Tout est possible !

1er mai 2019, une journée pour tout tenter, une journée pour tout rêver.

Le 25ème rendez-vous des GJ n'est pas comme les autres. Et c'est tant mieux. Le mouvement a besoin de sortir de sa routine et de sa ritualisation des manifs du samedi. Planifié, non pas un samedi, mais un jour férié, date historique pour les luttes sociales à travers le monde, ce nouveau rendez-vous devrait voir de nouvelles personnes venir collaborer à la chute du système : syndicalistes, écolos, anarchistes mais aussi et surtout des milliers de citoyens anonymes en colère.

Cette date du premier mai arrive quelques jours après l'annonce des "décisions" de Macron suite au Grand Débat. Des annonces qui n'ont convaincu personne en dehors de la République en Marche. Une allocution qui a confirmé le mépris de classe et la position ultra-autoritaire et inflexible du pouvoir, aussi bien le pouvoir politique que le pouvoir économique, policier et judiciaire.

Le message est clair : vous pourrez gesticuler encore des mois, la politique du gouvernement ne changera pas. Et le système encore moins. Si cette posture tient d'une tactique pour décourager les GJ et autres forces révolutionnaires, on sait qu'après avoir vraiment tremblé en novembre et décembre, le système a réussi à reprendre la main sur la gestion des révoltes, qui n'ont quasiment plus connu de caractère insurrectionnel en 2019, y compris lors des ultimatums du 16 mars et 20 avril. La force du système ultra-libéral, c'est de comprendre les nouvelles situations et de s'y adapter ultra rapidement.

Il faudra donc beaucoup plus qu'un premier mai massif et déterminé pour réussir à ébranler le système. Mais ce 1er mai est essentiel pour que la lutte continue, qu'elle mute pour tromper encore le système, pour le faire dérailler. Ouvrir des brèches, tenter des expériences, se rencontrer, échanger, créer des alliances de rue éphémères...

Mercredi, chaque citoyen dans la rue aura les clés de la réussite de cette journée. Ce ne sont pas les syndicats qui ont les clés, ce ne sont pas les associations, ce ne sont pas les "figures" des GJ.  Non, c'est chaque citoyen, qui, selon ses choix, ses paroles, ses actes, déterminera l'évolution de cette journée et donc de la suite du mouvement : une tentative de manif sauvage, lancer un chant repris par des milliers de manifestants, refuser d'entrer dans la nasse de fin de manif (prévue Place d'Italie a priori), se déguiser pour tourner en dérision le pouvoir, monter des barricades, repeindre la rue en jaune, entrer dans un bâtiment pour une occupation éphémère....

Tout est possible. La journée, la nuit et la vie nous appartiennent. N’ayons pas peur de l'inconnu car seul cet inconnu peut nous permettre de vivre différemment.

La solution ne viendra pas d'un transpalette ou d'une banque en feu. Elle ne viendra pas non plus d'un manifestant déguisé en clown ou d'une fanfare invisible. Mais elle viendra de tout cela et des brèches que toutes ces individualités pourront créer. Des brèches dans lesquelles il appartiendra de s’engouffrer et d'improviser.

Le pouvoir craint plus qu'il ne le dit cette journée du 1er mai. Sa stratégie est connue d'avance : contrôler l'ensemble du cortège pour l'amener dans la nasse géante de fin de manif. Avant cela, dès que possible, scinder le cortège pour isoler les manifestants les plus déterminés et faire un max de répression et d'arrestation. Tout faire pour obliger les milliers de citoyens en colère à choisir leur camps : celui des gentils manifestants qui respectent les règles de la République, et les méchants anarchistes black bloc assoiffés de feu et de sang.

Ne leur offrons pas cette chance de nous séparer, idéologiquement mais aussi physiquement dans la rue. Soyons soudés dans nos différences de pratiques et de tactiques. Respectons-nous car nous avons le même adversaire, et que la différence ne nous fait pas peur.

Mercredi : chaque personne dans la rue aura le pouvoir de changer les choses. Le mouvement des GJ a prouvé la force de l'horizontalité et de l'action individuelle dans une lutte collective. Alors n'ayez pas peur de vous lancer dans des initiatives. Parlez-en à vos proches et à vos camarades de lutte. Il reste quelques heures pour préparer ce 1er mai. C'est largement suffisant pour réfléchir et proposer des actions surprises, qu'elles soient festives, musicales ou offensives. Mercredi, chaque initiative sera une reprise éphémère de liberté et d'existence. Chaque acte subversif sera une victoire face à ce système qui veut nous faire croire que rien ne pourra jamais changer et qu'il faut retrouver nos "vies d'avant".

Nous savons que nos vies d'après peuvent être bien plus joyeuses et solidaires. Et nous sommes prêts à nous battre pour cet horizon. Cela commence mercredi.

https://youtu.be/2fR1AArUyGU

 

Crédit photo : Mathias Zwick

PLUS D'INFOS SUR LE 1ER MAI

MESSAGE AUX SYNDICATS 
1ER MAI, INFOS ET LIENS UTILES


Réveillez-vous !

