Marche des Libertés : le nombre et la force

Le 28 novembre a eu lieu. Et il n'est pas passé inaperçu ! Entre 100 et 200 000 personnes à Paris, près de 500 000 sur toute la France. Au delà du nombre, il y a eu aussi la détermination. Face à une police volontairement en retrait et sur la défensive - pas pour autant en sous-effectif - une partie des manifestant·e·s ont fait bien plus que marcher.

"Est-ce que vous condamnez les violences des manifestants ?" la question des BFM, C-NEWS, TF1, etc.

Les images qui en découlent sont abondamment utilisées par les médias pour décrédibiliser la marche. Le pouvoir va essayer de légitimer la méthode "Lallement" en procédant à un inversement de la réalité pour donner l'illusion que la violence est du fait des manifestant·e·s barbares. Il n'en est rien, la violence est bien dans les politiques du pouvoir, dans le mépris des médias, dans les armes de la police. Rappelons-nous que c'est encore et toujours l'État qui fixe le niveau de violence en imposant cette loi qu'il défend ensuite par la force de son bras armé.

Évidemment, la dialectique du retournement de la violence n'a rien de nouveau. Et il y aura toujours les habituelles courroies de transmission du pouvoir pour se prêter à l'exercice. Il n’empêche, à l'heure d'une bascule très grave du pays dans un état post-fasciste, il convient de remettre les choses à leur place.

Quand la presse voit flou

Ce samedi, quelques voitures ont brûlé , des abris et des toilettes de chantier aussi. Une vitrine du concessionnaire BMW a volé en éclats. Un bâtiment de la banque de France a vu sa devanture s'enflammer. Et les policiers ont reçu énormément de jets de pavés, de fumigènes, de feux d'artifice et autres joyeusetés trouvées sur le chemin. Clairement, les ordres de la préfecture et du ministère de l'intérieur étaient de rester en retrait, d'intervenir le minimum possible. Pour éviter un maximum d'images de violences policières mais aussi pour mettre sur le banc des accusés les manifestants.e.s. Pour un temps, la police a préféré jouer aux victimes vu le contexte. Elle n'a pas hésité d'ailleurs à envoyer quelques uns de ses soldats en sous nombre pour se faire cartonner. Les ordres sont les ordres…

Quand les médias français pointent du doigt les "casseurs", de l'autre côté de la manche, The Guardian les appelle les "défenseurs des libertés de la Presse". D'ailleurs, en France, on ne parle jamais de casseurs quand il s'agit des révoltes à Hong Kong, au Chili ou en Égypte. Ce sont des résistants. Des manifestants en première ligne qui affrontent le pouvoir autoritaire et sa police.

Que tout le monde ne veuille pas participer à ces actions est tout à fait compréhensible.

En revanche, ceux qui accuseront ces manifestant·e·s d'être responsables d'un éventuel échec du mouvement pour le retrait de la loi Sécurité Globale portent, pour le coup, une grave responsabilité dans ce qu'il risque de se passer dans les prochaines années. Quand un fascisme d'un nouveau genre frappe à nos portes, il est dangereux et même complice de vouloir trier entre les bons et les mauvais manifestants, entre les bons et les mauvais résistants. C'est une forme de régression vis à vis des mouvements sociaux précédents. Comme si nous n'avions rien appris du passé. S'il y a bien une leçon à tirer, c'est que la révolte populaire trouve une vraie puissance par la diversité des tactiques et le soutien inconditionnel des uns envers les autres, dans le respect des pratiques. Toutes. Violentes ou non violentes.

Ce que nous combattons en ce moment, ce n'est pas seulement l'article 24 de la loi Sécurité Globale. Ce n'est pas non plus uniquement la loi Sécurité Globale. C'est l'avènement d'une société post-fasciste qui se met en place. Une hybridation entre un état policier, une super structure technologique de surveillance et une ségrégation des musulmans que la prochaine loi Séparatisme entend écrire noir sur blanc.

Rarement dans l’histoire de la 5e république, la répression n'avait été aussi totale contre tous les mouvements sociaux (gilets jaunes, écolos, antiracistes, lycéens, féministes) mais aussi contre tous les corps de métiers : journalistes, avocat.ess, pompiers, profs, soignant.es, éboueurs, etc.

Rarement dans l'histoire de la 5e république, il n'y avait eu autant de mouvements sociaux massifs en si peu de temps. Depuis que Macron est président, des manifs à plus de 100 000 personnes ont eu lieu pour le climat, pour la justice sociale, contre le racisme, ou pour le droit des femmes. Aucun de ces combats n'a vu le pouvoir reculer, malgré l'ampleur des mobilisations. L'exemple le plus parlant reste la réforme des retraites, avec un passage en force via le 49.3.

La seule fois où Macron a reculé, très légèrement, c'était en décembre 2018, après les actes GJ les plus insurrectionnels. La fois où, rappelons-le, le roi s'était enfermé dans son Bunker par peur qu'une foule révolutionnaire ne vienne le chercher.

Il faut comprendre que ce pouvoir n'a rien de démocratique. Que le dialogue social n'existe pas et que les puissants sont en train de mettre en œuvre les outils légaux pour éviter que la contestation ne puisse s'exprimer, en dehors des contestations de salon et qui, au-delà du cirque médiatique, ne seront jamais prises en compte.

Comment le dogme de la non-violence protège l'État

Alors oui, ce samedi, ceux qui ont jeté des pavés l'ont fait pour changer de monde. Pour changer de société. Pour combattre le fascisme 2.0. Vous pourrez leur cracher dessus, les traiter de sauvages, les accuser d'être les idiots utiles du pouvoir. Mais c'est une illusion. Une illusion créée par ce pouvoir. (cf. "Comment la non-violence protège l'État : Essai sur l'inefficacité des mouvements sociaux" de Peter Gelderloos)

Nous préférons voir dans ces personnes la lueur et l'espoir face à l'obscur monde que Macron nous façonne. Qu'ils soient en noir, en jaune ou en rose, ceux qui ont participé aux actions offensives samedi à Paris (mais aussi dans de nombreuses autres villes) rêvent d'une société meilleure et moins violente.

Les "casseurs" et les "casseuses" ne sont rien de plus que des Farida - l'infirmière qui avait jeté un caillou à visage découvert le 16 juin dernier avant de se faire arrêter sauvagement. Ou des Christophe Dettinger - le boxer gilet jaune. La différence réside uniquement dans la tenue vestimentaire, écran de tous les fantasmes, alors qu'en réalité ce n'est qu'une tactique adoptée par une foule d'individus hétéroclites pour éviter l'identification policière.

Un tag populaire pendant les gilets jaunes disait : "On n'est pas des casseurs mais on va tout péter". En vrai, le mot "casseur" est une étiquette saugrenue qui convient avant tout à la bourgeoisie pour décrédibiliser l'expression d'une violence légitime qui remet en cause son ordre inégalitaire. Les médias bourgeois aimeront parler de "haine anti-flic" aussi. Et ramener à une déviance un rapport de force. Les aspirations démocratiques qui se heurtent au bras armé du pouvoir ne sont pas des "haines anti-flic".

Il faut ne jamais avoir été ces femmes et ces hommes qui se réveillent chaque matin la boule au ventre suite aux immondices de la veille. Ne jamais avoir eu le frigo vide et se battre pour que ça n'arrive plus. N'avoir jamais subit la ségrégation parce que pas les bons papiers français. N'avoir jamais eu envie de vomir lorsqu'un gilet jaune prend de la prison ferme pour une porte de ministère défoncée au fenwick alors qu'un policier meurtrier continuera à être en liberté.

