrent. Non loin de Nantes, dans le bocage, il y a la Zad. Et là bas, on avait coutume de dire : Nous sommes la nature qui se défend. Cette phrase vaut maintenant partout.

Pour soutenir le conducteur du camion son et les autres inculpé.es de la soirée du 21 juin, pour ne pas laisser la répression se déchaîner sur eux sans réactions, les proches recherchent des témoignages sur les violences policières ce soir là, des vidéos, du soutien financier. Il est possible de leur écrire à soutienrepression21nantes@riseup.net

Vidéos

Nantes sous les gaz : https://twitter.com/CerveauxNon/status/1274814048442421248
Paris sous les matraques : https://twitter.com/CerveauxNon/status/1274790043790573568

L'Auvergant taguée et adapté pour Steve
La chanson pour l'auvergnat de Brassens, taguée et adaptée pour Steve dans les rues de Nantes. Photo : Marion Lopez
Libérez la Teuf. Fête de la musique. Nantes 2020
Photo : Nantes Révoltée

 

 


8 mesures pour abolir la police

Ce texte et ces visuels sont une traduction (et adaptation à la situation française) du projet américain 8ToAbolition.
Réalisé par Anarchaud

Un monde sans prisons ni police, où nous pouvons être en sécurité.
Nous croyons en un monde sans meurtre policier car sans police.
L'Abolition ne peut pas attendre.

8 parties :
1. Démanteler la police,
2. Démilitariser les communautés,
3. Interdire le fichage,
4. Libérer les prisonniers prisonnières,
5. Abroger les lois qui criminalisent la survie,
6. Investir pour l'autonomie de la communauté,
7. Fournir un logement sûr à tous toutes,
8. Investir dans l'entraide, pas dans la police.

1. Démanteler la police :
Exiger la baisse du budget de la Police jusqu'à ce qu'il soit de zéro ; Exiger que la Police soit responsable des fautes et des recours à la violence ; Supprimer l'IGPN, IGGN ; Réduire le pouvoir des syndicats policiers ; Abolir les programmes et lois de confiscation des biens ainsi que l'outrage à agent ; Mettre fin à la prise en charges des frais judiciaires de forces de l'ordre et leurs proches par l'Etat ; Retirer toutes les technologies de surveillance ; Retirer la Police de toutes les écoles ; Interdire les plans d'innovation privé-public qui bénéficient de correctifs technologiques temporaires pour des problèmes systèmique d'abus et de violences policières.

2. Démilitariser les communautés :
Désarmer les forces de l'ordre, y compris la Police, les Gendarmes et la Sécurité Privée ; Mettre fin aux contrats entre la police et les compagnies privées qui fournissent des technologies de surveillances aux forces de l'ordre ; Renoncer aux programmes de militarisation de la police ; Interdire les formations militaires aux forces de l'ordre et séparer la Gendarmerie de l'armée ; Cesser l'exportations d'armes ; Abroger toutes les lois qui protègent, excusent ou permettent les fautes policières.

3. Interdire le fichage :
Cesser les contrôles d'identité, le délit de faciès, le fichage des populations ; Interdire le relevé des empreintes et de l'ADN ; Interdire les applications policières permettant le fichage notamment des personnes LGBTIQ+ ; Démanteler la BAC, la BRAV-M ; Mettre fin au plan VIGIPIRATE et abroger les états d'urgence ; Interdire la Fiche S sur la base de soupçons racistes et à but politique ainsi que les accusations infondées pour "apologie du terrorisme" ; Interdire les perquisitions et les assignations à résidence arbitraires ; Mettre fin aux comparutions immédiates.

4. Libérer les prisonniers prisonnières :
Fermer de manière permanente les prisons et les CRA ; Libérer les prisonniers prisonnières médicaux des hôpitaux... ; Mettre fin aux arrestations obligatoires qui mènent à la criminalisation des survivantes de violences genrées ; Rejeter les "alternatives à l'incarcération" qui sont carcérales par nature ; Réduire le nombre d'arrestations ; Baisser les financements des bureaux des procureurs ; Mettre fin à la détention provisoire, aux surcis ; Libérer toutes les personnes en détention provisoire et pour violation de la libération conditionnelle ; Rendre libres toutes les communications entre et par les prisonniers prisonnières ; Mettre fin à la détention des personnes immigrées, à leur criminalisation et laisser les personnes sans-papiers venir chez elles.

