🖤 CLIP 14 MARS - RESISTE ! ❤️

"Certain.es ont peur. Et c'est normal. Mais ce n'est rien comparé à la peur qui nous attend si nous ne faisons rien. Si nous ne construisons pas ensemble notre force. "

RDV AUTOUR DES CHAMPS, DES 10H


Interview Assa Traoré

A quelques jours de la Journée internationale de lutte contre les violences policières et d'une grande marche organisée à Paris, Assa Traroé revient sur l'importance de cette date et sur les luttes en cours. D'autant que la lutte contre les violences policières sont désormais au centre des revendications de l'ensemble des mouvements (Gilets Jaunes, écolo, syndicalistes).

 
🛑MARCHE DES FAMILLES CONTRE LES VIOLENCES POLICIERES
🛑SAMEDI 14 MARS - 13H12 - OPERA

Terre Liberté Egalité

Lettre à Cléone, depuis le Chiapas (Jérôme Baschet)

Cléone est un personnage mystérieux qui nous a adressé sa première lettre en novembre. Ancienne esclave qui s'est libérée de ses chaines, elle nous écrit d'un futur victorieux où parait il, nous avons vaincu le capitalisme. La réponse par cette lettre de Jérôme Baschet depuis le Chiapas, nous donne des nouvelles d'un territoire en lutte qui depuis plus de 20 ans construit l'autonomie au quotidien. Sûr que Cléone a dû passer par là, par ce territoire qui est un point d'une constellation autonome qui s'agrandit de jour en jour à travers les révoltes qui essaiment partout et qui construisent un temps et des solidarités libérés des diktats du monde marchand.

Chère Cléone,

C'est une joie de vous écrire, même si je sais l'impossibilité de se porter au degré d'intensité de votre verbe ardent et de votre rebelle périple à travers géographies et calendriers.
Bien sûr, le sentiment de fraternité-sororité m'inclinerait au tutoiement, mais votre être multiple impose tant de respect. Vous êtes si nombreuse, Cléone, si heureusement collective, que je crois plus convenable d'opter pour la seconde personne du pluriel.

Vous venez de plus loin que nous, et pourtant vous nous avez devancés. Chargée de féroces siècles d'expérience, vous avez pris de l'avance sur nos futurs possibles. Les plus tragiques, mais aussi les plus désirables d'entre eux. Ceux dont nous avons le devoir de débattre davantage, de parler sans cesse plus fort. Ceux qu'il nous incombe de rendre dès maintenant visibles, hautement sensibles et puissamment actifs. Non pour demeurer confits dans une attente béate ou pétrifiés par l'angoisse, mais pour nourrir l'action présente, au milieu des immenses périls qui s'accumulent.

*

Je vous écris depuis le Chiapas, au moment où s'achève un mois de décembre d'intenses activités zapatistes. Je devrais, en tout premier lieu, mentionner la Rencontre internationale des femmes qui luttent, qui s'est tenue dans le caracol de Morelia. Mais, à quoi bon ?, je suis certain que vous y avez pris part ; et de plus, moi, je n'y étais pas, puisque la gent masculine, héritière – consentante, ou bien malgré elle – de millénaires de domination patriarcale, n'y avait pas été conviée. Peut-être est-ce vous qui nous la raconterez un jour...

On peut quand même évoquer la forte impression d'une rencontre organisée de Z à A par les femmes zapatistes, qui a réuni près de 4000 personnes, venues de 47 pays des cinq continents. Et en particulier, la puissance émotive de cette inauguration au cours de laquelle les femmes réservistes de l'armée zapatiste vinrent former plusieurs cercles concentriques autour d'une fillette indienne, pour la protéger de leurs arcs tendus. Comme l'expliqua la commandante Amada, « notre devoir comme femmes que nous sommes, comme femmes qui luttent, est de nous protéger et de nous défendre. Et plus encore, s'il s'agit d'une petite fille. Nous devons la protéger et la défendre avec tout ce que nous avons. Et si nous n'avons rien, avec des bâtons et des pierres. Et si nous n'avons ni bâton ni pierre, alors avec notre corps... Les choses sont ainsi, il nous faut vivre à la défensive, et enseigner à nos filles à grandir à la défensive. Et cela, jusqu'à ce qu'elles puissent naître et grandir sans crainte. Nous, comme femmes zapatistes, nous pensons qu'il est préférable, pour y parvenir, d'être organisées. Nous savons que certaines pensent qu'on peut aussi y parvenir de manière individuelle, mais nous, comme zapatistes que nous sommes, nous le faisons de manière organisée ». Il y a peu, les zapatistes avaient dit déjà que leur lutte ne prendra fin que le jour où ce calvaire féminin de devoir grandir et vivre dans la peur sera entièrement éradiqué.

femme armée zapatiste
*

Mais tout cela, vous le savez bien, chère Cléone, et jusque dans votre chair, je crois. D'ailleurs, ces regards qui brillent de tendre fureur derrière les passe-montagnes, ce sont ceux de vos sœurs, n'est-ce pas ? N'oublions pas que les zapatistes sont depuis longtemps passés maîtres dans l'art de donner corps au moi collectif de celles et ceux qui luttent. Déjà, en 1996, lors de la Rencontre intercontinentale pour l'humanité et contre le néolibéralisme (rappelez-vous : c'était avant Seattle, au temps du triomphe encore incontesté de la pensée unique néolibérale), ils en accueillirent les participants par ces mots : « detrás de nosotros, estamos ustedes ». Derrière nous, derrière nos passe-montagnes, il y a vous. « Derrière nos passe-montagnes, il y a le visage de toutes les femmes exclues. De tous les indiens oubliés. De tous les homosexuels persécutés. De tous les jeunes méprisés. De tous les migrants maltraités. De tous les prisonniers pour leur parole ou leur pensée. De tous les travailleurs humiliés. De tous les morts d'oubli. De tous les hommes et femmes simples et ordinaires qui ne comptent pas, qui ne sont pas vus, qui ne sont pas nommés, qui n'ont pas de lendemain ». Les douleurs et les rages partagées tissent un pacte de reconnaissance qui déjoue l'enfermement dans les identités particulières. Le nous et le vous s'entrelacent, tout comme le je et le nous. La trop simple grammaire des trois personnes en perd son latin – et son cogito, par la même occasion. Je est un nous. Il y a nous, donc je est.

