Sur le séisme dramatique en Turquie, Syrie et Kurdistan

Lundi 6 Février 2023, un séisme exceptionnellement violent, de magnitude 7,8 sur l’échelle de Richter, a frappé le sud de la Turquie aux abords de la ville de Kahramanmaras à environ 60km de la frontière syrienne.

Il a été suivi quelques heures plus tard, d’une seconde secousse de magnitude 7,5 et de nombreuses répliques. Une catastrophe qui n’est pas sans rappeler celle d’Izmit en 1999 qui avait coûté la vie à 17 000 personnes dont 1000 dans la capitale, Ankara.

Des régions entières de Turquie et de Syrie ont été dévastées et on dénombre déjà environ 20 000 morts alors que les chances de retrouver des survivants s’amoindrissent au fil des heures.

Entre l'attitude démagogique du Nord global, le manque de coopération et d’aide au niveau international, le blocus économique contre la Syrie déchirée par la guerre civile, qui continue même en période d’urgence et la gestion de crise catastrophique d’Erdogan, les victimes se retrouvent abandonnées à leur sort.

Il est par définition impossible de prédire ces phénomènes extrêmes, au mieux nous pouvons vaguement anticiper une réaction s' ils se produisent. Néanmoins, la gestion de cette crise et son traitement médiatique révèlent des impasses sur bien des aspects.

 

La faille anatolienne, une zone à risque

La terre est en mouvement perpétuel de l’intérieur, ses plaques tectoniques se déplacent constamment. Située au nord de l’Anatolie et à Chypre, la faille anatolienne présente plusieurs “zones à risques” appelées aussi segments.

C’est une « microplaque », c’est à dire une plaque qui naît d’une zone de fracture entre les 14 plaques tectoniques majeures qui recouvrent le globe. La plaque anatolienne a pour particularité d’être en contact avec la plaque arabique, africaine, eurasiatique et de la mer Égée. Son activité sismique y est conséquente et imprévisible.

Dans le cadre du premier séisme, il s’agirait d’un mouvement coulissant de cette plaque au contact de la plaque arabique. L’est de la plaque (plaque est-anatolienne) n’avait pas connu de séisme majeur depuis plus deux siècles en Août 1923. A celà s’additionne un deuxième tremblement de terre qui a surpris plusieurs sismologues car celui-ci ne serait pas une réplique.

« Il est vrai que les prédictions faisaient plutôt état d'un séisme de magnitude 7 à 7,4. Avec une magnitude de 7,8, qui indique que l'ensemble de la faille a été mobilisée, on pouvait s'attendre à ce que toutes les contraintes soient libérées et donc que les répliques aient des magnitudes plus faibles lors du retour à l'équilibre de la faille comme attendu. Visiblement, les contraintes plus au Nord n'ont pas été relâchées et, quelques heures après le premier séisme, un deuxième de magnitude 7,5 s'est produit sur un segment différent, orienté d'Est en Ouest. Son mécanisme est donc différent. Cela est sans doute dû à la forte complexité des structures présentes dans cette jonction triple entre les plaques tectoniques africaines, arabiques et anatoliennes. » explique dans Sciences et Avenir le chercheur Jean Virieux, chercheur au sein de l'Institut des Sciences de la Terre. (Article « Séisme en Turquie et Syrie : jusqu'à 9 mètres d'écartement entre les bords de la faille »).

Les séismes et leurs répliques ont touché directement Chypre, la Jordanie, le Liban, la Géorgie, l’Arménie et l’Irak et les premiers bilans des scientifiques sont tristement impressionnants.

A chaque catastrophe naturelle majeure se pose la même question : peut-on tout justifier par l’imprévisible ?

 

La vétusté des logements mise en cause

Rappelons qu’après la catastrophe de 1999, la Turquie avait imposé de nouvelles règles sur le logement, censées imposer un cadre de construction plus strict. Or, les logements sociaux gérées par la société TOKI seraient parmi les plus touchées par les destructions.

Vulcanologue à l'Université britannique de Portsmouth, Carmen Solana, rapporte à l’AFP que "La résistance des infrastructures est malheureusement inégale dans le sud de la Turquie et particulièrement en Syrie. Par conséquent, sauver des vies dépend maintenant de la rapidité des secours".

La qualité des matériaux de chantier ou le manque de respect des normes peuvent expliquer la résistance ou non d’immeubles situés dans le même quartier. Les effondrements brutaux de résidences s’effondrant tels des châteaux de cartes compliquent l’accès aux secours.

« L'importance des destructions dépend également de la longueur de la rupture du sol le long de la ligne de faille (une centaine de kilomètres pour le séisme de lundi) (...) Cela signifie que n'importe quel point à proximité de ces 100 km s'est retrouvé, de fait, au centre du tremblement de terre. » (Source : Géo, Bill McGuire vulcanologue pour l’ULC)

Enfin, la situation météorologique hivernale rend les conditions de survie laborieuses. Comme à l’accoutumée, nous avons à faire à une course contre la montre laissant derrière elle un désespoir majeur et son lot de miraculés et de survivants qui pourront témoigner de l’ampleur et de la gravité de la situation.

 

Erdogan critiqué : laisser aller volontaire ou défaillance étatique ?

Le président turc est largement critiqué pour sa gestion ou plutôt son ingérence. L’aide civile aurait mis plus de 24, voire 48h pour arriver dans les districts de Pazarcik et Elbistan, à Maras (Kurdistan), situés sur les deux épicentres. L'implication des infrastructures étatiques est jugée très loin d’être la hauteur, le chef d’état autoritariste a fini par reconnaître “des lacunes”.

Il est important de rappeler que le Kurdistan, situé à l'épicentre, est le plus impacté et qu’Erdogan fera le minimum pour y déployer l'aide d'urgence, et ce pour des raisons purement politiques. L’Etat turc a d'ailleurs déjà pris le contrôle sur le dispositif humanitaire, régulant l’aide civile à son bon vouloir. Des collectes du HDP, parti de gauche radicale, ont par exemple été interceptées et saisies.

Pour couronner le tout, plusieurs témoignages accusent l'État turc d’avoir bloqué les accès aux réseaux sociaux, notamment Twitter, pour étouffer la contestation et ce malgré l’utilité de ces plateformes dans les sauvetages. Les utilisateurs auraient eu recours à des VPN pour contourner cette censure. Même certains partisans du président ne cachent plus leur colère.

Dans une vidéo devenue virale, un membre du conseil exécutif du district de l'AKP (le parti du président Erdogan) à Hatay-Kırıkhan, s'indigne : "Maudit soit ce gouvernement. Tous mes enfants sont sous ces décombres. Il n’y pas un seul homme d'État. Tout ce qu'ils font c’est pour le spectacle. Qu'ils viennent m'arrêter."

Concernant, le Rojava, le compte Twitter d’Azadi, rappelle que “L’aide humanitaire est très limitée dans la zone. Envoyer des dons et matériels sur place est très difficile, passer par la Turquie ou le régime de Damas étant impossible. Le Rojava travaille avec les ONG sur place afin de les aider à atteindre toutes les zones en Syrie”.