Voir clair dans la tempête

A l'image d'un camion de syndicat qui passait avec son gros cortège après les affrontements et qui eut l'intelligence de passer dans sa sono "Mais qu'est ce qu'on attend pour foutre le feu" de NTM, il s'agit maintenant de voir la suite et comment nous allons tenir ensemble avec nos diversités pour dégager cette loi et tout le projet post-fasciste qui vient derrière.

Les manifestations de ce 28 novembre sont une réussite : force numérique, actions offensives, but commun, organisation des colères et parfois déchainement de colère, comme pour rappeler qu'on n'est pas là que pour se représenter, mais pour agir. Mais ne soyons pas dupes et rappelons que toutes les luttes émancipatrices des derniers années ont un triste point commun : leur échec.

Les défaites des derniers mouvements sociaux nous ont prouvé qu'on ne peut continuer à se battre avec la naïveté du réformisme. C'est une impasse dangereuse qui ne fait qu'étouffer les chances de réel renversement en faisant croire à des milliers de gens qu'il suffira d'invoquer le droit et de voter aux prochaines élections. "il nous semble incroyablement naïf, ou alors d'une hypocrisie plus ou moins dissimulée, de croire que l'on nous remettra gentiment les rênes du pouvoir, l'argent du coffre ou les clés de la ville simplement par bonté d'âme." (Peter Gelderloos)

La vérité c'est que les institutions jouent contre nous. Ceux qui ambitionnent de gérer des mouvements sociaux en ordre discipliné et convenable aux yeux du pouvoir ne travaillent qu'à la maintenance de ce système inégalitaire.

Nous sommes des millions à vouloir un changement profond et émancipateur. On crie sans cesse "ça va péter". On reprend à tue-tête les chants du mouvement insurrectionnel des gilets jaunes. Il ne suffira pas de le dire pour le faire. Un jour, il faudra se remonter les manches et avoir le courage de regarder en face la violence et l'inventivité nécessaire qu'il faut pour faire tomber le monde qui nous opprime.

Tant qu'on se battra avec les modalités choisies par le pouvoir et le folklore qui est admis dans les médias bourgeois, nous ne serons que des figurants et les luttes ne seront que des illusions nous entrainant malgré nous dans un monde toujours plus fermé, autoritaire, ségrégationniste... Et sous surveillance.


France : à l'aube d'un état fasciste

La France à l'aube d'un état fasciste

... même sans l'article 24 de la loi Sécurité globale

Cette semaine n'a pas été à la faveur de l'article 24. Avec l'évacuation de la République et le tabassage de Michel Zecler, le crash test est foiré, la réalité a parlé. Le fait qu'il légalise une pratique mafieuse empêchant la production de preuves de violences policières et qu’il touche à la liberté de la presse, chère à la corporation des journalistes le rend dur à avaler. Il est probablement déjà mort né. Sans compter que la colère qu'il suscite est en train de produire l'inverse de l'effet recherché.

Par contre, si jamais les autres dispositions de la Loi Sécurité globale et la future loi Séparatisme sont adoptées, Macron aura réussi à poser les piliers d'un état policier couplé à une ségrégation islamophobe légalisée. 

Une question : si l'article 24 saute, restera-t-il des journalistes et des organisations citoyennistes pour s'opposer à cette descente aux enfers ? 

Le maintien de l'article 24 est devenu intenable

En une semaine, pas moins de deux cas d’école viennent de prouver que l’article 24 de la loi sécurité globale est incompatible avec le besoin de vérité dans les affaires de violences policières. Lundi, l’évacuation inhumaine des réfugiés de la place de la République et jeudi le tabassage de Michel Zecler à son studio de musique ont véritablement plongé le gouvernement dans sa propre merde. Maintenant, on se demande plutôt combien de Michel sont actuellement derrière les barreaux pour faute d’images contredisant les mensonges policiers

Par ailleurs la défenseure des droits et de nombreux juristes ont montré que dans les faits, cet article 24 est inutile puisque des lois existent déjà pour réprimer les délits qu'il prétend cibler. Bref, politiquement, cet article 24 est probablement devenu un poids trop lourd à porter pour le gouvernement. Et la création par Castex d'une commission pour « une nouvelle écriture » de l’article, qui au final ne concernera pas l'article 24... ne fait que confirmer cette impression.

Il est probable que le gouvernement finira par lâcher l'article 24 ou le fera passer déplumé de toute sa substance afin de préserver les autres articles qui apparaissent bien plus juteux en terme d'intensification du contrôle sur la population. Au vu des conséquences de la pauvreté de masse qui s'annonce, nul doute qu'il a besoin au plus vite d'un cadre légal et de moyens répressifs surdimensionnés pour asseoir sa politique inégalitaire.

Loi Sécurité globale ou comment faire de la France le premier pays sécuritaire d'Europe

Deux aspects nous paraissent essentiels au delà de l’article 24 et il en a été très peu question dans les débats.

Des pouvoirs élargis pour toutes les forces armées intérieures : police nationale, municipale, privée

Il y a tout d’abord une extension de pouvoir, et donc de moyens, à la police municipale. « Les polices municipales placées sous l’autorité politique des maires se voient reconnaître avec cette loi des pouvoirs et des missions de plus en plus proches de ceux de la police nationale. » note une tribune parue dans le Monde aujourd’hui (Loi « sécurité globale » : « La France devient le premier pays sécuritaire de l’Union européenne »).

Grosso modo, il s’agirait pour les municipaux de faire le boulot de la police nationale pour libérer cette dernière pour le maintien de l’ordre. Elle serait également moins qu'avant, sous le contrôle des maires.

Ensuite, cette extension de pouvoir policier concerne aussi le secteur privé. La loi donne la possibilité aux policiers de pouvoir se reconvertir dans ces secteurs une fois la retraite arrivée ou lorsqu’ils décident de raccrocher le flashball républicain. Il faut aussi noter que la loi permet une extension des missions du privé qui pourrait désormais s’occuper de la sécurité publique et ce avec des prérogatives répressives étendues. Le cas concret qui s’annonce est clairement le déroulement des prochains jeux olympiques à Paris, cités comme exemple à l’Assemblée Nationale par un des rapporteurs de la loi, ancien policier du Raid, Jean Michel Fauvergue.

Voilà donc des aspects bien concrets de la loi qui comptent à la fois financièrement dans la vie d’un policier et qui donnent par dessus tout les possibilités à ce corps de métier d'une extension inédite du pouvoir répressif et du contrôle permanent de nos vies. Comme le dit le docteur en droit Yves Jeanclos « l’Etat pourrait avoir à sa disposition répressive, au quotidien, pas loin d’un demi million d’agents du maintien de l’ordre et de la sécurité intérieure, soit un potentiel ratio d’environ un fonctionnaire des forces intérieures pour 150 habitants (contre un pour 281 en 2018), la France devenant le premier pays sécuritaire de l’Union européenne. »

Après la phase test, la technopolice passe à l'échelle industrielle

Alors que la France se situe déjà dans le top des pays dits démocratiques par ses moyens juridiques et policiers de surveillance et de contrôle de sa population civile, le gouvernement semble lancé, sans aucun débat public, dans une course aveugle au déploiement de technologies de surveillance de masse. Le traitement en direct des images de drones dont l'usage serait largement étendu, de celles des caméras qu'elles soient policières, de rue, ou de hall d'immeuble et la reconnaissance faciale prévus par cette loi constitueraient un pas en avant immense vers une société où les moindres faits et gestes quotidiens des citoyens pourront être surveillés.

