Nous ne sommes pas en guerre

NOUS NE SOMMES PAS EN GUERRE, par Sophie Mainguy, médecin urgentiste

NOUS NE SOMMES PAS EN GUERRE
et n'avons pas à l'être...
Par Sophie Mainguy, médecin urgentiste.

Il est intéressant de constater combien nous ne savons envisager chaque événement qu’à travers un prisme de défense et de domination.
Les mesures décrétées hier soir par notre gouvernement sont, depuis ma sensibilité de médecin, tout à fait adaptées. En revanche, l’effet d’annonce qui l’a accompagné l’est beaucoup moins.
Nous ne sommes pas en guerre et n’avons pas à l'être.
Il n'y a pas besoin d’une idée systématique de lutte pour être performant.
L’ambition ferme d’un service à la vie suffit.
Il n’y a pas d’ennemi.
Il y a un autre organisme vivant en plein flux migratoire et nous devons nous arrêter afin que nos courants respectifs ne s'entrechoquent pas trop.
Nous sommes au passage piéton et le feu est rouge pour nous.
Bien sûr il y aura, à l’échelle de nos milliards d’humains, des traversées en dehors des clous et des accidents qui seront douloureux.
Ils le sont toujours.
Il faut s’y préparer.
Mais il n’y a pas de guerre.
Les formes de vie qui ne servent pas nos intérêts (et qui peut le dire ?) ne sont pas nos ennemis.
Il s’agit d’une énième occasion de réaliser que l’humain n’est pas la seule force de cette planète et qu’il doit - ô combien- parfois faire de la place aux autres.
Il n’y a aucun intérêt à le vivre sur un mode conflictuel ou concurrentiel.
Notre corps et notre immunité aiment la vérité et la PAIX.
Nous ne sommes pas en guerre et nous n’avons pas à l’être pour être efficaces.
Nous ne sommes pas mobilisés par les armes mais par l'Intelligence du vivant qui nous contraint à la pause.
Exceptionnellement nous sommes obligés de nous pousser de coté, de laisser la place.
Ce n’est pas une guerre, c’est une éducation, celle de l’humilité, de l’interrelation et de la solidarité.

Sophie Mainguy, médecin urgentiste


Foodtech : « On est en guerre ou on bouffe des burgers ? »

La situation des livreurs de repas à domicile est alarmante. Pendant que les cadres des plateformes comme Uber Eats, Deliveroo ou Frichti sont confinés au chaud, des milliers de coursiers n’ont d’autres choix que de s’exposer au virus et potentiellement le transmettre pour pouvoir payer leurs loyers et remplir leurs frigos. Un mépris de classe hallucinant pour la flotte des livreurs déjà sur-précarisés qui n’ont aujourd’hui qu’une interrogation : jusqu’à quand ?

Depuis ce mardi 17 mars à midi, un confinement strict a été demandé à tous les français pour lutter contre la propagation du virus. Quoi de mieux qu’un livreur pour vous apporter le COVID-19 jusqu’à votre salon. En plus d’être considérés comme des pestiférés, les coursiers encore en activité vivent avec la peur d’être infectés. Wyssem, livreur parisien ne cache pas sa colère : « On est vraiment pas respectés, pas considérés, ils nous traitent vraiment comme des esclaves, il y a rien d’humain ! ».

Pour sauver le chiffre d’affaire des plateformes, le gouvernement, qui ne cache plus son soutien à ces multinationales qui piétinent le droit du travail sans vergogne, a diffusé dimanche 15 mars un « guide des précautions sanitaires à respecter dans le cadre de la livraison de repas à domicile ». Celui-ci recommandant la livraison sans contact selon laquelle le livreur sonne chez le client avec ses gants, désinfecte le sac, l’ouvre, recule de deux mètres pendant que le client se sert, puis part.
Une façon de continuer à « fournir le meilleur service en cette période », d’après les mots de Louis Lepioufle, porte-parole de Deliveroo France. Pour Uber Eats : « la sécurité de tous les utilisateurs est notre priorité et nous sommes résolus à mettre en œuvre toutes les recommandations du gouvernement afin de limiter la propagation de l’épidémie. » Bla-bla-bla.