 

(Pour faire un don au Soleil rouge - Roja Sor Kurdistan : http://rojasorfrance.com)

 

Catastrophe syrienne sous fond de guerre civile

Le Secours Rouge a appelé l’UE à une levée immédiate des sanctions internationales qui pénalisent l’ensemble de la population syrienne, plus particulièrement les plus précaires. Réélu à 95%, le dictateur El Assad se retrouve renforcé alors que l’Occident fantasme sur une chute du régime en appauvrissant la population. Dans ce genre de situation, ce blocage freine toute possibilité d’arrivées massives des aides.

« J'appelle tous les pays de l'UE à lever les sanctions économiques contre la Syrie (...) il est temps, après ce tremblement de terre », M.Khaled Haboubati, directeur syrien de l’organisation.

En dehors du Rojava, le séisme a aussi dévasté dans le Nord-Ouest syrien à Alep, Hama ou encore Idlib dernière poche rebelle partagée par les dissidents d’Al Qaïda à et une coalition de rebelles alliant groupes “islamistes”, parfois pro-démocratie, plus rarement libéraux regroupés derrière l’Armée Syrienne Libre, soutenue et armée par la Turquie.

Le Nord-ouest a été déchirée par la guerre civile, la division entre factions rebelles, la cruauté des bombardements et de la répression de l'État syrien en générale ou encore la présence de Daech, sous fond d’impérialismes régionaux ou plus conséquents, nous ne pouvons que constater, que toutes les nations et forces impliquées dans ce conflit ne feront pas de ce cataclysme une priorité.

Les températures glaciales viennent s’ajouter au désastre de plus de dix ans de guerre civile d’un pays qui a vu la mort de plus d’un demi-million de personnes dont plus de 306 000 civils et des centaines de millions de déplacés depuis 2011.

Le nord de la Syrie se retrouve dans l’incapacité de faire face à cette situation et les survivants au tremblement de terre risquent d’être amenés à vivre une nouvelle catastrophe immédiatement.

 

Service minimum de l’OTAN

Côté occidental, l’Europe envoie 79 chiens de recherches et 1185 secouristes venus de 19 états-membres. Les Etats-Unis, de leur côté, envoient deux équipes de secouristes en Turquie et le président Biden promet à son homologue turc une aide conséquente. La Syrie appelle l’UE à l’aide, de son côté le chef de la diplomatie affirme qu’une aide sera envoyée tant qu’elle ne tombe pas aux mains du régime.

Envenimer le conflit ukrainien plutôt que le résoudre impacte logiquement le sens des priorités, et les capacités de mobilisation des équipes se retrouvent forcément amoindries.

 

A quoi s’intéresse la presse mainstream ?

On ne peut que saluer les secouristes et les personnes qui tentent de sauver des vies parfois au péril de la leur. Nous sommes naturellement touchés par la mort ou la survie d’un être humain retrouvé sous les décombres ou survivant à ses blessures.

Cependant, les récits des médias mainstreams français se résument globalement au récit de ces histoires, plutôt qu’aux conséquences et aux facteurs qui impacteront sur la situation économique, sociale et politique des zones touchées à court et moyen terme. Ce que nous retenons en plus de notre tristesse, c’est un sentiment d’impuissance.

Les catastrophes naturelles ne peuvent être évitées, certes. Mais les facteurs aggravants sont le plus souvent le résultat de la volonté arbitraire de celles et ceux qui méprisent l’humanité.

Il ne devrait s'agir là que de solidarité. La seule chose dont toutes les victimes aient besoin. Le seul levier à actionner, sans faire de différence entre les humains.


Le racisme n'est pas une maladie

Il ne se guérit pas. Il se combat en détruisant les structures qui le créent et qui l’abritent.

Peu de monde semble vouloir mesurer la gravité de ce qu’il vient de se passer en France. Pas seulement l'attentat contre les Kurdes en lui-même, mais également son traitement policier, judiciaire et médiatique. Rendez-vous compte : l'auteur de l'attentat, qui sortait de détention provisoire pour une précédente attaque sur des migrants, déclare lui-même avoir agi par racisme, et avoir ciblé les Kurdes parce qu'ils avaient faits prisonniers des combattants de DAESH, au lieu de les avoir tués. Résultat ? Sa garde à vue a été levée et il a été provisoirement transféré vers l’hôpital psychiatrique.

Le médecin de la préfecture avait en effet estimé que son état de santé mentale n'était "pas compatible avec la mesure de garde à vue". Qu'importe qu'il ait été renvoyé en GAV dimanche 25 décembre. Le simple fait de l'avoir sorti aussi rapidement et d'avoir déclaré son état de santé mentale incompatible avec un interrogatoire peut déjà dire beaucoup de choses. Des choses graves et indignes pour l’État français mais tout à fait compatibles avec sa ligne politique et ses valeurs républicaines si actuelles.

Imagine-t-on un terroriste salafiste-takfiriste (qualifié d’islamiste ou djihadiste par la presse), venant d'effectuer un attentat à Paris, qui serait sorti de l'interrogatoire pour être envoyé en hôpital psy parce qu'on estimerait sa santé mentale incompatible avec une détention ? Le tollé serait monumental, prenons l’attentat de Nice comme élément comparatif sérieux.

La Justice considère que ces fondamentalistes ne sont pas des malades mentaux mais des personnes endoctrinées et porteuses d'une idéologie mortifère. Leurs idées, si dangereuses soient-elles, sont considérées comme dotées d'une logique et d'une construction « sensée ». Il s'agit d'une idéologie, d'un choix de société.

Tout cela est éminemment politique. Et ce, que la personne soit « un loup solitaire de Daesh » ou totalement intégrée dans des réseaux structurés. On pourrait même pousser le raisonnement jusqu'au point Godwin en se demandant s'il aurait fallu interner tous les nazis dans un hôpital psychiatrique sans les combattre et les condamner ?

Nous ne disons pas qu'il faut considérer toutes ces personnes comme des ennemis dont il faudrait se débarrasser. Nous tâchons de souligner qu’il y a derrière des mécanismes de pensée et une société qui poussent à créer ce qu’elle décrit comme des monstres, jamais comme SES monstres. Et qu'on ne guérit pas le racisme et l'intolérance. On les combat. Idéologiquement, et physiquement s'il le faut.

Que William Mallet souffre de troubles d’ordre psychiatriques ou pas ne change finalement pas grand chose aux conditions matérielles de ses actes. De la même façon que pour les frères Kouachi par exemple. Vouloir éviter ces attentats nous imposerait d'essayer de comprendre pourquoi et comment ces personnes en sont arrivées à devenir ce qu'elles étaient au moment de leur passage à l'acte.

Car on ne naît pas raciste, on ne naît pas fasciste. On le devient. Ne pas le comprendre, c'est être dans le déni de ses propres responsabilités dans les drames passés et à venir. La société est raciste dans son intégralité et nous en sommes malheureusement toutes et tous imprégnés à des niveaux différents, y compris les populations racisées. « Le racisme n'est pas un tout mais l'élément le plus visible, le plus quotidien, pour tout dire, à certains moments, le plus grossier d'une structure donnée » disait Fanon.

Pour en revenir à William Mallet, nous devons prendre conscience du choix politique du pouvoir français, de considérer qu'un Français qui commet des horreurs contre des Kurdes est une personne instable psychologiquement qu'il convient de « soigner » alors qu'un arabe ou un noir ayant commis les mêmes horreurs sur des Français sera considéré comme un ennemi, un combattant, totalement conscient de ses actes.

