Darmanin veut dissoudre Nantes Révoltée

ON NE DISSOUT PAS LA RÉVOLTE - Soutien à Nantes Révoltée, menacée de dissolution par Darmanin

Darmanin vient de lancer une procédure pour dissoudre le média autonome Nantes Revoltée. Siphonner les idées d'extrême droite ne lui suffit pas. En plus de contribuer à mettre les fascistes dans la rue, Darmanin tente aujourd'hui de dissoudre un média ayant relayé une manifestation antifasciste à Nantes vendredi 21 janvier.

Nantes Révoltée est depuis 2012 un média à part qui donne un souffle de liberté et une analyse radicale sur les révoltes émancipatrices. Au fur et à mesure des années, le collectif nantais a écrit et documenté de l’intérieur de nombreuses luttes, nous faisant voir dans le tumulte du quotidien que des pratiques et des idées sculptaient sans cesse la route pour s'arracher à la fatalité du néolibéralisme et arrivent même à former des constellations révolutionnaires.

Nantes Révoltée est de ces médias qui prennent parti et qui l'affirment. Un fait rare et salutaire dans le champ des médias qui ont toujours colporter une fakenews originelle : leur soit disant objectivité.

En 2012, on y lit ce qu'il se passe sur la Zad de Notre Dame des Landes alors en proie à une tentative d'expulsion qui échouera. En 2016, le média nantais accompagne le mouvement contre la loi travail, véritable mutilation dans le droit du travail orchestré par le PS et en 2018, on leur doit la première analyse sensible et sensée sur les Gilets Jaunes dans le champs d'une "gauche" qui sucrait alors les fraises. On était deux semaines avant le 17 novembre. En 2019, le collectif prend cause dans la mort de Steve, noyé par l'intervention assassine d'une police barbare sur une free party sur un quai de Nantes. Nantes Révoltée porte haut et fort des mots qui résonnent encore dans nos têtes : "Justice pour Steve !"

Que dit cette volonté de dissolution de médias autonomes dans une société où 90% de l'information est aux mains des milliardaires ? Que dit ce fait dans une société où la concentration médiatique nous inonde de la même fréquence, celle de la discrimination et de la haine en continue sur les chaines tv dont l'existence est destinée à servir la sauce des prochains candidats à la présidentielle ?

Il ne manquera à personne que l'intoxication médiatique permanente combinée à la censure des médias indépendants est la marque des pouvoirs totalitaires ou en voie de le devenir.

Aujourd'hui Darmanin fait le service après vente de la montée du fascisme qu'il orchestre. Après s'être donné le beau rôle en faisant dissoudre des groupuscules d'extrême droite dont il est proche idéologiquement (les Zouaves et Génération identitaire), le voilà maintenant à la manœuvre pour dissoudre un collectif publiquement opposé aux fascistes que le gouvernement contribuent à mettre dans les rues du fait de l'incessant rapprochement avec l'extrême droite pour leur en voler des électeurs. Voilà un exemple d'un autre genre pour imposer le célèbre concept : "il n'y a pas d'alternative". Le pouvoir pourrait étouffer sa mère pour arriver à ses fins. Faire trinquer un média indépendant au service de l'émancipation n'est pas un problème pour ces monstres froids qui désirent s'imposer par n'importe quel moyen.

Ceci est une manœuvre politique et il s'agira de montrer qu'elle ne peut pas passer.

Dissoudre Nantes Révoltée, ce n'est pas dissoudre la révolte Gérald Darmanin. Celle ci gronde partout, elle s'échange entre toutes les bouches et pourrait bien péter à la figure de ceux qui tentent d'y mettre un couvercle.

Plus que jamais lisons Nantes Révoltée ! Propageons la révolte.
www.nantes-revoltee.com/


De l'accès aux bars, à l'accès aux droits élémentaires : Un début de crédit social ?

