Révolte Indigène Paraguay

Révolte Indigène au Paraguay

Il y a environ trois semaines, des organisations indigènes ont convergé vers Asunción, capitale du Paraguay pour protester contre une loi visant à criminaliser la reprise de leurs terres, notamment face aux grands propriétaires.
Complice du régime en place, il est important de rappeler le rôle désastreux de l'industrie agro-alimentaire, situé en pleine "route du Soja", le Paraguay paie un lourd tribut des effets dévastateurs de la déforestation, de la pollution des sols, et aussi de l’air dans les villes, nous pouvons aussi citer le braconnage et le trafic d’animaux sauvages qui sont monnaie courante . Quatrième exportateur de soja au monde (à 98% OGM), sixième exportateur de viande, un sol riche en matières premières, surexploité et une déforestation qui se chiffre à plusieurs millions d'hectares perdus, le Paraguay est un exemple quasi caricatural des conséquences du capitalisme, des dérives de l’agrobusiness et de l’impérialisme américain.

Le président paraguayen actuel, Mario Abdo, membre du parti Colorado de droite ultra  conservatrice,  a entrepris d'adopter une loi face aux opposants indigènes bien décidés à reprendre leurs terres confisquées consécutivement par tous les différents dirigeants issus de ce parti. La démarche des indigènes étant par ailleurs de proposer autre chose que la vision de l’agriculture intensive, à l'instar d’autres pays d’Amérique du Sud global (mouvement des sans terres). Les régimes consécutifs ont chassés les paysans de leurs terres au détriment de l'agrobuisness et ses ravages, Oxfam chiffre à environ 900 000 (certains parlent même d’un million) le nombre de paysans expulsés de leur terre sur ces dix dernières années. Ceux ci finissant le plus souvent par vivre en périphérie de la capitale dans des bidonvilles ou des logements délabrés. C’est à dire un septième du pays qui compte un peu plus de 6 millions d’habitants. C’est dans cette dynamique d’opposition au régime coloradiste, qu’ont émergé des appels à bloquer les routes et à la grève.

Pour essayer de comprendre un peu mieux de quoi ces révoltes peuvent être le nom, et dans quel contexte elles interviennent, il est important de souligner le rôle du parti Colorado dans la construction moderne de ce pays. Situé à l'extrême droite, celui-ci gouverne le pays d'une main de fer depuis 1947 à l'exception de la période entre 2008 et 2013, le parti étant en proie de manière récurrente à des luttes internes et des règlements de comptes crapuleux entre hommes d'affaires peu scrupuleux.

Durant son règne, le dictateur Alfredo Stroessner, au pouvoir de 1954 à 1989, a mené une politique d’expropriation des terres : on estime que deux tiers des terres ont été confisquées durant la dictature, aboutissant parallèlement à l’exil forcé de certaines minorités indigènes, notamment les Aché, sédentarisés de force. Comme trop souvent en Amérique, on parle de meurtres, enlèvements d'enfants indigènes et une perspective d'avenir morne en travaillant dans des conditions proches de l'esclavage.
Presque deux millions de personnes auraient choisi l'exil sous le règne de Stroessner, soit presque un tiers du pays.
Si la législation actuelle promet des élections censées être libres depuis 1993, le parti au pouvoir bénéficie d'un appareil politique structurellement très fort, véritable forteresse soutenue par les occidentaux, USA en tête, par des puissances régionales dont les régimes sont proches, notamment le Brésil et le Chili comme durant les années de dictature et du secteur de l'industrie agroalimentaire dont dépend une partie de l'économie.

Le Paraguay est probablement l’un des pays les plus à droite d'Amérique du sud ayant étouffé dans l'oeuf  toute tentative même idéologique tendant vers le progressisme. Cela s’est fait comme partout en Amérique du sud global, par la torture, les enlèvements et les assassinats politques.
Il aura fallu attendre 1994 pour retrouver des mouvements sociaux importants accompagnés de grèves.

Démographiquement, les peuples indigènes (Guaranis, Aché, Ayoero et autres…) représentent 5% de la population, 93% de la population est considérée comme "métisse", ayant des origines indigènes et de conquistadors, pour un pays d'environ 6 millions d'habitants, auquel il faut additionner une diaspora importante notamment en Argentine, parfois appelée de manière péjorative « Paraguas ». Environ 90% de la population parle couramment le Guarani (langue indigène), elle est enseignée au même titre que l'espagnol, la population est très largement bilingue et fière de ses racines autochtones.