Le traitement de l'affaire par les médias mainstream ne fait qu'accompagner cette terrible narration. La plupart des médias français mais surtout les mandataires de l’État n'ont en effet pas utilisé le terme de terrorisme, alors qu’ils n’avaient pas ce problème quand, par exemple, il s’agissait de polémiquer autour de ce terme concernant des militants écologistes opposés aux megabassines.

Ils n'ont même pas voulu donner le nom de famille de William Mallet, ne précisant que le M après son prénom. On a jamais vu ces mêmes médias décider de ne pas dévoiler le nom de famille des auteurs d’attentats comme ceux de Charlie Hebdo ou du Bataclan. La fachosphère qui s'était emballée sur le nom de famille "étranger" du terroriste, en relayant une fausse info, partie d'un twittos, se reporte finalement sur la théorie du pauvre vieux malade, dont nous devrions avoir pitié.

Cette graduation témoigne bel et bien d’un racisme et d’une passivité d’un État qui a ouvert des brèches pour propager le racisme déjà solidement ancré dans la société française.On voit ainsi qu'un terroriste qui revendique son racisme sera traité par la police, la justice et les médias d'une façon bien particulière et, avouons-le, avec une certaine « bienveillance ». Bien plus qu'un terroriste mais aussi qu'un militant d'extrême gauche, un « islamogauchiste », un écologiste ou un anarchiste et autres militants dits « d’ultragauche » venant de commettre une action considérée comme illégale.

Établir un parallèle entre des activistes progressistes déterminés qui n’ont jamais tué personne et Daesh ou Al Qaïda a un objectif politique qui n’a rien d’anodin. Criminaliser la révolte et l’accuser de ce qu’elle n’est pas, quitte à faire des raccourcis invraisemblables. Celui-ci va de pair avec le fait de minimiser le danger de l’extrême-droite qui d’un côté gouverne dans beaucoup de pays, et de l’autre, représente le plus grand danger concernant les risques d’attentat dans le monde occidental. Dans ces conditions, William Mallet, personne âgée, française, est donc logiquement instable psychologiquement. Gerbant, une souillure pour les victimes de ce raciste.

Alors nous le dirons, redirons et répéterons tant qu'il le faudra : le racisme n'est pas une maladie. William Mallet est un raciste qui a commis un attentat contre la communauté kurde. En solitaire ou commandité par des organisations, cela ne change rien à l'histoire. Il convient de traiter ce terroriste comme tel, afin de tenter de dissuader les prochains sur la liste sombre des criminels racistes.


Au lendemain des attentats du 13 novembre le PS ouvrait la voie à l'extrême-droite

Assignations à résidence, perquisitions administratives, déchéance de nationalité : la réponse aux attentats a marqué le virage illibéral autoritaire en France

 

Il y a quelques jours, nous commémorions les attentats du 13 Novembre en pensant aux victimes.

À l’heure où tout le monde parle du danger de l’extrême-droite, il est bon de rappeler les événements qui ont suivi le 13 Novembre 2015, et que la gauche a accéléré le racisme d'État et les mesures autoritaristes de manière spectaculaire.

L’État d’urgence mis en place au lendemain du massacre du Bataclan aura été un accélérateur et même un moteur liberticide et raciste, ouvrant la voie à la situation actuelle.

Pour rappel :

La préfecture avait autorisé des perquisitions administratives dans les domiciles, de jour comme de nuit, par simple accord du juge antiterroriste.

Dans un rapport, l’association Human Rights Watch énonce que « Ces abus ont traumatisé des familles et entaché des réputations, donnant l’impression aux personnes ciblées d’être des citoyens de seconde zone. »

Des milliers de familles musulmanes ont été perquisitionnées de manière complètement arbitraire sous des prétextes complètement fallacieux de dénonciation sur base de la suspicion.

On dénombre 3200 perquisitions, environ 400 assignations à résidence, des dérives graves (violences policières) qui aboutiront à seulement cinq ouvertures d’enquête.

Le Défenseur des droits reçoit des dizaines de plaintes, et le CCIF documente 180 cas d’assignations à résidence et de perquisitions abusives, ce qui semble largement en dessous de la réalité car beaucoup de familles n’ont pas osé porter plainte ou dénoncer ces dérives.

Les assignés à résidence sont humiliés, privés de leur liberté de circulation et stigmatisés.

Les autorités contraignent les personnes à rester à leur domicile jusqu’à 12 heures par jour, limitent leurs déplacements et peuvent exiger qu’elles se présentent au commissariat jusqu’à trois fois par jour

Parmi eux, une poignée d’écologistes à la veille de la Cop-21 pour des raisons toutes aussi fallacieuses seront aussi touchés par ces mesures.

Comble de l’ignominie, la proposition d’une loi sur la déchéance de nationalité qui fera même démissionner des ministres.

Ces mesures marquent le début d’une islamophobie d’Etat décomplexée et une avancée supplémentaire en faveur de la surveillance globale.

Seules les organisations de l’antiracisme politique ont réagi, malaise du côté des complices du gouvernement Valls, ne serait-ce que par leur silence. Où était l’antiracisme moral et institutionnel à ce moment-là ?

Du bilan de 5 ans de gauche au pouvoir, en plus de l’ultra-libéralisation, nous ne retenons que ces excès répressifs envers les manifestants, la normalisation de l’islamophobie au niveau institutionnel et la continuité de la chasse aux exilés, ainsi que le durcissement des conditions d’asile.

Toutes celles et ceux de gauche qui se sont tus pendant cette période peuvent continuer à la mettre en veilleuse, ils sont tout aussi responsables de la montée du fascisme que Bolloré.


Des gaz qui ouvrent les yeux

« J’ai suivi Liverpool partout dans le monde. J’ai assisté à cinq finales en Europe. Je n’ai jamais vu une telle incompétence dans l’organisation. Mais le pire restera la brutalité horrible de la police française. Gaz lacrymogènes. Armes pointées sur les supporters. » C'est un journaliste spécialiste de Liverpool qui témoigne dans Médiapart au lendemain de la finale de la ligue des Champions au Stade de France.

Il y a les mots, et il y a les images aussi : des enfants suffocants et pleurant sous les gaz, 135 blessés annoncés officiellement, des scènes où les forces de l'ordre gazent à bout portant, gratuitement. Des policiers visant des supporters avec des LBD. La BRAV-M qui matraque tout ce qui bouge dans la fanzone à Nation, des journalistes obligés de supprimer leurs photos/vidéos de violences policières pour pouvoir entrer dans le stade et couvrir le match...

En une soirée, l'Europe a fait connaissance avec une réalité que côtoient des millions de Français depuis le premier quinquennat Macron. Car sincèrement, toutes les scènes vécues par les supporters anglais et espagnols samedi soir n'ont, tristement, rien d'inédit pour ceux qui sont habitués des manifestations sportives ou politiques.