Il faut se rendre à l’évidence. Le socle de nos libertés fondamentales, inscrites dans les Droits de l’Homme ou dans le droit tout court, ne nous aide pas beaucoup à freiner les exigences des pouvoirs politiques et financiers. De la détérioration des droits sociaux au pass vaccinal, en passant par la loi de Sécurité Globale ou la reconnaissance faciale… les droits descendent en flèche et le pouvoir de la police ne cesse d’augmenter pour imposer des nouveaux devoirs. Pendant ce temps, les sorties médiatiques des dirigeants esquissent un basculement de société inspirant la plus grande méfiance. Si le terme de crédit social chinois est dans beaucoup d’esprits pour évoquer la société vers laquelle on tend, nous allons voir ce qu’il est vraiment et comment il s'est imposé en Chine. Loin du repoussoir étranger que les médias en font, nous verrons qu'il s’inspire de la doctrine néolibérale et que ses formes sont à l’œuvre dans nos sociétés occidentales. 

Le 31 décembre 2021, Macron déclarait pendant sa présentation des vœux que « les devoirs valent avant les droits ». Quelques jours plus tard il fait une autre sortie fracassante dans une interview au Parisien, déclarant « qu’un irresponsable n'est plus un citoyen ». Ces deux phrases dites à propos de la vaccination avouent l’ambition d’un changement radical de société qui dépasse largement le cadre épisodique d’une gestion sanitaire. Elles laissent comprendre qu’il souhaite un régime qui évaluerait les citoyens selon une morale que lui même aura défini et qui pourrait les déclasser si besoin.

Au delà des mesures coercitives déjà annoncées à l’encontre des non vaccinés, il faut clairement y voir un changement de paradigme politique, un chantage pour nous faire accepter l’inacceptable. Le pass sanitaire et encore plus vaccinal s'imposent comme de nouvelles conditions pour avoir accès à des droits élémentaires. Ce qui n'était au départ qu'un droit d'accès aux bars et aux restaurants s'étend plus largement. Au Canada, il est prévu de supprimer les allocations chômage aux non-vaccinés. Pendant qu'en France, des voix s’élèvent pour un système de soin à deux vitesses pour les non vaccinés. Jusqu’où ira la honte ?

De plus en plus de libertés fondamentales semblent vouées à devenir illégales, voire simplement à disparaitre. Le droit de circulation l’est déjà devenu depuis longtemps pour une partie de l’humanité qui risque sa vie en migrant, faute d'avoir les bons papiers. Des structures internationales comme Frontex s’assurent que le droit de circuler n’en soit pas un pour tout le monde. Aujourd’hui, la discrimination des non-vaccinés, à l’heure où la moitié du monde ne l’est pas, rendra illégales un bon nombre d’habitudes sociales pour certains. Le rapport entre les non vaccinés et les migrants nous direz vous ? C’est que le système se nourrit de la division et d’un droit à deux vitesses. C'est comme ça qu'il règne et que beaucoup se laissent prendre au jeu… Être un citoyen dans les clous aujourd'hui, ne garantit pas que vous le serez demain.

CE QUI MOTIVE LE TOUT SÉCURITAIRE
Follow the money. (Suivez l’argent)

En pleine explosion dans les démocraties occidentales, l'autoritarisme est intimement lié avec les exigences grandissantes de l'économie dans un monde de plus en plus contesté. Les dirigeants voient très probablement dans l'industrie sécuritaire et les lois liberticides les parfaits outils de contrôle pour rassurer les marchés. En pleine pandémie de surcroit, n'est t'il pas est vital pour l’économie d’avoir des outils lui permettant de faire fonctionner les échanges ? De faire tourner la machine quand elle menace de s'arrêter. C’est la fonction fondamentale du pass sanitaire, puis vaccinal. Fluidifier l'économie pour rassurer les marchés.

Ceci n'est pas sans rapport avec le crédit social chinois qui existe officiellement depuis 2014. Au départ, le crédit social nait dans les années 2000 d'une volonté de réguler l'économie chinoise qui souhaite garder le contrôle alors qu'elle est ouverte à l'économie de marché mondiale. Son plan initial est d'assainir le crédit chinois en le dotant d'une base de données nationale détaillée, afin de démocratiser, faciliter et sécuriser les prêts et les échanges financiers, notamment pour les bas revenus qui ont beaucoup recours à l’économie souterraine. C’est une sorte de contrat de confiance destiné à agréger le maximum de citoyens et d'entreprises dans une société de contrôle par le crédit.

