Samedi, tous dans la rue pour Steve, pour Zineb. Pour la vie.

Il peut paraitre parfois vain de sortir dans la rue crier sa colère et son indignation face à un drame, face à une injustice. Mais nous n'avons pas d'autres choix. Car ne pas sortir, ne pas manifester, ce serait laisser s'installer un peu plus l'inacceptable dans nos vies. Laisser la mort s'installer partout.  Laisser l'injustice devenir la norme.

Steve Maia Caniço est mort noyé dans la Loire le soir de la fête de la musique.  Son crime ? Avoir dansé au delà de l'horaire "autorisé" par la préfecture.
Zineb Redouane est morte dans son salon le 02 décembre dernier. Son crime ? Avoir eu sa fenêtre ouverte pendant une manifestation de Gilets Jaunes.

Ces morts sont une honte pour la République. Une tâche qui ne s'effacera jamais dans l'histoire de notre pays. Car au delà des morts qu'ils ont causées, ce qui rend la chose encore plus affreuse et intolérable, c'est l'attitude du pouvoir et de toutes les structures capables à un moment donné d'offrir justice aux proches des victimes.

Aujourd'hui, l’État persiste à dédouaner totalement et sans aucune mesure l'ensemble des forces de police, des chaînes de commandement, de la préfecture et du ministère de l'intérieur pour ces deux drames. L'affaire Legay nous a montré qu'un procureur a volontairement menti pour "protéger" le président de la République. l'IGPN enchaîne les rapports totalement ubuesques dignes de régimes totalitaires n'acceptant pas la moindre remise en cause. 14 personnes sont tombées dans la Loire suite à la charge policière du 21 juin à Nantes. Comment accepter qu'un rapport de l'IGPN puisse conclure qu'aucun lien ne peut être établi entre cette charge policière et la mort de Steve ?

Aujourd'hui, la police des polices n'est qu'une coquille vide. La séparation des pouvoirs, un lointain souvenir. Ce qui se passe actuellement en France est particulièrement dangereux pour nous tous, et pourrait se révéler totalement mortifère à moyen et long terme. Si nous acceptons aujourd'hui que la pouvoir musèle la justice et les instances censées contrôler/punir les corps de l’État, que se passera-t-il quand ce pouvoir sera aux mains de personnes encore plus dangereuses ?

C'est pour cela qu'il ne peut y avoir qu'une réponse samedi face à cette situation : la mobilisation, la colère et la résistance. Pour honorer la mémoire de Steve mais aussi pour refuser cette nouvelle démocratie qui n'a plus rien de démocratique. Si nous ne nous levons pas aujourd'hui, nous courrons le risque de rester à genoux pendant des décennies.

Les Gilets Jaune ont soutenu depuis le lendemain de la fête de la musique les recherches autour de Steve. Ils se sont mobilisés pour maintenir la pression. Aujourd'hui, ils appellent à manifester pour que la vérité soit faite sur les conditions de la mort de Steve. Et que justice soit rendue.

Certains pourraient trouver que cette attitude relève de la récupération puisque Steve n'était pas GJ et qu'il participait "simplement" à la fête de la musique. Sauf que les GJ sont parmi ceux qui comprennent le mieux ce qui est en train de se jouer depuis plusieurs mois en France : le glissement totalitaire et ultra sécuritaire. L'attitude ultra offensive des forces de l'ordre, qui attaquent pour mieux se défendre. Le principe du présumé coupable par simple présence sur un lieu.

Alors oui, les Gilets Jaunes sont révoltés par le drame de Steve. Et c'est tout à fait normal. Non, ce qui pose question, ce qui n'est pas normal, c'est que si peu d'autres citoyens (non GJ), ne descendent dans la rue et s'opposent à cette nouvelle France où l'on peut mourir pour avoir été à la fête de la musique. Où l'on peut mourir pour avoir ouvert sa fenêtre.

C'est toute la société qui devrait être mobilisée et révoltée : les syndicats, les partis politiques, les ONG, les associations, le monde de la culture.  Et tout un chacun.

Alors samedi, plus que jamais, soyons tous dans la rue, à Nantes, à Paris et partout ailleurs. Pour Steve, pour Zineb, pour la vie.