5. Abroger les lois qui criminalisent la survie :
Abroger les lois criminalisant les personnes impliquées dans le travail du sexe, la vente de drogue et l'économie de rue ; Abroger les lois criminalisant l'occupation de l'espace public, en particulier pour les personnes sans-abris et les gens du voyage ; Abroger les statuts qui criminalisent les survivantes de violences genrées ; Mettre fin aux amendes et redevances associées aux procédures judiciaires pénales ; Abroger les lois sur l'absentéisme précarisant les étudiants étudiantes bousiers boursières au Crous ; Abroger les lois contre la dissimulation du visage, y compris le port du voile.

6. Investir pour l'autonomie de la communauté :
Favoriser les conseils de voisinage comme corps représentatif au sein de la prise de décision municipale ; Déterminer les besoins de la communauté et investir dans des ressources à base communautaire ; Investir dans des approches de la santé public à base communautaire, y compris la prévention non-carcérale de la violence comme les programmes d'intervention et l'éducation basée sur les compétences lors d'interventions de témoins, le consentement, les limites et des relations saines.

7. Fournir un logement sûr à tous toutes :
Annuler le loyer sans charges de remboursement pendant le COVID-19 ; Réutiliser les bâtiments, maisons, appartements vides et hôtels pour loger les personnes sans-abris ; Interdire les expulsions ; Fournir un soutien sans équivoque aux personnes réfugiées et aux communautés cherchant l'asile ; Assurer que les survivantes des violences genrées aient accès à des options de logement alternatives ; Fournir des options de logements non coercitives pour les jeunes LGBTIQ+ victimes d'abus ou de rejets par leur famille.

8. Investir dans l'entraide, pas dans la police :
Investir dans l'enseignement et la santé, mentale y compris et soutenir les plannings familiaux ; Transport public gratuit ; Mettre fin à l'inégalité de financement des écoles en fonction de leur appartenance aux banlieues ; Installer des toilettes publiques gratuites sécurisées et non-genrées ; Assurer l'investissement des banques alimentaires, des coopératives d'épiceries, des jardins et des fermes à base communautaire ; Investir dans des programmes de jeunesse qui promeuvent l'apprentissage, la sécurité et le soin communautaire.


Soutien à Farida et aux soignants en colère

VIOLENCE. QUI EST LÉGITIME ? SOUTIEN À FARIDA

Macron l'a dit : nous sommes en guerre. Reste à savoir contre qui. Et avec qui. Mardi 16 juin à Paris, l'image de Farida violemment interpellée par la police a fait couler beaucoup d'encre.

De nombreuses personnes sont choquées par la violence de l'interpellation d'une soignante de 50 ans, qui a lutté pendant 3 mois pour soigner des patients du Covid, et qui a même été atteinte de la maladie.

Mais d'autres sont surtout choqués que certains puissent prendre sa défense alors que quelques minutes avant, elle faisait des doigts d'honneurs à la police et a même lancé des cailloux. Les médias et l'extrême droite se déchainent depuis quelques heures pour salir Farida et rendre son interpellation violente "légitime".

Méprisés pendant leur mobilisation débutée il y a plus d’un an pour exiger plus de moyens et soudainement érigés en « héros » par ceux qui ont baissé les budgets, supprimé des milliers de lits, appauvri les personnels soignants pourtant déjà plongés dans le désespoir avant le covid. Pendant des mois, on a applaudi les soignants. On a dit que leur précarité était scandaleuse. Que leur colère était légitime. On a entendu parler de "blouse blanche / colère noire". On a lu des "plus jamais ça". Bref, le changement radical était la seule issue pour ne pas revivre un nouveau drame comme celui du Covid 19. A la fois pour le personnel soignant, en première ligne, et pour tous les citoyens.

On sait tous depuis des mois que les manifestations, même ultra massives, sont totalement ignorées (voire méprisées) par le pouvoir. En témoigne l'énorme mouvement de grève/manif contre la réforme des retraites, qui n'a strictement abouti à rien.

Pourquoi et comment le pouvoir a-t-il pu tenir alors que des centaines de milliers de personnes étaient dans la rue et en colère ? Grâce à sa police et à la répression, notamment sur les journées les plus massives à Paris.

Rien d'étonnant si certains soignants et usagers se disent que le combat dont on parle sera forcément un combat sur le terrain, et pas à coup de grand slogan, de sonos ou d'affiches.