Son ambition est largement élargie par la suite à la récolte de tout un tas de données, toujours pour fluidifier l'économie. Un organisme de crédit privé avait donné le ton avant 2014. Le Crédit Sésame : Ainsi "les clients qui disposaient d’un bon score de Crédit Sésame étaient dispensés de caution au moment de louer une voiture ou un vélo, ou pouvaient recevoir une meilleure visibilité sur l’application de rencontres." (Le système de crédit social chinois : miroir pour l’Occident, Clémence de Gail). Des techniques finalement très proches de ce qu’on connait du néo-libéralisme occidental…

Mais la Chine ne s'est pas arrêtée là et a largement assis l’emprise étatique sur le secteur privé. Plusieurs institutions sollicitées au départ ont été écartées. Le gouvernement chinois s’est même présenté en garant de la protection des données personnelles contre les abus que pouvait faire le secteur privé.

Si l'objectif a toujours consisté par la suite à donner confiance dans l'économie chinoise, avec l'arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2013 le crédit prend très vite la fonction d'un outil pour instaurer le socle d'une « morale sociale » et faire appliquer la loi partout.  Aux citoyens, aux entreprises et aux institutions publiques par le biais d’un système de notation. Il recouvre un aspect économique, sécuritaire et se veut un outil moderne du maintien de la bonne morale tout en s’inspirant des mœurs culturelles. Il devient vite un vecteur de propagande définissant le bon citoyen en ayant recours à des notions de patriotisme et de civisme. Les informations contenues dans ce crédit social forment au final ce qui pourrait s'apparenter à une réputation. C'est cette réputation qui déterminera vos conditions d'accès à un crédit, à un logement ou à un job, avec des nuances et des critères variant selon les localités. En parallèle de ça, il existe aussi des listes rouges ou noires qui sont encore une autre couche de contrôle social pouvant en venir au "shaming". C'est ce qu'on a pu voir fin décembre avec les 4 citoyens exposés à l'humiliation publique en combinaisons blanches dans les rues de Jingxi. Ils étaient accusés d'avoir laissé passer des migrants en dépit de la fermeture des frontières dues aux restrictions sanitaires.

SOCIÉTÉ DE LA TRANSPARENCE ET DE LA CONFIANCE : LES FAUX AMIS

La notion de réputation est une base dans la transparence du système des crédits à travers le monde. Elle n’est pas propre à la Chine. Avec l’avènement du digital et des big datas, elle a passé un stade supérieur. Les données sur nous même nous échappent, dans un monde où la notion d’anonymat est en train de disparaitre. L’État chinois a su vite en tirer parti.

Il faut comprendre ici que le système de crédit donne le ton en matière de vie privée numérique, et ce partout dans le monde. La viabilité des marchés financiers tient sur des notions de confiance et de transparence via la récolte de données privées, personnelles ou étatiques massives permettant de prévoir les risques, d’anticiper, de savoir quand investir ou quand rémunérer les actionnaires par exemple. Beaucoup d’États, comme la France, travaillent à augmenter cette transparence. Les politiques de transparence sont en général asymétriques. Alors qu'elles sont chargées de récolter toujours plus de données citoyennes, l’État n'est pas pour autant plus lisible aux yeux des citoyens.

Le cas chinois nous permet de voir à quel point le système économique commande des outils politiques et sociaux permettant de le rassurer. C’est une des fonctions du crédit social chinois et il nous paraît évident que c’est aussi la fonction des pass sanitaire et vaccinal. La venue de ces outils de régulation tombe à point nommé dans un contexte des plus incertains où la défiance envers les pouvoirs est grande et représente une source d’instabilité. Surtout en pleine pandémie. Le pass vaccinal ou sanitaire est un gagnant-gagnant entre le pouvoir économique et le pouvoir politique.