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En ce décembre zapatiste hyperactif, il y eut aussi une semaine de Festival de cinéma, occasion de faire communauté autour des dizaines de films projetés et aussi d'inaugurer le caracol flambant neuf de Tulan Kaw, avec son auditorium géant, baleine melvillienne échouée à flanc de coteau, exploit de travail collectif achevé en tout juste deux mois. Il y eut une nouvelle édition du « CompArte », partage des arts cette fois consacré spécifiquement à la danse. A noter que l'an prochain, il y aura à côté de la baleine, si les moyens réunis le permette, un théâtre en rond shakespearo-maya pour un futur « CompArte » théâtral...

Il y eut encore, cette fois dans l'enceinte du Cideci-Université de la Tierra devenue caracol Jacinto Canek, l'Assemblée du Congrès national indien (CNI) et du Conseil indien de gouvernement, puis les deux jours du Forum pour la défense du territoire et de la Terre-mère, qui ont permis de faire un bilan, à travers les multiples régions de la géographie mexicaine, de toutes les luttes contre les grands projets et autres atteintes aux territoires des communautés indiennes, ainsi que de dénoncer les actes de répression et les assassinats qui ont ensanglanté l'année écoulée.

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Puis vint le 31 décembre, vingt-sixième anniversaire du soulèvement zapatiste, dans le caracol de Morelia. L'atmosphère festive et joyeuse contrastait avec le goût amer de la même fête, un an plus tôt, à La Realidad. Elle avait été marquée par le très inattendu défilé de 3000 réservistes zapatistes et le véhément discours du sous-commandant Moisés, défiant le Président de la république tout juste entré en fonction et annonçant une opposition ferme à ses grands projets, en particulier le mal nommé « Train maya » devant relier le Chiapas aux sites touristiques et archéologiques du Yucatan. Cette fois-ci, la tonalité était tout autre ; l'heure était bel et bien à la fête, celle d'abord de la jeunesse zapatiste qui se retrouvait là, dans la danse prolongée tard sous les étoiles.

A minuit, la présence des commandantes et commandants de l'EZLN et leurs discours sobres et simples marquèrent avec force la détermination à poursuivre la construction de l'autonomie. Ils n'avaient pas besoin d'en dire davantage pour impressionner et émouvoir, car chacun des mots qu'ils prononçaient était chargé de plus d'un quart de siècle de lutte quotidienne, de la capacité à défendre, jour après jour, l'exercice effectif de l'auto-gouvernement populaire et l'art de se soustraire autant qu'il est possible aux injonctions de la marchandisation capitaliste. D'ailleurs, vous savez bien, chère Cléone, que les zapatistes ont annoncé, en août dernier, la création de 4 nouvelles communes autonomes (s'ajoutant aux 27 déjà existantes) et de 7 nouveaux centres régionaux (les caracoles) avec leurs Conseil de bon gouvernement respectifs, en plus des 5 déjà existants. Réjouissante reconfiguration de la géographie rebelle ! Et même si cela ne se concrétise qu'avec lenteur tant l'effort à accomplir est important, l'autonomie marque aussi son expansion dans des régions où, jusqu'à présent, elle n'était pas déclarée et visible. Voilà bien un signe manifeste de la vitalité de l'autonomie zapatiste : « nous avons grandi et nous sommes devenus plus forts », avait pu dire alors le sous-commandant Galeano.

Pourtant, si l'année s'est achevée par une séquence très active et même joyeuse, la situation n'est pas moins préoccupante qu'il y a an. Elle l'est sans doute plus encore. Entre temps, dans l'état de Morelos, Samir Flores, membre de la communauté d'Amilcingo en lutte contre l'installation d'une double centrale thermo-électrique, a été assassiné. D'autres membres du CNI aussi, comme le rappeur TíoBad, dans l'état de Veracruz, tout récemment encore. Le projet de « Train maya », resté un long moment en sommeil, semble sur le point d'entrer dans sa phase opérative, après la réalisation, à la mi-décembre, d'une simulation de consultation des communautés indiennes concernées, dont même le bureau de l'ONU au Mexique s'est inquiété qu'elle n'ait pas respecté les critères prévus par les accords internationaux en la matière. C'est pourquoi, le sous-commandant Moisés, quoiqu'usant cette fois d'un ton plus posé, a réitéré la même mise en garde que l'an dernier. Pour les zapatistes, le mal nommé « Train maya » et les autres grands projets du gouvernement fédéral porteraient des atteintes inacceptables à la Terre-mère, à la survie des peuples indiens et à la construction de leur autonomie. Face à ces menaces, ils ont donc réaffirmé qu'ils étaient prêts à se défendre, « jusqu'à la mort, si c'est nécessaire ».

Je serais bien incapable de vous dire, chère Cléone, ce que les prochains mois nous réservent. Mais j'aimerais du moins rappeler que contrairement à l'idée, énoncée parfois avec légèreté depuis de confortables positions, selon laquelle cette expérience n'aurait été tolérée qu'en raison de son caractère inoffensif, l'autonomie zapatiste a toujours dû s'affirmer au milieu d'attaques et de menaces constantes. Et pour peu qu'on ait le souci de voir croître partout les espaces libérés qui luttent pour échapper à l'emprise de la marchandisation capitaliste et des institutions étatiques qui la servent, peut-être m'accorderez-vous, chère Cléone, que, tout comme le Rojava rebelle récemment pris en tenaille entre les offensives turques et syriennes, le Chiapas zapatiste aurait quelques raisons de bénéficier d'un soutien international plus affirmé.

Enfin, le sous-commandant Moisés lança une dernière question, adressée à nous toutes et tous : « nous vous invitons à vous demander à quoi êtes-vous disposés pour arrêter la guerre qui est menée partout contre l'humanité, chacun.e dans sa géographie, son calendrier et avec ses façons d'être et de faire ». Pas une trop mauvaise interrogation pour commencer l'année, sinon pour démarrer la décennie.