 


LE VRAI COMBAT ÉCOLOGIQUE N'EST IL PAS LA ?

Pendant que les cours d'eau sont pollués au Tritium, pendant que le permafrost fond 70 ans plus tôt que prévu, pendant que beaucoup discutent pour faire du lobbying écolo, pendant que dans la Creuse ces lobbies tentent d'éveiller les consciences par un festival écolo branché, etc... Et bien pendant ce temps il y en a qui agissent directement pour l'écologie. A Bure, conscience et action ne font qu'un. Dans un début de siècle qui part comme une bombe des starting blocks et qui part en sucette il faut bien l'avouer, beaucoup restent sur la ligne de départ... Scotchés, discutant encore, aménageant leur positionnement politique, pendant que d'autres se donnent corps et âmes pour défendre la nature et une vie désirable ! Qu'on se le dise, aujourd’hui l’écologie est déjà ce qui trace une limite entre les riches et les pauvres. Entre ceux qui boufferont du homard bio et ceux qui boufferont du gaz.

COMMUNIQUÉ DES OCCUPANTS DU BOIS LEJUC A BURE

Bure : Le bois Lejuc est réoccupé !
Près de Bure, le bois Lejuc est réoccupé depuis le 18 juillet à 14h. De nombreuses personnes ont réinvesti ce lieu au sol comme dans les arbres pour réaffirmer leur opposition au projet de centre d’enfouissement de déchets radioactifs Cigéo, au nucléaire et à son monde, industriel, colonial, militaire. Les forces policières qui occupaient jusque là ce lieu stratégique et protégeaient les intérêts de l’Andra ont été contraintes de quitter les lieux. Nous appelons dès maintenant à converger dans le bois Lejuc ainsi que dans les villages de Bure et Mandres-en-Barrois, situés à deux kilomètres de la forêt.

Le bois Lejuc est sur la zone du projet de poubelle nucléaire. L’Andra projette de le défricher pour y faire des fouilles archéologiques et des forages, et à terme de le bétonner pour y construire des puits de ventilation. Le bois a déjà été occupé à deux reprises auparavant, en juillet 2016 puis du 15 août 2016 au 22 février 2018, date à laquelle 500 gendarmes ont expulsé la forêt et détruit les habitations des occupantes.

Sur place, la répression s’exprime par une présence policière quotidienne, des contrôles judiciaires, des interdictions de territoire, des perquisitions, et des peines de prison ferme et avec sursis. Cette réoccupation se veut aussi une réponse à la répression de l’État, affirmant que l’opposition sur le terrain n’a pas été étouffée. L’État réprime et expulse, ces dernières années comme toujours. Bure n’est qu’un de ses nombreux laboratoires du maintien de l’ordre. Ce 18 juillet, nous avons essayé de le mettre en déroute et les flics n’ont eu d’autres choix que de reculer.

Nous appelons à converger dans le bois Lejuc ainsi que dans les villages de Bure et Mandres-en-Barrois, situés à deux kilomètres de la forêt. Si vous souhaitez nous soutenir, vous pouvez venir sur place, où nous avons besoin d’aide au sol, dans les arbres, dans les villages. Que ce soit pour grimper dans les arbres, construire des barricades, les tenir, apporter du matériel, préparer à manger, etc. Vous êtes bienvenues. Vous pouvez aussi diffuser le plus largement possible ce communiqué. Si vous ne pouvez pas vous déplacer, c’est aussi possible de nous soutenir de loin, les infrastructures de l’industrie nucléaire et les sous-traitants travaillant pour l’Andra sont partout.

Si vous souhaitez venir, vous pouvez consulter le site �bureburebure.info pour des informations actualisées concernant la situation sur place.

À l’attention des journalistes : les personnes sur place ne souhaitent pas répondre aux questions ou aux interviews et ne souhaitent pas en dire davantage que ce qui est écrit ci-dessus. Si vous souhaitez diffuser une information, relayez ce communiqué.


14 juillet - Défaite Nationale

Malgré le dispositif ultra sécuritaire, malgré la venue de "figurants en marche" sur les champs, malgré les centaines d'arrestations arbitraires du matin, Macron a raté son pari d'avoir un 14 juillet en mode "carte postale" !