Depuis 5 ans, et particulièrement depuis l'arrivée de Lallement à la tête de la préfecture de Paris, le pouvoir a décidé de gérer les « rassemblements » par une stratégie très radicale : la terreur. Traumatisé par les premiers épisodes des Gilets Jaunes, le pouvoir est convaincu que « la meilleure défense reste l'attaque ». Les unités de police, de CRS, les BRAV-M ont donc carte blanche pour balancer du gaz lacrymo, pour matraquer, pour tirer au LBD ou balancer des grenades de désencerclement. Pas besoin d'avoir commis une infraction pour être réprimé, il suffit que la police juge que vous avez le mauvais look, ou comportement.

Dans la presse aujourd'hui, chacun pointe les responsables du fiasco de cette finale : pour certains, ce serait la faute de supporters anglais qui auraient tenté d'entrer dans le stade avec des faux billets, pour d'autres, ce seraient des jeunes du 93 qui auraient eux aussi tenté d’accéder au stade... D'autres parlent de supporters anglais complètement saouls et irrespectueux. La police britannique de Liverpool présente au stade a évoqué des circonstances choquantes et défendu le comportement "exemplaire" des supporters des Reds pendant la rencontre, "la pire" à laquelle elle dit avoir jamais eu affaire en terme d'organisation

Il y a sûrement eu des dizaines de personnes qui ont eu des comportements répréhensibles lors de cette journée/soirée. Des dizaines sur près de 100 000 supporters présents dans une ville qui accueille la finale la plus importante de l'année en Europe. Mais cela arrive à chaque événement d'une telle importance dans le foot, notamment avec des clubs aussi populaires que Liverpool, avec plusieurs dizaines de milliers de supporters présents pour encourager leur club, même sans avoir la chance d'accéder au stade. Et pourtant, cela ne se passe pas comme ça habituellement - ailleurs qu'en France en tout cas.

D'ailleurs, il est notable de voir qu'il n'y a eu aucun affrontement entre les supporters de Madrid et de Liverpool, aucun acte qui aurait pu permettre au pouvoir de justifier sa stratégie ultra violente. Si la soirée s'est déroulée avec une telle violence, c'est tout simplement parce que la France a décidé de gérer les matchs de foot avec la doctrine du « tout répressif ». Et cela ne date d'ailleurs pas de Macron. Les Interdictions Administratives de Stade, qui ont été le laboratoire des restrictions de libertés désormais appliquées dans le domaine des luttes sociales et politiques, ont été érigées en principe, tout comme l'interdiction de fumigènes, la dissolution d'associations ou l'interdiction de déplacement. Les supporters français qui ont vu les images d'hier à la TV n'ont d'ailleurs pas dû être particulièrement étonnés. Cela ressemble à leur quotidien de supporters traités comme des sauvages et terrorisés en permanence.

On le voit bien, la doctrine de "maintien de l'ordre" française adoptée face aux supporters de foot est exactement la même que face aux militants politiques (Gilets Jaunes, antifa, écolo, étudiants...).

Dans la presse, de nombreux journalistes et même responsables politiques étrangers se sont interrogés sur la capacité de la France à organiser les Jeux Olympiques dans deux ans. Qu'ils se rassurent : ces JO devraient se passer dans le calme : cet événement sportif, si suivi soit-il à la TV, n'a jamais déchaîné les foules dans et surtout hors des stades. Les JO sont d'ailleurs le parfait exemple de ce dont rêve la société capitaliste pour le sport : un événement massif, permettant d’engranger des milliards, mais sans supporters. Avec de simples « spectateurs consommateurs ». C'est d'ailleurs aussi de cela dont rêve la FIFA et l'UEFA, même s'ils tentent de surfer sur la ferveur des supporters et en faire un atout marketing.

S'il fallait retenir deux choses de cette débâcle sécuritaire au Stade de France :

1/ La stratégie de la terreur menée par Macron/Darmanin/Lallement, proche d'un régime autoritaire, a éclaté aux yeux de tous. Elle a touché hier les supporters anglais mais les supporters français le vivent depuis des années, tout comme les militants politiques et sociaux.

2/ Le football, sport le plus populaire du monde, ne cesse d'être pris en tenaille entre les dérives ultralibérales de ses dirigeants, et une base de supporters qui reste populaire, y compris dans des clubs qui évoluent dans des sphères de milliardaires. Car si certains ont décidé de se couper des clubs de haut niveau pour se tourner vers des divisions inférieures (avec des clubs amateurs et/ou autogérés, que ce soit en Angleterre, en Italie ou en France), de très nombreuses personnes continueront de suivre et d'encourager des équipes qui ne voient en eux que des sauvages.

On remercie presque la presse étrangère d'être aussi choquée par les images du Stade de France. Car, au final, cela nous rappelle à quel point tout cela n'a rien de « normal » dans une "démocratie" (cependant qualifiée récemment de défaillante par le groupe britannique The Economist). La banalisation de la situation aurait pu nous faire basculer dans le doute, et nous faire penser que nous étions peut être dans l'exagération face au silence complice d'une grande partie des médias français depuis plusieurs années.

Il n'en est rien, et nous continuerons à pointer du doigt ces dérives autoritaires et répressives inacceptables.


Nous ne sommes pas N(D)UPES

- NUPES, 5 lettres pour tout reconstruire ? Ou pour tout détruire ? -

L'alliance entre la FI, le PS, le PCF, EELV et Générations est présentée par ses protagonistes comme historique. Elle l'est probablement. Mais pas dans le bon sens de l'histoire. Toutes les négociations et compromissions de ces derniers jours sont là pour maintenir le social-liberalisme le plus vomitif en place. Nous ne sommes pas dupes et nous ne seront jamais NUPES. Il n'y aura pas rupture par les urnes.

Si cette coalition opportuniste arrive à avoir une majorité à l'assemblée nationale, on ne pourra que se satisfaire que Macron perde sa majorité et vive une cohabitation.

Mais nous ne doutons pas que les 5 ans que la France connaitrait avec un gouvernement qui comporte des membres du PS, du PCF et de EELV ne serait qu'un quinquennat de social-démocratie de plus. Probablement moins ultra libéral que 5 ans de Macronisme. Certainement moins raciste aussi. Mais loin d'être en adéquation avec nos valeurs et combats.

Mais si ce n'était que ça, nous pourrions nous "satisfaire du moins pire". On en a tellement pris l'habitude depuis des décennies.

Non, là, les conséquences sont bien plus graves pour notre camp. Cet accord remet au centre du jeu les partis de la gauche moisie que nous avons tant vomis, à juste titre, depuis des années. Ces partis qui, année après année, ont été mis en échec électoralement. et qui allaient être marginalisés et renvoyés aux oubliettes de l'histoire. D'un coup d'accord électoral, et pour "simplement" réussir à avoir une majorité, l'Union Populaire a redonné plusieurs années de vie au PS ou au PCF.

Qu'on ne nous dise pas que cela va obliger ces partis à revenir dans des considérations plus radicales et plus à gauche. Comment croire encore ce type de raisonnement ? Le PS n'est plus un allié depuis des années. On n'ose même pas établir la liste des exemples tellement elle est longue, aussi bien au niveau national que local. Le PS fait partie du problème. Il est à combattre autant que les partis de droite et d’extrême droite. Et malheureusement, il n'est pas le seul à gauche.

Cette alliance va également couper ce qu'il reste de la gauche, d'une partie de la population qui ne rêve que de renverser le système, et certainement pas de pactiser avec lui.