Pour Damien, secrétaire général du SCALA (Syndicat des Coursiers Autonomes de Loire-Atlantique), c’est du flan : « Même si on applique la livraison sans contact, le sac est touché par tous les restaurateurs, tous les clients, on a pas le matériel pour désinfecter et on a pas le temps. (…) C’est n’importe quoi, sur une semaine à temps plein on croise environ 200 personnes. ». Clément, coursier et membre de la CGT des coursiers à vélo de la Gironde, est tout aussi inquiet : « On va devoir se sacrifier ».

Si les coursiers étaient réquisitionnés en urgence pour transmettre des dons de sang aux hôpitaux, ces mesures auraient pu être entendues, mais on parle ici de livraison de pizzas et de Big Mac, c’est absurde, « On est en guerre ou on bouffe des burgers ? ». Jérôme Pimot, co-fondateur du CLAP (Collectif des Livreurs Autonomes Parisiens), fustigent les responsables des plateformes tout comme le gouvernement : « ce guide des bonnes conduites ne sert qu’à viabiliser la continuité des plateformes de façon à ce que les coursiers bossent sans qu’on ait besoin de les indemniser ».

De plus, le chiffre d’affaire des coursiers baisse énormément dû à la fermeture des restaurants. Quelques jours après la première décision de confinement samedi 14 mars à minuit, beaucoup de restaurateurs avaient pris la décision de rester ouverts uniquement à la livraison, avec comme objectif de ne pas gâcher leurs stocks. Mais aujourd’hui « Si tu te connectes sur Deliveroo, il y quelques kebab et les macdos, et c’est tout », d’après Damien. Wyssem est également outré : « Hier, j’ai travaillé 2h, j’ai fait 13€ brut. On bosse pour 4€ net de l’heure en ce moment, comment je vais payer mon loyer ? »
*

A Nantes, lundi soir, une dizaine de livreurs patientaient devant le Macdonald’s de la place du Commerce en espérant voir leurs téléphones sonner. Même situation devant le kebab Le Mistral où le restaurateur, solidaire des coursiers, se désole de voir une situation si chaotique.

Damien a donc choisi d’arrêter de livrer même si les conséquences sont lourdes : zéro revenu, aucune compensation, il s’appuie financièrement sur son entourage pour ces quelques semaines sans rémunération. Mais d’autres n’auront pas le choix. Ce n’est plus une surprise, la flotte des livreurs n’est plus composée que d’étudiants de passages, on parle aujourd’hui de personnes noyés dans une grande précarité ou de travailleurs sans-papiers pour qui une journée sans livrer coûte cher. « On n’a pas le choix » conclue Wissem.

Les revendications sont claires pour Jérôme : « On veut que les plateformes arrêtent les livraisons et que les coursiers soient indemnisés », comme n’importe quel salarié ou indépendant. Et tant que les plateformes enverront au charbon tous les travailleurs précaires qui n’ont pas d’alternative ni filet de sécurité, aucun ne pourra prétendre à une compensation financière, stopper l’activité est une urgence absolue.


Bilan avant confinement

En ce dimanche d’élection et de confinement, nous tenions à publier un message de remerciement. Merci à tous les Gilets Jaunes qui ont fait le choix de venir manifester hier à Paris. Notamment ceux venus de province. Il ne s'agit pas de distribuer des "bons points" aux GJ présents et des mauvais aux absents. Évidemment que ceux qui n'ont pas voulu venir vu la crise sanitaire, avaient de très bonnes raisons et qu'il n'y a pas à les juger.

Mais nous nous devons de réagir face au déferlement de haine et de dénigrement que les GJ présents hier à Paris ont connu, accusés d'être des sauvages assoiffés de mort et sans aucune conscience collective, venus pour propager le virus dans la capitale.

Ce samedi à Paris, des dizaines de milliers de personnes se sont rendues dans d'énormes centre commerciaux, ont pris le métro, sont allés au cinémas... On pourrait compter plusieurs dizaines de rassemblements qui ont vu plus de personnes concentrées au même endroit, qui plus est, dans des espaces clos. Mais non, il faut cracher sur les GJ, les accuser de tous les maux.

Mais la réalité, c'est que les GJ présents dans les rues de Paris hier avaient bien plus de conscience collective et de soucis de l'autre que des centaines de milliers de parisiens.

Alors merci à vous d'être venus, malgré tout, dans cette dernière révolte avec le confinement.