Loi Séparatisme ou la construction d'un ennemi intérieur

Il a beaucoup été question de la pratique journalistique à propos de cette loi. Mais au delà de la liberté de faire, il y a une liberté bien plus importante qui s'annonce ciblée, c'est celle d'être. Car ne l'oublions pas, cette loi s'inscrit dans un contexte où l'Etat profite du choc des attentats terroristes pour terroriser à son tour celles et ceux qu'il estime pouvoir jeter à la vindicte populaire. Avec la loi Séparatisme qui s'annonce, l'Etat se désigne son ennemi numéro un, car s'il est une règle de pouvoir cardinale c'est de se désigner un ennemi à combattre pour cacher les vrais problèmes. Les musulmans sont plus que jamais les cibles des fakenews et fantasmes de l'extrême droite avec qui le macronisme joue la concurrence.

Ce qui s'annonce avec ces deux projets de loi, Sécurité globale et Séparatisme, c'est une société de la surveillance, de la suppression des libertés publiques et de la suspicion généralisées construite sur la paranoïa islamophobe. Pour reprendre la formule de Guillaume Meurice, « on ne pourra pas dire qu'on a pas vu venir le fascisme. Il arrive en klaxonnant ! »

Là où les gens se connaissent, se font confiance et prennent le temps de penser et d’agir ensemble, nous pouvons faire échouer le gouvernement et la société de contrôle. Nous pouvons gagner ! 

 

 

 


Pour que ce samedi soit historique, évitons la nasse !

Demain, la manifestation contre la loi sécurité globale sera sans nul doute massive. Mais un problème se pose et fait de plus en plus le tour des réseaux sociaux. La place de la République. Et sa nasse assurée !

La préfecture a interdit toute manifestation et autorise un rassemblement statique. Un piège grossier pour confiner les manifestant.e.s sur la place entourée de CRS, et à coup sûr les disperser sous les gaz quelques heures plus tard. Une nasse dont le préfet Lallement s'est fait le spécialiste, bien qu'elle soit illégale. Une nasse où nous serons entassé.es, avec un risque sanitaire décuplé.

Pour que ce samedi soit audacieux, offensif, historique, il faut éviter le piège de la République.

Nous nous retrouvons dans la rue pour combattre l'état policier et la casse de nos libertés. Comment envisager le faire dans une cage géante ? Dans une prison à ciel ouvert que le pouvoir présentera comme un espace de liberté ?

Nous avons le droit de marcher, nous avons le droit de résister. Et samedi plus que jamais, nous en avons le devoir.

Alors oui, ne tombons pas dans le piège de la nasse. Et si possible, nassons la nasse !

Descendons aux différentes stations de métro adjacentes. Temple, Arts et métiers, Strasbourg Saint Denis, Jacques Bonsergent. Marchons vers la place, mais sans y aller. Restons à l'extérieur du dispositif policier. Il en va de la possibilité même de manifester.

Quand nous serons hors de la nasse, nous verrons ce qu'il est possible de faire, de tenter, de créer.

Sur le site d'information Paris-Luttes.Info, un texte appelle lui aussi à ne pas rentrer dans la nasse. Mais propose des lieux de rdv alternatifs. Si ces propositions sont alléchantes, Nous pensons que nous ne pouvons pas désigner de cibles précises en amont. Ce serait contre-productif. Si des lieux sont ciblés demain, ce sera grâce à la volonté, la créativité et la détermination des personnes présentes sur place, et non par une diffusion en amont.

Mais nous sommes convaincu.es d'une chose. Il faut aller sur les lieux de pouvoir. Et aller là où le pouvoir ne veut pas que nous soyons. Nous partageons le constat de l'article de Paris-Luttes.infos, notamment ces paragraphes :

« Nous sommes aussi terriblement impuissants, et de plus en plus. Ce samedi 21 novembre, nous en étions réduits à nous regarder nous-mêmes, à mettre en scène notre révolte, chantant toujours les mêmes slogans, réduits à piétiner et faire des tours de place dans le froid. Beaucoup de manifestant.e.s sont ressortis frustrés de cette expérience.

C’est grave car notre mobilisation est inoffensive. Et nous l’acceptons, incapables de réagir. Nous aurions pu être 50 000 ou 100 000 dans cette configuration, peu importe, la loi passerait quand même comme une lettre à la poste, au prix d’une petite semaine de polémique dans les médias.

[...]

C’est un peu comme si nous faisions un simple baroud d’honneur, quelque chose qui nous permette de nous dire dans dix ans : « Ah au moins nous étions là, nous faisions partie des quelques-uns qui ont dit non. Cela n’a pas suffi mais nous étions là ».

A tous ceux que cette loi révolte, que ce monde révolte, il faut à tout prix en finir avec cet esprit de défaite ! »


Qui sont les policiers qui ont tabassé Michel ?

Qui sont les policiers qui ont tabassé Michel ? Par Désarmons-les

Comment la police en arrive a de telles violences racistes ? Dans l'article que nous reproduisons, le collectif Désarmons-les nous rappelle qui sont les Brigades Territoriale de Contact dont les policiers qui ont tabassé Michel sont issus.

LES BTC ET LE SYNDROME MALIK OUSSEKINE : DES BRIGADES POUR CHASSER LES "MÉTÈQUES ET LES GAUCHISTES"

L'équipe de petites frappes racistes qui a tabassé un producteur de musique et de jeunes artistes dans et devant un studio privé du 17eme arrondissement le 21 novembre (cf.Loopsider) est issue de la Brigade Territoriale de Contact (BTC) du 17eme.

Les BTC, anciennes BST, sont un dispositif neo-colonial expérimenté dans les banlieues depuis quelques années. Dans la pure tradition de "l'anti-criminalité", concept inventé par Pierre Bolotte, premier préfet de Seine Saint Denis, fossoyeur des grévistes guadeloupéen en mé 67 (plus de 80 morts) et inventeur de la première BAC en 1971 (Saint Denis toujours), l'objectif de ces unités spéciales est de "taper du délinquant", de faire du "saute dessus", notamment sur la base de critères racistes (délit de faciès).

LES BTC ET LE SYNDROME MALIK OUSSEKINE : DES BRIGADES POUR CHASSER LES "MÉTÈQUES ET LES GAUCHISTES"

L'équipe de petites...

Publiée par Désarmons-les sur Jeudi 26 novembre 2020

Les BTC avaient aussi été incorporées dans le dispositif temporaire des Détachements d'Action Rapide (DAR) fin 2018 (vous vous souvenez, quand le gouvernement se faisait dessus) pour aller semer la terreur sur les artères des beaux quartiers en prise à la révolte populaire des Gilets Jaunes. Des centaines de ces pantins violents (et sans conscience, les faits en attestent) s'étaient alors retrouvés armés de LBD et de grenades GMD, équipés à la va-vite de tout ce que les vieux placards de la PP pouvaient contenir de casques de motos et de fringues civiles de tout genre (évidemment, y'avait pas assez d'équipements de maintien de l'ordre pour ces flics non habilités à cette mission) pour aller chasser sur les Champs-Élysées.

Traque sous les porches d'immeubles, ou le syndrome Malik Oussekine...

Ces brigades de mercenaires, idiots utiles d'un système fondamentalement réactionnaire et raciste, agissent comme on l'attend d'eux, c'est à dire comme bêtes en meute...

Dissolution !

Pour aller plus loin, lire notre article sur l'histoire coloniale du maintien de l'ordre :

 


Si tout s'accélère contre nous, c'est qu'ils sont morts de trouille

On aura beau dire tous les trois jours que c'est de pire en pire sur tous les points et que ça va de plus en plus loin, c'était prévisible et on l'a vu venir en se sentant impuissants depuis longtemps.

