Initialement publié le 20 mai 2020
La menace que le coronavirus a fait planer sur la santé des populations du monde entier a démontré que le véritable danger venait d’une dégradation des services médicaux. Cette dégradation, il n’est pas douteux que les impératifs de profit, partout prédominants, ne cesseront de l’accélérer.
Gérer les hôpitaux comme des entreprises à rentabiliser implique de sous-payer et de surexploiter le personnel, de diminuer le nombre de lits et de moyens techniques. Les grandes firmes pharmaceutiques paralysent la vraie recherche, jettent le discrédit sur les scientifiques qu’elles stipendient, interdisent des médicaments à bas prix qui ont fait leurs preuves pour vendre des vaccins douteux dont la seule efficacité garantie est l’intérêt financier qu’ils produiront.
Il va de soi que les États n’hésiteront pas à réitérer le coup des libertés restreintes, qui leur a si bien réussi. Tout en laissant se répandre les virus issus de la fonte du permafrost, ils se serviront sans scrupule du même prétexte épidémique pour confiner préventivement celles et ceux qui s’insurgent contre leur politique criminelle. Il faut dès maintenant déjouer cette manœuvre.
Il y va de notre vie et de celle de nos enfants : décrétons l’autodéfense sanitaire. Dans les rues, les villes, les campagnes, endossons la blouse blanche du personnel hospitalier. Tous aides-soignants, tous promoteurs de santé !
La morbidité de l’État et des institutions supranationales est permanente. À son encontre imposons, par la permanence et l’intransigeance de nos luttes, le droit imprescriptible à la vie.
Gilets jaunes, noirs, rouges, multicolores ne sont que les habits d’une révolution qui engage l’avenir de l’humanité. La blouse blanche est, plus qu’un symbole, une pratique. Si elle envahit les rues, comment l’État policier en viendra-t-il à bout ?
C’est aux peuples, principales victimes des mesures coercitives et des malversations budgétaires, de créer des conditions capables d’assurer à tous et à toutes la garantie d’éradiquer la maladie dont le capitalisme est le virus le plus implacable. Désobéissance civile, résistance à l’oppression, solidarité festive, y a-t-il meilleurs gages de santé ?
Nous sommes tous des aides-soignants. Le combat est partout où le pouvoir des Communes interdit les pesticides et les nuisances, réinvente l’école, les transports, les structures hospitalières, l’existence quotidienne. C’est un adage médical bien connu, que la plupart des maux se guérissent d’eux-mêmes si on leur donne suffisamment de temps. Nous sommes ce temps-là.
Raoul Vaneigem