Après la "tragédie" de l'incendie du Fouquet's lors de l'ultimatum 1,  le pouvoir et les médias ont trouvé une nouvelle cible pour discréditer la révolte des GJ et détourner le regard des violences policières, des atteintes aux libertés et des revendications sociales : 20 personnes (sur au moins 15 000 manifestants) ont adressé un chant aux policiers, pendant 30 secondes : "Suicidez-vous".

Si la condamnation de ces propos est tout à fait logique, même souhaitable, l'ampleur de cette condamnation la rend totalement caduque. Elle montre qu'elle n'est qu'une stratégie politique et médiatique. Ce samedi 20 avril, la République (et sa place) a été profondément bafouée, humiliée, souillée. Et pas que par 30 secondes de chant du plus mauvais goût. Par d'autres actes, physiques, tout aussi violents et dangereux. L'heure est grave et il appartient à chacun de regarder la situation en face.

Depuis cinq mois, plus de 300 000 personnes différentes (probablement le double) sont descendues dans la rue lors d'un des 23 actes des Gilets Jaunes. Plusieurs millions de personnes soutiennent toujours le mouvement, malgré les nombreuses campagnes de diabolisation. Que l'on soit d'accord ou non avec ce mouvement, toute personne prétendant défendre la démocratie et la République se doit de regarder la situation telle qu'elle est, factuellement : ces militants sont désormais traités comme des citoyens de seconde zone, n'ayant pas les mêmes droits que les autres. Porter un gilet jaune peut désormais aboutir à recevoir une amende. Avoir des outils dans son coffre de voiture et un gilet jaune peut aboutir à des peines de prison fermes. La présomption d’innocence a totalement été renversée. Des éléments montrant qu'une personne aurait pu commettre des crimes ou délits suffisent à le faire condamner.

On parle de milliers d'arrestations abusives, de milliers de violences policières sans justification (photos et vidéos à l'appui). On parle de citoyens ayant perdu des mains ou des yeux, ayant des côtes fracturées. On parle de force de l'ordre interdisant aux journalistes d'accéder à des chambres d’hôpitaux de victimes. On parle d'ordres donnés aux infirmiers de lister les noms des blessés GJ. On parle de journalistes tabassés et placés en GAV, fichés S, et désormais interdits de se rendre à Paris les jours de manifs . On parle de milliers de personnes confinées sur une place et gazées pendant plus de trois heures, avec des dizaines de charges policières "dans le tas". On parle de la France de 2019. Une France qui n'a jamais été aussi proche de sombrer dans le totalitarisme. Sous les yeux de tous.

Alors oui, ceux qui aujourd'hui passent plus de temps à s'indigner du chant de 20 personnes plutôt que des dérives totalitaires du pouvoir sont clairement complices de cette dérive. Et si dans chaque corps de métier, le haut de la pyramide a totalement besoin de cette complicité pour maintenir leurs privilèges, ceux qui sont à la base ne doivent plus accepter. Policiers, journalistes, politiciens : Réveillez-vous !

Aux forces de l'ordre : votre métier est de servir les citoyens et de les protéger. D'ailleurs, initialement, vous n'étiez pas des "forces de l'ordre" mais des agents de maintien de la paix. Si votre obéissance aux ordres de la hiérarchie est nécessaire dans votre métier, il vous faut également vous soucier des conséquences de ces ordres et de vos actes.. Vous devez servir le pays et les citoyens, et non les intérêts des puissants. Fermer les yeux sur une dérive autoritaire de vos services, couvrir des dérapages, c'est prendre le risque de couper encore plus le lien entre la population et vous. Au début du mouvement, de nombreux manifestants chantaient "rejoignez-nous". Il est peut-être encore temps.  Le pouvoir joue volontairement la carte de l'escalade et allume des brasiers. Il a besoin que tout le mouvement déteste la police, pour que la police déteste le mouvement. Il ne craint rien de plus qu'une défection de ses derniers remparts. Mais quand un pouvoir utilise sa police et son armée pour ses propres intérêts et contre les principes fondamentaux de la démocratie, il appartient à cette police de refuser et de résister. Il faut que quelques courageux chez vous dénoncent l'escalade totalitaire qui ne fait qu'empirer la situation.

Aux médias de masse : la défiance grandissante des citoyens à votre égard est encore réversible.  Mais cela ne tient qu'à un fil. Les smartphones et les réseaux sociaux ont changé la donne concernant le rapport à "la réalité". Quand les principales chaines françaises annoncent 18 000 GJ dans toute la France et que des vidéos au téléphone montrent au moins 5 000 personnes rien qu'à Toulouse, cela pose de sérieux soucis pour ces médias.  Mais surtout, lorsque ces médias couvrent à peine les dérives totalitaires du pouvoir (arrestations arbitraires, violences, humiliations, jugements sans aucune preuve) mais passent des jours à traiter du Fouquet's ou d'un chant scandé par 20 personnes, cela devient intenable. Samedi dernier, pendant 3 heures en plein Paris, des milliers de citoyens ont vécu une nasse avec charges, gaz, et matraquages. Des journalistes ont été tabassés, d'autres sont partis en GAV. Une telle situation à l'étranger aurait été couverte par les médias "mainstream" français de façon très large et avec une forte indignation. Ne pas couvrir en profondeur ces dérives est une faute professionnelle. C'est aussi ce qui pourrait signer le divorce définitif. Aux journalistes de ces médias, il vous revient de refuser ce traitement, digne de l'ORTF et d'une propagande d'état. Vous devez le faire pour vous, pour votre média et pour l'importance du journalisme dans notre société.