Sous fond d'autoritarisme sanitaire, de racisme d'état (islamophobie, chasse aux exilés et j'en passe), de politique ultra-sécuritaire et j'en passe aussi, ce glissement idéologique assumé vers l'extrême-droite est logique : tout l'arsenal vers l'autoritarisme est désormais en place et ça empirera probablement dans les mois ou les années à venir. La république assume dorénavant les valeurs sur lesquelles elle s'est construite, maintenant c'est à visage découvert.

Bien sûr, ce futur proche aux aspects orwelliens est effrayant. Ceci-dit, rappelez vous d'un truc : depuis la fin du mouvement Nuit debout et la loi travail disons mi-2018 à nos jours, il s'est passé plein de choses, dans un ordre plus ou moins chronologique avec beaucoup d'oublis, nous avons eu :

- plusieurs victoires dans les ZAD

- le soulèvement populaire le plus violent, le plus déterminé et dans l'idée et la pratique, l'un des plus inventifs et des plus audacieux généralisé à l'échelle du pays entier depuis au moins 36

- trois jours d'émeutes spontanées et parallèle aux gjs des lycéens, certes tuées dans l'oeuf par la répression mais qui laisseront des traces plus étalées encore sur le territoire que la génération "loi travail"

- la plus longue grève depuis 1945 avec un durcissement évident des bases, qui plus est vu que la défaite est cuisante

- des dizaines de milliers de personnes contre l'islamophobie

- encore plus devant le TGI, puis à répu contre la négrophobie, le racisme d'état et les violences policières

- un monde fou à chaque marche pour le climat

- de même pour les exilés où les cortèges sont de plus en plus importants

- des manifs énormes pour le droit des femmes, contre le patriarcat et la violence qui en émane

- le fait de parler beaucoup plus des violences d'état, qu'on évoque enfin leur racisme, et qu'on médiatise enfin les collectifs de familles qui se battent pour demander justice et vérité.

- Si les révoltes de 2005 n'avaient rien de nouveau dans leur légitimité ou les actes et qu'elles continuent, elles n'ont probablement jamais été aussi ciblées à l'encontre du bras armé de l'oppresseur notamment par le mortier.

Bien sûr, ça ne suffit pas du tout, chaque lutte possède ses spécificités et tout ne peut "s'articuler" logiquement uniquement sous prétexte d'avoir les mêmes ennemis en commun si on veut des alternatives concrètes pour accompagner ces combats.

Reste que si tout s'accélère contre nous, c'est aussi le cas contre eux : ces chiens sont morts de trouille et tenteront donc toujours d'avoir un temps d'avance en régnant par la terreur. Du préfet de Paris, aux renseignements en passant par certains généraux de l'armée, tous flippent de l'évolution des mouvements sociaux en quelques années.

C'est pas pour vous donner du baume au coeur, encore moins vous rassurer vu le contexte et le rapport disproportionné face auquel on ne se résignera pas, mais bien dire que tout n'est pas perdu.

On va prendre de plus en plus cher, on manque d'organisation mais aussi cruellement d'imagination, souvent de souplesse renfermé dans nos délires "puristes", et surtout de renouveau parce que clairement pour certains d'entre nous, on est à bout, y'a forcément l'affect qui rentre au jeu, on a trop la tête dans le guidon à force de courir partout et donc pas le temps d'avoir le moindre recul. Evidemment : la répression nous a fait beaucoup de mal et on s’en remet pas comme ça (blessures, mutilations, incarcérations, condamnations, interdictions de manifs, post-traumas..)

Ce qui est rassurant, c'est de lire beaucoup d'entre vous qui ont envie de manifester pour la première fois de leur vie, en général ça annonce des trucs cools, là c'est vraiment le moment, confinement ou pas : il n'y aura pas de retour en arrière possible et on a besoin de vous sur place plus encore que sur les réseaux.

Si on attend 2022 pour espérer changer les choses et de se calquer uniquement sur l'agenda électoral qu'on nous impose on sera encore plus déçu et se résigner à ça, c'est signer l'arrêt de mort de tout ce qui s'est construit en si peu de temps et se faire bouffer par une double candidature de la loose : Taubira/Jadot, ou même JLM...d'autant qu'ils n'ont pour le moment aucune chance et que la crise qui arrive après le covid va faire très mal, c'est notre consentement à tout accepter qui est actuellement expérimenté.

A nous de nous imposer pour être force de proposition.

Leur crasse nous donne peut être l'opportunité d'aller nous aussi encore plus loin.


Loi Sécurité globale art. 24 : le droit républicain au service de l'arbitraire policier

Oui, l'adoption de l'article 24 de la loi "Sécurité globale" (qui vient d'être adoptée en première lecture à l'assemblée) aura un seul effet : empêcher la production de preuves de violences policières

 

Si, pour satisfaire les syndicats policiers d'extrême-droite, le gouvernement défend avec une telle obstination un article de loi considéré comme parfaitement inutile - car il ne sanctionnerait rien qui ne soit déjà réprimé par les lois actuelles - ça ne peut pas être, comme il le prétend, pour créer un cadre juridique protégeant les policiers d'une menace dont ils seraient les cibles, mais plutôt pour fournir un prétexte aux policiers sur le terrain pour empêcher "légalement" la captation des images de leurs actions. En effet, là où aujourd'hui, toute intervention policière visant à empêcher de filmer est illégale, l'article 24 permettra à tout policier d'intervenir pour empêcher une personne de filmer au prétexte qu'il la soupçonne de commettre le délit de "diffuser, dans l'intention manifeste de leur nuire, les images des visages de policiers ou de tout autre élément permettant de les identifier".

 

Un article de loi "inutile"...

Selon le texte de loi adopté en première lecture vendredi à l'assemblée nationale, l'article 24 vise à rendre illégal le fait diffuser, dans l'intention de leur nuire, des images montrant le visage non flouté de policier·e·s ou tout autre élément permettant de les identifier. Si l'on regarde dans le passé, à part le cas d'Emilie H. ("Marie Acabland" qui photographiait à leur insu des policiers pour pouvoir les identifier plus tard en cas de violences policières), on peine à trouver des situations où cet article 24 aurait pu s'appliquer concrètement.

Mais surtout, selon Claire Hédon la défenseure des droits et de nombreux juristes, cet article est parfaitement inutile : des lois existent déjà pour sanctionner ce type préjudice (harcèlement, diffamation, menaces...). Et ce sont d'ailleurs précisément ces lois qui ont permis à l'état de condamner lourdement Emilie H. Bref, cet article 24 semble vouloir s'attaquer à un phénomène inexistant ou le cas échéant déjà répréhensible par les lois existantes.

 

... ardemment désiré par l'extrême-droite...

Alors pourquoi les syndicats policiers les plus radicalisés (aka fascistes) mais néanmoins majoritaires ont-ils exercé une telle pression sur l'exécutif pour faire adopter cet article, au point de contraindre le ministre de l'intérieur G. Darmanin à se ridiculiser en proférant devant la représentation nationale des mensonges tous plus éhontés les uns que les autres ("les policiers ne sont pas masqués", "aucun policier n'empêche les gens de filmer", ...) ?

 

... qui scandalise les défenseurs des libertés publiques

Et pourquoi tant de personnes, militants, gilets jaunes, associations de défense des droits humains, l'ONU, etc s'insurgent-ils contre cet article 24 (et toute la loi "Sécurité globale") ?

 

 

Jusqu'à présent, on a le droit de filmer la police...

