A NUESTRXS AMIGOS Y AMIGAS DE ESPAÑA Y CATALUÑA

Los estados fascistas y autoritarios en toda Europa son màs fuertes. Lo observamos y lo experimentamos cada día. De Salvini a Orban, de Macron a Sánchez... Todos los Estados europeos han estado sometidos durante muchos años a la dictadura de la emergencia y la excepción. Desde la amenaza de atentados hasta la amenaza de la Covid...

Estos estados de excepción permanentes legitiman medidas coercitivas cada vez más asfixiantes y una justicia cada vez más severa. Estamos bajo arresto domiciliario y silenciados bajo amenaza de prisión. Esta es una observación común, compartida por todas las poblaciones occidentales. El liberalismo, por obstinación y frenesí, se está volviendo rígido y autoritario. En Francia, una pancarta de "Macronavirus" desplegada en un balcón provoca una detención. En España, las palabras de un rapero contra el rey se saldaron con una condena de prisión. El racismo, el sexismo, el fascismo, la acumulación de riqueza por parte de un puñado de personas aumenta en todas partes. Oponerse a este escenario catastrófico es vital.

Desde hace una semana, el pueblo de Cataluña, y más ampliamente en toda España, se ha rebelado tras la detención de Pablo Hasel. Desde donde estamos, a unos cientos de kilómetros de Barcelona, Valencia, Bilbao, Girona, Vic, Reus y Lleida, queremos deciros a vosotros, amigxs de la insurgencia, a los alborotadores, a los saqueadores, a las primeras filas, lo inspiradora que es esta revuelta para nosotros que nos sentimos inmóviles, estáticos, a la espera, amordazados.

Cuánto nos hace respirar la espontaneidad y la determinación que te caracteriza, nos da esperanza, nos da fuerza. Desde la misma noche de la detención del rapero hasta hoy, todas las noches sin faltar una, habéis invadido las calles y os habéis enfrentado a los uniformes del Estado y de la realeza. Cada noche, mientras una pandemia nos aprisiona y alivia las luchas, te has movido, has luchado.

Queremos llevar nuestra solidaridad a todxs los que en estos momentos están al otro lado de los Pirineos, enfrentándose a la policía y dando golpe por golpe a su brutalidad mutiladora y asesina (que aquí conocemos muy bien. Traumatizando nuestras revueltas, cubriendo de sangre los adoquines de nuestras calles).
A los que atacan las instituciones, saquean las tiendas de lujo y las grandes marcas, les aplican barricadas, se enfrentan y aguantan. Y a los que simplemente encuentran la fuerza para salir a la calle tras un año de pandemia y restricciones sanitarias. A todos vosotrxs, gracias por darnos fuerzas cada noche. Por mostrarnos que la rebelión aún es posible. Gracias por hacer que queramos unirnos a vosotros.

Como siempre, las luchas en otros lugares se hacen eco de las luchas aquí. Se alimentan mutuamente. Tú nos alimentas. Aquí es donde reside nuestra solidaridad internacional hoy en día. Y esto se refleja ya en la travesía de los Pirineos por un buen número de francesxs para apoyar, documentar y participar en las revueltas actuales. Otros se sumarán a España y Cataluña en los próximos días.

Estamos con usted.


A NOS AMI.E.S D'ESPAGNE ET DE CATALOGNE

Il y a partout en Europe, une montée en puissance des états fascistes et autoritaires. Nous l'observons et le vivons chaque jour. De Salvini à Orban, de Macron à Sanchez. Les états européens sont tous soumis depuis de nombreuses années à la dictature de l'urgence et de l'exception. De la menace des attentats à la menace du Covid.

Ces états d'urgence permanents légitiment des mesures coercitives de plus en plus étouffantes, une justice de plus en plus sévère. Nous sommes assignés à résidence et réduits au silence sous menace de croupir en prison. Ce constat est commun, il est partagé par l'ensemble des populations occidentales. Le libéralisme, par obstination et frénésie, se rigidifie et s'autoritarise. En France, une banderole "Macronavirus" déployé sur un balcon engendre une arrestation. En Espagne, les propos d'un rappeur contre le roi, une peine de prison. Le racisme, le sexisme, le fascisme, l'accumulation des richesse par une poignée de personne s'accentuent partout. S'opposer à ce scénario catastrophe est vital.