Chiapas et Rojava
*

La question du moment sans doute – pour peu que l'on veuille bien comprendre la guerre en cours en son sens le plus global, et pas seulement militaire. Cette question n'est pas tant celle du constat et de l'analyse, même si cette dimension ne saurait être négligée, que celle du degré de détermination individuelle et collective à agir pour faire front à une Tourmente aussi colossale et ravageuse que les incendies qui se propagent actuellement d'un continent à l'autre, véritable holocauste planétaire où sont consumés des dizaines de milliers de kilomètres carrés de forêts et des milliards d'animaux, parmi lesquels quelques dizaines ou centaines d'humains.

A dire vrai, au cours de l'année écoulée, bien des peuples ont déjà commencé – et avec quelle puissance ! – à répondre à la question du sous-commandant Moisés, depuis le Soudan jusqu'en Haïti, de Hong Kong au Chili, en passant par l'Algérie, le Liban, l'Irak, l'Iran, l'Équateur, la Colombie et d'autres encore. En un peu plus d'un an, depuis ce 17 novembre 2018, qui a marqué le début du soulèvement des Gilets Jaunes, quelques pas de géants ont été accomplis. Dans tant de pays, le point d'innacceptation de l'inacceptable a été atteint. Il s'est produit l'inimaginable, parfois là où on l'attendait le moins. Là où les passivités routinières et la soumission aux normes néolibérales semblaient devoir se perpétuer inlassablement, la rupture soudaine du « Ya Basta » a fait son œuvre. L'impossibilité de continuer à vivre comme avant, le basculement dans l'insubordination, la communauté retrouvée dans la lutte, la découverte d'une autre vie possible se sont propagées à vive allure, malgré la violence de la répression, la montée de l'autoritarisme et les menaces néo-fascistes.

Et s'il n'était pas insensé de prétendre que l'irruption des Gilets Jaunes était le signe annonciateur de nouvelles formes d'explosion sociale appelées à se multiplier, le cycle planétaire des soulèvements qui se sont succédé depuis annonce probablement une phase plus aiguë encore de l'affrontement en cours. Dans un tel contexte, la question du sous-commandant Moisés revient à se demander ce qui permettra désormais d'aller plus loin encore, afin d'amplifier les dynamiques véritablement libératrices.

Que les colères soient amenées à se faire partout plus vives apparaît plus que probable. De fait, la Tourmente provoquée par la perpétuation des logiques marchandes-capitalistes ne peut que s'accentuer au cours des prochaines années : effets dramatiques du dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité et pollutions en tous genres, dégradation des conditions de vie du plus grand nombre, décomposition sociale sans cesse croissante, discrédit généralisé des gouvernants et des systèmes politiques, à quoi pourrait s'ajouter la spirale de la prochaine crise financière. En outre, un levier décisif des basculements en cours est la délégitimation croissante dont souffrent désormais les politiques néolibérales, sous le double effet de l'accentuation des inégalités, parvenues à des degrés d'obscénité insoutenables, et d'une catastrophe climatique devenue le potentiel foyer critique de remises en cause en cascade. En bref, la dynamique de destruction du monde engendrée par le productivisme capitaliste est en passe d'être mise à nue et identifiée comme telle.

Pour le reste, il est certain que nous avons besoin de davantage de détermination et de force collective, de plus d'expériences partagées, de plus d'intelligence et de créativité, de plus de capacité d'organisation et de plus de liens transnationaux (les zapatistes appellent avec insistance à la formation de réseaux planétaires de rébellion et de résistance). Serons-nous suffisamment préparés, dans les moments critiques, pour tenir à distance la bête capitaliste et déployer assez de savoir-faire pour commencer à vivre sans elle ? Pour éviter l'imposition des vieilles formules institutionnelles (gouvernement de transition et assemblée constituante) qui reconduiraient l'oppression dont il s'agit de se débarrasser ? Pour que l'emporte la capacité d'auto-organisation, dans les assemblées populaires de base et les communes libres, afin de donner corps à de nouvelles formes politiques, localisées mais aussi supra-locales, autonomes et capables de déjouer la capture étatique de la puissance collective ?

Puisse votre sagesse, forgée par la traversée des siècles et des continents, nous aider, chère Cléone, à surmonter petitesses, goût de l'entre-soi et dogmatismes, certitude d'avoir raison et incapacité à écouter, exacerbation des petites particularités et démesure des égos, afin de trouver, au plus loin des appartenances identitaires, le chemin d'un faire-commun avec nos différences.

Et, dans ce monde où l'imprévisible devient, chaque jour un peu plus, la seule chose qu'on puisse prévoir, il peut nous être précieux de garder à l'esprit ce que les zapatistes ont l'habitude de dire : jusqu'au jour d'avant, tout paraît impossible...

San Cristobal de Las Casas, 4 janvier 2020

Un je-nous,
traversé par les multiples rencontres sans lesquelles il ne serait pas grand-chose

PS (au Chiapas, le post-scriptum est une coutume presque obligée) : vous y serez, j'en suis sûr, chère Cléone ; en France, la décennie décisive commence le 9 et le 11 janvier...


l'heure de nous memes a sonné

L'HEURE DE NOUS-MÊMES A SONNÉ

Un an après, on n’a pas oublié la violence d’Etat que se sont pris 151 jeunes mis à genoux, les mains sur la tête, dans une ambiance dictatoriale à Mantes la Jolie. Dimanche 8 aura lieu une manifestation d’autodéfense populaire à 14H à Barbès. Plus qu’un hommage, une réponse et un après !

Si pour la cheffe de l’IGPN il n’y a pas eu de comportement anormal de la police, pour nous c’est un scandale d’Etat de plus dans un régime qui s’effondre et ne tient plus que par sa police.

Alors qu’un autre mouvement lycéen et étudiant est en train de prendre et qu’on arrive en pleine grève, on est allé interviewer Yessa, une des mamans du Collectif de Défense des Jeunes du Mantois qui organise cette manifestation.