Le crédit social chinois est régulièrement utilisé comme repoussoir par les médias occidentaux, faisant de la Chine un bouc émissaire. S’il n’y a rien à redire aux critiques sur l’aspect totalitaire d’un tel système, il faut voir que bien des aspects du crédit social chinois sont des techniques de gestion largement inspirées par les secteurs privés des entreprises occidentales attribuant des scores à leurs clients. C’est bien sûr le cas des assurances, mais il y a des domaines où le public lui même est pro-actif en la matière et participe à son propre flicage. Il en va des notes des chauffeurs Uber, des avis AirBnB et nos interactions sur les réseaux sociaux, notamment quand on y donne des informations qui pourront être contrôlées par le fisc (Loi de finances 2020).

Un des épisodes les plus connus de la série Black Mirror, où les personnages se notent mutuellement et déterminent ainsi le rang social de chaque personne, a beaucoup été commenté comme une critique de la société chinoise alors qu’il faut plutôt y voir la pente glissante vers laquelle sont en train de tomber les sociétés occidentales.

Nous donnons une quantité folle de données aux entreprises privées et l’État se dit littéralement « pourquoi pas moi ». Toutes les données de prévisions comme le Health Data Hub (mis en suspens par la CNIL. Les données étaient hébergées par Microsoft) ou plus récemment le Crisis Data Hub consistant en un projet de croisement de données massives en cas de crises, sont indéniablement des initiatives en ce sens auxquelles la crise sanitaire vient donner une forte impulsion en permettant comme jamais aux pouvoirs de prendre le pouls de la société. Cela nous rend plus lisibles que jamais, pour le plus grand bonheur de l’économie. Rappelons qu’en Mars 2020, nous apprenions par la presse qu’Orange utilisait les données de géolocalisation de millions d’utilisateurs pour évaluer l’effet du confinement.

Le pass sanitaire, lui, fournit un indicateur sur le taux d’approbation d’une société à se plier à des échanges économiques régulés de près en temps de pandémie. C’est comme si l’État disait : « avec le pass nous pouvons faire fonctionner la société à tel niveau de rendement et avec tel degré d’acceptabilité des morts ». Il est censé rassurer l’économie à un instant T que le futur proche ne sera pas fait d’un nouveau confinement réduisant le volume des échanges. Il permet donc de faire des prévisions économiques. Il faut le voir comme un gage donné par l’État. Qu’il soit efficace ou pas sanitairement n’est même pas la question.

En outre, il offre une opportunité inespérée pour l'industrie techno-sécuritaire dans le développement et le renforcement d'une société d'accès conditionnés. Libre ensuite aux politiciens et leurs lobbies de déterminer la nature des accès et des conditions. S'il fallait prendre un exemple, Alicem est un projet gouvernemental conditionnant l'accès aux services sociaux par une carte d'identité numérique possédant nos données biométriques telles que la reconnaissance faciale.

Le pass est un signe fort pour bon nombre de marchés qui n'en sont encore qu'à leurs balbutiements.

SOCIÉTÉ DE MALADES, SOCIÉTÉ DE CONTRÔLE

Il se peut que le système économique mondial ait trouvé une zone de fonctionnement idéale avec la pandémie. Une société de malades implique la prise de température permanente de l’ensemble des individus, et donc d’un ensemble de données visant à rassurer les calculs et les prévisions de l’économie.

Il va sans dire que le processus d’acceptation d’un tel dispositif implique son niveau de chantage et de propagande. Au delà de l’aspect économique qu’il encourage et dont il nous rend dépendant, le pouvoir politique y tire un profil qui lui permet de façonner la société. C’est une façon d’étendre son influence au niveau moral et sécuritaire. Les appels au civisme, à l’effort commun et les menaces coercitives participent à un endoctrinement auquel il est difficile d’échapper. Refuser le contrôle par le pass vous relègue immédiatement au ban de la société dans un contexte où le gouvernement vous expose à une forme d’humiliation sociale. Même si beaucoup de poches de résistance se sont développées pour contourner le pass, ou s’organiser sans… Et tant mieux.