Pour répondre à ces questions, il faut commencer par s'intéresser à la situation actuelle à deux niveaux : le droit et le respect du droit . Aujourd'hui, toute personne qui filme - ou photographie - la police (à part certaines unités spécifiques) à tout instant et en tous lieux, est dans son droit. Les policier·e·s n'ont donc aucun droit de l'empêcher, de quelque façon que ce soit :

+ lui demander d'arrêter de filmer ou de partir

+ lui demander si elle possède une carte de presse

+ contrôler arbitrairement son identité

+ effacer la carte mémoire de son appareil

 

pas plus que :

+ la matraquer ou la gazer au visage

+ lui casser son matériel

+ l'interpeller pour des motifs fantaisistes

+ lui envoyer une grenade de désencerclement dans les jambes

+ ...

 

... mais ce droit n'est pas respecté

Bien que ce soit illégal donc, ce type de situations se produit régulièrement - surtout en manifestation mais aussi sur des piquets de grève, des rond-points ou dans la rue - pour empêcher de filmer des arrestations, des violences policières ou tout autre type d'abus de pouvoir. Par crainte de subir ce type d'interventions policières, de nombreuses personnes s'abstiennent déjà de filmer la police. Et tous ceux qui filment malgré tout prennent le risque d'en être victimes.

 

Pour étouffer l'indignation générale face aux violences policières...

Du côté des policier·e·s, si l'on en croît les discours dithyrambiques à leur égard dans la bouche des responsables politiques, on pourrait imaginer qu'iels pourraient être fier·e·s de rendre visible "l'extrême professionnalisme" de leurs actions. Mais bref, la réalité se permettant parfois de s'écarter des récits officiels et leurs actes ne pouvant pas tous être qualifiés d'héroïques (des milliers de vidéos disponibles sur les réseaux sociaux en attestent), les policier·e·s n'aiment généralement pas beaucoup être filmés - et après tout, personne ne trouve ça très agréable d'être filmé sans y avoir consenti. Mais la république est ainsi faite, la police est fondée au service des citoyens (et financée par le contribuable) et elle agit sous leur contrôle, incluant le droit de filmer.

 

... l'article 24 tombe à point nommé

Mais d'autre part, les policiers sont fondés à intervenir et interpeller toute personne, dès lors qu'ils la soupçonnent de commettre un délit. Et c'est là qu'apparaît tout l'intérêt de l'article 24 pour les policiers désireux de ne pas être filmés : il servira de prétexte sur mesure pour intervenir au motif de la suspicion de contrevenir à l'article 24 et pour empêcher la captation d'images gênantes. Du coup de matraque au placement en garde à vue, c'est déjà une manière arbitraire de faire payer ceux qui les filment. A terme, cette exposition renforcée à l'arbitraire policier finira par décourager tous ceux qui voudraient filmer leur action, et particulièrement les violences policières et autres abus de pouvoir. Et qu'importe si au final, personne ne sera condamné au nom de cet article 24, les violences policières auront "disparu". Et bientôt, elles n'auront jamais existé. Avec la généralisation de la vidéosurveillance et autres dispositions liberticides de la loi "Sécurité globale", l'état policier a un boulevard.


Loi "Sécurité globale" – pistes pour l'avènement du mouvement offensif

Nous proposons ici quelques pistes pour faire du mouvement s'opposant à la loi sécurité globale, un mouvement offensif, s'inscrivant dans la durée.

Les débats autours de la loi sécurité globale prennent fin à l'assemblée sans que nous puissions faire autre chose que de constater notre impuissance. Pourtant, le mouvement d'opposition rassemble très largement : de la ligue des droits de l'homme à Amnesty France. Des avocats aux magistrats. Des syndiqué.e.s aux gilets jaunes en passant par la jeunesse luttant depuis plusieurs mois contre le racisme d'État et les violences policières. Et évidemment les journalistes, indépendants ou non.

Mais malgré ce large rassemblement, nous devons faire un triste constat. Nous regardons passivement nos libertés s'effondrer. Pire encore, nous nous indignons et luttons pour simplement conserver le droit de filmer nos mutilations, nos arrestations, la barbarie policière quotidienne.

Alors comment faire ? Comment créer le mouvement offensif ?

 

1/ Se coordonner

Les organisations et collectifs, les 106 recensées par la Quadrature du net, celles et ceux qui ont organisé les premières manifestations doivent faire front commun. Se parler, se coordonner. Éviter à tout prix des initiatives individuelles risquant d’essouffler et tuer la mobilisation. Il faut qu'elles comprennent aussi qu'elles ne sont pas seules, et qu'elles ne sont pas les leaders d'un mouvement en réalité composé d'une multitude d'individus avec des volontés et des pratiques différentes. Les organisations ne doivent pas tenter de brider les corps qui manifestent.

 

2/ Revendiquer

Le mouvement doit abandonner sa position de réaction à la loi. Celui-ci ne doit pas dire stop à la loi sécurité globale, mais doit réclamer la reprise totale des libertés perdues.

« Le mouvement social est devenu une forme de réaction à la réaction et appelle gagner ce qui est ne pas perdre » Geoffroy de Lasganerie.

Le mouvement social offensif doit donc revendiquer un certain nombre de choses qui permettront de réunir les conditions nécessaires à la reprise de nos libertés perdues. Comme : la dissolution des polices les plus répressives et meurtrières (BAC, BRAV, CDI), de leurs syndicats qui harcèlent et menacent, de l'IGPN cultivant l'impunité générale de la police nationale. Réclamer le port du RIO en grand format sur les uniformes. Réclamer la fin des déclarations en préfecture. L'interdiction de la reconnaissance faciale à des fins de surveillance et de contrôle. Nous devons réclamer l'abolition des délits "d'outrage" et "de groupement en vue de" qui ont mis trop de gens en garde à vue, parfois en prison, pour rien. Nous devons demander l'abandon de toutes les peines pour l'ensemble des personnes condamnées durant les mouvements sociaux successifs depuis la COP21.

 

3/ Être offensif

L'offensivité se joue dans ce que nous réclamons d'une part, mais aussi dans nos modes d'actions. Il va falloir être offensif et radical. S'attaquer à la racine du problème. Il va falloir harceler le pouvoir, assiéger ses lieux. Chaque jour. Chaque nuit. Il va falloir contourner les interdictions de manifester, les restrictions de circulation, les barrages de police, les drones et les canons à eaux. Contourner les déclarations en préfecture en déclarant partout et tout le temps (par exemple). Multiplier les canards gonflables pour s'opposer aux canons à eau, multiplier les filets anti-drones. N'oublions pas que le propre d'une dictature moderne, c'est d’offrir l'apparence d'une démocratie, y compris dans les pseudo espaces d'opposition. Et qu'il n'y a rien de pire que de donner à ce pouvoir l'occasion de prétendre qu'il laisse les mouvements d'opposition s'exprimer librement. Pour montrer le vrai visage d'un pouvoir autoritaire, il est désormais nécessaire de le pousser dans ses retranchements.

 

4/ S'organiser

Nous ne pouvons nous retrouver à plusieurs dizaines de milliers, lors des appels aux manifestations, et entre temps être uniquement rythmé par les infos des médias indépendants. Le mouvement a besoin de multiplier les canaux d'information et de discussion pour pouvoir entre chaque mobilisation, s'organiser. Groupe Facebook, Chat Télégram, assemblée virtuelle, etc. Le tout accessible à tous et toutes.

Ce sont ici des pistes que nous proposons, pour que le mouvement puissent s'amplifier, s'inscrire dans la durée et gagner. Elles sont loin d'être parfaites et incritiquables mais elles nous paraissent nécessaires au vu de la tournure que prend cette mobilisation et de ses travers encore corrigeables.


la police me fait peur

Macron et son gouvernement mettent la presse K.O.