« L’heure de nous-mêmes a sonné ». Interview avec Yessa, une maman du Collectif de Défense des Jeunes du Mantois.


Raconte-nous cet appel pour le 8 décembre 14h à Barbès, comment vous l’avez organisé ?

On a longtemps hésité. On s’est dit : souvent quand il y a une grosse mobilisation autour des violences policières c’est quand il y a eu un mort. Nous ce qu’on dit c’est qu’on ne va pas attendre qu’il y ait un mort. On ne veut plus entrer en lutte uniquement quand il y a un drame. Il faut prévenir et se mobiliser contre toutes les injustices et contre toutes les violences, qu’elles soient systémique, qu’elles soient policières, les violences sociales aussi. Prenons ça tous ensemble à bras le corps. On n’attendra plus le prochain drame. Aujourd’hui les femmes dans le Collectif de Défense des Jeunes du Mantois, si elles ont la force de porter le combat c’est parce que leur enfant est toujours en vie et qu’elles savent les violences policières qu’ils subissent, elles avaient pour certaines déjà porté plainte contre des violences policières parce que leur gamin avait été tabassé dans le commissariat de Mantes la Jolie. Quand il y a un drame, quand les mères perdent la chair de leur chair souvent elles n’ont plus la force et c’est les frères ou les soeurs qui mènent le combat.

Ces mères elles ont encore la force parce que leur enfant est encore là. Elles ont encore l’instinct de protection et l’utilisent à ce moment là pour lutter. Qu’on nous fasse de la place !

Je le dis parce que c’est compliqué face à la machine étatique, le rapport de force il est dur. On le voit avec les gilets jaunes qui bataillent depuis plus d’un an. Avant ça il y a eu toutes les mobilisations, ça part de 1983, la marche pour l’égalité. Ensuite il y a eu toutes les marches à chaque fois qu’il y a eu un mort entre les mains de la police.
Les mouvements sociaux, les manifs loi travail, les luttes portées par l’antiracisme politique et le mouvement décolonial tout ça cumulé, on arrive à un moment ou là - je vais citer Césaire :

« l’heure de nous-mêmes a sonné » à tous. Le 5 c’est important d’être dans la rue. Parce que cette question des retraites nous touchent tous, habitants des quartiers, pas des quartiers, arabes, noirs, musulmans… Les retraites ce n’est que la partie visible de l’iceberg, mais ça va avec cette montée du tout sécuritaire.

Quelque chose doit se jouer au cœur de cet hiver. Il y a des rendez-vous à ne pas louper : celui du 5, mais aussi les mobilisations contre la précarité des étudiants, les mobilisations de sans papier, et lorsque nos migrants sont chassés aux frontières. Mais aussi lorsqu’une partie de la société civile fait corps avec le gouvernement pour asseoir une légitimité de classe contre les plus fragiles, il faut se mobiliser. Et là on ne pourra pas parler de lutte sociale en occultant l’antiracisme politique, parce que la précarité elle touche un bon nombre de français aujourd’hui, mais lorsqu’on cumule, qu’on est un jeune homme noir ou arabe et qu’on vit dans un quartier comme celui du Val Fourré, qu’on se mange les violences sociales et racistes… On parle même pas du racisme ordinaire, mais bien du racisme d’Etat qui permet ensuite à des chroniqueurs de tenir des propos violents à l’antenne. Comme se fut le cas de Zineb El Rhazoui qui a dit qu’il faudrait que la police tire à balle réelle sur les jeunes. Comment cela est permis ? Si on en arrive là, la responsabilité elle vient de là haut.
Notre ennemi à tous c’est l’Etat. On nous a reproché que notre appel était trop politique, et même que c’était bizarre que ça soit des mamans qui l’aient écrit. Donc le mépris il vient même d’ici, de certains milieux militants, sous prétexte qu’on est des mamans, on ne serait pas capable d’avoir un discours politique. Donc nous avons introduit volontairement notre appel par « nous sommes en guerre » et cette guerre que les différents prédécesseurs de Macron ont initiée, lui il la perpétue.

C'est une guerre intérieure, une guerre qui cache son nom derrière des lois liberticides, derrière des réformes assassinent…etc

On n’a pas vécu de guerre civile, mais on a vu des choses, on a lu et on voit ce qui se joue sur la scène internationale : au Chili, en Algérie, à Hong Kong. Tout ça est lié. Le fil rouge c’est l’impérialisme et le capitalisme. C'est ce rapport de domination du Nord sur le Sud. Cette volonté des puissants, des gouvernements et des institutions d’assoir leur pouvoir par la violence ne présage rien de bon pour nous tous. Donc nous ce qu’on dira le 8 décembre c’est que nous sommes en guerre contre tout cela. Mais nous disons surtout que nous voulons la paix ! Tout a été fait pour qu’on en soit là aujourd’hui. Cette conscience politique, nous la vivons au quotidien à différents moment : Premièrement, dans notre rapport aux institutions. Deuxièmement, quand nous retournons dans nos pays d’origine et que nous voyons les dégâts de l’impérialisme. Et troisièmement, au repas en famille quand il y a les grands pères qui nous parlent de ce qu’ils ont vécu pendant la guerre d’Algérie avec les pratiques policières. Aujourd’hui, qu’est ce qui a changé ? Il y a juste une transposition géographique. Mais les arabes et les noirs aujourd’hui sont traités de la même manière que leur aïeux. Rien a changé. Donc les différents champs qui composent la lutte aujourd’hui doivent prendre conscience qu’on ne peut pas lutter uniquement contre le capitalisme sans se soucier du racisme, c’est pareil pour les luttes contre l’impérialisme ou les luttes féministes. Prenons conscience de ça ensemble, on invite celles et ceux qui vont manifester le 5 à nous rejoindre le 8 décembre. L’année dernière quand il y avait les gilets jaunes et que les lycéens ont commencé à faire blocus ça a fait flipper l’Etat.

Les prochaines étapes c’est le 5, le 7 avec les gilets jaunes qui seront massivement présents dans les rues, et nous on a choisi le 8 pour permettre aux gilets jaunes de nous rejoindre.

