« La crise consiste justement dans le fait que l’ancien [monde] meurt et que le nouveau ne peut pas naître. Pendant cet inter-règne, on observe les phénomènes morbides les plus variés. » Antonio Gramsci
Antonio Gramsci est un philosophe italien marxiste qui a notamment développé la thèse de l’hégémonie culturelle et co-fondé le parti communiste italien. Le philosophe italien a toujours lutté contre les figures et les pouvoirs fascistes. Ceux qui l’ont fait croupir en prison pendant près de 20 ans afin « d’empêcher son cerveau de fonctionner ».
Mais c’est justement en prison que Gramsci a développé la plupart de ses hypothèses. Il a touché du doigt les conditions nécessaires à l’avènement des révolutions en Europe de l’ouest avec le développement des thèses sur l’hégémonie culturelle.
La lutte des classes, dit Gramsci, doit désormais inclure une dimension culturelle ; elle doit se poser la question du consentement des classes subalternes à la révolution. La force et le consentement sont les deux fondements de la conduite des Etats modernes, les deux piliers d’une hégémonie. Quand le consentement vient à manquer, les conditions sont réunies pour le renversement du pouvoir en place.
Gramsci a également fait le constat vérifiable au présent. Du fait de nos temps de crises, économique dans un premier temps (2007), terroriste dans un second (2014), sanitaire et écologiques d’aujourd’hui et de demain.
Que lors de ces périodes, le pouvoir en perdition tente de se maintenir à flot et use pour ça de toutes les stratégies. Il ne lâche rien et empêche ainsi le nouveau monde d’apparaître. Il n’arrive plus à obtenir le consentement de sa population et fait face à des tentatives de débordement, de renversement et entre dans un processus de fascisation.
Ainsi surgissent les monstres.
Alors même que Zemmour tente de récupérer les idées de Gramsci en le citant sans honte là où il le peut, nous devons l’appréhender en tant que symptôme de l’époque, ou pour reprendre l’expression de Gramsci, comme « phénomène morbide ». Il n’est que la face publique du processus de fascisation actuel que seul un antifascisme populaire, solidaire, radical pourra contrer en créant les conditions propices à l’avènement du nouveau monde.