Très tôt le matin, des centaines (voir milliers) de Gilets jaunes sans gilets jaunes arrivent à entrer de façon individuelle sur les champs, comme tout citoyen voulant assister au défilé. La préfecture est au courant et tente tant bien que mal d'embarquer un maximum de manifestants. Près de 200 arrestations seront signalées sur Paris, la plupart avant même le début du défilé, et pour simple possession d'un gilet jaune dans le sac (ou pour avoir chanter un chant anti Macron). Le pouvoir décide également de frapper fort dès le début de cette journée en arrêtant les "figures" du mouvement (Rodrigues, Drouet, Nicolle), là encore sans aucune raison légale.

Qu'importe, les GJ sont trop nombreux et trop "discrets" pour que la police puisse tous les empêcher d'accéder au défilé. Le résultat est impressionnant : Emmanuel Macron est sifflé et hué sur l'ensemble de la très grande avenue des Champs Élysées. L'image est forte. Et même les médias de masse n'arrivent pas à masquer la réalité de ce président sifflé le jour de la fête nationale !

Une autre image forte, c'est celle de ce commissaire de police perdant totalement son contrôle (au point d'être retenu par un de ses policiers). Le commissaire violente une femme absolument pas agressive mais qui avait eu le tort de lui demander "Ou est Steve ?"

Le pouvoir montre plus que jamais qu'il ne tolère aucune remise en cause, et que, violents ou non, les résistants seront tous traités comme des criminels. Pour preuve, ces images de manifestants blessés (dont une femme qui risque de perdre un œil) aux abords des champs.

L'autre échec du pouvoir, c'est la prise de la Bastille... mais surtout des Champs Elysées par les Gilets Jaunes ! Si le début de l'après midi voit plusieurs petites manifs sauvages partir des alentours des Champs, très vite nassées ou dispersées par une tactique très agressive de la police (notamment avec les voltigeurs et la BAC), les GJ arrivent finalement à investir les Champs Elysées, notamment grâce à des barricades composées de dizaines de barrières (présentes pour le défilé). Là encore, l'image est forte. Le préfet Lallemand et sa stratégie de la terreur (voltigeurs, chiens, attaques de la moindre manif non déclarée) n'ont pas réussi à empêcher une partie du peuple en colère de revenir sur ces Champs Élysées devenus le symbole de la lutte des laissés pour compte face aux Fouquet's et au Homard !

Impossible de chiffrer le nombre de GJ présents sur Paris en ce 14 juillet tant la dispersion était forte en raison de la tactique des forces de l'ordre mais aussi des différents points de rdv tout au long de la journée. Il y a peut être eu moins de monde que lors des deux premiers ultimatums de 2019 (16 mars et 20 avril) mais ce qui est sûr, c'est que plusieurs milliers de GJ ont répondu à l'appel.
Que la détermination, la motivation et la joie étaient intacts chez tous ces manifestants.
Et que malgré l'énorme dispositif de sécurité, ces GJ ont réussi à faire dérailler le système et empêcher que Macron puisse fanfaronner et nier la réalité sociale et le mouvement contestataire toujours bien présent.

C'est sa défaite nationale.
Et c'est déjà une bien belle victoire pour tous ceux qui continuent de résister.

Crédit photo : https://stuvpic.me/


G7 BLOKATU : Bloquons le G7 et son monde !

Un appel du collectif G7 BLOKATU en cinq langues (français, basque, anglais, espagnol, allemand) à bloquer le sommet du G7 du 24 au 26 août prochain à Biarritz.

G7 BLOKATU est un collectif de personnes opposées au sommet du G7 qui se tiendra à Biarritz du 24 au 26 août prochains. Issu·e·s de la société ou militant·e·s engagé·e·s, nous portons l’urgence d’un monde meilleur aux antipodes de celui que représente leur sommet.


Le capitalisme s’incarne dans les sept chefs d’État et leurs acolytes qui se rassemblent en Pays basque. Ils y seront bunkerisés, (in)sécurisés : à distance des peuples qu’ils ne représentent plus. C’est l’occasion de leur prouver qu’ils sont seuls, entre eux, et qu’ils appartiennent à un temps révolu.