Depuis une semaine, les populations catalanes et plus largement de l'ensemble de l'Espagne se révoltent suite à l'arrestation de Pablo Hasel. De là où nous sommes à quelques centaines de kilomètres de Barcelone, Valence, Bilbao, Gérone, Vic, Reus ou encore Lleida, nous voulons vous dire, amis insurgés, émeutiers, pilleurs, premières lignes, ô combien cette révolte est inspirante pour nous qui nous sentons immobiles, statiques, dans l'attente, bâillonnés.

Combien la spontanéité et la détermination qui vous caractérise nous fait respirer, nous donne de l'espoir, nous donne de la force. Depuis le soir même de l'arrestation du rappeur, jusqu'à aujourd'hui, chaque soir sans en manquer un, vous avez envahi les rues et affronté les uniformes de l'état et la royauté. Chaque soir, alors qu'une pandémie nous emprisonne et atténue les luttes, vous avez bougé, vous avez lutté.

Nous voulons apporter notre solidarité, à toutes celles et ceux qui, actuellement, de l'autre côté des Pyrénées, affrontent la police et rendent coup pour coup à sa brutalité mutilante et assassine. (qu'ici nous ne connaissons que trop bien. Traumatisant nos révoltes, recouvrant de sang les pavés de nos rues).
A celles et ceux qui attaquent les institutions, pillent les magasins de luxe et les grandes enseignes, appliquent les gestes barricades, font face et tiennent bon. Ainsi qu'à celles et ceux qui trouvent simplement la force de descendre dans la rue après un an de pandémie et de restrictions sanitaires. A vous tous et toutes, merci de nous donner de la force chaque soir. De nous montrer que se révolter est encore possible. Merci de nous donner envie de vous rejoindre.

Comme depuis toujours, les luttes d'ailleurs font écho aux luttes d'ici. Elles se nourrissent les unes entres elles. Vous nous nourrissez. C'est ainsi que réside aujourd'hui notre solidarité internationale. Et celle-ci se traduit déjà par la traversée des Pyrénées par bon nombre de français pour soutenir, documenter, participer aux révoltes en cours. D'autres rejoindront encore l'Espagne et la Catalogne dans les prochains jours.

Nous sommes avec vous.


ARTISTES MAJEURS EN L'AIR

Racisme, violences policières, lois liberticides, harcèlement sexuel, sexisme, homophobie et transphobie... En quelques mois, le monde a été bousculé par de nombreux drames, et tout autant de luttes face à ces drames.

Dans ce sillage, certains artistes, y compris en France, sont montés au front. Front médiatique, et même parfois dans la rue. Omar Sy, Camelia Jordana, Yseult, Pomme, Adèle Haenel, Aissa Maiga, Sandra Nkake, Jeanne Added, Kiddy Smile...

Si le phénomène peut paraitre "anecdotique", il convient de le souligner, de s'en satisfaire et de rendre hommage à ces personnes. Certains diront que c'est par peur de se couper d'une partie du public que nombre d'artistes n'osent pas prendre position. Les exemples des énormes succès populaires d'Omar Sy ou de Camelia Jordana, après leurs prises de position, prouvent que s'engager n'est pas synonyme de briser sa carrière. Le palmarès des récentes Victoires de la Musique en est un autre exemple.

Valeurs Actuelles a d'ailleurs sorti un torchon raciste intitulé " Yseult, Nouvelle Star de la génération Ouin-Ouin". Ces réactionnaires ne supportent pas que des artistes réussissent tout en affirmant leurs combats contre le sexisme, le racisme, l'homophobie ou la grossophobie.

Cette génération d'artistes n'est pas "Ouin-ouin". Elle est deter, digne et fière. Et elle emmerde ceux qui n'arrivent pas à vivre avec elle.ux. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si tous les artistes cités plus haut sont pour la plupart des femmes, la quasi totalité racisées et/ou LGBTQ+ . Ces personnes ont vécu dans leur chair l'oppression de notre société, et ne peuvent penser leur art en dehors de cette réalité. Et c'est tant mieux.

Génération Adama. Génération Nous Toutes. Génération Metoo. Qu'importe le nom, cette jeunesse porte un vent de révolte, d'amour et de progrès comme il n'y en a pas eu depuis des décennies. Et ce, dans un monde qui offre si peu de perspectives émancipatrices. Les deux sont probablement liés.