Aux femmes et aux hommes politiques : quand une partie du peuple a la fièvre, c'est qu'il est malade. Si vous ne cherchez qu'à faire tomber la fièvre sans vous soucier de la maladie, vous n'êtes pas dignes de représenter autre chose que vous-même. Si vous ne comprenez pas pourquoi des citoyens "ordinaires" descendent dans la rue depuis 23 semaines, en sachant qu'ils vont se faire insulter, humilier, tabasser... c'est que vous ne pouvez plus prétendre les gouverner. Surtout, si vous acceptez de couvrir les dérives policières et judiciaires liées à ce mouvement, vous ne pourrez plus jamais trouver grâce aux yeux de ces citoyens.

Le vol noir des corbeaux sur nos plaines se rapproche dangereusement. Mais il est encore temps de se réveiller.

Crédit photos  : Jerome chobeaux


A force d'être traité comme des animaux...

L'acte 23 laisse le goût amer de l’inachevé. Des milliers de GJ se sont une nouvelle fois déplacés à Paris, peut être plus que le 16 mars lors du premier ultimatum. Au delà du nombre, c'est la détermination qui frappe et qui trouble le pouvoir. Semaine après semaine, la population dans la rue semble déterminée à ne pas reculer. A ne plus reculer.  Pourtant, ce samedi 20 avril, la stratégie policière fut plus forte que la détermination de dizaines de milliers de citoyens. Mais à quel prix ? Et pour quels résultats dans les semaines et mois à venir ?

Dès le début de la matinée, nous comprenons que cette journée ne ressemblera en rien à celle de l'acte 18. Les premiers rassemblements non déclarés de 10h ne comptent pas assez de GJ pour empêcher les policiers présents de nasser puis de pousser tout le monde à se disperser (y compris dans le métro). La très grosse majorité des GJ se retrouve donc vers 12h pour le départ de la manif déclarée de Bercy.

Le monde est là. La détermination aussi. On sent une vraie dynamique.  Sauf qu'il s'agit d'une manif déclarée Bercy/Bastille/République. Le parcours ultra classique des manifs syndicales. Les forces de l'ordre ont donc préparé le terrain et savent exactement comment gérer la situation, au point de prendre l'initiative de couper le cortège en plusieurs groupes (au moins trois différents). Le tout, très loin des quartiers des ultras riches et des lieux de pouvoir. Surtout, elles arrivent à pousser tous les GJ sur la place de la République, lieu officiel de fin de manif. Il est 15h15, l'acte 23 parisien touche déjà à sa fin.

Car tous les Parisiens savent que terminer à République signifie désormais s'enfermer dans une nasse géante. S'enfermer au sens propre puisque, comme par le passé, la préfecture donne la consigne d'empercher toute sortie de la place, et ce pendant plus de 3 heures !

Non seulement il n'est plus possible de manifester. Non seulement plus personne sur la place ne peut sortir. Mais les forces de l'ordre se prêtent à un jeu totalement abject consistant à inonder la place de lacrymo. Pire : des groupes de 15 à 20 policiers font des incursions au centre même de la place, remplie de milliers de manifestants. Au moindre projectile, c'est la charge, avec comme but d'attraper (et de frapper) ceux qui ne seront pas assez rapides (rarement ceux ayant lancé des projectiles).

On est loin, très loin du maintien de l'ordre. S'il s'agissait de maintenir une situation sans débordement, il suffisait de laisser la place de la République ouverte et sans charge ni gaz. Non, l'objectif de la préfecture (et donc du pouvoir) était bien d'enfermer en plein soleil des milliers de personnes, de les nasser, de les compresser, de les gazer et de les charger. Dans quel but ? Probablement les terroriser et les dissuader de revenir manifester les actes suivants. Il s'agit bien d'une stratégie de la terreur.

Il y avait de nombreuses personnes âgées, de nombreux enfants. La plupart novices quant aux pratiques de manifestations, notamment de manif de GJ parisiennes. Plusieurs personnes ont perdu leurs nerfs, se sont mis à pleurer, à crier, à paniquer. Et forcément, certains se sont énervés aussi. Car c'est une sensation très bizarre de se sentir enfermé dans un espace rempli de milliers de personnes avec des mouvements de foule importants à chaque gazage et charge. De quoi vraiment paniquer et/ou devenir fou. Certains étaient prêts à se mettre en danger pour pouvoir sortir. D'autres, jusqu'ici pacifiques, rejoignaient les GJ les plus offensifs. Plus la journée passait, plus la panique se faisait sentir, plus la tension devenait palpable. Des centaines de citoyens voulaient absolument sortir, coûte que coûte. Plusieurs GJ ont alerté les forces de l'ordre que cela pouvait se terminer en drame. On sentait qu'à la moindre étincelle, une personne pouvait véritablement péter un plomb. Et ce n'était pas les GJ les plus offensifs qui étaient potentiellement ceux qui auraient pu totalement vriller sous le coup de la panique et d'une crise de nerfs.