Les stratégies électorales, les alliances ponctuelles, les compromissions permanentes sont à l'origine de la catastrophe actuelle à gauche.

Les élections et les structures de pouvoir ne sont pas pour nous le centre des luttes à mener. Il n'empêche, nous ne pouvons en faire abstraction dans nos raisonnements. Aussi, les choix faits ces derniers jours par une gauche qui se disait radicale, impactent durablement le paysage des partis politiques français.

Notre conclusion est qu'il ne faut clairement plus rien attendre des partis politiques de gauche. Qu'il va falloir construire en dehors de leur cadre, qu'on pensait sur la fin, mais qui ne cesse de revenir et de se renforcer.

Nous avons conscience qu’une partie de l’électorat de la gauche se retrouve aussi dans nos luttes. Pour nous c’est elle la plus importante car c’est elle qui influencera les lignes politiques du camp progressiste.

Nous combattrons toutes les formes de libéralisme. Que celui-ci soit le libéralisme autoritaire incarné par Macron, que ce soit le social-liberalisme désormais incarné par la nouvelle union populaire ou le libéralisme proto-fasciste des extrêmes droites.

Nous devons penser et organiser dès maintenant le mouvement social qui vient. Le capitalisme ne tombera pas par l'arrivée d'un Mélenchon premier ministre. Nos souffrances perdureront si nous croyons en eux. Nous sommes notre propre solution.

Organisons le mouvement social qui vient. Préparons le. Diffusons l'idée du mouvement de masse imminent dans nos quartiers, nos lieux de travail, nos bahuts. Préparons le calendrier, les échéances. Les jours de grève, les lieux stratégiques. Prenons le temps de le faire bien.

Quelques mois peut-être, pour voir arriver, après l'été, au retour des congés, le premier lundi matin de rentrée, le plus détesté de tous. Voir son lieu de travail, son bahut, sa fac, sa rue, occupés bloqués, sabotés. Dans le but d'envoyer un signal : leur monde est fini.


Comprendre nos défaites

Il est souvent difficile d'être lucide lors d'une défaite. C'est pourtant toujours salutaire. Surtout lorsqu'on parle non pas d'une seule défaite, mais de plusieurs. Et pas des moindres.

Passé le soulagement de savoir que Marine Le Pen ne serait pas présidente de la République, nous avons été obligés de constater que la victoire était pour Macron et son monde. Et qu'il s'agissait donc d'une défaite pour notre camp. Pour nos camps.

Plus de trois ans après le début du mouvement insurrectionnel des Gilets Jaunes, Macron, qu'on pensait incapable de finir son mandat, est réélu. Deux ans après un soulèvement antiraciste majeur de plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues contre le racisme institutionnel, Macron est réélu lors d'un second tour face à une candidate encore plus raciste que lui, avec un score de l’extrême droite totalement inédit. Alors que pendant tout le quinquennat, des manifestations et des grèves massives pour le climat ont eu lieu, Macron est réélu alors qu'il incarne, sans s'en cacher, tout le système ultra libéral occidental responsable de la catastrophe climatique.

On pourrait continuer encore longtemps cette liste de défaites. Mais ce serait oublier la principale, celle qui cristallise l'ensemble de ces échecs : les tenants du pouvoir politique et médiatique, par la peur (justifiée) de l'arrivée d'une fasciste au pouvoir, ont réussi à faire se concentrer toutes les attentions et les énergies sur une élection. Alors même que jamais autant de Français n'ont dénigré (là encore, à juste titre) le système actuel.

Imaginez un peu le tour de force : des millions de personnes se révoltent depuis plusieurs années et sont prêtes à renverser le système. Ce système, pour se maintenir, emprunte la voie de l'autoritarisme et distille un discours de plus en plus raciste, faisant logiquement monter les partis d’extrême droite (bien aidés par les médias des milliardaires). Ce faisant, il arrive à faire de la menace "Le Pen" une réalité encore plus crédible qu'en 2017. Face à cela, l'ensemble du champ politique, social, syndical, et même révolutionnaire, concentre son énergie et ses forces sur cette élection.

Non seulement l’élection présidentielle est redevenue centrale dans nos vies, ce qui est déjà une énorme victoire du système, mais en plus, les forces contestataires, capables de renverser le système, se déchirent pendant des mois et se tirent dans les pattes selon leur choix d'appeler à voter ou non, et si oui, pour quel candidat.

Alors que la 5e république n'a jamais été autant remise en cause. Alors qu'un président n'a jamais été aussi détesté... jamais il n'y aura eu autant de "vote utile", que ce soit au premier ou au second tour.

Nous ne pouvons que constater cette défaite majeure, et lourde. Le système a réussi à se montrer "indispensable". Même pour ceux qui veulent le combattre. Nous ne doutons pas que les prochaines semaines emprunteront la même partition, au moins jusqu'aux législatives.

La question n'est pas de pointer les responsabilités au sein de nos camps. Chacun a fait ce qu'il a pu et ce qu'il a cru être le moins pire au vu de la situation.

Non, la vraie question, c'est comment faire en sorte que nous ne nous retrouvions pas dans la même situation dans 5 ans. On sait que Macron est détesté. Que des millions de Français (et de citoyens du monde entier) veulent changer de système. Qu'il y a une vraie prise de conscience que les ultra riches sont en train de détruire toute la planète pour leur simple intérêt.

Mais comment réussir à concrétiser cette rage, cette colère, ce désespoir parfois, en quelque chose qui puisse vraiment changer nos vies, qui puisse vraiment détruire le système ? Clairement, il ne faudra pas attendre que cela se fasse par des élections. Ni présidentielles, ni législatives, ni municipales. Pour que le système change profondément, il faudra le détruire. Et reconstruire par dessus. Mais vu l’échec lors de la sublime et inattendue tentative des Gilets Jaunes, il nous appartient de comprendre comment ne pas reproduire cette défaite. Pour que ces défaites ponctuelles puissent se transformer, un jour, en un échec et mat.


🕗 DIMANCHE 20H01 : SORTIR DE LA TORPEUR

On sait que ce sera la merde pour nous. Mais faisons en sorte que ce le soit aussi pour eux.

 

Quelle campagne électorale de merde. Quelle non campagne aussi.

Macron est l'un des présidents les plus détestés de l'histoire de la 5e république. Et on sait clairement pourquoi. Et il le mérite. En 5 ans, le manager de la startup Nation a mutilé et incarcéré des milliers de militants, a détruit les acquis sociaux et fait tomber dans la précarité des millions de personnes, et a propagé le poison raciste jusqu'au plus haut niveau des institutions. Les crises (sanitaires, guerres) ne font que renforcer son autoritarisme au service d'un ultra libéralisme fanatique. Jamais il n'y a eu autant de personnes tombant dans l’extrême pauvreté. Jamais il n'y a eu autant de milliardaires en France. Eux-mêmes n'ayant jamais été aussi riches.

Face à lui, l'alternative est encore plus mortifère. C'est le fascisme, sans même le vernis libéral.

Quoiqu'il arrive dimanche à 20h00, nous serons donc dans la merde. Et nous serons encore plus désemparés que nous le sommes actuellement. L'horizon semble bouché. Les forces contestataires anesthésiées.

