Initialement publié le 2 novembre 2020
Quand on se bat pour la liberté et l’émancipation de tous et de toutes, il ne peut y avoir de compromission avec l’obscurantisme et le fanatisme. Qu’il soit nationaliste et/ou religieux.
En ce sens, les actes atroces commis à Conflans et à Nice ces derniers jours nous écœurent et nous révoltent. Ils sont le fait de personnes aux valeurs totalement opposés aux nôtres, prônant l’oppression, l’obscurantisme et la mort. Ils ne trouveront aucune once de sympathie ou d’empathie chez nous. Cela peut paraître une évidence, mais la période actuelle semble imposer ce rappel.
Et nous n’avons pas attendu que cette terreur s’exerce en France pour avoir un rejet absolu de ce fanatisme islamiste. Les premières victimes de cet obscurantisme sont, depuis longtemps, les musulmans et les populations vivant sur des territoires où ces fascistes peuvent agir. On pense notamment aux Kurdes ou aux Arméniens mais aussi aux militants communistes, libertaires, anarchistes, féministes et tous ceux qui se battent pour une émancipation des peuples.
Ce fanatisme est un poison qui tente de faire sombrer dans l’obscurité le plus grand nombre possible de personne et de territoire. Tout comme le fanatisme juif, catholique ou hindouiste. Tout comme le suprémacisme blanc. Pour le combattre, certains pensent qu’il faut combattre l’ensemble de la culture et de la religion dont ces fanatiques prennent l’étendard. En l’occurrence, combattre l’Islam pour combattre les fanatiques islamistes. Comme s’il fallait combattre les blancs pour faire reculer le suprémacisme, ou combattre les juifs pour mettre en échec les intégristes juifs.
C’est totalement à côté de la plaque. Pire, cela ne fait que renforcer ces mouvances. On le voit depuis des décennies où la montée d’une islamophobie généralisée et décomplexée, bien au delà de l’extrême droite, n’a en rien fait reculer le fondamentalisme musulman. Loin de là. très loin de là.
Comprendre ce mécanisme ne signifie pas excuser les actes odieux dont on parlait en début de texte. Mais il est essentiel de comprendre ce qu’il se joue quand, à la faveur d’un drame comme celui d’un attentat, toute une population se retrouve accusée. Quand, par sa couleur de peau, sa religion, sa tenue, on se retrouve à faire peur à son voisin, à son collègue, aux passants dans la rue. Se faire rejeter, voire insulter ou accuser d’être complice du pire, conduira forcément de nombreuses personnes à se renfermer sur les seuls qui ne jugeront pas. En l’occurrence les personnes ayant la même religion, la même couleur de peau, la même tenue. C’est un piège tendu par les fanatiques islamistes. Quand ils commettent un attentat, ils espèrent qu’il aura un écho énorme médiatiquement et dans la population. Ils espèrent que les réactions seront à la hauteur de l’horreur perpétrée, et créera des réactions de rejet, voire de haine, envers les musulmans. Ils se réjouissent que l’extrême droite s’empare et prenne le quasi monopole de la réaction face à leur acte. Ils se réjouissent que cela occupe le devant de la scène politique et médiatique.
Alors bien sûr, être conscient de cette stratégie ne signifie pas qu’il faut, pour les mettre en échec, ne pas s’indigner et ne pas parler de ces atrocités. Mais il faut le faire en évitant de leur donner les éléments pour leur victoire : à savoir cliver la société et ne laisser le choix que d’être islamophobe ou intégriste islamiste. Cela peut paraître un peu grossier, mais, avouons-le, la méthode de pensée de ces gens là ne fait pas dans la finesse.
Que faire donc face à la montée de la terreur, et sa réaction raciste et tout aussi fasciste?
Rester droit dans ses bottes concernant les principes de libertés et d’émancipation, tout en restant fortement attaché aux respects des croyances et au combat contre le racisme. Cela n’évitera pas de nouveaux drames. Mais reconnaissons que cela n’est pas de notre ressort. Qu’un illuminé pourra toujours créer l’horreur. Et ainsi, notre victoire sera que son acte ne puisse pas influer sur le basculement de nos sociétés vers l’obscurité.
Interrogeons également les systèmes de renseignements français et européens. Depuis des années, le pouvoir a mis en place une véritable société du contrôle et du fichage. Sauf que ce contrôle se fait aussi (surtout?) pour des militants (écolo, Gilets jaunes, féministes, anarchistes). L’État est capable d’interpeller un GJ , et de l’enfermer plusieurs mois, pour simple « présomption » de vouloir commettre des dégradations. Mais il est incapable d’avoir les moyens pour repérer les fanatiques islamistes sur le territoire national. Ces ratages sont d’autant plus problématiques que des moyens juridiques, techniques, matériels et humains considérables sont mis en œuvre au nom de la lutte contre le terrorisme.
Interrogeons aussi le jeu malsain et hypocrite de la France qui soutient militairement et diplomatiquement des régimes parmi les plus obscurantistes du monde, et que l’on sait objectivement proche de terroristes islamistes. A commencer par l’Arabie Saoudite, berceau de l’Islam sunnite, ouvertement en conflit avec l’Iran chiite et que l’occident a décidé de soutenir financièrement, militairement et diplomatiquement, sachant pertinemment ses liens avec des groupes terroristes (y compris l’Etat Islamique). Et qui a participé à des guerres qui sous couvert de combattre le terrorisme ont massacré des populations civiles au moyen orient.