Avouons le : nous aurions aimé que cette montée au front d'artistes et de personnalités se fassent quelques mois plus tôt, fin 2019, lorsque la France a été traversée par la vague révolutionnaire des Gilets Jaunes. A cette époque, à part quelques trop rares (et courageux) Bruno Gaccio et Yvan Le Bolloc'h, les artistes sont restés muets et distants de cette révolte, sûrement par peur d'être stigmatisés et traités de racistes.

On ne peut refaire le match. Mais la séquence actuelle permet d'espérer que de plus en plus d'artistes prennent conscience que le monde d’aujourd’hui, et encore plus celui de demain, ne laisse plus de place à un univers artistique tiède, sans prise de position.

Dans un monde où l'imaginaire ne cesse d'être obstrué, où le système fait tout pour réduire le champs des possibles, l'art fait parti des armes de résistance massive.

Merci Camélia, merci Pomme, merci Yseult, merci Omar. Il y aura toujours à redire et à critiquer pour certains. Mais vous avez pris le risque de vous livrer, de prendre position, de tenter d'exposer votre vision de la vie. Cela ne peut être que source de progrès et d'émancipation.

Nous vivons dans une société du spectacle. Et nous savons que la fin de ce monde ne pourra être que spectaculaire. Pour cela, nous avons besoin d'artistes, d'amour et de révolte.


Les mots me manquent - RIP Guillaume

Hier soir un étudiant mettait fin à ses jours dans sa chambre étudiante à Nanterre. 20 ans.

Je ne le connaissais pas, son nom ne m'était pas inconnu mais ce n'est pas le sujet, il avait 20 ans et n'en aura jamais plus.

Pourtant aujourd'hui ce n'est pas ce qui semble poser problème. Ce n'est pas son nom que l'on retrouve en "tendances" Twitter mais celui d'un politicien. Les débats ne portent pas sur les raisons qui peuvent pousser un jeune de 20 ans à mettre fin à ses jours mais portent sur la présomption d'innocence. N'avez-vous donc aucun respect pour la mort ? Un garçon de 20 ans s'est ôté la vie et vous trouvez que c'est le moment adéquat pour vous lamenter des accusations qu'il a eu le courage de formuler quelques semaines plus tôt. N'avez-vous donc pas la moindre décence ?

L'heure n'est pas aux règlements de comptes mais au deuil. Un jeune de 20 ans n'est plus, une vie de plus broyée par notre impitoyable société. Ayez la délicatesse de laisser ses proches le pleurer. Justice sera rendue, cela ne fait aucun doute, car nous n'oublierons pas. D'ici là il n'appartient à personne d'autre qu'au juge de remettre sa parole en question.

A tous les médias qui ne voient dans cette tragédie qu'une opportunité pour faire du clic : Je vous méprise. Vous publiez des articles sans la moindre pudeur, violez et exposez à tous la vie privée d'un homme dont le corps est encore chaud. Quelle belle société qu'est celle dans laquelle nous vivons, là où la mort fait vendre et là où elle est instrumentalisée à des fins politiques !

Un étudiant est mort, il avait 20 ans. Je ne le connaissais pas et je ne le connaîtrai jamais. Je sais néanmoins qu'il était bien plus que "X, l'étudiant qui avait accusé un élu parisien de viol" (L'Obs, 10/02/21), chose à quoi tous les médias et justiciers du net veulent le réduire.

J'ai honte, honte de cette société qui ne respecte pas la mort, honte de cette société qui n'hésite pas à salir la mémoire d'un étudiant à peine décédé, honte de cette société qui ne prend plus le temps de pleurer ses morts et qui laisse les précaires mourir dans l'indifférence la plus totale à moins qu'ils aient proféré des accusations graves à l'encontre d'une figure de la haute société (car oui, un élu du PCF reste un homme politique aux nombreux privilèges). Notre passivité et notre silence nous rendent coupables. Honte à nous qui acceptons d'évoluer dans une telle société.

Un étudiant est mort, il avait 20 ans. Mes pensées lui vont à lui et à ses proches ainsi qu'à tout ceux qui ont vu leur vie broyée par cette société dans laquelle nous évoluons.

Un étudiant dans un monde à la dérive.