Pourtant, dimanche, dès 20h01, nous pensons que notre place sera dans la rue. Cela pourrait sembler vain. D'ailleurs, on vous le confirme, cela le sera. Mais face à la catastrophe qui est déjà sur les rails et qui sera adoubée une nouvelle fois dans le grand cirque médiatique et politique, on préfère paraître vains que paraître valider d'une quelconque façon cette mascarade.

Macron et son monde nous ont détruit et nous font vivre dans la merde. Mais il n'y a rien de plus dangereux que des gens dans la merde qui veulent faire tomber leurs bourreaux dans cette merde.

Alors dimanche dès 20h01, le temps ne sera plus à la torpeur. L'époque sera aux loups. Retrouvons nous en meute. Soyons primitifs. Sauvages.


Les fascistes en marche

Un second tour des présidentielles avec l'extrême droite, c'est désormais "habituel" en France. On vomit. Puis on reprend vite le cours de nos vies.

Un second tour avec l'extrême droite face à un président sortant, lui même rampe de lancement au fascisme. Ça, c'est une première ! Mais cela ne surprend personne. A peine va-t-on vomir d'ailleurs cette fois.

En 2002, quand Le Pen père arrive pour la première fois au second tour de la présidentielle, créant un véritable séisme politique, il ne recueille "que" 4,8 millions de voix. 20 ans plus tard, sa fille est au second tour avec 8,2 millions de voix (chiffres à affiner, il reste 3% de bulletins non pris en compte). Auquel on peut ajouter les 2,5 millions de voix de Zemmour. Soit plus de 11,5 millions de Français qui ont voté pour ces deux candidats ouvertement fascistes.

C'est vraiment flippant. Alors oui, on pourra se dire que l’abstention fait toujours plus (12,6 million), reste le premier parti de France, et qu'elle témoigne d'une crise profonde de ce système. Il n’empêche, plus de 11,5 millions de Français ont voté pour des fascistes.

Si on en est arrivés là. Ce n'est pas le fruit du hasard. Un fascisme aussi décomplexé et accepté par une partie de la société, c'était la seule option pour que le système ultra libéral parvienne à se maintenir. Macron a fait monter le monstre raciste depuis 5 ans en jouant totalement sa partition (lois liberticides, stigmatisation des minorités, dissolution d'associations, chasse aux exilés, répression amplifiée). C'est grâce à cela qu'il peut encore espérer gouverner 5 ans de plus.

D'ailleurs, l'autre sidération, c'est le score de Macron. Celui qui a autant méprisé le peuple, qui a fait un quinquennat d'une violence sociale et humaine inouïe, qui a conduit la France dans un système autoritaire et clairement pré fascisant... Ce mec fait bien plus qu'en 2017, gagnant 1,2 millions d’électeurs lors du premier tour.

C'est le candidat qui gagne le plus de voix entre 2017 Et 2022. Melenchon en gagnant 930 000 et Le Pen 610 000.

Alors oui, Mélenchon a "créé" la surprise, en talonnant Le Pen. Mais peut-on se réjouir de ce simple fait ? Si Mélenchon progresse nettement par rapport à 2017, cela s'est fait surtout dans une logique de vote utile et parce que sa ligne est marquée par un tournant qui a tenté de synthétiser cinq années de mouvements sociaux contrairement aux autres partis de gauche.

Cela se voit particulièrement avec les scores ridiculement bas de tous les autres candidats de gauche (ou même pseudo gauche comme Hidalgo/Roussel). Melechon a même bénéficié de soutiens jusqu'ici inédit de structures ou personnalités proche de l'autonomie, de l'antifascisme ou de l'anarchie. Cela n'a pas suffit.

Il ne faut pas non plus sous-estimer non plus le score de la gauche radicale et de l’abstention en outre mer, dans les quartiers populaires et au sein de la jeunesse, trois des couches les plus précaires.

Il y a eu en fait trois votes utiles : ultra libéral (Macron), fasciste (Le Pen), de gauche (Mélenchon)

Peu importe l'issue du second tour, ces cinq années à venir seront probablement les plus dures que nous aurons à traverser, dans l'histoire de la cinquième république. Ces cinq dernières années semblent annoncer la couleur, mais plus pour nous préparer à pire.

Les attaques seront sans relâche, les dissolutions risquent de pleuvoir, la liberté d'association sera sûrement fortement remise en cause au nom des lois sur les valeurs républicaines. Nous devons nous préparer à plusieurs options : nous servir des cadres légaux évidemment, mais aussi probablement à nous organiser en partie dans la clandestinité.

La parole révolutionnaire, déjà marginalisée par les médias mainstreams sera encore moins audible, elle aura moins d'écho et sera d'autant plus réduite. La bataille hégémonique continuera à se jouer sur la communication mais aussi et plus que jamais sur le terrain réel, c'est à dire la rue et partout où nous sommes physiquement.

Nous avons eu un avant-goût de ce que la Macronie peut faire en terme de dégâts sur nos vies et de son niveau de radicalité ultra libérale, croissant au fil des années pour détruire nos vies. Jusqu'où est-elle déjà allée ?

Le risque de voir l'extrême-droite au pouvoir est réel, qu'elle gagne les législatives ou pas, le résultat sera désastreux car sa légitimité aux yeux de la majorité de la population devient réelle.

A l'image du mandat de Donald Trump, cela ne signifie pas forcément que le pays instaurera réellement un régime fasciste comparable à celui des années 30/40 ou aux dictatures sud-américaines et du sud de l'Europe. Cependant, la propagation de ces idées sera encore plus conséquente, sa mainmise sur les institutions publiques ira crescendo. Si les contextes sont incomparables, la Pologne et la Hongrie démontrent quand même que les nationalistes ont des stratégies qui peuvent fonctionner lorsqu'il s'agit de s'inscrire sur la durée.

Prendre le pari de croire qu'un pré-fascisme déclencherait une révolution de facto est extrêmement risqué et demeure probablement un fantasme.

Ce ne sont pas quelques réactions insurrectionnelles marginales, même visuellement impressionnantes qui suffiront à renverser un état policier de plus en plus préparé à mater les révoltes.

Le Pen sera probablement pire que Macron, et dans les deux cas, nous aurons le droit à une politique internationale aux mains de l'impérialisme le plus décomplexé.

Qu'une réaction désespérée voire nihiliste éclate dans les jours à venir serait plus que compréhensible, car notre rage est totalement justifiable et même légitime. Nous pensons cependant qu'il est important de garder nos forces, nous en aurons besoin dès la fin du mois pour nous organiser à court, moyen et long terme.

Dans les semaines à venir, nous vous proposerons peut être des initiatives allant dans ce sens. Il ne s'agira pas seulement de dresser le bilan critique des dernières années de luttes, ni même de nous autoflageller. Nous avons déjà touché le fond.

Ce que nous souhaitons, c'est que nous participions toutes et tous à une reconfiguration et une structuration plus globale du camp révolutionnaire, que nous soyons forces de proposition, afin de surpasser notre torpeur face à cette situation très dure.

Le monde n'est pas fait que de gilets jaunes, autonomes, d'extrême-gauche, d'écolos, de citoyennistes ou de décoloniaux. Même si toutes ces personnes s'unissaient, cela ne suffira jamais pour une dynamique de masse contre leur monde.