Depuis un an, on s’est rapproché de différents collectifs en lutte. Ces convergences qui n’étaient pas d’actualité il y a un an, elles le sont plus que jamais aujourd’hui. Donc l’heure de nous-mêmes a sonné. A toutes et tous.


Est-ce que d’une certaine manière il ne faut pas « institutionnaliser » la défense populaire ?

Je dirais plutôt qu'il faut l'organiser, mais avec beaucoup de souplesse, car tout est muable et surtout les spécificités des uns et des autres sont multiples. Quand j’entends parlé de « méthode » de lutte à suivre dans le milieu militant ça me fait marrer. Dire cela c'est vouloir imposer une manière de faire et nous on est contre ça. On s'inspire des luttes passées certes mais on improvise surtout avec nos réalités.
Enfin on se dit qu’entrer dans la lutte politique c'est aussi faire de belles rencontres.

Au départ on pensait être isolées, et on s’est rendues compte que partout en France il y a des femmes qui sont entrées dans la lutte des mères de familles.

Il y a les femmes en luttes du 93, il y a le comité de vigilance des violences policières à Pantin, il y a les femmes de Villeneuve Saint Georges, les very bad mothers du coté de Nantes. Pour préparer le 8/12 nous avons pu compter sur la solidarité et le soutien actif du Collectif des mères solidaires co-fondé par Geneviève Bernanos. A l'internationale également des collectifs de mères et de femmes nous soutiennent, les Omas gegen Rechts qui nous rejoignent (les grands mères autrichiennes et allemandes opposées à l’extrême droite et la droitisation de la société), des mères italiennes qui vont venir de Turin, les Madres Contra la Represion, des femmes belges qui ont l’intention de venir. Il y a eu une manifestation de solidarité dès le départ lorsqu’on a lancé la marche au mois de septembre. Toutes ces alliances qu’on a faites depuis le 6 décembre dernier compte beaucoup.
Il y aura un après 8 décembre. Ça ne sera pas qu’un one shot. Là on a préparé des choses concrètes qu’on dira le 8 décembre parce qu’on a réfléchi à l’après.

Comment avez-vous réagi en apprenant ce qu’il s’était passé à Massy où des policiers ont tiré aux flashball sur des lycéens suite à un blocus ?

Quand on a vu la vidéo à Massy c’était fou. Ça s’est passé aussi à Toulouse et à Creil.

A partir du moment où on est capable de tirer à bout portant sur un gamin, il faut se dire que plus personne ne sera épargné.

C’est grave. Le 8 décembre ça sera ça aussi.
Quand on a un étudiant qui s'immole, épuisé par la précarité, quand un autre étudiant s’étouffe avec un sac plastique dans sa chambre de Crous et qu’il y a zéro réaction de la part du gouvernement. Ou quasi rien. Ils ne sont plus capable de regarder la population en face. Et ça c’est grave. Donc on va marcher le 8 décembre contre ça aussi. Mais aussi contre la répression qui s'abat contre les militants antifas, comme on a pu le voir dans le cas d'Antonin Bernanos, cet acharnement judiciaire dont il est victime est à dénoncer avec autant de ferveur que lorsqu’on lutte contre les violences étatiques plus visibles, la répression par l'enfermement est une violence. On pense aussi à Dan, cet étudiant italien, qui aujourd'hui est enfermé dans un CRA pour délit d'opinion, menacé d'expulsion. Aujourd'hui en France on en là. Que la France arrête de donner des leçons de droit de l'hommisme !

Raconte-nous ce 6 décembre à Mantes le Jolie et le contexte de mouvement lycéen dans lequel cette journée s’inscrivait.

Le blocus avait commencé dès le début de la semaine. Dès le départ ce qu’on a répondu à cette mobilisation lycéenne naissante ça a été une réponse répressive. Dès le départ les forces de l’ordre étaient présentes aux abords des établissements. C’est allé crescendo jusqu’au 6 décembre. Les lycéens ne comprenaient pas l’usage de la force ; les policiers ont très vite lancé des grenades lacrymogènes, ils ont très vite utilisé leurs LBD et évidemment la violence répond à la violence. C’est à dire que ces gamins là qui s’étaient préparés à faire blocus, à l’instar des différentes mobilisations lycéennes partout en France, ils se sont retrouvés face à la violence étatique.
Je fais partie de ces parents, de ces adultes, qui trouvent légitime que la colère, que le sentiment de révolte ne trouve parfois pas d’autres choix que de s’exprimer par la violence à un instant T. Et notamment dans le cas de Mantes la Jolie, la violence de nos gamins, lorsqu’ils répondent par des jets de pierres, ils répondent à une violence qui leur fait face. C’est une manière de dire nous existons. Ils nous l’ont expliqué de cette manière. « On en est venu à la violence parce que c’était tout à fait légitime, on était en droit de manifester, on a voulu nous priver de ce droit, donc on a répondu de la même manière. »

Est-ce que les lycéens avaient en tête le contexte gilets jaunes et sa violence répressive à ce moment là ?

 

C’était clairement dans la tête des lycéens. J’ai encore ce fameux screenshot qui était touchant d’une adolescente, c’était sur Insta, elle avait lancé le truc en disant : « venez on fait comme les gilets Jaunes ». insta qui pour faire les jaunes devant rostand ?

Ça se poursuit sur Snapchat dans les appels à blocus et ça c’est un truc sur lequel les médias mainstream sont complètement passés à coté. Ils ont repris la version de la préfecture qui a légitimé les interpellations du 6 par un climat de violences urbaines, de climat émeutier… Mais personne avant le 6 n’est allé trouver les lycéens pour leur demander pourquoi ils étaient dans la rue.

La presse classique n’a pas pris la peine de rencontrer les lycéens qui non seulement emboitaient le pas aux gilets jaunes, mais avaient aussi des revendications claires. En tant que jeunes des quartiers, noirs, arabes, ils avaient conscience que Parcoursup allait impacter leur avenir scolaire et professionnel.

