La manif policière devant l’Assemblée Nationale n’est pas qu’un épiphénomène. Elle révèle l’état de notre société et donne une idée assez précise de son évolution dans les prochaines années.

Alors que le pays a traversé une crise sanitaire catastrophique (plus de 100 000 morts, des hôpitaux et des soignants débordés) et qu’il entame une crise économique tout aussi dévastatrice (des millions de personnes au chômage, tombant dans la pauvreté, des faillites à la chaîne), il paraît que les deux « problèmes » majeurs sont :

– Le danger de l’islam et de l’étranger

– La police qui n’est pas assez reconnue et protégée

On pourrait presque en rire. Si tout cela n’allait pas aussi loin comme on l’a vu hier avec le ministre de l’Intérieur, le préfet et toute une partie de la classe politique (du PCF au RN) qui ont participé à un rassemblement putschiste prônant ouvertement la fin de l’indépendance de la justice…

Au passage, le même jour, après 200 jours de couvre-feu inédit dans l’histoire de la 5e République, des terrasses ont été évacuées avec des gaz lacrymogènes (à Rennes) et des policiers armés de mitraillettes automatiques (à Paris).

2022 est déjà perdue. La 5e République est déjà foutue.

On peut se lamenter, mais il faut surtout en prendre acte.

Acter qu’il n’y a plus rien à espérer du système, et de tous ceux qui composent avec. Partis politiques, syndicats, assos, collectifs… Tous ceux qui continuent de jouer « le jeu » de notre société actuelle en font partie et ne font que retarder sa chute. Sauf qu’avant de chuter, le système va mettre tout en œuvre pour vivre le plus longtemps possible, y compris des politiques racistes, inhumaines et meurtrières. Il sera prêt à tous les « sacrifices » pour peu que cela lui donne quelques années de plus.

Cela fait des décennies que les riches deviennent plus riches, de façon indécente et totalement déconnectée de toute réalité macro économique. Pendant ce temps, la planète se meurt, tout comme les classes les plus précaires. Les classes moyennes, elles, sont paupérisées, sur l’autel de la crise et de sacrifice… permettant aux ultras riches de gagner encore plus d’argent.

Alors oui, face à ce terrible constat, une seule issue : faire sécession.

Cesser de tenter de « réformer » le système de l’intérieur. Cesser de jouer le jeu de la « démocratie » en exprimant nos colères par des pétitions, par les élections ou par des manif/nasses. Cesser de composer avec des personnes et structures qui affirment vouloir changer le monde mais sans changer les règles. Cesser d’écouter et de regarder les médias des ultras riches. Cesser de participer à leur simulacre démocratique. Cesser de leur donner de l’importance.

Car au final, nous sommes des millions à en avoir clairement ras le cul de ce monde, de cette société. A vouloir tenter de tout renverser pour tout changer. Des millions à ne pas considérer l’étranger ou l’autre comme la cause de nos malheurs. Des millions à savoir que c’est le puissant, l’ultra riche, qui en est responsable.

Mais le système est si bien fait que les espaces médiatiques, politiques, publiques sont occupés par des personnes et des débats qui laissent à penser que les thématiques imposées par les puissants sont vraiment celles qui préoccupent le plus grand nombre.

Cessons d’être en réaction. Construisons à côté. Construisons sans eux. Détruisons aussi. Émancipons nous de nos chaînes, de nos maîtres, de nos peurs.

Quand une société nous parait si affreuse et inhumaine, et qu’elle prétend vouloir/devoir aller encore plus loin dans l’inhumanité, nous n’avons qu’une option : faire sécession.