Les appels à la grève et aux blocages semblent avoir échoué pour le moment et il y a peu de chances que le pays bascule du jour au lendemain. Cependant, l’actuelle dynamique portée par des révoltes à l'échelle de tout le continent, mais aussi des résultats électoraux d’envergure pour la gauche,  du Mexique au Chili en passant par la Colombie, la Bolivie, l'Equateur ou le Pérou, et l'amplification des mouvements de réhabilitation et de prise de conscience de l'histoire des peuples premiers, auront peut être une influence sur la suite des événements, d'autant plus dans un pays qui a toujours revendiqué une part de l'indigénisme. Enfin, on peut aussi rappeler que des mouvements sociaux assez inhabituels avaient déjà secoué le pays en 2020.


☀️ Du soleil en automne ☀️

Pourquoi il n'y aura pas de saison 2 du mouvement des gilets jaunes, mais bien une nouvelle série, au scénario complètement différent. Un blockbuster qui scotchera tout le monde.

Depuis environ 48h, les appels circulent partout pour un retour massif des gilets jaunes trois ans après le début du mouvement. Des appels à l'aide de certain.e.s, des envies d'y retourner pour d'autres. Le gilet jaune est depuis deux jours devenu la cape du héros déchu qu'il doit revêtir au plus vite. En quelques heures la machine de guerre s'est emballée. Le #GiletsJaunesSaison2 en tendance Twitter, des figures du mouvement invitées sur des plateaux télés, des articles se multipliant dans les médias.

Mais disons le clairement, une « saison 2 » des gilets jaunes n'est ni possible, ni souhaitable.

🔶 PLUS RIEN NE SERA JAMAIS COMME AVANT

Depuis le mouvement des gilets jaunes, et dans un régime sanitaire écrasant, les mouvements se sont multipliés dès qu’ils le pouvaient, comme ils le pouvaient. En 3 ans nous avons connu pas moins de 6 mouvements massifs, aux formes et aspirations diverses. Du jamais vu.

▶️ Les mouvements antiracistes (islamophobie et négrophobie) et contre les lois liberticides ont ramené dans la rue des dizaines de milliers de jeunes, manifestant parfois pour la première fois et avec une détermination rare contre le racisme, la police et la surveillance de masse. Qui ne se souvient pas de cette foule devant le tribunal de grande instance, ou cette manifestation terminant place de la bastille, quand la BRAV-M fut complètement acculée.

▶️ Le mouvement contre la réforme des retraites a réussi a réactiver les machines syndicales et à les réinscrire dans la volonté du mouvement de masse. Bien que celui-ci fut stoppé avec l’arrivée inévitable du confinement, il a été une période où beaucoup ont renoué avec la grève, les blocages, les démonstrations de force. Tous les corps de métiers y étaient représentés. On se souvient notamment des pompiers en grève, des mois durant en première ligne, et dont la détermination a permis de dévoiler le vrai visage de leur corporation voisine : les flics.

▶️ Le mouvement des occupations de théâtres qui a eu lieu partout en France, jusque dans les théâtres les plus reculés de la Drome, il a permis de mettre en évidence la nécessité d’avoir des espaces où s’organiser. Les théâtres ont essayé de devenir les ronds-points de 2018. Des lieux où l’on se retrouve, où l’on mange, où l’on s’organise, où l’on échange, où l’on crée du commun. Des lieux désirables où l’on se confronte au réel.

▶️ Le mouvement contre le pass-sanitaire lui, a réussi à mettre dans le mouvement tout un tas de gens que personne n’attendait. Parfois des indésirables disons-le clairement. Mais aussi beaucoup de confusions qui auraient le mérite d’être clarifiées. Le pass-sanitaire comme dispositif de contrôle, comme outil de précarisation de beaucoup de professions. C’est ce que nous devons retenir.

▶️ Les derniers rapports du GIEC n’ont fait que grossir les rangs des militant.e.s défendant le vivant. Contre l’artificialisation des terres, les projet écocides à l’image des aménagements pour les JO 2024.

▶️ Les luttes féministes n'ont cessé de s'opposer au système patriarcal, aux violences sexistes et sexuelles dont la nomination du ministre de l'intérieur, Darmanin en a été le visage le plus exacerbé.

▶️ Les luttes LGBTQ ont continué de se diffuser, dans des prides radicales et sur les réseaux sociaux.