Nous vivons en France un moment de basculement de régime. Journalistes agressés, empêchés de filmer, nassés, matériel détruit, comptes twitter bloqués. Une attaque coordonnée contre les libertés fondamentales.
Pas encore promulguée la loi sécurité globale qui prévoit la surveillance par drones, la restriction de la diffusion d'images de la police, l'extension du pouvoir de police aux sociétés privées et autorise le port d'arme des policiers dans les lieux publics semble déjà en application. De nombreux journalistes ont encore une fois été pris pour cible par la police de Macron et Darmanin.

photo de couverture : Simon Louvet

Le journaliste Filippo Ortona (Le Média) roué de coup (en début de vidéo), des BRAV qui tapent à tout va, des canons à eau, des lacrymo :

En fin de manifestation, 70 journalistes de toutes les rédactions confondues se retrouvent nassés par la police. Selon l'avocat Arié Alimi, c'est une application directe du nouveau schéma de maintien de l'ordre.
Bizarrement, après ça on ne voyait plus beaucoup d'images de la fin de manifestation qui avait débuté dans le carnage.

Des policiers ont interdit à une journaliste de filmer une interpellation en la menaçant d'une arrestation :
"La jeune femme est palpée (chevilles) à l'abri des regards. Les policiers sont venus vers moi : "si vous ne circulez pas dans 30 secondes vous êtes interpellée, ce sont les ordres".

vidéo : Meriem Laribi

Plus tôt dans la journée le compte twitter de Taha bouhafs ainsi que celui de l'Action antifasciste Paris Banlieue ont été bloqués :

Twitter AFA bloqué par la loi sécurité globale pas ncore promulguée ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D'autres journalistes ont également été malmenés, des représailles à peine cachées. Hannah Nelson est la journaliste qui avait été arrêtée et placée en GAV mardi dernier lors de la manifestation à l'Assemblée Nationale. Son matériel semble avoir été détruit par la police aujourd'hui.

La police ne cache plus que maintenant c'est elle qui choisit les journalistes autorisés :

Gaspard Glanz et la police...

Une photo de Simon Louvet qui résume bien la tournure que prennent les choses au pays des lumières qui se sont éteintes.

la police me fait peur


Tout savoir sur la loi sécurité gobale

LOI SÉCURITÉ GLOBALE : LA POLICE FAIT LA LOI DANS UN ÉTAT POLICIER.

La loi sécurité globale qui fait notamment parler d'elle avec son article 24 limitant le droit de filmer les forces de l’ordre, remet gravement en cause la liberté d’informer et de manifester.

L'ambition de la loi est cependant beaucoup plus large et dangereuse que le simple article 24. Elle vise à donner un cadre légal à une société de contrôle dont les victimes ne seront pas les seuls journalistes, mais bien l'ensemble de la population. À commencer par les cibles habituelles : pauvres, habitants des quartiers populaires, travailleurs en lutte, militants.

illustration : @Zelie_t_draws (insta), Zelie's Scribbles (Telegram)

Elle renforce la mise en place d'un état sécuritaire et d'une société de surveillance

 

La police écrit la loi. L'état d'exception la fait passer.
Le rapporteur de la loi, est un député LREM, Jean-Michel Fauvergue, ancien chef du RAID. Avec Alice Thourot ils ont fabriqué une loi répondant exactement aux demandes des syndicats policiers d'extrême droite. La proposition de loi, présentée en plein état d'urgence sanitaire, où les colères sont confinées, ne peut être qu'un atout pour légiférer et exécuter une loi rapidement et discrètement. En clair, la police écrit les lois dans un contexte d'état policier.

Extension des pouvoirs de la police municipale

 

Ce sont les premiers articles de la loi. Ils visent à renforcer les pouvoirs des polices municipales. Elles seront désormais habilitées à effectuer des contrôles d'identités, ainsi qu'à maintenir et conduire une personne au commissariat si l'identité ne peut être justifiée. Les polices municipales pourront désormais constater un certain nombre de délits et d'infractions, ainsi que saisir les objets qui sont liés à l'infraction. (Article 1)
Avec cette loi, la police sort de son rôle « tampon » de police de proximité pour endosser un rôle encore plus répressif qu'aujourd'hui.

Extension des pouvoirs de la sécurité privée

 

La sécurité privée va désormais jouer les auxiliaires de police. Les agents pourront désormais contrôler et fouiller des individus dans les établissements privés dans le cadre de recherche d'une infraction, et transmettre directement au procureur. L'article 8 prévoit que les agents de sécurité puissent maintenir physiquement un individu le temps que la police nationale arrive. Les peines en cas de non respect des ordres d'un agent de sécurité, elles, explosent. 2 mois de prison et 7500 euros d'amende en cas de simple non respect d'un ordre d'un agent de sécurité. L'article 15, lui prévoit la possibilité de cumuler pension et revenu de vigile pour les retraites de la police nationale, et ainsi faciliter la transmission de compétences entre policier et agent de sécurité privé.
A terme, il s'agit d'augmenter massivement le flicage dans les lieux publics et les grands évènements.

Surveiller, partout, tout le temps

 

- Les articles 20, 20bis et 20ter constituent une fuite en avant des usages de la vidéosurveillance.
L'article 20 veut donner le pouvoir aux policiers municipaux le visionnage des caméras de vidéosurveillance, auparavant possible par les services de police et de gendarmerie nationale.

L'article 20 bis veut permettre la transmission des images de vidéosurveillance des halls d'immeubles « en cas d’occupation par des personnes qui entravent l’accès et la libre circulation des locataires ou empêchent le bon fonctionnement des dispositifs de sécurité et de sûreté ou nuisent à la tranquillité des lieux ».

- L’article 20 ter veut permettre aux agents de la SNCF et de la RATP de pouvoir visionner les images des caméras de vidéosurveillance sur la voie publique (en pleine contradiction avec une décision du Conseil constitutionnel qui rappelle que seules des autorités publiques ont le droit de visionner des images de la voie publique).

- L'article 21 tend à développer quant à lui, les caméras de vidéosurveillance mobile. Portées par des policiers, elles seront désormais retransmises directement au poste de police qui pourrait utiliser la reconnaissance faciale pour identifier un individu directement.

- l'article 22 permettra le développement de la vidéosurveillance aérienne : Le développement de l'usage des drones ( bien que souvent empêchés par nos mouettes de combat ) va se généraliser pour filmer manifestations et bâtiments accueillant du public. Comme pour les caméras piétonnes, les images sont retransmises en direct au poste de police et la reconnaissance faciale peut être utilisée en lien avec les nombreux fichiers de police.
Entre les caméras des bâtiments privées et publics. De l'entrée de l'immeuble au jardin public. De la cours de récréation au lieu de travail. Du métro souterrain au ciel, jusqu'au policiers en patrouille. Nos espaces sont mangés par la vidéosurveillance. La Défenseur des droits estime d'ailleurs que « ces dispositions sont susceptibles de porter atteinte au droit au respect de la vie privée », position rejointe par l'association Amnesty International France, la ligue des droits de l'homme ou encore La Quadrature du Net.

Protéger la police en leurs laissant les pleins pouvoirs

 

Les articles 23, 24, 25 et 26 sont particulièrement inquiétants.
Tout le monde a entendu parler de l'article 24 visant à interdire la diffusion d'images de policiers. Une nuance importante est cependant à apporter depuis le revirement du ministre sur la garantie à donner sur la liberté de la presse.
Au fur et à mesure des débats, on discerne que ce sont les "auto médias" ou les journalistes qui ne plaisent pas aux policiers qui vont pâtir de cette mesure sur terrain ou après diffusion.