Ils n’auront plus accès de manière démocratique aux études universitaires parce que quand on regarde les établissements qu’on a ici, sur un CV ça ne le fait déjà pas, mais pour entrer maintenant avec la sélection dans les universités, clairement ça devient encore plus dur. Ils ont conscience de ça.
En tant qu’adulte, ça me chiffonne de voir qu’on occulte trop souvent leur conscience politique, l’acuité qu’ils ont à comprendre les choses même s’ils ne le verbalisent pas de la même manière qu’un adulte. Et c’est tant mieux, parce que les discours très carrés des gens qui maitrisent tout, ça enlève de l’authenticité parfois à certains combats. D’ailleurs c’est pour ça que le mouvement des gilets jaunes est beau, parce qu’il est à l’image de la société. Le peuple à des choses à dire, ceux dont on n’entend pas les voix parce que ces discours là sont loin des codes de l'oralité dite « académique », c’est pareil pour les gamins de Mantes, ou les lycéens en général. On leur enlève de fait la possibilité de s’exprimer sur la scène politique, ou là dans la rue parce qu’on estime souvent que les revendications ne sont pas claires, voire même qu’il n’en existe pas.

Comment les jeunes ont vécu ça ? Comment ils en parlent ? Y a-t-il des traumatismes ?

La chose sur laquelle ils reviennent souvent, c’est le sentiment d’humiliation. Cette vidéo elle va rester; ils sont à un âge où ils se construisent, aussi à travers le regard de l’autre. Ce qui les a marqués c’est l’humiliation collective. Surtout les jeunes hommes noirs, arabes, turcs qui habitent le quartier du Val Fourré, à quelques centaines de mètres de ces 2 lycées, (Jean Rostand et St Exupéry), qui ont l’habitude d’être confrontés de manière individuelle à la police dans leur quotidien (du contrôle au faciès à la palpation), mais là ils étaient 151, donc cette volonté de les humilier, elle les a marqués d’autant plus qu’après, ils sont retournés en cours, et pour ceux qui vont poursuivre leurs études, dans les programmes scolaires, ils vont être confrontés à des images d’archives, par exemple celles de la guerre d’Algérie, ou par exemple du Chili sous Pinochet, la guerre du Viêtnam, d’Indochine.

Ils vont être confrontés à une iconographie qui va leur rappeler que, eux aussi, en France, en décembre 2018, à Mantes-La-Jolie, sous Macron, sous Castaner, ils ont été mis à genoux…

C’est fou, hein, mais c’est ce qu’ils nous disent, quand on les rencontre avec le collectif: « Madame, on a étudié un texte, qui était accompagné d’une photo, et ben on a été mis dans la même position… »

Quel est le bilan de cette journée en terme de blessés, d’arrestations et de signification ?

151 interpellations, des blessés. Il y a eu beaucoup de tirs de flashball. Des lycéens ont été touchés mais sans blessures graves, à la joue, à la cuisse, suite aux tirs de LBD. Les témoignages qui ont été recueillis à chaud, quand les lycéens sont sortis de garde à vue sont glaçants. Ceux qui avaient plus de 16 ans, ont fait automatiquement 48 heures.
Puis il y a la vidéo filmée par un policier qui circule, elle ne dure que quelques secondes, mais c’est déjà un condensé de violence, symbolique parce qu’il n’y a pas de geste violent à ce moment là, mais la posture, le maintien tête baissée, l’humiliation c’est une pratique violente.
Les plus « chanceux » sont embarqués au bout d’une quart d’heure, ils n’ont pas eu à subir cette position non seulement humiliante, mais aussi douloureuse: on est au mois de décembre, il fait froid, il pleut, ils sont agenouillés dans la boue, les cailloux, ils n’ont pas le droit de se mouvoir, de se regarder, de parler.
Les violences individuelles n’ont pas pu être toutes recensées, mais on a 151 gamins qui ont subi, pour paraphraser un peu Fanon, un langage de pure violence, physique et verbale, de la part des autorités. Parce qu’à ce moment là les forces de l’ordre obéissent à des ordres, qui viennent du ministère,

donc les responsables de l’affaire de Mantes-la-Jolie ce ne sont pas uniquement les policiers, ce serait trop facile! C’est tout un gouvernement qui, en décembre 2018, a permis ça. C’est tout un gouvernement qui, depuis l’automne dernier, massacre sa population.

C’est tout un gouvernement qui, aujourd’hui, tient sa population par le taser, les lacrymos, la matraque et le LBD. Il y a vraiment un langage de pure violence, un usage de plus en plus accru de ce qu'on appelle la violence légitime celle dont l'Etat a le monopole.

Ce qui s’est passé à Mantes-la-Jolie, c’est pas tellement une montée de la violence policière, ça résulte de décennies d’histoires de violences policières dans les quartiers d’immigration, c’est plutôt une extension.

A l’automne dernier, cette violence franchit le périph et touche une autre frange de la population, celle des gilets jaunes. Il y a évidemment des gilets jaunes qui viennent des quartiers populaires, il y a des gilets jaunes noirs, arabes, musulmans, qui eux connaissent déjà ou ont connu les violences policières.
Le 6 décembre dernier, la volonté de l’Etat était qu’il ne fallait surtout pas que vienne s’ajouter au mouvement des gilets jaunes, un mouvement lycéen. Et ça a fonctionné. On parle beaucoup de Mantes-la-Jolie, mais ailleurs aussi il y a des lycéens qui ont été violentés, voire blessés. Mais l’affaire de Mantes est vraiment venue couper l’herbe sous le pied à ce mouvement naissant, qui était celui de la jeunesse; en tous cas, nous, c’est comme ça qu’on l’analyse.

Ça en est où du côté de la justice ?

Il faut voir la réponse de Brigitte Julien, cheffe de l’IGPN. Elle est interpellée à l’assemblée nationale dans le cadre d’une enquête parlementaire en mai sur les violences policières. A propos de Mantes la Jolie elle dit que l’enquête de l’IGPN est bouclée et sa phrase c’est « il n’y a pas eu de comportement déviant de la part des policiers ce jour là à Mantes la Jolie. » Bien qu’on sache que l’IGPN n’est en aucun cas un corps indépendant de la machine policière et judiciaire, on reste stupéfaites. Il y a quand même une vidéo. Rien qu’en se focalisant sur le droit, ce policier qui filme 151 gamins entravés (même si lui dit qu’il a mis cette vidéo sur un groupe whatsapp et qu’ensuite c’est quelqu’un d’autre qui l’a mise sur les réseaux sociaux) ça ne va pas, il y a quand même des histoires de droit à l’image et là c’est des mineurs en plus.

