Facebook menace de supprimer la page CND !

Samedi 3 avril 2021, Facebook nous envoie la notification la plus menaçante depuis la création de notre page. « Cerveaux non Disponibles risque de ne plus être publiée » (entendez supprimée). Elle est déjà, depuis ce samedi après midi très fortement déréférencée. La raison de ce bannissement ? Une vidéo publiée samedi matin d'une manifestation féministe ayant eu lieu vendredi à Mexico, suite au meurtre d'une salvadorienne étouffée par la police. Cette vidéo montre plusieurs manifestantes frapper les boucliers de la police avec des marteaux. Le post était très informatif mais avec un titre un peu provocateur : "Détruire la société patriarcale et capitaliste... au marteau !". La vidéo est toujours visible sur plusieurs comptes Twitter, Facebook et Instagram.

Ce signalement fait suite à d'autres, qui, selon Facebook, ont contribué à cette décision de potentiellement supprimer notre page. Il y a deux semaines, nous publions, dans la foulée des Césars, un visuel en soutien à l'action de Corinne Maserio, réalisée par l'artiste "Débit de beau". Le voici :

Facebook a supprimé le post, considérant qu'il y avait présence de "nudité ou actes sexuels" ! Là encore, nous avions fait appel, sans réussir à obtenir gain de cause (pas même un retour de Facebook).

Enfin, quelques semaines avant, Facebook nous avait également épinglé, cette fois pour "fake news". Nous avions publié un visuel avec un texte d'accompagnement, illustrant un article du Canard Enchainé. Nous expliquions que les hôpitaux d'Ile de France avaient perdu 800 places en réanimation depuis mars 2020. L'AFP a publié un factchecking nous accusant de fakenews. Et, en lien avec Facebook nous a épinglé et déréférencé. Voici le post :

Il se trouve que nous nous sommes trompés sur la date de l'article du Canard, qui datait non pas de mars 2021 mais d'octobre 2020. Autre erreur : le Canard ne parle pas de 800 lits mais d'une capacité en baisse de 30% par rappor à avril 2020, où il y avait 2500 lits de réa. Donc 30% de 2500 lits représentent 750 lits en moins par rapport à Avril ! Alors oui, il y a erreur sur la date, et 50 lits de différence. Mais peut-on pour autant parler de Fakenews ? Et décider d'invisibiliser une page pour ça ?

Doit-on rappeler les tonnes d'informations clairement erronées que les principaux médias diffusent sur leurs réseaux ? Ces médias qui ont diffusé des heures durant la soit disante arrestation de Xavier Dupont De Ligonnès, qui ont affirmé pendant des mois tout et son contraire sur la réalité sanitaire du covid, qui ont affirmé qu'un manifestant s'était maquillé le visage alors qu'il avait le visage en sang suite à une charge policière...

Nous ne prétendons pas avoir raison sur tout. Nous publions chaque mois plusieurs centaines d'articles, de tribunes, de vidéos. Nous faisons sûrement des erreurs. Mais ce n'est jamais un mensonge intentionnel. Contrairement à d'autres. Quelle société peut accepter qu'un géant du web décide de quelle information peut ou pas être vue par des citoyens, ayant pourtant fait le choix de s'abonner à une page ?

Cela fait près de deux ans que nous alertons et nous inquiétons des dérives de censure et d'invisibilisation de pages et médias militants par Facebook. A l'été 2019, la page CND et d'autres (Nantes Révoltée, Colère noire, Rouen dans la Rue...) connaissaient une très forte baisse de visibilité, pile une semaine avant le G7 à Biarritz.

Depuis, nous avons gagné plus de 200 000 abonnés sur facebook (atteignant presque les 450 000) mais avons vu notre audience chuter. C'est tout sauf un hasard. Et ce dernier épisode n'est que l'épilogue d'une lutte discrète mais bien efficace de Facebook et des gouvernements en place pour détruire l'émergence de contre-médias. Pour vous donner des chiffres précis, en avril dernier, alors que nous n'avions que 300 000 abonnés, la couverture moyenne quotidienne de nos posts était d'1,5 million. Un an plus tard, avec 150 000 abonnés de plus, elle est a 250 000 ! De nombreux abonnés, qui ont pourtant cliqué sur l'option pour mettre notre page en favoris, ne voient plus nos posts sur leur mur.

Les deux phénomènes sont étroitement liés : chaque signalement / suppression de post (pour pseudo fakenews ou pour appel à la violence) participe de la baisse de la visibilité de la page, qui, même sans signalement, baisse inexorablement. Nous savons que plusieurs groupes pro Macron , pro police ou d’extrême droite ont déjà lancé, via des groupes privés, des campagnes de signalement envers CND. Nous avons tenté à plusieurs reprises de prendre contact avec Facebook, et d'échanger avec eux. En vain.