Tout en prétendant ne pas vouloir entraver la liberté de la presse, le texte laisse à l'appréciation du policier de déterminer si l'image va à son encontre ou pas, si elle "porte atteinte à son intégrité physique ou psychique".

Il y a peu de doute sur ladite appréciation, qui a déjà fait ses preuves le 17 novembre, avec les 7 journalistes ciblés par la police par des coups et des arrestations (une journaliste indépendante de Taranis News et un journaliste de France 3 ont fini en GAV).

En résumé, c'est un pouvoir de menace arbitraire accru qui est donné aux policiers. Les députés LREM font semblant de ne pas voir les réalités du terrain.

Les trois autres articles, précédemment cités, visent tout comme l'article 24, à enfoncer le clou de l'impunité des forces de l'ordre.

L'article 23 prévoit ainsi que les infractions effectuées à l'encontre des forces de l'ordre, ne bénéficient plus des réductions de peine.

L'article 25 prévoit que les policiers hors service puissent porter leur arme dans des établissements recevant du public.

L'article 26 prévoit que les militaires déployés sur le territoire puissent user de leurs armes (de guerre) afin d'empêcher un « parcours criminel ».

Si certains des articles, indépendamment des autres, ne vous paraissent pas problématiques, cette loi est à prendre comme un "tout". Elle constitue une dérive importante, accentuant les pouvoirs des polices publics et privées, municipales et nationales, permettant une meilleure communication, transmission de savoirs et de pratiques entre celles-ci. Il serait donc complètement illogique de s'en prendre uniquement à l'article 24.

Nous voulons voir tomber les articles 1, 4 , 8, 12, 15, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26. Rarement une loi censée protéger la police n'a autant mis les individus en insécurité.

En définitive, nous voulons que cette loi finissent dans les catacombes, dans les abysses de l'histoire.

Samedi, plusieurs rassemblements sont prévus dans toute la France, en voici quelques uns :

Paris : 14h30, Parvis des Droits de l'Homme (Trocadéro).
Marseille : 14h, Vieux Port.
Lyon : 14h, 24 colonnes (Gilets Jaunes).
Lille : 11h, Place de la République.
Rouen : 14h30, Palais de Justice.
Montpellier : 11h, commissariat Comte de Melgeuil et 14h, Place de la Comédie.
Rennes : 11h, Place de la République.
Saint-Étienne : 15h, Place Jean Jaurès.
Brest : 15h, Place de la Liberté.
Le Havre : 14h30, Hôtel de Ville.
Poitiers : 15h, Hôtel de Ville.
Lorient : 15h, Place Aristide Briand.
Béziers : 14h30, Sous-Préfecture.
Périgueux : 10h, Arbre de la Liberté.
Beauvais : 10h, Place Jeanne Hachette.
Niort : 10h30, Parvis des Droits de l'Homme.
Limoges : 11h, Préfecture.
Angouleme : 16h, Palais de Justice.

(liste non exhaustive)

Une attestation de déplacement dérogatoire pour participer à une manifestation déclarée a été rédigé par un collectif d'avocat.e.s

attestation déplacement dérogatoire pour participer à une mniafestation déclarée

21 novembre contre la loi sécurité globale au Trocadéro


Hold-up, la déchirure

Tentative de réconciliation après les ravages qu'Hold Up a causés.

J'écris cette contribution après avoir vu et analysé le documentaire. Après avoir lu les dizaines d'articles des médias mainstream empilant les fact-checking, après avoir lu les articles des médias indépendants comme le Poing ou Rouen dans la rue ainsi que des avis et des analyses des militants comme Vincent Verzat, figure influente du mouvement climat, ayant publié une vidéo sur sa chaîne Partager C'est Sympa.

J'écris aussi après avoir attendu que d'autres médias indépendants que j'affectionne se positionnent, se murant parfois dans un silence assourdissant, à l'instar de Cerveaux non disponibles – où j'espère pouvoir publier cette contribution pour pallier à celui-ci.

J'écris ce texte après avoir parlé du documentaire avec des membres de ma famille, après avoir débattu avec des inconnu.e.s ou des ami.e.s qui m'avaient envoyé le lien de la vidéo m'invitant à absolument la regarder. Après avoir vu tout ces tweets témoignant de la peur d'une partie de la population. Que ce soit la peur du complot mondial, ou la peur du complotiste.

J'écris aussi ce texte avec de la peur. Mais celle-ci ne réside pas dans le contenu du documentaire et dans l'engouement que celui-ci a suscité. Cette peur est apparue un peu après.

Elle est apparue quand j'ai vu ce tweet d'une mère nous expliquant que sa fille avait rompu tout lien avec elle, suite à une discussion tendue autour de ce documentaire.

Quand j'ai vu cette déferlante de haine dans les commentaires d'un article du média indépendant Rouen dans la rue, qui s'était essayé à faire une critique du film et des « théories du complot » qu'il véhiculait.

Quand j'ai vu cette déferlante de haine, sous la vidéo de « partager c'est sympa », ce militant écologiste qui avec sa positivité et sa bienveillance habituelle, nous invitait à faire attention, pour nous, pour les autres, pour la lutte.

Voilà plus d'une semaine que « Hold Up » est apparu un peu partout sur la toile, et alors que les débats autour du contenu, du vrai et du faux, continuent de faire rage, nous pouvons déjà tirer une conclusion. Le film NOUS divise, nous fait mal, alors même que celui-ci nous invite à nous « réveiller ».

Le NOUS, précédemment cité, c'est toutes les personnes qui contestent ce pouvoir, qui manifestent depuis exactement deux ans, qui partagent leur rage envers cette société. La rage contre le capitalisme, contre l'individualisme, contre ceux qui gouvernent. De ceux qui votent les lois, à ceux qui mettent des amendes en passant par ceux qui refusent nos demandes de prêt.

NOUS, c'est toi, moi, ton cousin, ton voisin, le SDF en bas de la rue qui n'a rien à bouffer, le jeune exilé qui ne comprend pas pourquoi son énième demande d'asile est refusé, c'est l'aide soignante qu'on a envoyé au casse pipe, c'est le lycéen qui continue à aller en cours bien que tout le monde trouve ça absurde, dans de telles conditions sanitaires. C'est l'ensemble des personnes qui subissent d'innombrables injustices.

Et l'ensemble de ces personnes, aujourd'hui, se déchirent au sujet de Hold-Up, pendant que les dirigeants, eux, continuent inlassablement de détruire nos libertés, de construire l'état policier, de diffuser le virus de la peur.

« Les formes d’aversion se multiplient, la phobie du contact se répand, le mouvement de rétraction devient spontané. C’est précisément dans cette rétraction qu’il faut voir la tendance du citoyen à s’éloigner de la pólis et de tout ce qui réunit. Il n’en répond plus. Il est dés-affecté. Mais l’anesthésie du citoyen immunisé, la basse intensité de ses passions politiques, qui font de lui le spectateur impassible du désastre du monde, sont aussi sa condamnation. » Donatella Di Cesare, un virus souverain.

Peut-être que le vrai Hold-Up réside ici, sous nos yeux, dans chaque discussion que nous partageons à son sujet. Nous sommes pris dans une inertie de folie nous rendant aveugle. Nous ne voyons même pas qu'un documentaire censé nous éveiller, nous révolter, nous unir contre un pouvoir corrompu, incompétent et autoritaire, nous rend profondément vulnérables en nous divisant. Le documentaire est ainsi fait.