Mais à force d'être traités comme des animaux, comment s'étonner que certains commencent à agir comme des bêtes féroces ? A une époque, lorsqu'on voulait se débarrasser d'un chien, on l'énervait pour qu'à son tour il s'énerve et morde. On pouvait alors l'accuser d'avoir la rage, d'être dangereux... et le piquer.

La grande leçon de cette journée, c'est qu'il n'est plus possible de composer avec le pouvoir et son bras armé. Dans un pays démocratique, protester de façon concertée avec les autorités, cela a du sens. Dans un pays qui bafoue jour après jour les libertés fondamentales, cela revient à capituler.

Aujourd'hui, tenter d'accepter les règles de manifestations du pouvoir revient simplement à lui faciliter la tache pour casser le mouvement et le meurtrir, y compris physiquement. D'autant que lui, ne se prive pas pour s'affranchir de ses propres "règles" :  Les GJ qui avaient déclaré la manif (jusqu'à 22h) se sont fait insulter et gazer. Ce 20 avril a d'ailleurs fait monter d'un cran la violence aveugle et gratuite de la part des forces de l'ordre, avec des passages à tabac et des GAV totalement abusives, y compris de journalistes. Jamais, depuis 5 mois, les reporters qui suivent le mouvement n'avaient autant été la cible de la répression.

Face à cette situation, il apparait de plus en plus évident que la stratégie des manifestations déclarées ne peut aboutir à autre chose que faire mourir le mouvement : elles n’empêchent en rien les violences, les gaz et les arrestations abusives.  Mais elle permet au pouvoir de contenir la colère. Agir en primitif, prévoir en stratège. Cette maxime du poète résistant René Char est plus que jamais d'actualité.

Car l'espoir reste là, la flamme brûle plus que jamais : samedi, au milieu des lacrymos et des charges successives, des centaines de GJ se sont mis à chanter "Nous on est là", tout en avançant face aux CRS. Charge de la police, matraquage, gazage. Et rebelote : les GJ revenaient, chantaient et avançaient.  Si la démarche peut sembler vouée à l'échec, c'est la dynamique créée qui importe. Et cette dynamique résiste au gaz et aux matraques.

 

Crédits photos : Gianni Giardinelli 


Aux Âmes Citoyens !

A certains moments de la vie, des choix s'imposent. Des choix qui définiront la suite de nos vies, aussi bien personnellement que collectivement. Ces moments-là sont rares. Ils donnent souvent le vertige. Ils peuvent accoucher du meilleur comme du pire. Souvent, dans ces moments de bascules potentielles, par crainte du pire, l'être humain préfère le statut quo. Ceux qui profitent du système l'ont bien compris et jouent à fond la carte de la peur.

A l'approche du joli mois de mai, nous sommes clairement dans une séquence où nos choix individuels vont définitivement décider de l'issue d'un mouvement social inédit par sa forme et son ampleur. Le rendez-vous du samedi 20 avril à Paris, tout autant que l'appel à une convergence avec les syndicats le 27 avril, puis l'inévitable 1er mai, suivi d'un 04 mai de convergence avec les luttes climatiques.... Nous savons que les jours à venir seront décisifs.

Les puissants le savent aussi, et le craignent. Et ils feront tout pour empêcher les citoyens de choisir le changement. A ce titre, l'incendie de Notre-Dame de Paris est particulièrement révélateur. Si leur tristesse n'est pas à remettre en question, la façon dont le pouvoir politique et économique s'est emparé de ce drame révèle leur jeu à peine voilé : utiliser la tristesse pour contenir la colère populaire. Beaucoup de (belles) choses ont déjà été écrites sur le sujet. Ce qu'il faut désormais, c'est remettre les choses à leur place et que le choc émotionnel n’empêche pas les citoyens de voir clair dans la situation.

Disons-le clairement et simplement : il n'y a aucun rapport entre l'incendie accidentel de Notre-Dame et la lutte des Gilets Jaunes. Comme il n'y avait aucun rapport en décembre avec le terrible attentat de Strasbourg.  S'il fallait trouver un lien, il serait dans l'état de délabrement des bâtiments, aussi bien publics que privés, dû à une paupérisation lente mais inexorable de la société, au profit de quelques ultra-riches toujours plus riches. Ceux qui diront que manifester quelques jours après ce drame est indécent sont d'une immoralité extrême. Ils utilisent Dieu et notre humanité pour des intérêts privés et très loin des volontés divines. Car votre Dieu, quel qu’il soit, ne peut pas accepter qu'un milliard d'euros soit débloqué en une nuit pour reconstruire l'une de ses maisons et qu'il soit impossible de trouver quelques millions pour nourrir les plus démunis qui vivent à quelques mètres de cette cathédrale. Il ne peut accepter qu'on interdise les distributions de nourriture aux migrants, qu'on ferme des lieux d’accueil, qu'on coupe petit à petit toutes les aides sociales pour les plus démunis, qu'on laisse crever nos anciens dans l'indifférence générale. Et il se sentira bien plus proche des manifestants qui se battent depuis des mois pour une société plus juste.