Vu l’incapacité du vaccin à endiguer la pandémie à lui tout seul, il est évident que l’entêtement du gouvernement à imposer le pass vaccinal est d’ordre idéologique. Et il n’y a rien d’étonnant à ça. L’approche néolibérale conditionne le rôle de l’État à n'intervenir que lorsque l’économie est en présence de risques externes. Son rôle est de régler ce qui pourrait l’entraver. L’État rend l'économie plus fluide. On peut voir ici l’expression d’une véritable pensée unique, voire d’un parti unique, qui gouverne depuis au moins 30 ans.

Il faut regarder la société de contrôle avec la même froideur qu’elle nous regarde. Si complot il y a, il est littéralement sous nos yeux. Le contrôle ne vise pas des plans secrets, il se soucie de nous et vient à notre chevet pour savoir quel est le niveau maximum de rendement qu’il pourra obtenir de nous. De celles et ceux qui font tourner la machine.

Nous n’avons pas d’autres raisons d’être anti-capitalistes et de vouloir la chute d’un tel système.

Les plus optimistes pourraient dire : "ça va, il suffit juste de faire un vaccin et on n'en parle plus". Mais on voit bien que l'instauration des pass est une question à part de celle des vaccins. Dans un monde en perpétuelle crise, on peut être sûr que l'approche néolibérale des États va continuer d'imposer ses indicateurs, comme le pass en est un, et qu'ils seront à chaque fois de nouvelles conditions pour accéder à la citoyenneté. Imaginez quelles seront ces nouvelles conditions quand les États feront mine d'affronter les risques liés au réchauffement climatique...

Les prochains outils coercitifs seront vendus comme les seuls moyens de faire face aux crises avec des arguments tels que "il faut construire une société de la confiance", "la transparence de nos données est la condition pour un monde plus sûr", "chaque citoyen doit être responsable face aux crises que nous traversons", "les devoirs passent avant les droits", "la société de la vigilance combinée aux futures Smart Cities nous permettront d'adopter la sobriété énergétique dans un monde en crise climatique." Autant de blabla pour en arriver à une société de contrôle parfaite. Au delà de façonner le citoyen responsable, c'est l'achèvement du projet capitaliste, considérant les milliards d'individus comme une ressource ajustable dont la fonction est d'obtenir le meilleur rendement économique à toute époque et selon les crises que ne manque pas de provoquer le système.

On aurait tort de s'attendre à autre chose d'un monde qui fait de l'économie et de l'enrichissement les seules aventures possibles. Une question nous semble alors évidente. Plus que de savoir comment nous irons sur Mars, on ferait mieux de se demander comment se faire confiance à plusieurs milliards d'individus en dehors des règles de soumission qu'imposent ceux qui ont de l'argent sur ceux qui n'en n'ont pas.

Tant qu'il y'a aura de l'argent, il n'y en aura jamais assez pour tout le monde


Il saute désormais aux yeux du plus grand nombre que la startup nation gère la santé publique tel un entrepôt à flux tendu d’Amazon.

DU PASS VACCINAL AU PASS CARBONE IL N'Y A QU'UN PAS

Que vous considériez que la gestion de cette pandémie est criminelle ou au contraire qu’on en fait trop, vous devez admettre que ce système réussit un tour de force prodigieux au nom d’une idéologie. 

Il saute désormais aux yeux du plus grand nombre que la startup nation gère la santé publique tel un entrepôt à flux tendu d’Amazon.

L’argent est une religion de fanatiques et la santé économique se contre fout de votre bonne santé personnelle.

En témoigne la destruction des capacités de soin de l'hôpital public en pleine pandémie que continue d’achever le gouvernement. Actuellement, des hôpitaux sont obligés de déprogrammer des opérations pour accueillir les patients covid, faute de lits, faute de personnel, faute d’anticipation. En pleine tempête, l’objectif d’une libéralisation complète du système reste le cap d’une politique qui assume le risque d’effondrement du système hospitalier.