Toutes ces luttes se font échos entre elles, elles s'entremêlent et font face à un état et une police qui perpétue et accentue aussi bien les oppressions racistes, sexistes, LGBTophobes et précarise une population déjà à genoux

🔶 TENIR ENSEMBLE

Ces mouvements ont tous eu lieu en temps de pandémie, d'état d'urgence, de confinement, de couvre-feu. Alors que nos vies sont dictées par les discours napoléoniens d’un Macron plus arrogant encore que n’importe quelle star d’Hollywood.

Nous avons tenu la pandémie, maintenu et consolidé les liens sociaux là où le pouvoir cherchait à nous isoler.

Alliant la réalité du risque sanitaire et la nécessité de résister aux attaques anti-sociales et liberticides. Nous avons tenu, il est désormais temps de déborder.

A ce stade du texte, vous devez sûrement voir ou je veux en venir. Il serait inutile et prétentieux de croire que le mouvement des gilets jaunes reviendraient comme ça, en claquant des doigts, à l’appel de quelques figures et quelques comptes Twitter. Il ne peut y avoir de saison 2, car les suites sont toujours plus fades. Même si le gilet reviendra sur les épaules de nombreuses personnes dans le mouvement qui vient. Même si les ronds-points redeviennent les points centraux de la mobilisation, celle-ci ne pourra être « le mouvement des gilets jaunes ». Il sera et doit être plus vaste, plus diversifié, sans doute plus déterminé.

Il y aura les gilets verts, les gilets noirs, les gilets rouges dans un mouvement arc-en-ciel, ingouvernable. Il y aura du partage de pratiques, de modes d’actions. Certain.e.s occuperont quand d’autres bloqueront. Certain.e.s feront de grandes cantines et de délicieux barbecues ravitaillant les émeutiers fatigués. Tout ce que nous avons appris ces dernières années, qui que nous soyons, nous en tirerons profit. Nous avons tissé des liens. Faisons-en des nœuds.

L'économiste Frédéric Lordon disait déjà au printemps 2018, quelques mois avant le mouvement des gilets jaunes et pendant la grève des cheminots et l'occupation des universités :

💬 « Il faut que tous sachent qu’ils ont les moyens de faire dérailler le convoi. Ce que nous voulons ? C’est le mouvement de masse. Si l’offensive est générale, nous voulons le débordement général. Il faut dire à tous ceux qui se sentent dans le malheur qu'il y a une issue. Luttez, luttons, c'est le moment. »

🔶 MOURIR PEUT ATTENDRE

Les raisons du mouvement qui s’annonce sont multiples, et recoupent les raisons des différents mouvements sociaux de ces trois dernières années. Pour beaucoup, pris à la gorge par l’austérité, la précarité, les multiples oppressions systémiques ou la destruction des libertés, il s’agit bien de prendre la rue ou de mourir. Et comme nous le dit si bien le dernier 007, Mourir peut attendre, alors prenons la rue.

▶️ Les augmentations des carburants, du gaz, de l’électricité, mais également du blé et des matériaux comme le bois ou l’acier.

▶️ Les réformes anti-sociales, précarisant d’avantage. (Assurance chômage / Retraites)

▶️ Les lois liberticides : séparatisme, sécurité globale, état d’urgence et pass sanitaire

▶️ Les pleins pouvoir à une police et un Etat de toute les répressions, de toutes les oppressions

▶️ La multiplication des projets d’artificialisation des terres (JO 2024, Port du Carnet, Triangle de Gonesse)

A qui ne voit pas du commun dans le combat à mener contre les gestes du pouvoir devrait lui être offert une consultation chez l’ophtalmo. Le simple fait que ce soit les mêmes qui aient le pouvoir de décision sur l’ensemble de ce qui vient d’être évoqué devrait suffire. Mais il y a bien du commun entre le social, le vivant, et les libertés. Tryptique interconnectée. Car affectant directement nos corps.

🔶 EN FINIR AVEC LA MASCARADE

Pour couronner le tout, nous rentrons dans la grande mascarade de 2022 et soyons en assurés, il n’y a à chercher en aucun.e des candidat.e.s une alternative désirable à ce que nous vivons.

La classe politique est à bout de souffle, elle gesticule. Regardons-la de loin, pour pouffer de rire de temps en temps lors d’un débat folklorique entre un Zemmour et un Mélenchon.

Mais ne tombons pas dans le piège qu’imposent ces moments de bouffonnerie. La seule chose qui peut nous sortir d’une telle situation, c’est Nous, ensemble et dans la rue.

