Initialement publié le 28 mars 2020
« Plus jamais ça ! Lorsque la fin de la pandémie le permettra, nous nous donnons rendez-vous pour réinvestir les lieux publics et construire notre « jour d’après ». Nous en appelons à toutes les forces progressistes et humanistes, et plus largement à toute la société, pour reconstruire ensemble un futur, écologique, féministe et social, en rupture avec les politiques menées jusque-là et le désordre néolibéral. »
Par ces mots se termine une tribune signée par 18 responsables d’organisations syndicales, associatives et environnementales.
Selon eux, la crise sanitaire actuelle oblige à un « jour d’après » à la hauteur des enjeux, avec une lutte commune pour des changements radicaux. On aimerait se satisfaire d’une telle tribune. On aimerait y croire. Mais comment est-ce encore possible ?
La situation actuelle, et l’expérience des dernières luttes, nous donne plutôt envie de répondre « Plus jamais de tribune comme celle-ci ». Car combien en a-t-on lu, et même signé, des tribunes collectives de ce genre ? Nous même en avons écrit.
Mais aujourd’hui, continuer sur cette voie de la communication du « plus jamais ça » tout en tentant de négocier avec le pouvoir et les structures financières, relève au mieux d’une naïveté qu’on ne peut plus se permettre, au pire d’une complicité avec le système actuel.
Macron, son pouvoir et son monde, n’ont strictement rien appris de cette crise. Sous une façade d’unité et de solidarité avec le personnel de santé (la bonne blague), ils utilisent ce drame pour détruire encore un peu plus le droit du travail et pour passer des mesures encore plus liberticides.
Il n’y aura pas de « prise de conscience » des puissants que le système actuel nous amène à une catastrophe humaine et écologique. Si changement il y a, il se fera parce que ces personnes auront été poussées vers la sortie et ne tiendront plus les rênes du système.
La planète brule, littéralement. Et certains pensent encore pouvoir raisonner les incendiaires.
En deux ans, le pouvoir a été totalement sourd à l’un des mouvement les plus insurrectionnels depuis 68 (les Gilets jaunes) et à l’une des grèves les plus importante (par sa durée et son ampleur) depuis un quart de siècle. Il a également été sourd au mouvement climatique le plus important que le pays n’ait jamais connu. Et bien sûr, sourd à toutes les revendications sectorielles : pompiers, hôpitaux, profs, avocats….
Qui peut aujourd’hui croire que le drame du Covid19 va faire changer quelque chose à leur façon d’appréhender le gestion du monde ? Ces gens ne sont pas aux services des « citoyens » mais bien d’une petite élite d’ultras riches.
Nous n’avons qu’une vie. Nous n’avons qu’un père, qu’une mère. Nous n’avons qu’une planète. Et nous n’avons que trop tardé pour arrêter le carnage en cours.
Pour certains, la ligne infranchissable dans la lutte est celle de la pseudo « violence ».
Pour nous, c’est celle de la compromission avec le pouvoir.
Macron, sous une façade bien présentable, moderne et ouverte, a construit en quelque mois une société totalitaire où les seules libertés encore permises sont celles offertes aux capitaux et aux riches. La crise du Covid ne va qu’accélérer cette chute dans le totalitarisme 2.0
Macron a mutilé des milliers de manifestants : Gilets jaunes, pompiers, infirmières, profs. Il a réduit le droit de manifestation pour en faire une farce « pseudo démocratique » où il n’est désormais possible de manifester que dans une nasse policière géante. Il a verbalisé et condamné des personnes pour leur simple présence dans un lieu public, pour leur simple adhésion supposée à un mouvement (GJ). Les exemples sont malheureusement encore nombreux et ne vont que s’accumuler dans les mois à venir.
Face à cela, deux options : négocier ou se battre. Pour nous, on ne négocie pas avec un pouvoir totalitaire. On se bat pour le détruire.
Cela n’empêche pas d’écrire des tribunes. Mais cela engage à faire bien plus que ça, le fameux « jour d’après ».
Car rien ne serait pire que de déclamer « plus jamais ça », et, le jour d’après, continuer la lutte comme « avant », pour le résultat que l’on connait d’avance.