Aujourd'hui, CND compte plus de 600 000 abonnés sur ces différents réseaux. Nous assumons d'être un média militant, de prendre parti, de donner notre avis, et de soutenir des luttes anti capitalistes, antiracistes, féministes, écologiques. Nous soutenons ceux qui luttent pour une société plus égalitaire. Nous avons dès le début soutenu les Gilets Jaunes. Et nous continuons et continuerons.  Cela ne fait pas de nous un groupe de dangereux terroristes. Certaines chaînes de TV ou de radios propagent bien plus de haine et d'appel à la violence, et ce, sur leurs chaînes mais aussi sur leur facebook. Sans être inquiété. Sans que leur page soit invisibilisée.

Il y a donc bien un choix qui est fait par Facebook dans la gestion des médias sur son réseau. Et c'est un choix politique.

Face à cette situation, nos moyens de riposte sont plus que limités. Facebook fait bien ce qu'il veut de son réseau puisque tout utilisateur (y compris les pages) ont signé les CGU qui lui donnent les mains libres pour supprimer tout ou partie de ce qui circule sur son réseau. Nous allons tout de même tenter de reprendre le dialogue avec eux, de montrer, contenu par contenu, que nous n'avons pas à subir cette censure. Mais nous savons que notre meilleur arme dans cette lutte, ce sera l'écho que peut avoir notre situation. Et notamment l'écho sur les réseaux sociaux (drôle de paradoxe). Nous comptons donc plus que jamais sur vous pour relayer et visibiliser notre cas, qui malheureusement, sera de moins en moins isolé.

Quoi de plus normal que se faire striker d’un média capitaliste lorsqu’on affirme qu’il faut démolir le capitalisme nous direz vous ?  Et bien nous n’avons pas de honte à venir sur son terrain pour perturber sa petite mécanique bien huilée. L’infrastructure des réseaux sociaux a notamment rendu possible la déferlante gilets jaunes qui a su amener le calendrier des exigences populaires comme un pavé dans la marre au sein du ronron politique et des médias du pouvoir.

Nous prenons les opportunités où elles sont pour rappeler partout que de démolir le système qui nous démolie est une question urgente et saine dans une société malade qui propulse l’idéologie néo-libérale et totalitaire. Il n’empêche que vous pouvez aussi nous rejoindre sur des réseaux libres que nous avons commencé à investir et qui correspondent plus à l’idée qu’on se fait de la liberté d’expression.

Voici tous les liens pour nous suivre sur les réseaux libres (et les autres) :


Occupons-nous vraiment ?

Posons d'abord les bases : nous soutenons, sans réserve le mouvement des intermittents. Leur combat pour le prolongement de leur année blanche, une véritable politique de réouverture progressive des lieux et l'arrêt de la réforme de l'assurance chômage. Nous soutenons les occupations en cours sur tout le territoire depuis plus de trois semaines. Mais nous pensons que sans réel changement dans les prochains jours, ce mouvement n'aura d'autre force que la symbolique.et ne participera en rien au processus de basculement politique et sociétal.

A l'Odéon et ailleurs, cela parle de la Commune, cela parle révolution. Mais concrètement, les lieux sont "occupés" avec l'accord des directions, qui ne se mouillent pas, mais les laissent accessibles aux occupants, sous réserve qu'il n'y ait pas d'éléments trop déterminés. Deux exemples : à Bordeaux, des nouvelles personnes un peu deter ont voulu rejoindre l'occupation. Cela a donné lieu à des tensions sur les "règles" à respecter dans le lieu. Au point que les syndicats se sont désolidarisés (communiqué à l'appui). Quelques jours plus tard, la mairie donnait son accord pour évacuer, une première sur tout le territoire depuis le début du mouvement. A Toulouse, des agents de sécurité surveillent le lieu occupé, payés par la direction, avec contrôle du port du masque et du lavage de main dès l'entrée. Impossible pour ceux autorisés à dormir sur place de sortir avant la fin du couvre feu le matin à 6h, le contrôle des portes automatiques étant assuré par les mêmes agents de sécurité. Drôle d'occupation !

On remarque également l'absence assez forte d'acteurs des musiques actuelles ou encore de la fête libre. Ceux qui se sont mobilisés, par dizaines de milliers, pour soutenir la Rave Party de Lieuron. Ceux qui vont dans des concerts rap, hiphop, electro. Bref, la jeunesse. Celle pour qui la culture est aussi bien celle qui se joue ou se danse dans des lieux mythiques, que celle de la rue, des endroits festifs, des festivals ou des concerts.
Ces lieux, même s'ils sont "faciles" à occuper puisqu'il y a accord tacite des directions (souvent favorables aux réouvertures), sont une opportunité dans le champ social. Encore faut-il faire de ces lieux de vrais espaces pour créer le changement, la révolution. Et pas de simples tribunes médiatiques pour quelques syndicats.