💬 « L’évidence a changé de camp – on se demande comment on a pu y croire. Ils n’ont plus pour eux que le vacarme de la télé et les bottes des CRS. Presque rien n’a changé, mais ce n’est plus comme avant. […]

Ce n’est qu’à partir de l’intelligence de ta situation que tu trouveras les prises pour t’emparer de 2022, pour inventer les milles agencements insoupçonnables, intimes, collectifs, langagiers, un souffle, un refus, une foule, qui tenteront d’enrailler effectivement cette mauvaise farce. Si c’est pas pour cette fois-ci, ce sera pour l’après, ou pour la prochaine. Tu ne seras pas seul, car l’évidence que cette mauvaise farce en est bien une rend infiniment plus partageables toutes les tentatives pour la déjouer. Frappe au hasard, tu trouveras. », En finir avec 2022, Lundi Matin

Il n'y aura pas de saison 2 des gilets jaunes. Il y a une nouvelle série qui va sortir, au scénario complètement différent. Un blockbuster qui scotchera tout le monde. Pour y prendre part, il va falloir arrêter de regarder Squid Game et foncer sur le plateau de tournage le plus proche de chez toi. En bas de chez toi. Dans la rue.

Nous n'avons pas la date de sortie précise. Certaines disent que c'est mieux de garder la surprise. Tenons nous prêts, il y aura peut-être un beau soleil cet automne ou cet hiver.


La question identitaire : le grand hold up

A l'heure où les prix de l'essence, du gaz et des matières premières ne cessent de flamber, où les étudiants recommencent à aller pointer à la banque alimentaire, il parait complètement fou qu'une grande part de la population continue de se laisser berner par les questions identitaires alors qu'on se fait littéralement plumer par les politiques néo-libérales autoritaires. 

Il parait fou qu'on doive encore se battre contre ceux qui en redemandent et qui en plus réclament le supplément raciste ! Comment continuer de croire que c'est en expulsant les immigrés et en réduisant les allocations des plus pauvres qu'on sortira des crises engendrées par le capitalisme ? Comment donner crédit à la préférence nationale alors qu’il est d’une plate évidence que la discrimination des non français de papier ne rendra jamais la misère et la précarité ambiante plus soutenable. Pas même une seule seconde.

Nous pensons que la question identitaire est une peur que le bourgeois en voie de déclassement essaye de transmettre au plus grand nombre. Le but : retrouver son emprise capitaliste d’antan, sa petite baronnie locale, son petit pouvoir seigneurial, son influence perdue qu’il avait sur tout un tas de moeurs. Pour résumer, il veut retrouver la peur qu’il incarnait autrefois.

Là où le capitalisme mondialisé ne lui a laissé que les miettes du pouvoir et la seule gestion de la flicaille, l’identitaire se sent lésé et cherche une manière de redorer son blason. Il n'a alors de cesse de parler de déclin civilisationnel. Un concept assez fourre tout qui pourra toucher monsieur et madame toutlemonde qui sent bien que tout fout le camp, qu'on marche sur la tête, ou que le monde ne tourne pas rond.

La vision décliniste donne une lecture simpliste dans un monde où on ne comprend plus rien : "si rien ne va plus, c'est à cause des étrangers qui nous grandremplacent et nous font perdre notre identité". A ce délire, il faut rajouter la phobie des homosexuels, lesbiennes, transgenres, queers ou intersexes. Et la détestation des femmes qui dénoncent une société encore inégalitaire basée sur le patriarcat. Bref, l'identitaire est une bête agonisante et donc dangereuse. Doublé d'un coté par ses amis capitalistes qui gomment les frontières pour le business et doublé de l'autre par les minorités qu'il ne peut plus empêcher de parler comme jadis. Pour se dépatouiller de ça, l'identitaire a hérité d'une bonne vieille technique, celle par laquelle toutes les révolutions ont mal tourné : La contre révolution.

Bientôt trois ans après le soulèvement populaire des Gilets Jaunes qui a fait date dans l’Histoire, il est plus qu’utile de rappeler qu’après les tentatives insurrectionnelles émancipatrices, vient ensuite le temps de la contre révolution. Celle qui fit naître Napoléon après 1789, celle qui accoucha de Staline après la révolution bolchevique, celle qui débrida le capitalisme après 68. Si on suit ce fil de l'Histoire, on peut se demander si après les Gilets Jaunes, nous allons devoir nous fader Zemmour ou Le Pen...

L’Histoire est parcourue d’une volonté d’émancipation toujours trahie. Pour l’instant, les révolutions ont toujours fini cocues.