L'objectif des Champs Élysées a rapidement été oublié au vu des forces en présence. La quasi totalité des GJ présents le matin sur les Champs s'est donc rapidement rabattue sur la manif déclarée. Une manif, comme prévu, totalement nassée de bout en bout par la police. Mais, malgré l'énorme dispositif répressif, les GJ présents ont réussi à résister. Le bilan est lourd, autant en blessés qu'en arrestations. Mais la détermination des personnes présentes a permis à cet acte 70 d'avoir un des cortèges les plus déterminé et courageux de ces derniers mois. Plusieurs fois, la police, la gendarmerie ou même les BRAV ont du battre en retraite. Malgré la nasse permanente, des actions offensives ont pu avoir lieu, y compris des manifs sauvages.

Évidemment, ce n'était pas le 14 mars que beaucoup attendaient. Mais la situation totalement inédite que nous vivons ne pouvait que fortement impacter cet événement. Le fait qu'il ait quand même eu lieu, et que les présents se soient montrés aussi courageux, ne doit pas être balayé d'un revers de main. Encore une fois, merci aux GJ qui, malgré tout, ont cru en cette journée, en ce mouvement.

Nous tenons également à préciser quelques points concernant cette journée du 14 et la place de CND dans cette journée :
Nous n'avons pas été à l'initiative de cette date. Nous l'avons relayée et appuyée depuis des mois, en publiant des textes ou des appels vidéos et en étant co organisateurs d'événements. Parce que nous sentions cette envie et cet espoir autour de cette date.

Dans la même logique, le choix des Champs Elysées n'est pas "notre choix". Il émane de plusieurs groupes et pages. Nous l'avons clairement appuyé car nous étions convaincus de sa pertinence malgré les énormes difficultés d'un tel objectif.

Si les Champs n'ont pas été le terrain de lutte des GJ hier, ce n'est pas parce que CND et d'autres l'ont claironné sur les réseaux depuis des semaines. C'est principalement parce qu'il n'y avait pas assez de manifestants. Évidemment qu'il y avait un dispositif policier très important autour des Champs. Mais il était nettement moins important que lors des derniers gros appels parisiens. Surtout : il faut être particulièrement naïf pour penser que si aucun groupe ou média n'avait annoncé l'objectif des Champs, la préfecture aurait fait le choix d'un dispositif réduit sur ce secteur. Chaque samedi depuis plus d'un an, la préfecture déploie un dispositif très important autour des Champs. Qui plus est sur des appels nationaux. Enfin, le dispositif est désormais ultra mobile et réactif (notamment avec les voltigeurs).

Donc oui, c'est un échec de ne pas avoir réussi à occuper les Champs Élysées, même sur une courte période. Mais seuls ceux qui proposent et tentent des choses s’exposent à l'échec. Et sans audace, sans ambition, le mouvement GJ n'aurait jamais connu ses plus beaux actes.

Nous ne saurons jamais à quoi aurait ressemblé le 14 mars sans la crise du Coronavirus, sans les annulations des deux grosses marches (climat et contre les violences policières), sans les appels de figures GJ à ne pas venir manifester.

Ce que l'on sait, c'est qu'il y avait encore de l'espoir samedi, encore une étincelle. Et qu'il est triste de voir certains cracher sur cette étincelle.

L'avenir est plus que jamais incertain. Alors que le pouvoir n'a jamais été aussi violent et répressif envers toutes les luttes sociales, écolos et féministe, alors qu'il passe ses réformes en force à coup de 49.3, la crise du coronavirus(bien réelle et bien grave) lui donne une occasion en or de mettre toute ses colères sous un couvercle.

Reste à voir si, sous ce couvercle, les révoltes vont se noyer et s'éteindre. Ou si cela va réussir à couver, à bouillir... pour exploser lorsque le couvercle se rouvrira, dans quelques semaines.

Du côté de CND, nous serons toujours attentifs et respectueux des initiatives qui permettent de maintenir en vie l'espoir d'une vie meilleure, d'une société plus juste et plus respectueuse du vivant sous toutes ses formes. Cela passera encore par des prises de position, par des soutiens à des événements, des appels, des occupations, des gréves. Peut-être aussi par des formes nouvelles de collaboration et des constructions d'entraide dans une société confinée. Toutes ne seront pas couronnées de succès. Mais toutes seront utiles pour ne pas abandonner et sombrer définitivement dans une société autoritaire et individualiste.


Interview Assa Traoré

A quelques jours de la Journée internationale de lutte contre les violences policières et d'une grande marche organisée à Paris, Assa Traroé revient sur l'importance de cette date et sur les luttes en cours. D'autant que la lutte contre les violences policières sont désormais au centre des revendications de l'ensemble des mouvements (Gilets Jaunes, écolo, syndicalistes).