Brigitte Julien qui a certainement quelques notions de droit doit savoir qu’on ne peut pas filmer et diffuser les images d'une personne dans le cadre d’une procédure ou d’une interpellation et qu’on ne peut pas filmer et diffuser les images de personnes entravées parce qu’il y a cette fameuse présomption d’innocence, et il s’agit d’autant plus de personnes mineures.

Elle ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de comportements déviants. Cette vidéo elle contient à elle seule toutes les déviances dont sont capables les forces de l’ordre qui œuvrent en toute impunité.
Ensuite, la procureur de Nanterre classe sans suite 4 plaintes durant l’Eté. Comment peut-on classer sans suite une affaire comme celle-ci après avoir auditionné 4 lycéens sachant que dans cette affaire il y a autant de victimes que de témoins, ils sont 151! Elle ne se base que sur 4 plaintes.
Alors, on avait été préparées, on savait que des violences plus graves ont déjà été commises, des violences policières qui ont entrainé la mort on les comptent par centaines depuis des décennie, des éborgnés et des mutilés, notamment dans le cadre des gilets jaunes. Alors nous, on se dit qu’on va pas lâcher l’affaire. Elle classe sans suite, mais nous on ne classe rien du tout.
Au mois de septembre, les familles se portent partie civile et l’UNL suit également. Il y a eu les premiers dépôts de consignation il y a quelques semaines. On poursuit de cette manière.

Note : L’UNL a porté plainte pour « violences sur mineurs de 15 ans et plus par personne dépositaire de l'autorité publique », « actes de torture et de barbarie sur mineurs par personne dépositaire de l'autorité publique et en réunion », « violations de libertés individuelles » et « diffusion illégale d'images de personnes identifiables mises en cause dans une procédure pénale ».

Comment ça s’est passé au niveau des soutiens ?

Au moment où la vidéo est diffusée, évidemment l’indignation est générale sur les réseaux, et même avec des grosses organisations comme Amnesty international ou la LDH, donc les images suscitent l’indignation. Point. Mais après c’est le propre des réseaux sociaux et de l’instantanéité de l’info. Tout vas trop vite parfois. Mais il y a l’après. Il y a une solidarité qui est là et qui était presque naturelle, d’abord de la part le milieu de l'antiracisme politique et la plupart des collectifs de lutte contre les violences policières, notamment Urgence Notre Police Assassine, les antifas aussi, et bien évidemment, les Gilets Jaunes. Jusqu’à présent il faut savoir que la page du collectif reçoit énormément de messages de soutien de la part des gilets jaunes. Nous, on a nos gilets jaunes locaux, les gilets jaunes de Buchelay, mais il y a des gilets jaunes de par la France qui nous envoient des messages de soutien. Souvent on reçoit des photos de cette posture qui avait été imposée aux gamins de Mantes la Jolie et par laquelle les forces de l'ordre ont essayer d’humilier, de porter atteinte à la dignité de nos enfants.

Dès le lendemain c’est une posture qui est devenue un acte militant. C’est devenu un symbole contre les violences policières.

hommages aux lycéens de mantes la jolie
Voilà pour les solidarités fortes qu’on a depuis le départ. Le collectif a essayé tant bien que mal de tenir l’opinion publique en alerte, mais c’est hyper compliqué parce qu’une actualité en chasse une autre. Mais jusqu’à présent on tente de le faire malgré tout. Même si certaines membres du collectif sont essoufflées. Ce ne sont pas des militantes. Forcément l’investissement s’est un peu amoindri au fil du temps, même si on reste un bon petit groupe actif localement. Parfois on est sollicitées ailleurs et on le fait parce qu’on se dit que pour tenir la distance sur le marathon juridique et judiciaire il faut aussi asseoir une place dans l’espace militant, dans les espaces de lutte contre les violences d'état.
Ce qu’on dit aujourd’hui et c’est une des raisons pour lesquelles on a décidé d’organiser une marche pour la date anniversaire, c’est que les mamans sont souvent fantasmées comme des sujets politiques passifs et dociles. Et il y a aussi un côté hyper infantilisant de la société en général. Les institutions, l’école. On nous a assignées à un rôle auquel il faudrait se cantonner. Sortir de ce rôle c’est être considérées comme des mères inconscientes « occupez-vous d’abord de l’éducation de vos enfants et nous on s’occupera du reste ». Mais l’éducation de nos enfants elle se fait à la maison et à l’extérieur. Quand on envoie nos enfants à l’école on ne laisse pas notre rôle qui est d’éduquer et d’accompagner à la porte de l’établissement. Ce qu’on demande surtout aux enseignants c’est de transmettre des apprentissages, mais on ne leur demande pas d’éduquer nos enfants. On ne veut plus répondre à ces injonctions sur l’éducation. Les mères dont les gamins ont subi des violences physiques et verbales, souvent on leur dit « mais enfin c’est un peu de votre faute ». Ça c’est d’une violence…!
Là on a touché à la chair de leur chair, il y a des gamins qui se sont pris des coups en garde à vue, qui ont été insultés de sales arabes, de sales noirs, il y a des jeunes filles qui ont reçu des insultes sexistes de la part de policiers hommes, envers des mineurs. Et on voudrait que ces mères restent dans leur cuisine ? Parce que c’est de cette manière qu’on voudrait nous assigner. On est des femmes d’origines maghrébines, africaines, musulmanes, ou ne nous imagine pas ailleurs que dans nos cuisines.