Mr Macron, samedi, nous descendrons dans la rue, par milliers, pour crier notre colère. Nous le referons le samedi suivant, et le 1er mai. Et peut-être même les jours et les nuits entre. Et si cette colère génère une vitrine brisée ou une voiture brulée, ne vous risquez pas à glisser une quelconque allusion à Notre-Dame. Faire cela serait souiller la mémoire de ce lieu tout autant que celle des millions de croyants, dont des Gilets Jaunes. Cela vaut également pour tous ceux qui tenteront de canaliser une colère de rue en utilisant ce drame.

Aujourd'hui, le choix à faire, c'est celui de notre humanité. Vouloir retrouver des valeurs humanistes, tant prônées par de nombreux textes sacrés autant que par des œuvres libertaires, c'est aujourd'hui combattre le système actuel. Le pouvoir en a conscience et ne se laissera pas détruire sans avoir tout tenté.

Si nous baissons les bras dans les jours à venir, ce n'est pas une "simple" bataille que nous perdons. C'est l'espoir de retrouver notre humanité. De ne plus accepter que quelques milliers de personnes gagnent plus que des millions. Macron est la quintessence de ce que peut être le politique du 21e siècle : un produit marketing très attrayant en apparence, mais d'un mépris extrême pour les autres, notamment ceux qui n'ont pas "réussi". Sa façon de gérer la révolte des GJ est à l'image du capitalisme d’aujourd’hui : indécent, sans limite, et sûr de lui.

Chacun de nous se retrouve donc face à un choix simple dans l'équation mais difficile dans ses implications : baisser les bras et laisser le pouvoir actuel en place. Cela signifie que les luttes sociales à venir subiront le même funeste sort que les dernières. Que le combat ne sera plus possible sur des réformes d'envergure, sur des changements de paradigmes, mais uniquement sur des petites mesures de branches et non structurantes. Ou alors se battre et ne rien lâcher jusqu'à ce que le système actuel tombe, littéralement.  Cela signifie prendre des risques personnels et collectifs, s'exposer physiquement, juridiquement. Faire face également aux reproches des amis qui n'auront pas encore pris conscience qu'il s'agit bien d'une volonté de retrouver son humanité ; notre humanité collective.

Nous sommes donc à ce moment de nos vies où il s'agit de prendre nos âmes pour les utiliser comme armes face à ceux qui refusent de perdre leurs privilèges pour offrir une vie plus digne à des millions de personnes.

https://youtu.be/kpFzztF1ozo

Crédit :
Le Désastre / Jérémie Rozier


(Se) préparer (à) la tempête.

Il y a deux façons d'analyser la période actuelle du mouvement des Gilets Jaunes : la première, celle du gouvernement et des médias, consiste à se convaincre que la mobilisation s’essouffle de samedi en samedi et que le mouvement va petit à petit prendre fin, notamment grâce au miracle du grand débat.

L'autre façon d'analyser cette séquence est beaucoup plus enthousiasmante :  depuis quelques jours, une effervescence presque souterraine traverse le mouvement. Au-delà des mobilisations du samedi, de nombreux citoyens se réunissent et lancent des initiatives : l'appel de Saint-Nazaire, la semaine jaune, le front populaire à partir du 27 avril, des propositions de jonction entre mouvement écolo et GJ, l'occupation des ronds-points avec des banquets à partir du 04 mai, l'appel pour un 1er mai offensif et solidaire...

Nous pourrions donc être dans cette fameuse période de "calme avant la tempête".  Avec l'idée que la tempête débuterait le 20 avril avec le deuxième ultimatum sur Paris. A partir de cette date, un enchainement d'actions et d'initiatives pourrait lancer une dynamique de lutte quasi permanente, afin de rompre avec les deux aspects les plus décriés du mouvement : les manifs déclarées et inoffensives et le fait d'agir uniquement le samedi.

Si cette prévision se révèle juste, il importe à tous ceux qui aspirent à un changement radical du système d'utiliser les derniers jours de calme pour préparer au mieux cette tempête.

1/ Se préparer personnellement, pour savoir jusqu'où l'on est prêt à engager son corps et sa vie personnelle/professionnelle dans cette lutte. En cela, il est assez étonnant de voir que malgré les menaces et la répression aveugle que subit le mouvement, plus de 40 000 personnes se sont inscrits sur les divers événements du 20 avril. Encore plus surprenant, plus de 10 000 personnes sont inscrites sur l'événement facebook du 1er mai "Acte Ultime, Paris Capitale de l'émeute" ! C'est un signe fort qu'une partie de plus en plus grande de la population ne supporte plus d'être écrasée et humiliée par quelques puissants, et qu'aucune carotte ni aucun bâton ne pourra calmer cette colère.