 
🛑MARCHE DES FAMILLES CONTRE LES VIOLENCES POLICIERES
🛑SAMEDI 14 MARS - 13H12 - OPERA

14 MARS : INFOS ET LIENS UTILES

GROUPE FB TOUS A PARIS LE 14.03

Dossier actualisé le 11/03 à 23h00

PREFECTURE
Zone d'interdiction de rassemblement de personnes "se revendiquant" des Gilets Jaunes :

Sont également interdits tout objet pouvant dissimuler le visage ainsi que tout équipement pouvant mettre en echec tout ou partie des moyens utilisés par les forces de l'ordre pour le maintient de l'ordre. Arrêté intégral disponible en cliquant ICI.

INFOS RATP / TRANSPORTS :
Infos à venir

EVENEMENTS FACEBOOK

14 mars : Luttons ensemble - Tous à Paris
Acte 70 - 1 an de l'Ultimatum : La France entière sur les Champs
Appel Du 14 Mars: Référendum Pour La Destitution De Macron
14 mars 2020 : equipons-nous pour l'assault final !
Mobilisation de la jeunesse et des enseignants
14 Mars : Tous À Paris, Welcome To Paris
Appel National Du BTP/Artisans Et Toutes Convergences Pro
Mobilisation Du 14 Mars 2020 des Robes noires
La Jeunesse En Colere Le 14 Mars 2020 a Paris
Art en grève - Manif du 14 mars
14 Mars : 49-3, on n’en veux pas
Cortège de la coordination Ratp-Sncf
Educ et Interpro : Manif gilets jaunes, climat, anti-répression!

+ 2 manifs importantes hors GJ (mais complémentaires) :
Marche pour le Climat · 14 Mars
Marche des Familles contre les violences policières

EVENEMENT PAR REGION

14 MARS - Le Nord Pas De Calais a Paris !
14 Mars : Tout Rhône Alpes Auvergne À Paris
L’Yonne (89) à Paris le 14/03/2020
Le Centre-Val de Loire débarque à Paris
Les Pays de la Loire à PARIS - 14 MARS 2020
Le grand Ouest a Élysée
Les normand en colère tout se passera a paris
Appel gilets jaunes Grand-EST à Paris
Le GRAND EST A PARIS !!
Le Grand Ouest à Paris
14 Mars - Toute La Bourgogne - Franche-Comte À Paris !
Acte 70 - 14/03/20 - L'Alsace à Paris !
14 Mars : L'Occitanie À Paris !
14 Mars Paris Le Peuple Décide de son destin (Vendée)
Nantes à Paris
La Bretagne à PARIS - 14 mars 2020

HEBERGEMENT ET COVOITURAGE

Covoiturage et Hébergement pour l’appel national du 14 Mars 2020
Covoiturage GJ solidaires

GROUPE FACEBOOK
GJ tous à Paris le 14 mars

ARTICLES CND SUR LE 14 MARS
14 raisons de prendre les Champs
14 mars, si nous poussons, il tombera
Ultras, le 14 mars, changez d'époque
Appel National du 14 mars

MODÈLE POUR CONTESTER LES AMENDES DE 135€

Vous trouverez ici un modèle de lettre pour contester les contraventions pour manifestation non autorisée qui sont distribuées de plus en plus systématiquement dans le cadre du mouvement des gilets jaunes.
https://paris-luttes.info/gilets-jaunes-comment-contester-12606

POINT LEGAL

Connaitre ses droits en cas de GAV est important. Garder le silence, consulter un médecin et demander un avocat constitue une base. Voici une brochure plus détaillée : ICI

Le groupe légal Paris conseille de désigner ces avocat-e-s en garde à vue — il faut retenir son nom exact et son barreau de rattachement. (Possible qu’il y ait substitution entre elleux en cas d’indisponibilité.)

Barreau de Paris : Alice BECKER – Emilie BONVARLET – Matteo BONAGLIA – Anis HARABI – Raphaël KEMPF – Eduardo MARIOTTI – Ainoha PASCUAL – Boris ROSENTHAL – Xavier SAUVIGNET. Barreau de Créteil (94) : Lucie SIMON. Barreau de Bobigny (93) : Camille VANNIER.
(A télécharger: carrés à imprimer pour distribuer dans les cortèges)

JOURNÉE DE LUTTE DANS L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Report de cette journée par Lille Insurgée
Partout en France, depuis quelques semaines, un mot tournait. Le 5 mars, l'Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) s'arrêtent contre la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR), qui va précariser l'enseignement et la recherche dans le supérieur ; la réforme des retraites et plus récemment le 49.3.