En témoigne aussi la réduction de la durée d'isolement des cas positifs pour qu'ils retournent bosser plus vite afin de maintenir notre économie à flot. Sera-t-on encouragé un jour à bosser en étant positif du moment qu’on est vacciné ( c'est déjà le cas pour les soignants dès lors qu'ils sont asymptomatiques ) ?

Autre exemple : tout miser sur le vaccin alors même qu’il ne suffit pas à endiguer à lui seul la pandémie. Qu’il faudrait en complément, un meilleur système hospitalier public, de ventilation des lieux publics, la levée des brevets sur les vaccins pour en faire bénéficier tous les pays, des masques FFP2 gratuits partout. Et surtout qu’il y ait une communication claire là où nous avons vu la pitoyable succession des mensonges d’Etat qui plus est délibère et agit dans l'opacité.

Si vous pensiez vivre dans un monde où la vie vaut son pesant d'or, il est temps de capter que votre vie est une insignifiante variable d’ajustement dans un système qui vise avant tout la croissance économique.

Tel un crevard bien portant qui cherche à grappiller le moindre sou, l’Etat, avec le covid, est à l’affût de la moindre marge qu’il pourra gratter pour assurer le « business as usual ». Quitte à ce qu’il faille imposer de ramper pour avoir des échanges économiques normaux. Façonner une humanité servile n’est d’ailleurs pas le point faible des États qui savent parfaitement manier le chantage et au besoin envoyer les flics aux récalcitrants. Exit la dignité, exit la liberté de choix, exit la démocratie déjà enterrée.

Une majorité de citoyens ne voit d’ailleurs jamais rien à redire à une telle dynamique. Lorsque l’État faisait rentrer la doctrine néo libérale à coup de matraque dans la tête des gilets jaunes, il n’y avait pas beaucoup d’antivax d’aujourd’hui pour s’en émouvoir.

Si aujourd'hui le monde occidental découvre avec une certaine souffrance ce qu'il en coûte d'avoir laissé le néolibéralisme gérer tous les aspects de nos vies pour nous réduire à une variable d'ajustement censée faire tourner la machine, les pays du sud global en avaient souffert bien avant. Vous n'y aviez pas prêté attention...

Maintenant que tout le monde est à peu près concerné par les contorsions que nous impose le système pour continuer à être ses pigeons (le pass sanitaire puis vaccinal, les masques en extérieur, être flic de nous même et flic des autres, l’interdiction de consommer debout dans les bars, les interdictions d’aller dans la nature au 1er confinement, etc..), n’est-il pas temps de regarder les choses en face et se rendre compte que nous récoltons les fruits pourris d’un système que nous n’avons cessé de valider jour après jour ?

Par pitié, arrêtons de réagir comme si nous étions nés de la dernière pluie en faisant mine de découvrir que la gestion néolibérale du monde est inhumaine, ou plutôt que sa définition de l’humanité a de quoi faire froid dans le dos. Il s'agira toujours pour les dirigeants de trouver le point de productivité optimal d'une société. Quoi qu'il en coûte, même si cette société est malade ou génère des fléaux. L'enjeu des politiques n'est d'ailleurs pas l'intérêt commun, mais trouver le régime adéquate, la dose de répression ou de chantage nécessaire pour remplir cet objectif. Espérons que la pandémie aura au moins rendu plus claire cette règle sous-jacente.

UNE GESTION DE CRISE QUI PRÉFIGURE LE PASS CARBONE, VOIRE UN PASS CITOYEN ?

Il ne faut pas être devin pour voir que le futur ne sera pas rose. Entre réchauffement climatique, pénurie d’énergie, sécheresses, inondations et par conséquent pénurie de denrées de base qui viennent, ça va être coton.

Imaginez deux secondes… Et transposez la gestion autoritaire qui est faite aujourd’hui avec le covid sur les futures crises que le capitalisme ne manquera pas d'engendrer demain. Encore une fois, il ne faut pas être devin pour voir que la rationalité économique imposera son lot de sacrifices comme c’est le cas aujourd’hui avec l’hôpital. Là où les gains seront privatisés, les dégâts seront socialisés, comme c’est toujours le cas avec cette logique.