L'ampleur des mobilisations du 20 avril, du 27 avril, du 1er mai et des jours suivants sera ultra déterminante. Le mouvement s'approche en effet d'un seuil critique de personnes présentes et offensives. Un seuil qui pourrait transformer la révolte en véritable remise en cause du système. Mais, en plus d'une mobilisation massive et encore supérieure à celle du 16 mars, il faudra également avoir préparé le terrain pour construire des espaces de luttes avant et après les manifestations de rue.

2/ Se préparer collectivement donc. Car les différentes mobilisations auront beau être massives et déterminées, il faudra être en mesure de proposer aux Gilets Jaunes et autres citoyens en colère des lieux pour se réunir dans la durée. Des lieux pour débattre. Des lieux pour initier des propositions politiques et sociales. Des lieux également pour rencontrer les citoyens qui ne seraient pas encore entrés dans la lutte mais qui pourraient le faire : occupations de rond-points, création de cabanes de GJ, occupations de bâtiments, de places... Reprenons ce qui est à nous, et reprenons le pour lutter et pour se rencontrer. De nombreuses autres idées peuvent (et doivent) sûrement voir le jour. La chance du mouvement, et sa force, se trouve dans son horizontalité et dans le fait que chacun peut lancer une idée, et que celle-ci se verra réalisée si assez de GJ la trouve intéressante et souhaitent la mettre en œuvre. Que ces jours soient donc la période où fleurissent les idées et les propositions. Pour que dans quelques jours puissent éclore les fleurs de la révolte.

Crédit photos  : Le Désastre / Jérémie Rozier

 


On peut tromper une fois mille GJ...

Le mouvement des Gilets Jaunes, malgré son aspect imprévisible et horizontal, subit la loi des cycles et de la ritualisation.

La séquence actuelle, faite de mobilisations massives mais assez calmes partout en France, de manifs déclarées et fortement encadrées par les forces de l'ordre, nous rappellent ce qui s'est déjà passé trois fois, après des séquences offensives qui avaient secoué le pouvoir et les médias. Petit rappel avec la situation parisienne :

Mi-décembre après plusieurs actes massifs et insurrectionnels, le mouvement connaît plusieurs actes assez "tranquilles". L'occasion pour les médias et le pouvoir de crier à la fin du mouvement.

Puis, dès le premier samedi de janvier, pour l'acte 8, Paris connaît une énorme mobilisation, aussi bien en nombre de GJ présents qu'en détermination. C'était, notamment, l'épisode Dettinger et du transpalette. Les quatre samedis suivants furent particulièrement encadrés, avec l'arrivée des premières manifestations déclarées sur la capitale.

Puis, lors de l'acte 13, lassés par des manifs de plus en plus inoffensives pour le pouvoir, des centaines de GJ lancent une manif sauvage de plusieurs heures dans Paris, occasionnant de nombreux dégâts matériels autour de la Tour Eiffel.

Les deux weekends suivants sont l'occasion de vivre des nasses géantes et mobiles pendant lesquelles les forces de l'ordre marchent "tranquillement" autour des GJ pour empêcher toute tentative de sauvage.

Et puis, il y eut l'acte 16.

Crédit photo : Jules Le Moal

Et nous voici, à l'aube de l'acte 21, dans une situation assez proche des précédentes : la préfecture durcit encore plus les dispositifs et les interdictions. Les mobilisations restent massives. Mais le pouvoir, bien aidé par les médias, continue de minimiser cette mobilisation et fait tout pour l'invisibiliser.

A ce jeu-là, les chiffres du ministère de l'intérieur sont devenus totalement ridicules, et viennent même en contradiction avec les chiffres de contrôles supérieurs à ceux de la mobilisation.

Mais les GJ ne sont plus dupes et ne se soucient même plus de ces annonces. Ni des médias qui relaient sans remettre en cause ces chiffres. Ces médias de masse se rendent complices d'une communication devenue propagande d'état. Il ne faudra pas s'étonner ensuite d'une défiance grandissante envers ces médias.

Reste la question stratégique de la suite à donner : les manifestations déclarées et où aucun débordement n'est possible sont totalement invisibilisées et ne posent aucun rapport de forces réel au pouvoir. Les séquences plus insurrectionnelles ont le mérite d'obliger le pouvoir et les médias à remettre la question des GJ sur la table, mais uniquement par le biais de la question sécuritaire.

Les GJ, après avoir été méprisés et violentés par le pouvoir, ne sont plus dupes de la réalité des rapports de forces politiques et financières. Ils ne seront plus trompés par un grand débat, pas plus que par des annonces de perlimpinpin. Ils ne seront pas non plus découragés par les chiffres ridiculement bas de mobilisation annoncés chaque semaine par le ministère de l'intérieur.