Notre objectif sera de perturber le bon déroulement du G7 par des actions de désobéissance civile massives en entravant ou bloquant la circulation des biens et des personnes qui participent au sommet. Ces actions, nous les voulons à notre image : solidaires, créatives et participatives.


Nous n’aurons ni canon à eau ni véhicule blindé léger. Nous n’utiliserons ni lanceur de LBD pour éborgner ni grenades pour mutiler. Nos seules armes seront nos corps que l’on expose, nos convictions, notre détermination et notre solidarité dans l’action.


Nous faisons appel à désobéir aux mesures sécuritaires imposées par le gouvernement qui décrète l’état de siège et de non-droit sur notre territoire. Nous refusons de céder devant l’ignominie de leurs menaces, nous refusons la peur et la tristesse. Nous luttons pour l’espoir et la joie.


Dès aujourd’hui, nous invitions celles et ceux que l’espoir d’un monde meilleur anime à nous rejoindre. Ensemble, imaginons et organisons des actions qui empêcheront les puissants de ce monde de se pavaner en toute impunité. Barrons-leur la route pour dégager d’autres chemins.


Peuples d’ici et d’ailleurs, vous, nous, soyons des milliers à les encercler, les isoler, les empêcher !
La violence est de leur côté, la justice du nôtre.

Info : g7blokatu@riseup.net


Jaunes, vertes, noires et rouges : les graines de la révolution sont plantées

L'histoire n'est jamais écrite à l'avance. Ceux qui tentent de convaincre du contraire sont ceux qui ont le plus à perdre dans l'idée d'un horizon différent et rempli de changements, voire de révolutions. Sept mois après le début du mouvement des Gilets Jaunes, le pouvoir et les médias dominants s'en donnent à cœur joie pour parler de cette révolte inédite au passé, pour faire comme si tout ce qui concerne les GJ se trouve uniquement derrière nous... Et pourtant ! On n'arrête pas une forêt en piétinant sa végétation, en l'enterrant. Car il y a les graines. Et les graines, cela pousse.

En sept mois, on peut raisonnablement estimer qu'entre 300 000 et 500 000 personnes ont participé au moins à une action Gilets Jaunes. C'est énorme et c'est potentiellement autant de graines révolutionnaires. Car la quasi-totalité de ces personnes reste convaincue que le pouvoir actuel ne sert que les plus riches et les plus puissants. Si elles ne viennent plus aux manifs, ce n'est pas parce que Macron les a convaincues. C'est plutôt parce qu’elles pensent que ces rassemblements ne peuvent aboutir réellement à un changement radical. Mais cela fait des décennies que l'envie de révolution n'a pas été aussi présente dans la population française !

Plus de 10 000 personnes ont été arrêtées au cours de ce mouvement historique. Plus de 800 peines de prison ferme prononcées. Des milliers de personnes blessées, dont plusieurs centaines très grièvement. On peut légitimement chiffrer à plus de 15 000 le nombre de personnes frappées par la répression policière et/ou judiciaire. Un chiffre vertigineux, qui prouve que le mouvement n'est pas un simple "mouvement social" mais qu'il porte en lui un ADN insurrectionnel, voire révolutionnaire. Le pouvoir ne tient que par la force, la menace et la peur. Peur d'être condamné à de la prison pour simple présence à des rassemblements non déclarés, peur de perdre un œil ou une main... voire pire.

Pourtant, malgré ces 15 000 victimes de la répression, malgré ces menaces, des milliers de personnes continuent de manifester, de bloquer, d'organiser des actions et des concertations. Cela tient presque de l’irrationnel quand on voit le mutisme du pouvoir qui ne sait répondre que par la violence et le mépris. Surtout, même parmi ceux qui ne manifestent plus, les mentalités ont évolué, notamment le regard face à la légitimité du pouvoir et de son bras armé.

Si Macron a réussi à maintenir l'ordre économique et politique en place, il l'a fait en dévoilant son vrai visage : autoritaire et ultra-violent. Le vernis démocratique, égalitaire et républicain de notre société a totalement volé en éclat face à la contestation. Notre société n'est démocratique que lorsqu'on ne la remet pas en cause. Drôle de démocratie...

