Depuis plusieurs années, des enquêtes et témoignages mettent en lumière une série de faits graves liés au Hellfest. Ils dessinent un tableau cohérent : celui d’un festival qui accepte, banalise ou minimise des comportements problématiques et des discours d’extrême droite.

Parmi les faits documentés :
– la présence récurrente d’artistes liés à des cercles néonazis
– la programmation sur la dernière édition d’un musicien condamné pour meurtre homophobe, sans que le festival n’y voie un problème
– des dizaines de témoignages de victimes dénonçant l’absence de prise en compte des violences sexuelles, tandis que la communication officielle se réduit à un “purplewashing” et même à remettre en cause la parole des victimes
– une condamnation pour harcèlement moral à l’encontre d’une ancienne stagiaire
– ou encore l’accueil en VIP du dessinateur d’extrême droite Marsault, avec lequel l’avocat du festival, Denis Del Rio, a pris des selfies.
Ces éléments ne sont pas isolés : ils montrent une dérive structurelle et assumée par la direction du festival.

1. Nous savons que la majorité du public n’est pas fasciste — mais la question n’est pas là
Bien sûr, de nombreuses festivalières et de nombreux festivaliers n’ont rien à voir avec l’extrême droite.
Et la présence d’artistes comme Les Vulves Assassines, Gojira ou Grandma Ashes confirme que le Hellfest n’est pas intrinsèquement fasciste.

Mais c’est précisément là que réside le problème :
Ce n’est pas parce qu’il y a des groupes connus pour leur engagement féministe ou antiraciste que cela justifie de programmer ailleurs un chanteur ayant déjà fait un salut nazi sur scène, ou un artiste condamné pour un meurtre clairement homophobe.

Dire que « toutes les opinions se valent » ou que « la musique est apolitique » revient à reprendre mot pour mot la stratégie culturelle de l’extrême droite : dépolitiser pour mieux s’installer. La présence d’artistes progressistes ne compense pas la présence d’artistes d’extrême droite.

2. Le problème n’est pas la scène métal : c’est la direction du Hellfest. Et son nom est Ben Barbaud
Il est temps d’être clairs : la responsabilité de ce qu’est en train de devenir le Hellfest porte un nom.
Ben Barbaud, directeur du festival, refuse depuis des années de condamner les actes ou symboles fascistes associés à certains artistes programmés. Il laisse la porte ouverte à celles et ceux qui cherchent justement à réintroduire l’extrême droite dans les événements populaires. Et cela n’a rien d’une négligence.

Sur les violences sexuelles, la communication de la direction a été tout aussi inquiétante : lorsque des agressions ont été révélées par les médias, le Hellfest a choisi d’attaquer ces médias, mettant en cause leur “manque de preuves” et la “précipitation” de leur couverture, plutôt que de prendre au sérieux la parole des victimes.

C’est une ligne politique.
Avec l’affluence du public et la caution de partenaires comme Arte, la direction du Hellfest n’a aucune raison de freiner. Au contraire : elle peut se permettre de normaliser chaque année un peu plus l’impensable, ouvrant une fenêtre d’Overton où les idées et les pratiques d’extrême droite deviennent progressivement acceptables.

3. C’est pour cela que le partenariat d’Arte est un problème éthique majeur
Arte n’est pas un simple média. C’est une chaîne franco-allemande créée pour favoriser la rencontre des cultures, la paix, l’ouverture — et pour que l’Europe ne replonge jamais dans l’horreur fasciste.

Comment Arte peut-elle aujourd’hui couvrir et promouvoir un événement qui :
– programme des artistes liés à des scènes néonazies ;
– laisse jouer un musicien condamné pour un meurtre homophobe ;
– accueille des personnalités d’extrême droite en VIP ;
– minimise les violences sexuelles ;
– tout en étant dirigé par quelqu’un qui refuse de fixer des limites claires ?
Le paradoxe est total.

4. En restant partenaire, Arte empêche un cordon sanitaire indispensable
Dans un moment où l’extrême droite progresse partout en Europe, l’absence de cordon sanitaire culturel est une imprudence grave. Lorsque l’un des plus grands festivals de France laisse s’installer l’extrême droite, et que l’un des plus grands médias publics européens lui fournit une caution prestigieuse, c’est toute la culture qui recule.

Tant qu’Arte reste partenaire, le message envoyé est clair :
« Le fascisme culturel peut exister tant qu’il est entouré de musique et de bonne ambiance. »
Et c’est exactement ce que Ben Barbaud revendique : une neutralité qui permet à tout le monde d’entrer, y compris l’extrême droite.

5. Nous demandons donc à Arte de ne pas renouveler son partenariat avec le Hellfest
Parce que nous aimons la musique métal.
Parce que nous aimons sa créativité, son énergie, son esprit critique, ses contre-cultures.
Parce que nous savons qu’il existe d’innombrables festivals métal inclusifs, engagés, intelligents, sûrs — qui méritent largement d’être mis en lumière.

Le Hellfest n’est pas le seul horizon.
Et tant que Ben Barbaud :
– refusera de condamner l’extrême droite,
– continuera de programmer des artistes fascistes ou condamnés pour homophobie meurtrière,
– minimisera les violences sexuelles,
il est de notre responsabilité collective de créer un cordon sanitaire.

6. Non, ce n’est pas de la cancel culture
Certains vont, une fois encore, hurler à la censure, au “wokisme” et à la cancel culture. Pourtant, nous ne demandons ni l’interdiction du Hellfest, ni même son boycott — même si nous espérons que de plus en plus d’artistes et de spectateurs refuseront d’y retourner tant que la direction, sous l’autorité de Ben Barbaud, n’aura pas profondément revu sa ligne.

Non : ce que nous demandons, c’est qu’Arte fasse un choix. Chaque année, la chaîne couvre une quinzaine de festivals en France. Or il existe près de 3 000 festivals dans l’Hexagone. Sélectionner le Hellfest parmi ces quinze n’a rien d’une fatalité.

Et reconduire, année après année, ce partenariat malgré les révélations accablantes sur le racisme, le sexisme et les complaisances idéologiques du festival, c’est un choix politique fort et lourd de conséquences.

Nous appelons donc Arte à faire désormais un choix clair et nécessaire :
ne pas renouveler son partenariat avec le Hellfest en 2026.
C’est un choix de cohérence.
Un choix de responsabilité.
Un choix culturel fondamental.

[ Pour signer la tribune en tant qu’artiste, personnalité publique ou association, merci d’envoyer un mail à cerveauxnondisponibles@protonmail.com ]

Premiers signataires :
Yoa
Lala &ce
Suzane
Waxx
Georgio
Pomme
Flore Benguigui
Guillaume Diop
La Horde
2L
Guillaume Meurice
Voyou
Aloïse Sauvage
Fakear
Félix Maritaud
Pierre Emmanuel Barré
Birds in Row
Spore
Florence Mendez
Danièle Obono
Océan
Rose Lamy (Préparez vous pour la bagarre)
Ludivine Sagnier
Rima Hassan
Hugo Le Van
Cht.am
Louisa Yousfi
Alice Pfältzer (je.suis.une.sorciere)
Sheems Audat
Kévin Razy
Manon Azem
Madame meuf
Franck Barat
Vicky R
Ngielix
Julien Barbagallo
Hélène Vézier
MSS FRNCE
Olympe Reve
tienstiens
Ségolène Amiot
Isanka capallere
Ceylon
Rey Mendes

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