À Lille, aujourd'hui, nous pouvons dire que l'ESR s'est arrêté.

🔸 LILLE 2

Ce matin, pour le 3ème jour consécutif, la fac de droit de Lille était bloquée dès 6h30. Une immense banderole a été déployée sur la façade du campus.

Vers 8h15, la sécurité du campus a réussi à ouvrir une entrée où les étudiant.e.s se sont engouffré.e.s pour aller en cours.
Rapidement, les personnes mobilisées ont vidé les salles de cours de leurs chaises et leurs tables pour empêcher la tenue des cours.

Aucun de ceux-ci n'a pu être assuré dans de bonnes conditions. Les personnes mobilisées à l'aide d'une sono crachant du rap, de la techno et du rock, ainsi que de multiples slogans, ont perturbé l'ensemble du campus. Pour que, une fois au moins, un jour au moins, le corps universitaire entende la sonnette d'alarme tirée depuis bien longtemps.

Vers 10h30, les personnels, enseignant.e.s et étudiant.e.s ont procédé a une cérémonie d'enterrement de l'ESR. Les témoignages se sont succédés pour dénoncer les politiques des gouvernements successifs visant à brader l'université et une déambulation avec un cercueil a donné corps à cette cérémonie.
Ils/elles ont ensuite jeté leurs outils de travail, majoritairement des plaquettes de TD, sur le parvis du campus. Une image rappelant le jet de robe des avocat.e.s et de blouses des personnels hospitaliers.

À 11h30, les personnes sont allées au Restaurant Universitaire (RU) du campus pour une opération RU gratuit.

Le campus a fermé ses portes à 16h. La direction craint alors qu'une manifestation n'y ait lieu. Une rumeur plus ou moins fondée puisque un rassemblement prévu à 16h30 a eu lieu au siège de l'Université de Lille.

🔸 LILLE 3

Dès le début des cours, le ton était donné à Lille 3, campus Pont de Bois.

Avant 8h, un barrage filtrant était organisé à l'entrée du campus.
Le fonctionnement normal de l'établissement a ensuite été perturbé sur l'ensemble de la matinée. Les manifestant.e.s interviennent, amphi après amphi, pour expliquer les raisons de leur mobilisation.

Des tags ont fleuri dans les bâtiments et une centaine de personnes ont participé à un « Die In ».

Le doyen du campus a convoqué une réunion plénière qui s'est rapidement transformée en assemblée générale de plusieurs centaines de personnes.

Le campus aseptisé depuis plusieurs années semble se réveiller brutalement. Et ça peut faire mal.

🔸 LILLE 1

À Lille 1, une assemblée a réuni plus de 150 personnes. Les personnes se sont ensuite dirigées à Porte de Paris pour la manifestation.

🔸 Sciences-Po Lille

À l'IEP aussi, étudiant.e.s (et professeur.e.s) se mobilisent. Le blocage, décidé en AG ce lundi, est concrétisé à partir de 6h30.

Malgré la pluie battante, bonne ambiance et petit déjeuner sont au programme. Seule la présence policière vient gâcher quelque peu la fête. À partir de 9h, le directeur et l'administration, appuyés par la police, viennent négocier avec les bloqueur.se.s pour que celleux-ci laissent entrer le personnel administratif. C'est finalement le cas, mais aucun cours n'aura lieu et aucun prof n'entrera.

Vers 11 heures, les forces de l'ordre, à défaut de pouvoir débloquer l'établissement, profitent du calme ambiant pour réaliser quelques contrôles d'identité.

🔸Manifestation

La manif a débuté à 14h30, porte de Paris. Plusieurs milliers de personnes étaient présentes sous la pluie battante.

Le parcours déclaré, et toujours aussi merdique (JB Lebas, Solférino, Brûle-Maison, Rue des Postes, République) et la drache n'ont pas découragé les foules bel et bien présentes.

Mais au milieu de la rue Brûle-Maison se déroule une scène incroyable. La police charge frontalement au cortège après un petit gazage (à la grenade) sans sommation sur l'avant du cortège. Un face à face, bouclier contre parapluie se met en place, sur le parcours pourtant déclaré. Le camion de la CGT est juste quelques mètres derrière.

