Les prochains jours vont être déterminants pour l’avenir de notre société. Ce qu’il va se jouer dépasse largement le cadre, déjà important, de la réforme des retraites. Ce qui se joue dans les prochaines semaines, c’est le paysage politique et social du pays. C’est la possibilité d’un changement radical. D’une révolte. Voire au delà.

Mais même si la mobilisation de jeudi sera, sans aucun doute, massive. Même si le pays sera en grande partie bloqué. Même si les grèves seront reconduites les jours suivants : il va falloir bien plus pour renverser le système.

Car ce qu’il risque de se passer, c’est que tous ceux qui ont des intérêts au statut quo du système politique actuel vont avancer leurs pions en ce sens.

Ainsi, nul doute que le pouvoir va tenter de présenter la grève comme un mouvement de gauche, d’en faire une énième grogne dans un rapport de force classique face aux syndicats et aux partis de gauche.

Si le pouvoir réussit, avec l’aide des médias, à faire croire cela au plus grand nombre, il aura gagné ! Car les puissants seront alors face à des rapports de force qu’ils savent gérer. Les syndicats aussi pourraient tirer leur épingle du jeu et en profiter à titre « individuels ». Les vrais perdants seraient ceux qui se battent depuis des mois pour une société plus juste et n’ont que faire des partis politiques, de gauche comme de droite.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Macron incarne cet éclatement du schéma ancestral « gauche / droite ». Il a été élu président grâce à cet éclatement. Au final, il représente froidement la réalité politique du moment : ni de gauche, ni de droite, simplement au service des puissants. Mais, en stratège qu’il est, Macron va tenter de faire renaitre artificiellement ce clivage uniquement pour diviser la colère des Français, et espérer qu’une partie de ceux qui ne se sont jamais sentis « de gauche » ne rejoignent pas les différentes « actions » liées à la grève générale et illimité.

Plus que jamais, il est donc vital de réaffirmer que la révolte sociale qui secoue le pays depuis plus d’un an est une révolte qui n’est pas le fait de partis (ni de gauche, ni de droite) ni de syndicats. Qu’au sein de cette révolte, certains GJ se sentent de gauche, d’autre de droite. Que certains sont syndiqués. Mais que tous se retrouvent dans l’envie de renverser un pouvoir qui méprise les citoyens de seconde zone, ceux qui, aux yeux de la Macronie, ne sont rien et n’ont rien réussi. Ces millions de personnes en ont marre et ont pris conscience de leur force collective, qui s’exprime notamment dans leur différence et dans le respect de ces différences. Ces millions de personne ont pris conscience qu’une autre vie était possible. Que l’horizon gris et morose qu’on nous présente comme inévitable n’est plus une fatalité.

A travers la réforme des retraites, c’est un choix de société qui se profile. Ce pouvoir (et ceux d’avant) précarise nos vies à toutes leurs étapes : naissance, études, travail, retraite… Lutter pour une retraite digne, c’est lutter pour la dignité. Comme lutter pour des études dans la dignité. Pour un travail dans la dignité.

L’épouvantail du manque d’argent de notre pays qui courrait à sa perte n’est qu’une vaste blague dans un monde où les milliardaires ne font qu’augmenter (et devenir eux même de plus en plus riches). L’argent, on sait tous où il est. Et on sait tous comment mieux le répartir. Ce ne sont pas aux retraités ou aux enseignants de se serrer la ceinture quand quelques milliers de privilégiés se gavent sur le dos des peuples et de la planète.

Pour toutes ces raisons, il est crucial que dès le 5 décembre, tous les citoyens en colère, tous ceux qui sont descendus au moins une fois dans les rue depuis un an, toutes ces forces vives se retrouvent pour lutter. En manif déclarée, en manif sauvage, en blocage, en occupation. Qu’importe.

Dans un second temps, le samedi 07 décembre, il faut que toutes les forces en lutte convergent dans les différentes manif de Gilets Jaunes dans toute la France : étudiants, retraités, pompiers, cheminots… les GJ, qu’importe leur profession et leur statut, ont toujours accompagné les luttes depuis un an. Aujourd’hui, c’est ensemble qu’il faut lutter. Jeudi, les GJ seront dans la rues aux côtés des syndicats. Samedi, c’est à tous ceux qui luttent de rejoindre les GJ. Car GJ n’est ni une profession ni un parti ni un syndicat, simplement un signe de ralliement pour tous ceux qui ont décidé de refuser la fatalité de la précarité. Et refuser les anciens cadres de luttes qui ont été totalement mis en échec par un gouvernement qui en connait trop bien les rouages.

Plus que jamais, sachons dépasser les clivages du vieux monde, sachons déborder, sachons lutter avec nos différences.