Le résultat ? Des milliers de manifestants ont changé de regard sur la police, sur la légitimité du pouvoir mais aussi sur la légitimité d'actions de désobéissance et de résistance, y compris physique. Les médias ont parlé d'ultra jaunes ou d'infiltration des extrêmes pour analyser ce phénomène. Malheureusement pour eux, le phénomène est bien plus complexe et profond qu'une simple "infiltration". De plus en plus de personnes comprennent qu'un changement profond du système ne pourra avoir lieu sans déjouer les règles de ce système. Puisque les règles ont été faite pour le maintenir en place, ce système.

La question n'est même pas de savoir s'il faut ou non de la violence dans un mouvement. Il s'agit simplement de comprendre, et d'accepter que le système qui nous a été présenté depuis notre enfance comme ce qui se faisait de plus juste et d'égalitaire n'est désormais qu'une façade pour servir les plus puissants qui se gavent sur le dos des plus pauvres et de la planète.

Car la "radicalisation" comme voudrait l'appeler les médias dominants ne touche pas que les Gilets Jaunes. Les différentes mobilisations écologistes ont également connu ce phénomène. Car les mobilisations massives des derniers mois n'ont strictement rien changé à l'attitude des dirigeants politiques face à l'urgence climatique. Et si la répression a été moins violente, c'est uniquement parce que la mobilisation était moins gênante pour le pouvoir (si massive soit-elle). Dès que des militants écolos ont tenté des actions hors du cadre légal, même de façon totalement pacifique, le pouvoir a réprimé sans la moindre hésitation, à l'image de l'action récente d'Extinction Rébellion sur le Pont Sully.

Des graines vertes en plus des graines jaunes donc. Auxquelles nous pouvons rajouter des graines noires. Celles de Gilets Noirs, ces travailleurs sans papiers qui luttent avec courage et détermination depuis plusieurs mois pour des conditions de travail dignes et la liberté de circulation et d'installation. Des graines rouges également avec tous ces travailleurs syndiqués (ou non) qui ont décidé de se battre et de ne rien lâcher, malgré les trahisons des principales directions syndicales. A l'image des postiers du 92 ou des salariés et intérimaires de Géodis. Le monde de l'éducation mais aussi celui de la santé ont également compris que la lutte ne se gagnerait que de façon globale et radicale.

Si l'on prend un peu de recul, le mouvement contre la loi Travail de 2016 est lui aussi porteur de cette dynamique hautement subversive, avec l'apparition de cortèges de tête solidaires des black blocs, avec des pratiques de plus en plus offensives et alternatives. L'occupation de place pour échanger et réfléchir à une nouvelle société était également présente dans l'esprit de Nuit Debout. En trois ans, la société française a ainsi connu plusieurs mouvements sociaux aux visées clairement révolutionnaires et menés de façon totalement décentralisés et horizontales. Prendre conscience de cette situation, malgré les échecs à court terme de chacune des mobilisations, c'est cerner la puissance et le potentiel insurrectionnel de la société actuelle.

Ce mouvement de fond qui pousse des militants (ou simples citoyens) à penser la lutte de façon globale et radicale, le pouvoir n'a pas réussi à l'endiguer. Bien au contraire. Et si la fameuse "convergence des luttes" n'est aujourd'hui que parcellaire et ponctuelle, il y a une vraie convergence d'état d'esprit et de détermination. Une idée de l'urgence climatique et sociale. Une volonté de justice et d'égalité. De vivre dans la dignité et de ne plus survivre.

Personne ne peut prédire l'avenir. Mais nous savons que ceux qui nous présentent un avenir où la contestation radicale du système n'a plus lieu d'être sont uniquement ceux qui craignent cette contestation. Et nous savons que semaines après semaines, mois après mois, le rang des résistants et des effrontés grossit. Avec ou sans gilets jaunes. Avec ou sans Kway noirs.

Plusieurs centaines de milliers de graines jaunes, rouges, noires et vertes sont en train de germer et de grandir sous le sol. Personne ne sait quand et comment elles sortiront de terre mais cela arrivera, n'en déplaise aux adeptes du conservatisme.