Alors oui, lancer une pierre sur un policier est interdit. Ceux qui se prêtent à ce type d'actions prennent donc le risque d'être arrêtés et déférés devant la justice. Mais il n'y a aucune raison de traîner une personne par les cheveux, de lui refuser sa ventoline, ou de l’empêcher de donner son nom / prénom au moment de son interpellation. C'est à la justice de décider de la gravité et de la sanction de son jeté de pierre, pas à la police. Ou alors, on est clairement plus en démocratie.

On remarquera que de nombreux médias français qui couvraient les émeutes aux USA en expliquant les dégradations et les actes offensifs par un contexte de rage et d'impuissance des populations touchées par le racisme et les violences policières ne comprennent pas ici qu'un jeté de pierre résulte du même processus. Ou que ces mêmes médias ne se sont pas indignés lorsque des policiers ont lancé des pavés sur les manifestants (à Paris et Montpellier en 2019).

De tous temps, et partout dans le monde, jeter une pierre est souvent l'un des actes de révolte le plus immédiat. Surtout lorsqu'on est devant une police menaçante. C'est évidemment répréhensible pénalement. Mais cela est parfois légitime. Et cela a été souvent "glorifié" par le passé, que ce soit en France ou à l'étranger.

La violence se mesure à la justesse de la cause. Celle des soignants qui exigent simplement d'exercer dignement et qui en sont empêchés par l'Etat et son bras armé est tout à fait noble.

Alors oui, nous soutenons Farida, et refusons de la jeter en pâture sous prétexte qu'elle a balancé une pierre sur des policiers sur équipés. Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises victimes des violences sociales et économiques. Et nous refusons d'estimer que l'attitude des policiers à son encontre est "normale" au vu de ce qu'elle aurait pu faire juste avant.

SOUTIEN A FARIDA !

libérez Farida infirmière de 50 ans qui a défendu sa profession face au bras armé de l'Etat


Zone Autonome de Seattle : la CHAZ

SEATTLE : LA ZONE AUTONOME SANS POLICE

La CHAZ, pour Capitol Hill Autonome Zone est cet espace de 6 patés de maisons décrété comme zone libre par les manifestants qui s’en sont emparés après plusieurs jours d’affrontements avec la police.

Quand les émeutes de Minneapolis, qui allaient ensuite se propager à d'autres villes, ont éclaté après la mort de George Floyd, le récit du capitalisme américain s’est réveillé avec une grosse gueule de bois. Voyant ses commissariats, ses banques et ses grandes surfaces ravagées par les flammes pendant que la population commençait déjà à auto-organiser la nourriture fraichement réquisitionnée. Les 50 Etats ont été touchés par des manifestations.

La brèche ouverte est plus profonde qu’on ne le croit. Même si les démocrates ont certainement un coup de récupération à jouer dans cette histoire, force est de constater que l’abolition de la police ne figure dans aucun de leur programme.

C'est la 1ere fois qu'une révolte remet à ce point en cause le point central de la domination blanche et de l'Etat capitaliste : son système repressif.

A Minneapolis comme à Seattle, la politique classique est dépassée et essaye de s’adapter en trouvant un compromis par une désescalade de la violence en désactivant partiellement sa police. En attendant c'est une vague d'auto-organisation qui s'empare de plusieurs villes et à Seattle les habitants de la CHAZ verraient bien le commissariat abandonné se transformer en « centre de justice de réparation » et commencent à lancer des appels à la grève générale.

La force de la révolte a tellement secoué le pays que désormais des questions révolutionnaires font enfin irruption et se mettent en pratique sans attendre.

Pour un suivi sur un blog local (en anglais) : https://www.capitolhillseattle.com/


Plan de la Zone Autonome et ses soutiens

Début de Zone autonome en plein Seattle

Une zone autonome de 6 blocs a été établie à Capitol Hill en vue d’organiser la lutte contre le racisme et les violences policières. Une sacrée faille dans le récit du rêve américain s’est ouverte depuis la mort de George Floyd et ne cesse de s’agrandir. Le cauchemar pour les institutions dominantes est en train de se transformer en début de rêve pour le camp de l’émancipation et de la justice sociale. Cette nouvelle faisant écho à la décision de la ville de Minneapolis de démanteler sa police.
You are entering Free Capitol Hill
Les manifestants se sont emparés hier d’une zone assez grande en plein Seattle, y installant des tentes pour la nourriture et les soins. Elle est murée de barricades échelonnées pour la défendre et les caméras de sécurité se font désactiver. Une réappropriation d’un large espace avec des revendications émancipatrices n’est pas sans rappeler la Commune de Paris.