La foule est dense, la pluie bat, les corps sont serrés, mais la flicaille n'hésite pas à gazer et donner des coups de matraque. Plusieurs personnes sont blessées à la tête, dont deux avec plaie ouverte.

La CGT, accompagnée des habitué.e.s du cortège de tête, pousse. La police finit par reculer.

La manifestation reprend son cours, au rythme de slogans lancés par le camion-plateau de la CGT, repris, contre toute attente, par le cortège de tête. La Place de la République est rejointe dans l'incompréhension de l'événement précédemment raconté.

Quelques minutes plus tard, un groupe de 15 policiers et baqueux procèdent à une interpellation d'une personne rue Lydéric (entre Répu et la Porte de Paris). Arrivant en courant (depuis Répu !), les somment aux passant.e.s de dégager avec véhémence.

🔸 Siège de l'Université de Lille

Après la manifestation et toujours sous la pluie, plusieurs dizaines d'enseignant.e.s, personnels et étudiant.e.s de l'Université de Lille se rassemblent au siège administratif de leur lieu de travail, rue Paul Duez. Quelques chansons, quelques slogans. L'ambiance est joyeuse pour dénoncer les politiques de la présidence de l'université et pour demander le retrait de la LPPR.

🔸Soirée de soutien à Lille 1

À 19h30 se tient une soirée de soutien au mouvement social à la MDE de Lille 1.
Un moment de fête nécessaire après cette journée de plus de 13h de lutte.

Demain est à nous, alors à demain.

Crédit photo : Lille Insurgée, Lisa Giroldini, Clara Guillard.


appel aux AG 14 mars Gilets Jaunes

Appel aux AG à prendre position pour le 14 mars

« Il faut déborder du cadre » « Il faut trouver de nouvelles formes d’action » « il faut des actions coups de poings » «Il faut être plus offensifs » « Les manifs syndicales ne servent plus à rien »…
Voilà ce qu’on entend dans toutes les dernières AG, notamment celles dans l’Éducation.

Alors, que fera-t-on samedi 14/03 pour répondre à toutes ces envies ?

Le plus cohérent et le plus percutant serait un appel massif des AG (tous secteurs) à rejoindre l’action de désobéissance appelée par une grande partie des gilets jaunes, à savoir se rassembler sur les Champs Elysées.

Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas manifester pour le climat, ou contre les violences policières, ou avec une éventuelle manif gilets jaunes déclarée (manifs officielles qui auront lieu ce jour là)… mais plutôt de manifester en défiant vraiment le point d’origine qui relie toutes ces luttes (et bien d’autres encore) : le gouvernement et son pouvoir.
N’est-ce pas là une réelle occasion, bien concrète, de le défier ?
Les confédérations syndicales ne se montrent pas à la hauteur des enjeux. Prenons nos responsabilités !

Les Champs seront peut-être nassés, certes… Mais si l’on est présent.es en masse, près des lieux de pouvoir, à bloquer les commerces de luxe et le tourisme sur les champs, ou autour, selon le dispositif policier qui sera en place, plutôt que de se disperser dans des manifs biens sages encadrées sur des parcours décidés par la Préfecture et encadrés de près par la Police, l’impact sera beaucoup plus puissant ! Et de toutes façons, les dernières manifs officielles ont presque toutes ressemblé à des nasses mobiles géantes. Rappelons-nous quand nous étions plus d’un million les jours de grosses manifs... C’était beau, mais ça n’a pas été efficace.

Soyons donc en masse à dire : On est là. On est là où ça dérange. On est là où le pouvoir ne veut pas qu’on soit. Mais on est là quand même.
Le massacre de nos droits et libertés est en marche depuis un moment maintenant : loi travail, dispositions de l’État d’urgence glissées dans le droit commun, loi « anti-casseurs » qui entraîne une justice préventive voire prédictive, réformes du chômage, du droit d’asile, les lois Blanquer, la baisse des APL, le FISC autorisé à la surveillance massive des citoyen.nes, les censures de pages politiques et syndicales sur les réseaux sociaux, les mutilations et meurtres par la Police... On n’a pas le droit de laisser passer en plus la casse des retraites ! Il faut cesser ce massacre !
Que toutes les AG prennent position et appellent à cette action massive de désobéissance !!!

Toutes et tous le 14 mars avec les Gilets Jaunes aux Champs Elysées ! (palampalampa!)

