Initialement publié le 22 juin 2020
Un an après la mort de Steve à Nantes, la fête de la musique a une nouvelle fois été attaquée par la police et la gendarmerie. A Paris, la police semait la terreur en évacuant la rue de Lancry, sans hésiter à user de la matraque sur les fêtards, pendant qu’à Nantes la gendarmerie noyait le cortège festif sous les lacrymos.
S’il est un signe que nous sommes entrés dans une nouvelle ère, en voilà un de plus. Toujours un de trop. En France, la police frappe les fêtards. En France, l’Etat met en danger de mort la population lorsqu’elle sort simplement danser sur son sol, sur son territoire. En France, on argue d’un risque du Covid pour des fêtes en plein air, mais on s’accommode des municipales en lieu clos. La science établit des liens entre municipales et contagion, mais c’est dehors à l’air libre, dans l’espace populaire, que règne l’interdiction et la répression.
A Nantes hier, chacun a pu assister à une drôle de fête. A une fête de résistance. Les interdictions proclamées par le Préfet Claude d’Harcourt, déjà en place quand Steve est mort, ont été bravées. Comme un peu près toutes les interdictions de manifestations en France ces dernières semaines.
A la manière de ce camion sono emportant un bon millier de personnes en cortège festif hier à Nantes, la multitude d’individus présents a su inventer, a su oser. Comme par un geste naturel qui ignore les entraves qu’on s’apprête à lui mettre, le dispositif de gendarmerie a pendant un bon moment été balayé, ignoré. Méprisé comme il se doit. Au nom de quelque chose de vital. Au nom d’un droit écrit nulle part comme tel, celui de vivre et s’exprimer à nombreux quand c’est interdit, surtout quand c’est interdit.
La liberté a cependant fini par être rattrapée. La fête de la musique 2020 à Nantes était en cavale hier. On n’aurait jamais cru possible d’écrire « cavale » et « fête de la musique » dans la même phrase, mais c’était sans compter le climat répressif et brutal qui sévit en France avec Macron et ses préfets criminels. Le camion et son conducteur ont ainsi été rattrapés. Le conducteur toujours en garde à vue risque gros et de payer à titre d’exemplarité car le pouvoir n’aime pas être défié. Le conducteur va avoir besoin de soutien très vite.
Nous n’avons d’autres choix que de rentrer en résistance et de se serrer les coudes, car la fête est maintenant devenue malgré elle un espace où il faut lutter. On n’oubliera pas qu’avant cela, celle et ceux qui faisaient vivre la fête libre comme Steve Maia Caniço étaient déjà depuis longtemps les cibles de la répression.
En France en 2020, l’Etat transforme officiellement la joie libérée en comportement criminel. Soyons fortes forts et solidaires pour savoir briser les chaines qui se resserrent. Non loin de Nantes, dans le bocage, il y a la Zad. Et là bas, on avait coutume de dire : Nous sommes la nature qui se défend. Cette phrase vaut maintenant partout.
Pour soutenir le conducteur du camion son et les autres inculpé.es de la soirée du 21 juin, pour ne pas laisser la répression se déchaîner sur eux sans réactions, les proches recherchent des témoignages sur les violences policières ce soir là, des vidéos, du soutien financier. Il est possible de leur écrire à soutienrepression21nantes@riseup.net
Vidéos
Nantes sous les gaz : https://twitter.com/CerveauxNon/status/1274814048442421248
Paris sous les matraques : https://twitter.com/CerveauxNon/status/1274790043790573568