"Un groupe joue un set live à une barricade, un DJ à une autre, des gens prononçant des discours, d’autres peignent les rues, un espace de deuil a été installé... une zone sans flic totale .. Je viens, wow" (@Vicky_ACAB)

"D'autres équipes que j'ai vues ont nettoyé les ordures, installé une cabine médicale et veillé à ce que l'intérieur du poste de police soit correctement compris comme un piège" (@anarchomastia)

Depuis plusieurs jours on voit se dérouler des affrontements à Seattle avec des premières lignes présentes, utilisant des parapluies pour se défendre un peu comme à Hong Kong. Le poste de police a même été abandonné et une pancarte « les lâches se cachent derrière leurs armes » est posée devant.

Vive la Commune ! Solidarité internationale !

Pour plus d'infos et de photos sur ce qu'il se passe là bas (en anglais) : https://www.capitolhillseattle.com/2020/06/welcome-to-free-capitol-hill-capitol-hill-autonomous-zone-forms-around-emptied-east-precinct/


NOS MAINS TENDUES FACE AUX BRAS TENDUS

Nul opportunisme. Nulle alliance contre-nature. Il n'y qu'amitié, solidarité et amour.

Samedi, dans les rues de Paris et partout en France, nous appelons les Gilets Jaunes à rejoindre massivement les différents rassemblements Black Lives Matter.
Des Gilets Jaunes s'offusquent d'un tel rapprochement ? Certains anti racistes refusent le soutien des GJ ? Ce n'est pourtant pas le moment de s'étouffer dans des puretés idéologiques.

"Ce mouvement est particulièrement complexe et protéiforme. D'un collectif à l'autre, les logiques et dynamiques semblent bien différentes. C'est aussi un mouvement qui évolue de jour en jour, et fait émerger une lame de fond qui couvait depuis longtemps dans la société.". Cette phrase, nous l'avons écrit en novembre 2018 pour parler du mouvement GJ, qui secouait depuis quelques jours le pays. A l'époque, nous avions lancé notre premier événement CND : "Front de Gilets Jaunes antiracistes". Nous précisions ensuite : "Nous devons accepter, et promouvoir, la diversité des profils, des méthodes et des objectifs de lutte. Mais, en ces temps particulièrement dangereux face au danger fasciste (Brésil, Italie, USA), nous nous devons de combattre cette peste brune sur le terrain et dans les luttes. Nous ne ferons reculer l'extrême droite qu'en remportant des batailles sociales contre un pouvoir aux abois détesté par le plus grand nombre."

Dès cet acte 2, des membres du comité Adama soutiennent l'événement que nous avons lancé. La semaine suivante, pour l'acte 3, le comité lance son propre appel à rejoindre les GJ dans les rues de Paris. A l'époque, certains militants des quartiers populaires grognent et refusent de participer à ce mouvement arguant que ces gens là ne sont jamais venu soutenir les quartiers quand ils en avaient besoin, que ce soit face à la police raciste et violente ou face aux politiques d'abandon de ces quartiers. De la même façon que depuis quelques jours, certains GJ refusent de manifester contre les violences policières et son racisme systémique arguant que trop peu d'orgas des quartiers sont venues aux manifs GJ, qui ont connu une terrible répression de la part du pouvoir, de la police et de la justice.

Alors oui : trop de citoyens n'ont pas vraiment pris conscience du  racisme  qu'on pouvait vivre dans les quartiers. De la même manière que trop peu de personnes ont pris la mesure du traitement totalitaire et fascisant qu'ont subi les Gilets Jaunes. Mais que fait-on une fois qu'on a dit ça ? Chacun reste dans son coin et rumine le manque de solidarité passé ? Ou alors, on fait le premier pas. On tend la main. Et on prend conscience qu'au delà de nos différences, il y a surtout énormément de choses à partager et à construire ensemble.

Il n'y a que deux côtés d'une barricade. La force du pouvoir, c'est d’empêcher tous ceux qui ne sont pas de son côté d'oser s'approcher les uns des autres, pour être assez nombreux et assez forts pour le renverser. Car c'est bien de cela dont il s'agit. Pour nous, il n'y aura pas de véritable victoire sur le front du racisme sans que le pouvoir actuel soit renversé. Sans que le système actuel ne soit détruit. Pas plus qu'il ne pourrait y avoir de véritable victoire sur le front des luttes sociales sans que le pouvoir soit renversé. Sans que le système actuel ne soit détruit.