Des enseignant.es en lutte


GendNotes : un décret autorise le fichage d'opinions politiques, orientations sexuelles, religieuses, etc

L’Etat va encore plus loin dans la création d’ennemis de l’intérieur en se donnant les moyens de ficher et de transmettre des informations telles que les opinions politiques, l’appartenance syndicale, les orientations sexuelles, l'état de santé, etc… Gendnotes qui est censé moderniser les prises de notes des gendarmes est en fait un processus qui accroit les possibilités de contrôles et amoindrit la défense de libertés fondamentales.

Les destinataires pourront être les maires des communes concernées par les individus, les préfets (cf. art. 4) ou les autorités judiciaires (cf. art. 1). Ces données pourront être collectées "à l'occasion d'actions de prévention, d'investigations ou d'interventions nécessaires à l'exercice des missions de polices judiciaire et administrative".

Alors que des fichages infâmes tels que l’origine raciale existent déjà dans les dossiers de police, ce décret semble continuer dans le même sillage en allant plus loin. On aimerait croire à la fakenews mais non.

Dans le décret n° 2020-151 du 20 février 2020, Le ministre de l'intérieur est autorisé à mettre en œuvre ce traitement automatisé de données à caractère personnel dénommé GendNotes au sein de la Gendarmerie.

🔴 L’article 2 explique qu’en cas "d’absolue nécessité" il sera possible de faire rentrer des informations "relatives à la prétendue origine raciale ou ethnique, aux opinions politiques, philosophiques ou religieuses, à l'appartenance syndicale, à la santé ou à la vie sexuelle ou l'orientation sexuelle » 🔴

Qu’entendre par une notion aussi floue qu'« absolue nécessité » sachant que dans les enquêtes visant des écologistes, les militants, les gilets jaunes et plus généralement tout opposant politique, cela fait déjà longtemps que les moyens de l’antiterrorisme sont appliqués ?

Récemment, le gouvernement semblait scandalisé par l'atteinte à la vie privée de Benjamin Griveaux mais son indignation est sélective. L'atteinte à la vie privée d'une population entière ne semble lui poser aucun problème !

"Essayez la dictature et vous verrez" (Emmanuel Macron. 23/01/2020)

Source : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000041615919


manif 14 mars

14 MARS : SI NOUS POUSSONS TOUS IL TOMBERA

Voilà 16 mois qu’un sursaut révolutionnaire est né en France. Des centaines de milliers d’individus se sont hissés à la hauteur de notre époque pour affronter l'inhumanité d’un système qui se fascise à mesure qu’il s’effondre.

Disons le clairement, le futur sera fasciste ou révolutionnaire. Le capitalisme resserre son contrôle sur les populations afin de dégager un profit de plus en plus immédiat au détriment de nos vies et de la planète. 

Pendant que les métropoles se transforment en Gotham City avec des politiciens corrompus, une police véreuse et des marchands de rêve, la nature br
ûle, les espèces crèvent, les sols comme l’air sont de plus en plus pollués, l'avenir que nous laisserons à nos gosses sera tout simplement invivable si nous laissons faire.

Il est temps d’opérer un tournant historique. Nous ne voulons pas d'un futur dirigé par la rentabilité et la répression. Il est l'heure de taper fort, de renverser la table et de se donner un rendez vous puissant. C'est pourquoi nous appelons tous les révoltés de la terre, tous ceux qui veulent que les choses changent, les gilets jaunes, les gilets noirs, les écolos, les vieux, les jeunes, les syndicalistes, les chômeurs, les précaires, les handicapés, les femmes, les hommes, les trans, les pédés, les gouines, à faire du 14 mars une date unique et forte. 

Ce jour là, un appel national a été lancé et un rendez vous a été donné sur les Champs Élysées. C'est là, à deux pas du palais présidentiel que nous devons nous faire entendre, défions ensemble le pouvoir
, unissons nos forces à cet endroit et pas sur un parcours qui aura été convenu avec la police. 

L'époque est historique, elle peut basculer dans le pire, comme le meilleur, mais ça sera au prix de notre courage et de nos initiatives. Et surtout si nous le faisons tous et toutes ensemble. 

Un jour avant les élections municipales et dans une période honteuse de déni démocratique, pour les retraites, pour nos solidarités, contre un système destructeur qui n'écoute rien, montrons que les urnes sont dans la rues !

manif 14 mars


Nous ne nous tairons plus jamais

La mobilisation sociale semble avoir repris son souffle et est prête à repartir de plus belle, deux mois après le début de cette grève, historique par sa durée, par la diversité des secteurs mobilisés et surtout par la détermination renversante de tous les corps de métiers qui rejoignent la lutte.