Il polarise le débat en deux points de vue drastiquement opposés et irréconciliables. Ceux qui croient au documentaire, à l'intégralité de son contenu, et ceux qui le rejettent sous la bannière du complotisme. Le documentaire est ainsi fait qu'il rend les choses profondément manichéenne. Ce serait soit tout blanc, soit tout noir. Nos divergences s'établissent pourtant sur un spectre et non sur une opposition binaire.

« La seule ligne en matière de complots consiste à se garder des deux écueils symétriques qui consistent l’un à en voir partout, l’autre à n’en voir nulle part — comme si jamais l’histoire n’avait connu d’entreprises concertées et dissimulées… » Frédéric Lordon, "le complotisme de l'anticomplotisme."

Croyez bien que l'ensemble des médias dominants s'en donnent à coeur joie et exploitent cette opposition pour agrandir le fossé, et séparer davantage les deux camps que ce documentaire a imposé. De cette opposition est née une tempête, un ouragan de merde.

Discréditation sur les plateaux télés, alertes aux Fake news par les instituts de « fact-checking », mépris des éditorialistes et réactions à chaud déconnectées des réalités.

« De la croisade anticomplotiste à l’éradication de la fake news (fausse information), il n’y a à l’évidence qu’un pas. Au point d’ailleurs qu’il faut davantage y voir deux expressions différenciées d’une seule et même tendance générale. Mais comment situer plus précisément un « décodeur » du Monde.fr au milieu de ce paysage ? Il est encore loin de l’Élysée ou de Matignon. D’où lui viennent ses propres obsessions anticomplotistes ? Inutile ici d’envisager des hypothèses de contamination directe : il faut plutôt songer à un « effet de milieu », plus complexe et plus diffus. » Frédéric Lordon, "le complotisme de l'anticomplotisme."

Mais aussi réflexions et analyses critiques de certaines personnes, de certains médias indépendants, désolidarisation de certains ayant participé au documentaire, conflits entre ami.e.s, familles, camarades.

Sans oublier les déferlantes de commentaires interposés d'insultes. « sale complotiste », « espèce de vendu, de collabo ». Une haine nous a envahi, une haine de l'autre camp. Aussi bien du coté de ceux dénonçant le caractère complotiste du film que des personnes le défendant corps et âme.

Nous sommes en train de nous entretuer alors que nous partageons un même combat contre les élites. D’un gouvernement qui gère la crise sanitaire avec ses pieds. Ce même combat pour l'égalité et la justice. Contre l'autoritarisme et pour la liberté.

Si je devais donner un exemple pour étayer mon propos, je prendrais celui de l'article de Rouen dans la rue, critiquant le complotisme du docu, qui est sans doute un des exemples les plus flagrants.

Rouen dans la rue est un média indépendant comme il y en a peu. Dénonçant depuis 2014 les violences policières, le capitalisme, le fascisme, le désastre environnemental, la mascarade des élections, les ignominies des gouvernements successifs (entre autres). Un média étant depuis le 17 novembre 2018 au coeur des manifestations des gilets jaunes et sur les ronds points, qui en a publié un livre. Un média qui a subi la répression policière, une perquisition et dont certains contributeurs sont fichés.

Rouen dans la rue est clairement de notre côté, de ceux qui luttent, de ceux qui refusent la mascarade politique à laquelle nous assistons et de ses décisions que nous subissons dans nos chairs et payons parfois de nos vies. Et alors que le média a essayé de produire une critique du documentaire, c'est une déferlante de haine qui s'est abattue dans les commentaires de l'article :

- « Rouen devant les écrans.. ça c'est la vérité. »

- « Rouen dans la rue contredit j hallucine mais qui dirige ça alors dire que j était à fond avec vous pendant les gilets jaunes je tombe des nus quand ça dérange on voit le vrai visage de ce groupe »

- « Voilà encore un qui a graté un peu de pognon en coulisse ! Vive Hold UP, et longue a vie à cet homme courageux et téméraire »

- « Au revoir Rouen dans la rue. »

- « Vous faites des raccourcis pour manipuler les personnes qui n'ont pas vu le film... Une honte de votre part, vous ne valez pas mieux que les médias cités dans le film ! (BG vous aurait-il graissé la patte à vous aussi ????) »

- « Rouen dans la rue vous avez était racheter par bfm ? cest pas possible autrement.... »

- « Mdr Rouen dans la rue. ...mais du côté de LREM Élites et Lobbies !! »

Et ça ce n'est qu'une infime partie des plus de 400 commentaires publiés en quelques heures sous l'article.Mais qu'est ce qui nous prend ? Qu'est ce qui nous fait arriver à de tels point de clivages alors même que hier nous étions ensemble ? Quel virus avons-nous attrapé ?

Peut-être sommes nous en constante position de défense et de défiance car nous sommes plus que jamais vulnérables. Pour la première fois, l'ensemble de la planète est confrontée à une crise dont le responsable n'est pas visible à l'œil nu. Nous ne le voyons pas, nous ne comprenons pas et pour certain.e.s nous n'y croyons même pas.

Alors nous cherchons des réponses. C'est légitime. Chacun trouve les siennes.

Certain.es pointeront du doigt la destruction de la biodiversité que nos sociétés capitalistes ont causées. D’autres diront que le covid est passé de la chauve souris à l’homme de manière naturelle, certaines personnes diront qu’il s’est échappé du laboratoire P4 de Wuhan et enfin d’autres affirmeront qu’il a été créé par une élite qui désire éradiquer une partie de la population.

Chacun aura ses sources. Chacun en tirera ses conclusions. Mais une chose est sûre.

Chacune de ces conclusions mèneront aux mêmes responsables. Ceux qui n’ont pas su gérer la crise. Ceux qui ont menti. Ceux qui ont détruit la planète pour leurs profits. Ceux qui ont voulu manipuler un virus. Ceux qui complotent pour nous éradiquer.

Quelque soit la théorie que nous avons sur le covid19, les responsables de la situation restent les mêmes. De Bezos à Macron, des GAFAM aux gouvernement. Du capitaliste au politique.

Mais si nous arrivons à être défiant vis à vis des intentions d'un média indépendant tel que Rouen dans la rue , alors nous ne pouvons espérer voir un jour une lutte victorieuse ou une apocalypse vécue dans la solidarité.

« La démocratie immunitaire est pauvre en communauté – elle en est désormais quasi privée. Quand on parle de « communauté » on entend seulement un ensemble d’institutions qui renvoie à un principe d’autorité. Le citoyen est soumis à celui qui lui garantit protection. Il se garde en revanche de l’exposition à l’autre, il se préserve du risque de contact. L’autre est infection, contamination, contagion. » Donatella Di Cesare, "Un virus souverain"

Continuons de débattre, mais réconcilions nous.

Nous avons bien une élite et un gouvernement à combattre, qui est d'ailleurs entrain de faire passer une des lois les plus dangereuses pour asseoir le régime policier et autoritaire dans lequel nous sommes déjà. Une loi qui vise à décupler les pouvoirs de la police, les technologies de surveillance de masse et à interdire la diffusion d'images de policiers.

Des manifestations ont d'ailleurs été organisées partout en France ce 17 novembre, rassemblant des milliers de personnes. Une foule a explicitement dénoncée l’autoritarisme du pouvoir devant l’assemblée nationale.

Des lors, une simple question se pose. Vaut-il mieux continuer à se déchirer autour d’un documentaire, ou rejoindre les milliers de personnes qui luttent depuis de nombreuses années. Contre Amazon, contre le fascisme grandissant, contre le libéralisme destructeur, pour nos libertés, et la justice sociale ?

Texte écrit par un contributeur.