Initialement publié le 14 décembre 2020
Mélanie fait partie des quelques 150 personnes qui ont été placées en garde à vue lors des violentes charges orchestrées par la préfecture de police de Paris contre les manifestant.es, lors de la manifestation « Contre les séparatismes » et « Sécurité globale » du samedi 12 décembre 2020. Au moment où nous écrivons, elle est toujours détenue au commissariat du 19e arrondissement.
Blessée le 20 avril 2019, au cours d’un des actes du mouvement des gilets jaunes, Mélanie a, comme beaucoup d’autres blessés, déposé plainte devant l’IGPN. Et comme pour tous les autres, cette plainte a été classée sans suite par le Parquet de Paris. Elle explique ici pourquoi :
Mélanie n’a pas l’intention d’en rester là et décide de porter plainte contre le commandant Dominique Caffin, le CRS réputé pour sa brutalité qui est l’auteur des coups reçus le 20 avril 2019 :
https://www.liberation.fr/france/2020/07/13/violences-policieres-un-chef-crs-jamais-inquiete_1794198
Défendue par Arié Alimi, son procès est prévu pour le 15 avril 2021.
L’arrestation de Mélanie lors de la manifestation du 12 décembre ressemble étrangement à une sanction pour « outrecuidance ». Comme d’autres gilets jaunes, Mélanie n’est pas du genre à accepter les verdicts de la justice lorsque ceux-ci entérinent purement et simplement l’impunité des forces de l’ordre. En témoignent son engagement constant depuis 2019 dans un certain nombre de collectifs de blessés par la police (Collectif vies volées, Les mutilé.es pour l’exemple), et sa participation à de très nombreuses rencontres ou émissions de radio aux côtés de l’Assemblée des blessés des Familles et des Collectifs contre les Violences Policières ou encore du collectif Désarmons-les, dont l’un des membres, Ian B, vient d’écoper de huit mois de prison ferme (soit une peine extrêmement lourde eu égard à la fragilité des preuves apportées). Sans compter l’investissement très important de Mélanie au sein du groupe des Réfractaires du 80, qui a été un des fers de lance de la lutte des gilets jaunes dans les Hauts de France. Le 4 décembre dernier, avec trois autres membres des Réfractaires du 80, Mélanie a assisté au procès d’Aurélien et de Jérémy, deux membres du groupe qui ont eux aussi pris très cher, en termes de mépris social et de peines infligées. Mélanie est alors photographiée à de nombreuses reprises par un gendarme, en dépit des protestations de ses camarades.
Si on accepte l’hypothèse que la police est venue « faire son marché » lors de la manifestation parisienne du 12 décembre, il est à parier que cette forte tête ait été délibérément ciblée, l’objectif étant d’intimider durablement, d’humilier, et finalement de dissuader ceux et celles qui ont eu l’audace de contester l’ordre social et policier et de s’opposer de toutes leurs forces aux dérives autoritaires qui caractérise aujourd’hui l’État français. L’acharnement dont Mélanie est l’objet est inacceptable : blessée une première fois dans son corps, elle est maintenant enfermée pour un temps indéterminé, le temps sans doute d’évaluer si elle ne pourrait pas, sur la base de faux en écriture publique, être inculpée.
EDIT Lundi 16H53 : Mélanie va passer une nouvelle nuit au dépôt. Elle ne passera que demain matin devant le juge des libertés. On ne connaît toujours pas le motif de l’inculpation. Cet acharnement vise à la détruire. (message de ses proches)