Il est plus que temps de se ressaisir et d’enrayer ce hold up à ciel ouvert. Non, on ne vivra pas dans le bonheur en laissant les identitaires museler les minorités et faire du capitalisme à la papa. Vu les enjeux devant nous, l'extrême droite devrait systématiquement se faire dégager du chemin pour que nous puissions aller droit au but boxer la politique de Macron.

De la crise du covid, nous avons tiré un enseignement, celui que notre liberté était indexée sur notre productivité. Dès lors que nous n'étions plus utiles à l'économie pour cause de pandémie et de confinement, nous avons vu les couvres feux, les attestations d'auto-flicage et les interdictions de se balader en forêt ou sur la plage rendre coupable notre liberté de circuler. Nous avons vu que les principes fondamentaux de la démocratie et des droits humains étaient une fine couche de vernis, quelque chose que l’économie se réservait le droit de suspendre. Surement par peur qu’un monde auto-organisé surgisse. Un monde qui fait sans cette économie, ou qui la détourne.

Si nous nous étions sentis libres par le passé de pouvoir voyager, rien qu’hors de sa ville ou de son département ou libres en ayant des week ends, il faut nous rendre à l’évidence que cela dépendait avant tout de notre aptitude à être des portefeuilles en mouvement. Pendant le premier confinement, même ceux qui s’étaient affranchis de cette cruelle réalité en vivant en camion sans beaucoup dépenser ont vite été rattrapés par la réalité répressive.

Gouverner, que ça soit pour la droite ou « la gauche », ça a toujours consisté à faire de nous des facilitateurs de flux. Si toutes les contestations sérieuses en arrivent à bloquer les flux, par des grèves, des blocages ou des sabotages, ce n’est pas un hasard. Ceux qui s’en plaignent finiront un jour ou l’autre par s’apercevoir que leurs chaines se raccourcissent.

Nous avons acté que le capitalisme et la gestion des crises qu'il produit a encore beaucoup de misère et d'entrave à nous imposer. Au rythme où il se contracte, par sa perte de croissance et la raréfaction des ressources qu’il pille, il ne faut pas douter une seule seconde que ses restructurations à venir seront violentes. Aussi, il parait  évident que les pénuries à venir, qu'elles soient dues au climat, à l'économie de marché, ou à d'autres pandémies, occasionneront des rationnements, et des mesures liberticides tout autant, voire plus violentes que celles qu'on a connues. Les stratégies du capitalisme consisteront toujours à nous tenir la tête sous l'eau pour que surtout, nous ne puissions nous organiser sans lui. Et nous entendrons toujours la même chanson à chaque élection : "soit moi, soit le fascisme".

Le présent et l'avenir du concept de gouvernement est un tandem entre le néo-libéralisme et le fascisme. Le capitalisme, aujourd'hui seul au monde, ne permet que ce coté là de l'échiquier. Il nous parait impossible qu'un jour, nous voyions arriver un gouvernement de vraie gauche ayant comme programmatique la chute du capitalisme et l'égalité entre tous les êtres humains.

Il paraît par contre plus probable qu'un jour, nous éliminions les tentatives identitaires qui divisent les gens qui pourtant partagent les mêmes galères et que ce jour, nous allions toutes et tous remettre le couvert pour faire une révolution qui finira véritablement d'abolir les privilèges, d'abolir les inégalités. Nous ne sommes pas des stratèges politiques et n'avons par conséquent que des rêves. Mais la certitude qu'on peut s'organiser à grande échelle et au delà des frontières sans se laisser crever de faim, sans se faire la guerre civile, tout en assurant des logements pour tous et le partage des savoirs et des cultures... Cette certitude est grande. 

Et non, abolir le capitalisme ne nous fera pas revenir à l'âge de pierre. Il est évident que nous pourrons subvenir dignement à tous nos besoins sans recourir à un système d'enrichissement massif de quelques uns au détriment de tous les autres.

Ayant fait ce constat, il est hors de question de laisser prospérer ceux qui incitent à se regarder le nombril de l’identité pendant que le train d’une mort sociale nous fonce droit dessus.

Ceci est un message destiné à toutes celles et ceux qui doutent. Nous les invitons à faire un pas de coté. A prendre de la hauteur et à s’organiser pour que l’Histoire ne se répète pas inlassablement à la faveur des salauds. Il nous revient la tâche de créer un monde auto-organisé, qui ne soit pas gouverné, dans lequel "être un puissant de ce monde" ne veut rien dire. Sinon, il y a fort à parier que notre futur sera un monde à la Mad Max.