Ne perdons pas espoir, même si c'est vite dit, soyons prêts à encaisser les coups, à les rendre mais surtout, et dès que possible, à les donner.

A bas la République et vive la démocratie directe !


Marielle Franco, 4 ans : ne pas oublier

Retour sur le féminicide politique d'une figure noire de l'opposition brésilienne.

Il y a 4 ans, le 14 Mars 2018, Marielle Francisco da Silva, dite Marielle Franco, meurt abattue par 4 balles dans la tête, ainsi que son chauffeur Anderson Gomes au volant de sa voiture...

Marielle Franco, était sociologue, militante des droits humains, membre du PSOL (parti socialisme et liberté), présidente du comité des femmes, conseillère municipale de la ville de Rio. Elle était impliquée sur tous les fronts : antiracisme, contre la négrophobie, féminisme, droits des LGBTQI+, contre les violences policières et perpétuées par les milices, opposée aux inégalités sociales, aux conditions de vie dans les favelas (ghettos brésiliens) et la corruption. Elle avait proposé 16 projets de loi et était arrivée 5ème aux élections municipales pour sa première candidature.

Noire et lesbienne, s'identifiant comme bisexuelle et se définissant comme "femme noire de la favela", elle a été ciblée par une violence extrême émanant de tous les clans conservateurs du centre-droit à l'extrême droite, y compris après son meurtre.

Le pouvoir blanc, raciste, libéral et misogyne ne la supportait pas et voyait en elle une ennemie redoutable. Le courage et la force de Marielle leur faisait peur, elle était la figure d'un renouveau militant prêt à tout pour améliorer les choses sur tous les fronts. Elle gênait en dénonçant tous les abus de pouvoir et scandales de corruption : police, foncier…

Son assassinat avait suscité une vague d'indignation et de colère à travers tout le Brésil, qui encore maintenant, résonne auprès d'une partie importante de la population.

Elle n'avait cessé de dénoncer les exactions particulièrement graves des policiers, de l'armée et des milices dans les favelas. Ces groupes, composés d'agents de sécurité, de policiers et militaires en service, exclus ou retraités.

Ils ont assassinés des milliers de personnes dans les favelas et se livrent à des rackets des habitants ainsi qu'à des assassinats. Pour la seule année 2019, le rapport de Coalition Solidarité Brésil, fait état de de 6000 personnes tuées par la police, dont près de 80 % sont des personnes noires (source Bastamag).

C'est une véritable mafia protégée par le président qui contrôlerait aujourd'hui un tiers de la capitale brésilienne : eau, gaz, électricité, accès à la TV et internet, racket des vendeurs ambulants et des commerces...

Les milices sont les héritières dans l'idéologie et la pratique, des escadrons de la mort, en place durant la dictature brésilienne et un peu partout en Amérique du Sud global (Colombie, Salvador, Uruguay, Honduras...).

Le 19 Mars 2019, un an après ce meurtre, les meurtriers finissent par être identifiés et arrêtés : Ronie Lessa, un policier militaire à la retraite (le tireur), et d’Elcio Vieira de Queiroz (le chauffeur), également ancien policier.

Toutefois, pour le moment, personne n’a pu prouver qui sont les commanditaires, il aura fallu attendre plus de trois ans pour que les clés USB, contenant plus d'un millier d'archives soient remises par un commissariat au ministère. Selon le procureur en charge de la lutte contre le crime organisé, «l'assassinat a été méticuleusement planifié pendant les trois mois ayant précédé le crime» (Source Libération).

De nombreuses pistes mènent sans surprise au clan de l'actuel président ouvertement fasciste, Jaïr Bolsonaro. Des accusations laissent à penser que lui, son fils et son clan pourraient être directement impliqués.

On découvrira que le tireur était voisin du président brésilien et que sa fille était en couple avec un des fils du président, quant au chauffeur on l'aperçoit faire un selfie avec.

Coïncidences ? Reste que le fils de Jaïr Bolsonaro a toujours plaidé en faveur de la légalisation des milices. Plus “troublant” : l'assassinat de Adriano Magalhães da Nóbrega, ancien policier commanditaire d'une milice qui aurait mené directement au clan du président brésilien avec qui il était en lien, plus particulièrement son fils Flavio qui avait embauché sa mère. Tous sont nommés dans un autre scandale impliquant le président, sa famille et un flic ripou : affaire Queiroz.

Il a aussi été prouvé que les balles utilisées provenaient du même lot vendu en 2006 à la police de Brasilia, que celles d'un autre assassinat ciblé de 17 personnes en 2015 par des miliciens : « les cartouches utilisées pour assassiner l’élue et son chauffeur proviennent d’un lot de munitions qui appartenait initialement à la police fédérale et qui a été détourné à des fins criminelles" (Source Amnesty International)

Les combats de Marielle sont ceux qui animent les activistes du monde entier.

Sa force et sa détermination doivent continuer à nous inspirer et son nom doit continuer à résonner 4 ans après ce crime odieux en espérant que toute la justice soit faite.

Nous rappelons aussi qu'à Paris, rue d’Alsace dans le 10ème arrondissement, un jardin public porte son nom à la suite d'une volonté et d'un travail émis par des activistes en lien avec sa famille.


Nouvelle intervention massive de l'Arabie saoudite au Yémen

Des années de guerre civile, un silence innommable et une complicité française

A la tête d'une coalition militaire, l'Arabie Saoudite annonce une nouvelle intervention de taille au Yémen.

Empêtrée dans un conflit qui a fait plus de 377 000 victimes, où plus de 85% de la population dépend de l'aide internationale pour manger, l'amplification de l'option militaire laisse envisager le pire pour la population civile. Les blocus portuaires mis en place par la coalition menée par l'armée saoudienne ont entraîné des famines touchant jusqu'à 8 millions de personnes et un pic de propagation du choléra qui aurait contaminé environ un million d'individus (source ONU). A ça s'ajoute un pays partitionné et en ruines, à l'image de la ville de Sanaa, joyau architectural en partie rasé par les bombardements, les combats meurtriers et les attentats à répétition.

En 2019, Disclose démontre que la France intervient directement dans ce blocus imposé par l'Arabie Saoudite. Elle fournit des bateaux qui bloquent les ports, et vend des armes utilisées durant ce conflit. Ces révélations n'ont pas plu pas à tout le monde : une plainte sera déposée par le ministère des armées pour « compromission du secret de la défense nationale ». Deux journalistes de Disclose et un journaliste de la cellule investigation de Radio France seront interrogés par les services de renseignement (DGSI) dans le cadre d’une enquête préliminaire. La Ligue des droits de l'homme dénonce ces menaces, perçues comme de l'intimidation.