Une révolution, une vraie, ne peut se faire que de façon globale : sur le front social, écologique et des droits civiques. Lorsqu'on combat l’oppression, on ne peut la combattre que totalement, et lutter avec tous ceux qui sont victimes de ce système oppressif : les plus faibles. Économiquement et socialement. Se battre pour un monde plus juste et égalitaire pour tous ! pour toutes. L'émancipation ne peut être qu'inclusive. Ce combat est celui des Gilets Jaunes, car c'est celui de l'émancipation, de la dignité et de la justice sociale.

Et si tout cela peut vous paraitre totalement déconnecté des réalités du terrain, dites vous qu'il y a plus de 30 ans, dans l'Angleterre de Thatcher, la Gay Pride de 1985 a vu défiler en tête de cortège, des ouvriers du syndicat national des mineurs ! Un an plus tôt,  quelques militants homosexuels avaient créé l'organisation "Lesbiennes et gays en soutien aux mineurs" pour aider financièrement la grève historique en cours. Pour eux, les mineurs luttaient contre le même pouvoir et la même police. Un pouvoir qui détruit et qui opprime. Un pouvoir qui divise et qui stigmatise. Jugée contre nature et opportuniste, cette main tendue par une dizaines de militants a initialement été rejetée par les mineurs, avant que quelques dizaines de mineurs d'un village du Pays de Galle acceptent cette main tendue.

Il est tout aussi difficile d'être le premier à tendre la main que d'être celui qui accepte la main tendue. Mais rares sont ceux qui regrettent d'avoir fait l'un de ces gestes.

Alors, pour ne pas avoir de regrets dans quelques années, tendons nous la main. Dès samedi.


Facebook supprime des centaines de profils de skin... anti racistes !

Boulette des équipes facebook ne connaissant pas le milieu Skinheads ou véritable stratégie de censure du mouvement anti raciste ?

Depuis 48 heures, des centaines (peut être même milliers) de profils perso ont été désactivé par Facebook. Vous trouverez plus bas de nombreuses captures d'écran de témoignages de personnes bannies de facebook depuis deux jours. Sans le moindre avertissement, sans la moindre explication. Les personnes voulant se connecter voient toutes le même messages : "Votre compte a été désactivé car il ne respecte pas les Standards de la communauté".

Sauf que ces centaines de profils appartiennent pour la majorité à la culture Skinheads, tendance Sharp. A savoir : Skinheads Against Racial Prejudice. Donc : Skinheads anti racistes ! Certains n'ont même aucun lien avec la politique, et ne sont que sur des groupes et pages de culture musicale Skinhead.

 

Plus de 100 profils ont été supprimé en Angleterre, et cela semble tout aussi important en France, au Portugal, au Mexique ou même en Malaisie. Et tous ont été bannis lors de ces 48 dernières heures !

Aucun n'a pour le moment reçu d'explication de Facebook en dehors de ce message "type".

A l'heure actuelle, deux hypothèses :
Cette offensive se fait dans la continuité des annonces de Facebook de lutter.... contre l'extrême droite américaine ! Facebook a en effet annoncé avoir supprimé plus de 200 profils de suprémacistes se faisant passer pour des Antifa dans l'objectif de discréditer le mouvement avec des appels à la violence et à la guerre civile. Si c'est le cas, cela veut dire que Facebook n'est pas en mesure de distinguer la pluralité et complexité des contres cultures et des groupes affinitaires. Et que, pour faire simple : "un crane rasé qui poste des messages anti raciste... C'est forcément un nazi qui se fait passer pour un antifa". Si c'est ce qu'il se passe actuellement chez Facebook, c'est très grave.

Mais l'autre option n'est pas plus reluisante : il s'agirait d'envisager le fait que ces centaines de suppressions de profils soient totalement "bien ciblées" par Facebook. Et qu'il s'agit donc bien de bannir toute un pan de la culture antifa de la planète. Ce qui irait ainsi dans la direction des récentes déclarations de Trump de considérer les antifa comme des terroristes.

Comme à chaque "épisode" de censure de Facebook, l'opacité du groupe fait qu'il est totalement impossible de connaitre les raisons de ces suppressions de profils. Mais il faut continuer à s'en alerter et à s'en indigner. Qui plus est dans une période aussi mouvementée et complexe qu'aujourd'hui. Plusieurs centaines voir milliers de personnes ont été bannies de Facebook le même jour, avec comme seul point commun d'être proches d'un mouvement culturel ouvertement anti raciste. C'est un signal fort de ce que pourrait nous réserver l'avenir. Digital comme dans la "vraie vie".