Ces milliers de GJ ne peuvent plus être dupés. Mais reste à réussir à ce que les tous les Français, qui devraient légitimement se lever et se révolter, ne soient plus dupés/trompés par ces mécanismes,

Il faut donc réussir à toucher et à parler à ces millions de citoyens qui peuvent être solidaires de près ou du loin du mouvement et de ses revendications. Mais comment les toucher sans passer par les médias de masse, qui ne relaient le mouvement qu'à travers le prisme de la violence ? Cela passe peut-être par la création de nouveaux espaces de discussions et par une visibilité du mouvement dans les lieux de vie des Français : travail, écoles, transports mais aussi les espaces de loisirs (cinémas, stades, théâtres...). Cela passe aussi par la reprise de nos fameux ronds-point. Par la construction de nouvelles cabanes. Par l'occupation de lieux.

Bref, ne tombons pas dans le piège des actions/réactions où il n'y aurait que des séquences qui se reproduisent de façon ritualisée, que ce soit dans des manifs déclarées ou dans des manifs sauvages plus offensives. Tentons des choses que le pouvoir n'attend pas. Ouvrons des brèches, même l'espace de quelques minutes, pour créer une autre réalité et un autre possible. Trompons le système pour qu'il ne puisse plus nous tromper.

 

Crédit photo : Jules Le Moal


Ode à l'horizontalité

L'une des composantes essentielle, et hautement subversive, du mouvement des Gilets Jaunes se situe dans sa construction totalement horizontale : pas de chef, pas de leader, pas d'organe de direction.

Le pouvoir et les médias ont bien tenté de faire croire l'inverse en portant certaines figures du mouvement en haut de l'affiche, accentuant ainsi leur visibilité publique. Mais cela n'a pas suffit pour rendre ces personnes représentatives d'autre chose que d'eux-mêmes. Et c'est déjà bien suffisant.

Car il n'y a rien qui dérange plus le système que de ne pas avoir d'interlocuteur identifié; de personnes à cibler pour apaiser la grogne, que ce soit par la menace ou par la séduction.

L'acte 18 est en cela révélateur de cette horizontalité. Aucune "figure médiatique" des GJ n'est à l'origine de cet appel national à converger sur Paris. Certains ont décidé de soutenir l'appel, d'autres non. Mais ils n'étaient en aucun cas à la manœuvre. Pas plus qu'une fantasmatique organisation de black bloc qui aurait décidé de manière centralisée de détruire les Champs-Élysées ce jour-là.

Non, la réalité est que certains GJ ont lancé dans leurs groupes locaux l'idée d'organiser à nouveau un acte centralisé sur Paris. Plusieurs dates circulaient même sur les réseaux sociaux dès le mois de janvier. Et personne n'était en mesure de décider pour tous d'une date. Finalement le 16 mars s'est imposé collectivement par le simple jeu des décisions individuelles : décision de participer aux événements facebook parisiens (et à ceux des régions), décision d'en parler et d'inviter ses amis, décision de lancer des groupes de covoiturage ou d'aide au logement. Ce sont des milliers de décisions prises par des milliers de citoyens qui ont abouti à cet acte 18.

Manif déclarée, manif sauvage, occupation d'un lieux, blocage de rond point, sit-in, barricades... Chaque Gilet Jaune a l'autonomie de prendre part ou non à une action, tout comme il peut lancer une initiative, IRL et/ou virtuelle. Libre ensuite à chacun de s'y associer ou de s'en dissocier.

Si cette organisation totalement horizontale peut, de prime abord, sembler moins efficace qu'une organisation très hiérarchisée avec un organe de direction et des responsables par pôles (communication, juridique, action...), elle est beaucoup plus forte sur le long terme. Car elle évite les jeux de pouvoirs inhérents à toute organisation (y compris celle les plus libertaires).

Elle permet également d'expérimenter les notions d'autonomie et d'autogestion, offrant l'occasion de comprendre que ne pas avoir de chef ne signifie pas vivre dans le chaos.

Le mouvement permet enfin de mettre à mal l'adage selon lequel ce mode de vie serait individualiste puisque refusant l'organisation collective. Prôner l'horizontalité et l'autonomie est, au contraire, un acte éminemment altruiste. Cela signifie se battre pour garder son autonomie de décision mais également, et surtout, se battre pour que les autres gardent cette autonomie, et la respecter. C'est croire en l'humain et en sa capacité à décider par lui-même.

En fait, n'en déplaise aux professionnels de la politique, les Gilets Jaunes représentent un superbe élan démocratique. Au sens le plus noble de ce terme. Il s'agit de remettre le peuple dans les décisions collectives. Ne plus confier la gestion de nos vies à quelques centaines de personnes.

Nous encourageons donc tous les GJ, et globalement tous les citoyens désireux de changer cette société, à lancer des initiatives. A oser. A ne pas se dire que cela ne marchera jamais ou que cela est trop ambitieux, trop dangereux. Car personne ne sait à l'avance comment une situation évoluera. Mais le plus important, le plus précieux, c'est de créer les conditions de cette situation. De ces situations.