Pour autant, les faits parlent d'eux mêmes : le blocus aurait directement touché plus de 11 millions de Yéménites dont au moins 300 000 enfants (source Middle East Eye et rapport de la Commission européenne). "Plus de 20,7 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire, 16,2 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave. Plus de 4 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, 20,1 millions de personnes ayant besoin de soins de santé, 15,4 millions de personnes sans accès à l’eau potable et à l'assainissement. " (source : Plan de réponse humanitaire au Yémen)

Afin de résumer les bases de ce conflit extrêmement complexe, revenons brièvement sur son histoire. Géographiquement, le pays se situe entre la mer Rouge, le golf d'Aden et l'océan Indien. Il constitue un pont entre le Moyen-Orient et l'Afrique de l'Est et dispose d'importantes réserves de gaz et de pétrole. Le Yémen naît sous forme de nation unie après la fusion des Nord et Sud Yémen en 1990.

Le Nord est indépendant depuis la chute de l'Empire Ottoman en 1918. Après une guerre civile téléguidée par l'Arabie Saoudite d'un côté et l'Egypte de l'autre, son régime évolue de monarchie à république sous le modèle du nationalisme arabe. Le Sud est une ancienne colonie anglaise devenue indépendante au régime d'inspiration marxiste. C'est une république dictatoriale qui naîtra de l'unification de ces deux pays ayant de base des relations diplomatiques assez bonnes en 1990. Personnage clé, Ali Abdallah Saleh règnera de 1978 à 1990 sur le Yémen du nord et de 1990 à 2012 sur le Yémen.

Il est important de rappeler que le mode de vie du pays est très largement tribal.

La base du conflit le plus récent que nous évoquons prend sa genèse en 2004, durant la guerre du Sa'dah. La minorité chiite zaydite, issue d'un courant religieux minoritaire dans le chiisme (ils ne sont ni Duodécimains ni Ismaéliens), subit des discriminations et des persécutions. Celles-ci sont notamment amplifiées par l'essor des courants salafistes, notamment Al Qaïda, et du wahhabisme que développe l'Arabie Saoudite dans la péninsule arabique.

Menés par Hussein Badreddine al-Houthi et ses frères, les Houtihs, groupe islamiste d'autodéfense armée de cette minorité, accusent l'ancien président Saleh de favoriser l'émergence de ces groupes et de nier la situation, d'autant que le lien entre le régime du dictateur yéménite avec les pays du Golfe est fort (ces régimes détestent les chiites). Une campagne militaire est menée pour écraser cette rébellion, 7 000 yéménites mourront durant cette guerre civile.

D'autres éléments sont à prendre en compte, parmi eux le cas du Sud-Yémen. Estimant que la réunification a été défavorable, de nombreux litiges opposent différentes factions, par exemple au sujet de la capitale (Sanaa pour le nord et Aden pour le sud) ou encore de la gestion des ressources, dont le pétrole. Une autre guerre civile a fait plus de 10 000 morts en 1994.

La situation interne est donc explosive et d'autres facteurs viennent s'ajouter à ce bref résumé (inégalités, liberté d'expression, autoritarisme, qualité de vie...). Cette poudrière aboutit à une révolution durant le printemps arabe en 2011-2012. Réclamant plus de démocratie, le peuple se soulève en se référant notamment à la Tunisie ou à l'Egypte, alors qu'un vent insurrectionnel souffle sur l'ensemble du monde arabe (Bahreïn, Maghreb, Syrie...)

Grièvement blessé par un tir d'obus visant la mosquée présidentielle, le président Saleh s'enfuit en Arabie Saoudite pendant plusieurs mois. Les pays du Golf profitent de cette opportunité pour imposer un plan de "sortie de crise". C'est un ancien homme issu de ce régime qui le remplace en 2012 : Abdrabbo Mansour Hadi. Saleh reste toutefois président du parti politique "Congrès du peuple".

Remis sur pied après la création d'un musée à son effigie et d'un média, Saleh compte reprendre le pouvoir et passe des accords avec les Houthis à partir de 2014-2015. Ses anciens ennemis auraient bénéficié de l'appui de militaires de l'ancien régime jusqu'à la prise de Sanaa, l'ancienne capitale. Les Houthis progressent et s'emparent de nombreux points stratégiques finissant par contrôler tout le Nord-Est, où vivent la majorité des Zaydites.

Le président Hadi demande alors sa démission, mais celle-ci est refusée par le parlement. Il s'enfuit sous escorte saoudienne à Aden, dans le sud, qui devient de fait la nouvelle capitale du pays.

Cette alliance très fragile ne dure pas, des conflits internes explosent entre les partisans de Saleh et les Houthis. Saleh se retourne alors vers ses anciens amis saoudiens au grand dam des Houthis. L'ancien dictateur sera tué 4 jours après avoir rompu cette alliance en 2017.

En parallèle, l'expansion d'Ansar al-Charia (anciennement Al Qaïda au Yémen), et de sa scission au sein de Daesh est combattue par toutes les fractions rivales mais amène le pays encore plus près du précipice. Certains témoignages sous-entendraient une certaine passivité de la coalition arabe vis-à-vis de ces groupes.

Enfin, dans le Sud du pays, après le limogeage par le président du gouverneur séparatiste d'Aden et de plusieurs provinces, une partie du Sud fait sécession. Le Conseil de transition du Sud propose de participer à la coalition mais le groupe de Coopération du Golf s'y oppose et se dit préoccupé, à l'exception des Emirats qui les soutiennent par stratégie à l'encontre des Frères musulmans.

Les alliés saoudiens et émiratis se livrent une guerre au sein même du Yémen : ensemble contre les Houthis, mais parfois l'un contre l'autre. En témoigne une année de troubles entre Août 2019 et 2020 qui a vu s'affronter les séparatistes du sud et les loyalistes du président Hadi soutenus par l'Arabie Saoudite.

En cette veille de 2022, le Yémen se retrouve segmenté en plusieurs parties :

Environ deux tiers de l'Ouest du pays est aux mains des loyalistes, liés au régime du président Hadi soutenu et armé par l'Arabie Saoudite et la coalition arabe ainsi que la France et les renseignements américains.

Un tiers Nord-Est est contrôlé par les Houthis, l'Iran qui leur affirme un soutien politique prétend cependant ne pas fournir d'armes ni de mercenaires.

Une petite partie du Sud-Ouest dont la capitale portuaire Aden mais aussi une petite poche du Sud-centre ainsi que sur l'île de Sodoba est contrôlée par un mouvement séparatiste. Cette alliance fourre-tout comprendrait des marxistes, des socialistes, des islamistes, des libéraux soutenus par les Emirats Arabes Unis. Cette zone serait la plus "sûre", la vie y serait légèrement plus "acceptable" et les fondamentalistes moins influents.

Enfin, en plein centre du pays, des petites zones sont tenues par Ansar Al Charia et par Daesh.

On peut également évoquer la présence de Al-Islah, le parti des Frères musulmans qui dispose de 42 sièges dans la partie loyaliste.

 

Dans ces conditions, il paraît évident que la surenchère belliqueuse de l'Arabie Saoudite et ses alliés ne peut qu'aggraver cette situation chaotique, la résolution de conflit paraît totalement impossible à ce jour et c'est à un véritable carnage que participe la France.

Rappelons au passage que le président Macron aurait été le premier homme d'état occidental à rencontrer le Roi Mohamed Ben Salmane après l'affaire de l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi retrouvé démembré dans laquelle le régime saoudien est fortement soupçonné.

Si cette affaire a ému à juste titre, il semblerait que ce n'est pas le cas du sort des millions de Yéménites qui est en actuellement en jeu.