Cette interview a été réalisée avant le 1 décembre et il semblait important de rappeler des dates de mobilisation contre les violences policières. Certaines sont passées depuis et d'autres sont à venir, mais nous les énumérons toutes ici quand même :

- Le 1er décembre avait lieu un hommage à Zineb Redouane, morte par un tir tendu de lacrymogène d’un CRS à Marseille alors qu’elle fermait ses volets.
- Le 3 décembre a eu lieu à Paris une campagne de soutien à Assa Traoré dont le frère Adama est mort sous le poids de trois gendarmes en aout 2016. Assa Traoré comme le reste de sa famille subit depuis un acharnement judiciaire.
- Le 7 décembre à 14H à Rennes aura lieu la marche pour Babacar Gueye tué en 2015 par un agent de la BAC de 5 balles.
- Le 8 décembre à 14H à Barbès (Paris) aura lieu la marche des mamans pour la justice et la dignité.

Marche des mamans


Contre sommet du G7

CONTRE G7 INTERGALACTIQUE : 21, 22, 23 AOUT A HENDAIA

Qu'on se le dise, les inégalités, le réchauffement climatique ainsi que d'autres problèmes d'envergure qui nous touchent tous ne seront jamais solutionnés par le capitalisme ni par les Etats, qui ne font que le protéger et assurer son déploiement. Les "rencontres intergalactiques" avaient commencé il y a trois ans à la Zad de Notre-Dame-des-Landes, cette fois ci elles se posent sur une autre zone à défendre, au Pays Basque, terre de résistance qui a prévu de faire un beau pied de nez au sommet du G7. Ces rencontres intergalactiques seront un lieu de convergences et de préparation de mobilisations contre le G7. En voici la présentation, le programme et une contribution vidéo.

Rencontres intergalactiques à Hendaia : 21, 22 et 23 août au port de Kaneta

Elles arrivent elles arrivent, les troisièmes rencontres intergalactiques ! Après avoir séjourné à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes durant deux ans, nous nous poserons cette fois-ci au Pays Basque, à l’occasion du contre sommet du G7. Ateliers et débats, fêtes et luttes au menu, dans un espace ouvert à tout le monde !

Vous avez dit impérialisme ? Il n’est pas qu’intergalactique. L’impérialisme capitaliste s’impose sur la terre et les peuples. Des peuples qui luttent. DES peuples, oui. En défense de leur terre, de leur liberté et qui gagnent à connaître d’autres peuples en lutte pour faire face à une même logique destructrice. La semaine intergalactique veut essayer de réunir ces peuples, ces luttes, ces territoires, les 21, 22 et 23 Août prochain, à Hendaye (Hendaia dans la langue autochtone), dans le cadre du contre-sommet au G7. En étudiant les méfaits de l’expansion capitaliste sur le vivant, les corps et les langues et cultures.

Le premier jour sera consacré aux mouvements de défense de la terre et aux différentes formes de luttes qui en ont découlé. Ce sera l’occasion d’une rencontre entre le mouvement européen naissant By 2020 We Rise Up et les différentes luttes de défense de la terre et de la nature en Euskal Herria (contre LGV, Gaz de schiste, barrage d’Itoiz, abattage de petits élevages paysans).

L’impérialisme et son monde. Son patriarcat. Le second jour sera celui des ateliers féministes contre le machisme et les violences sexistes. Machisme et violence qui apparaissent encore dans les milieux militants également. Ateliers non mixtes pour tout.e.s.

Le Vendredi mettra au jour les réalités auxquelles font face au quotidien des locuteurs de langues minorisées et sous domination de politique linguistiques impérialiste. Mapuches, tamazight, basques, occitans, bretons, kurdes etc. pourront témoigner sur les discriminations qu’ils et qu’elles subissent au quotidien. Et puis nous en profiterons pour faire un petit cours d’initiation pour tout.e.s afin de devenir polyglotte en une heure... Enfin presque.

Durant ces trois jours, des collectifs de défense juridique ainsi que des avocats seront là pour nous faire connaître nos droits et attitudes face à la répression du gouvernement français, à la veille de ce G7.

Ah ! Puis on chantera aussi autour de bons repas (vegan) de la cantine... Puis on dansera aussi. Ou comment la danse en chaîne peut symboliser l’union des habitant-e-s d’une terre, celle des peuples en lutte. Liés, mais libres. Libres de l’avoir choisi.

Terre et liberté !

Programme et infos utiles

Mercredi 21 août : Défense de la terre et moyens d'action

  • 12h-13h : poteo en chant et repas en musique
  • 15h30 : rencontre entre la dynamique By2020 We Rise up et des collectifs basques
  • 17h30 : répression contre le mouvement des Gilets Jaunes
  • 19h: atelier de mur populaire
  • 20h30: soka dantza (danse de la corde) au campement

Jeudi 22 août : En finir avec les agressions sexistes

  • 12h-13h : poteo en chant et repas en musique
  • 15h30 : ateliers en non mixité pour femmes et hommes. Deux fois deux ateliers
  • 20h30: soka dantza (danse de la corde) au campement

Vendredi 23 août : Situation des langues ignorées et méprisées

  • 12h-13h : poteo en chant et repas en musique
  • 15h30-17h30 : témoignages des locuteurs-trices et rencontre
  • 18h : apprentissage express des bases
  • 19h : enregistrement du même texte dans plein de langues. Micro-rap ouvert à toutes les langues
  • 20h30: soka dantza (danse de la corde) au campement

Infos utiles

  • Horaires : de midi à 20h
  • Bar et restauration, infokiosk, expositions, atelier sérigraphie et montage de la structure en bois « Ambazadatxoa ».
Un espace informel sera disponible pour tout autre atelier, rencontre, débat.

Planning général du contre sommet

  • Du 19 au 24 : Semaine Intergalactique, Village Gilets Jaunes et contre sommet (Urrugne, Hendaia, Irun)
  • Vendredi 23 : blocages et actions autour de Biarritz
  • Samedi 24 : Manifestation contre le G7
  • Dimanche 25 : Constitution de la zone arc-en-ciel autour de la zone rouge et bleu contre l'interdiction de manifester. Prise de 7 rond-points ou places autour de Biarritz.

plus d'infos : https://g7ez.eus et GJ G7 !

Contre sommet du G7