Le pouvoir veut nous faire croire que nous n'avons pas de pouvoir. Mais nous pouvons au contraire beaucoup. Nous pouvons détruire, nous pouvons créer, nous pouvons haïr, nous pouvons aimer. Nous pouvons être sages. Nous pouvons être subversifs et indisciplinés.

Et sûrement devons-nous être tout ça.

Crédits photos : Mathias Zwick


Le mouvement venu

L'un des repères pour comprendre l'ampleur du changement d'une société, c'est la vitesse à laquelle les lignes bougent. En ce sens, le mouvement des Gilets Jaunes est clairement porteur d'un changement radical que le rouleau répressif ne pourra contenir bien longtemps.

Tout va très vite depuis quatre mois. Les mentalités évoluent. De nombreux Gilets Jaunes totalement hostiles à des actions offensives ont désormais fait le choix de ne plus condamner ce type d'opération, voire même d'y participer.

Le côté le plus subversif de ce changement de mentalité n'est pas l'acceptation des modalités d'actions "violentes" mais bien le fait de ne plus considérer la question de la légalité comme supérieure à celle de la légitimité.

Et ce changement ne vient pas uniquement des échanges avec les GJ les plus "radicaux". C'est aussi, voir surtout, l'attitude du pouvoir, son mutisme social, son arrogance politique et son escalade autoritaire qui ont poussé des milliers de citoyens à se dire que non, cela n'avait plus aucun sens de "respecter toutes les règles" lorsque ces règles sont faites par des personnes immorales ne pensant qu'à protéger leurs privilèges.

La dernière illustration en date est la déclaration indécente et abjecte de Macron concernant Geneviève Légat, 73 ans, militante d'Attac, gravement blessé samedi dernier à Nice.

La situation de Geneviève résume parfaitement le danger actuel en France :
1 - Le pouvoir n'arrive pas à calmer une colère sociale.
2 - Il estime donc de son devoir de modifier la loi et de restreindre les libertés fondamentales pour réussir à retrouver l'ordre.
3 - Une personne décide de s'opposer, pacifiquement, à ces mesures liberticides. Elle en paye le prix fort, physiquement.
4 - Le pouvoir estime que l'erreur vient de cette personne et qu'elle n'avait qu'à respecter les nouvelles "règles".

Le principe d'un état de droit, d'une démocratie, c'est d'utiliser les mêmes outils (judiciaires et répressifs) qu'importe la situation. D'appliquer une justice et d'accorder la liberté et la présomption d’innocence, même à ceux qui dénigrent ces principes.

Le pouvoir commet donc une erreur grave et historique en modifiant les règles démocratiques pour son propre intérêt.

Lorsqu'un citoyen est accusé d'un vol, d'un crime ou d'un viol mais n'est finalement pas condamné pour diverses raisons judiciaires ou policières, change-t-on ces règles ? Non, et on explique aux victimes, légitimement en colère, que le système ne peut pas toujours répondre à leurs attentes. Mais qu'il faut faire avec. Que c'est le jeu de la démocratie et de nos sociétés modernes.

Mais lorsque le pouvoir n'arrive pas à faire arrêter ou condamner des personnes commettant des violences et des actes légalement répréhensibles, celui-ci aurait le droit de changer les règles ? Et de porter atteinte aux libertés de l'ensemble de la population ?

A vrai dire, l'un des points positifs des actions les plus offensives de certains Gilets Jaunes réside dans le fait d'obliger le pouvoir à montrer son vrai visage. Le principe d'une démocratie, c'est de pouvoir gérer les opposants, y compris les plus violents, dans un cadre démocratique. En France en 2019, une voiture brulée ou un Fouquet's défoncé suffisent à briser ce pacte essentiel et justifie l'usage de mesures clairement liberticides et autoritaires.

Face à une contestation radicale et déterminée, Macron et son monde ont donc préféré abandonner leur cape démocratique pour préserver l'essentiel : le système économique, ultra libéral. D'ailleurs, il est assez amusant de constater que le pouvoir politique et médiatique ne cesse de dénigrer les GJ en les affublant du qualificatif "ultra"... tantôt de gauche, tantôt de droite. Tantôt ultra-violents.

Mais au final, la chose qui est la plus "ultra" dans notre société, et qui est totalement acceptée par les puissances politiques et médiatiques, c'est le système économique : ultra libéral. Pour le coup, cela ne pose pas de problème et n'est jamais associé à la violence.

Pourtant, la première des violences, celle qui génère toutes les autres, c'est cette violence libérale qui provoque l'injustice sociale et qui brise des vies.

Macron ne veut pas en entendre parler.
Nous n'écouterons donc plus ses leçons de morale et de sagesse.

La sagesse, c'est celle de Geneviève . C'est celle de Commercy. C'est celle de St Nazaire. La sagesse, c'est nous. Et elle sait aussi se faire colère.

Crédit Photo : Le Désastre / Jérémie Rozier