Il ne paraît alors pas dément de penser que nous verrons surgir un pass carbone lorsqu’il s’agira d’enrayer le réchauffement climatique que l’économie de marché a créé et n’aura jamais été capable d’endiguer. A ce moment-là comme toujours, ce sera à nous de payer l’addition. On imagine déjà les injonctions à la « solidarité pour surmonter les défis » que tiendront les crevures en costard qui nous auront mis dans cette merde. Les mêmes qui auront expulsé les Zad et matraqué toutes les alternatives.

Les « petits gestes quotidiens » que nous plébiscitons naïvement préfigurent d’ailleurs déjà notre rapport de force défavorable face à un système qui, lui, ne change pas et épuisera les ressources jusqu’à la dernière goutte.  Nous sommes déjà embarqués dans une contorsion visant à accepter ce qui nous flingue. C'est le capitalisme vert et celui des big datas, censés dans un futur proche rationaliser et gouverner tous nos faits et gestes.

Aucun agenda politique n'existe pour désamorcer la bombe que représentent nos sociétés d'accumulation. Et la notion de progrès a depuis un moment passé son point de bascule, ne représentant plus qu'un outil technologique du marché que tout le monde redoute comme la prochaine création du Dr Frankenstein. C'est au point qu'on se demande si sa fonction ne serait désormais pas plus qu'un investissement que fait l'humanité en vue de trouver une nouvelle planète en remplacement de celle que notre système économique semble s'efforcer à rendre inhabitable.

Maintenant, il faut se rendre à la raison, ce gouvernement gère absolument bien cette pandémie, car son objectif est de maximiser la croissance économique malgré un virus qui normalement devrait nous inciter à revoir et renverser immédiatement le système.

L’autoritarisme nécessaire dont fait usage Macron pour plier la réalité aux exigences de son idéologie n’est d’ailleurs pas une surprise si on considère que le pays qui a le mieux surmonté économiquement la pandémie en générant une croissance, est la dictature chinoise avec son système totalitaire de crédit social. Nul doute que c’est le modèle honteux sur lequel lorgnent les sociales démocraties du monde entier.

La logique des pass pour répondre aux crises conduirait selon nous inévitablement à une société totalitaire. L'obsession de fichage actuel et les pressions exercées par l'industrie techno-sécuritaire pour imposer les smartcities et les cartes d'identité numériques ne présagent rien de bon.

Le socle de nos libertés a été acquis par les révoltes sociales et on l'oublie trop souvent : par l'abondance des énergies facilement exploitables ayant libéré le besoin d'exploitation outrancière de la force de travail humaine dans un monde construit sur le productivisme. Considérons ce dernier volet comme un bien mal acquis. Un socle instable.

Si vous enlevez la possibilité de révolte par les mesures de lois successives sur le contrôle et la surveillance globale et considérez un monde dont les ressources en énergies conventionnelles ont atteint leur pic, combien de temps croyez-vous que la philanthropie gardera les libertés fondamentales ?

Est-ce vraiment ce système que vous voulez pour gérer le futur ? La majorité des prochains candidats à l’élection présidentielle n’ont qu’un programme : le néolibéralisme. Avec supplément raciste pour certains, supplément éoliennes pour d’autres.

Il est maintenant temps d’arrêter ce cycle infernal qui fait qu’à chaque crise, de nouveaux protestataires arrivent sur le marché de la protestation et se font écraser puis digérer comme les autres. La prochaine révolte populaire si elle a lieu, ne devra pas se contenter de voir le bout de son nez et devra avoir un objectif commun des plus radicaux. Un de ces projets qui envisage un futur viable et désirable.

Pour nous il n’y a que deux choix : soit renverser le système en cassant autant d’œufs que nécessaire pour un monde plus égalitaire débarrassé des relations de pouvoir et d’argent, soit vivre dans une crise permanente ou vous serez gérés par autant de pass que nécessaire pour que règne l'économie dans un monde où on vous veut dociles, prévisibles et productifs.

Pour quel futur êtes vous prêts ?