Il y avait un risque, celui que tout le monde redoutait et qui faisait rêver le gouvernement : « l’essoufflement ». Face au carnage politique et social de la macronie, il apparait désormais comme une évidence qu’il nous faut installer un rapport de force puissant et solide par la rue et dans la rue.

Les infirmières, les ouvriers, les éboueurs, les enseignants, les lycéens, les avocats, les étudiants, les cheminots, etc… en deux mots : les travailleurs, du public comme du privé, décident de marcher ensemble, et se soutiennent les uns les autres, car quoi que disent les journaux, les chaines d’information et les radios, une grande solidarité populaire est entrain de se construire.

Les dérapages de plus en plus fréquents du gouvernement, les scandales qui éclatent, la police qui réprime et mutile aveuglement, tout cela renforce sensiblement la conscience d’appartenir à la même classe sociale, avec les mêmes difficultés financières, ce même manque de reconnaissance, ce sentiment d’abandon qui, depuis des années, n’a eu de cesse de creuser le fossé qui sépare les travailleurs de la bourgeoisie et des puissants.

Au-delà des revendications économiques et profondément sociales que la mobilisation met au grand jour, c’est un ennemi commun qui se dessine petit à petit, un ennemi qu’il faut combattre. Il n’y a que le travail qui produit de la richesse, le reste n’est rien, alors face au capitalisme libéral opposons-leur la solidarité du peuple.

Ce gouvernement est une catastrophe. Il trahit sans vergogne la promesse républicaine en allant chercher les symboles de son pouvoir dans la terreur qu’installent les forces de l’ordre, oscillant dangereusement entre fascisme et autoritarisme. Macron ne cherche plus à convaincre, il veut vaincre, battre le peuple en offrant la vie des français aux entreprises privées, en capitalisant les 330 milliards d’euros qui jusqu’à présent étaient consacrés aux retraites. Pour les amies de Macron, les banques et les assurances, les retraites sont une potentielle poule aux œufs d’or qu’il serait bien dommage de ne pas exploiter.

Les dates pour de nouvelles manifestations s’enchainent et s’additionnent laissant présager des mois de février et de mars noirs pour la macronie qui se verra une nouvelle fois contrainte d’opposer les forces de police pour faire taire la colère d’un peuple qui n’en peut plus. C’en est fini des magouilles politiciennes, des promesse alléchantes et des discours flambants, bientôt c’en sera fini pour de bon, les gens ne tomberont plus dans le panneau, il ne reste que les flashballs et les matraques pour faire tenir le gouvernement dans un équilibre plus qu’incertain.

A nous de pousser bien fort pour qu’ils tombent et que leur chute face trembler le monde entier, qu’elle retentisse comme une alarme pour les travailleurs, chômeurs et précaires de tous les pays, qu’elle sonne la fin du jeu pour les banquiers véreux et les politiques malsains.

Le capitalisme touche à sa fin, c’est le peuple uni qui sonne le glas des espoirs du libéralisme. Ainsi, c’est bel-et-bien collectivement que la lutte se construit et que la mobilisation prend forme, en même temps que la colère monte, de plus en plus solide et structurée.

Je perçois désormais ce que signifie un mouvement qui « prend de l’ampleur », c’est une vague qui grossit, qui commence par une secousse dans une eau calme et muette, et qui petit à petit se remarque, prend forme, fait du bruit, d’abord aigu et strident puis grave et assourdissant. Nous sommes beaucoup, en tout cas plus qu’eux, les fachos, les flics et les politiques, et si le gouvernement ne lâche pas, ce sera la guerre, la vraie cette fois-ci.

Si nous ne souhaitions pas de violences, un point d’inflexion a été clairement franchi ces derniers mois, au cours de cette dernière année, et la violence se dresse, petit à petit, comme une évidence, à tort ou à raison, l’Histoire en jugera.

Nous ne pouvons plus nous taire, encore, ne pas répondre aux coups portés, injustement. Un proverbe Congolais dit « Miso makasi, ndoki té » - « il ne faut jamais courber la tête sous les coups qu’on ne mérite pas », et nous ne méritons aucun des coups qui nous ont été portés.

Oriol BAILLAUD ROCA, étudiant en Humanités à l’Université de Strasbourg