Il faudrait aussi tenter d'occuper des espaces qui dérangent vraiment le pouvoir (politique et économique). Car là, les occupants peuvent rester des semaines à Odéon ou à Graslin sans déranger qui que ce soit. Et pour cause : il n'y a plus de spectacle ou de quelconque événement. C'est bien là le paradoxe de ces occupations.

Alors profiter de ces fermetures pour faire de ces lieux des espaces pour créer des dynamiques et préparer des actions : oui. Mille fois oui. Mais à condition de les ouvrir à tous ceux qui souffrent de la situation actuelle du pays, et qui désirent lutter. Syndiqués ou pas. Cultureux ou pas. Et que ces occupations ne soient pas considérées comme une victoire face au pouvoir mais plutôt comme une première étape pour aller le défier. A l'heure actuelle, le défi n'a même pas commencé. Macron et son monde ne tremblent pas. Pas même Bachelot. Nous avons eu espoir que le lancement des Vendredi de la colère s’inscrive dans cette dynamique et dans cette réflexion. Le résultat ? une manif syndicale déclarée, avec prise de parole en début et en fin de parcours.

La culture a pour mission de faire rêver. D'être ambitieuse. D'ouvrir de nouveaux possibles. De stimuler l'imaginaire en apportant l'impertinence, la joie, l'enthousiasme qui sont les moteurs de nos élans de lutte, de la mise en mouvement de nos corps en actes. L'Histoire a montré comment la Culture pouvait participer à une Révolution qui ne peut pas être seulement culturelle, mais qui se nourrit de l'Art sous toutes ses formes, pour s'épanouir.

Encore faut-il oser.


MACRON ET LE RACISME BANALISE

En janvier 2020, nous écrivions un article intitulé "Macron, Startup fasciste". C'était avant la loi sécurité globale, avant la pandémie et ses dérives liberticides, avant la loi séparatisme. déjà, nous pointions les éléments autoritaires et fascisants du régime Macron. Les 13 derniers mois n'ont fait qu'accentuer ces traits. Le côté autoritaire du pouvoir actuel fait presque consensus aujourd'hui, étant même pointé du doigt par plusieurs ONG et instances internationales.

Mais si autoritaire soit-il, Macron est-il raciste ?

Selon nous, le président de la République n'a pas un racisme viscéral. Il ne pense pas aux noirs, arabes et/ou aux musulmans tous les matins, terrorisé, en se rasant. Il ne pense pas que certaines "races" soient supérieures à d'autres. Sur la question des religions, il a même probablement une certaine ouverture et une compréhension de la diversité et de la richesse des cultes qui traversent le monde (et donc la France).

De ce point de vue, Macron n'est pas Le Pen (Marine, Jean Marie ou Marion).

Mais l'ensemble du tableau présidentiel n'en reste pas moins très sombre et inquiétant. Rarement les minorités (culturelles, religieuses, ethniques) n'avaient été aussi stigmatisées de façon structurelle, au plus haut niveau de l'état. Bien sûr, il y a eu Chirac avec "le bruit et l'odeur" ou plus récemment Sarko et son Karcher. Mais jamais le racisme n'avait été aussi présent et permanent dans les discours, les débats et les lois votées.

Comment expliquer ce "paradoxe" ?
Malheureusement très simplement. Macron n'est pas le président de tous les Français. Il est le président des riches. Des ultras riches. Ce sont eux qui l'ont placé au pouvoir, et c'est pour eux qu'il gouverne.

Or, dès le début du règne Macron, le système a été ébranlé comme rarement il l'avait été depuis mai 68. Le mouvement des Gilets Jaunes a frôlé l’insurrection et le renversement du système. Pendant des mois, une très large partie de la population a soutenu un mouvement qui appelait ouvertement à renverser la table, à redéfinir les règles du vivre ensemble, les principes de solidarité, de justice fiscale, de répartition des richesses. En ligne de mire, ce n'était pas Macron qui était visé, mais le système ultra libéral. Il ce système l'a bien compris.

Si l'arsenal sécuritaire et ultra répressif a permis de stopper la contestation dans la rue, il n'était pas suffisant pour stopper la révolte des esprits. Or, dans ce cas là, l'ultime recours est bien évidemment de diviser la population. Monter les pauvres les uns contre les autres, pour éviter qu'ils s'unissent pour combattre. Pointer des responsables. Faire la chasse aux sorcières.

Les questions de l'Islam et de l'immigration sont donc sciemment utilisées par le pouvoir pour créer des divisions et donc des diversions. Et cela marche.

A tel point que Macron se retrouve pris au piège de l'engrenage raciste : il a placé ces thèmes au centre des enjeux de la France 2021, bien aidé par ses médias amis. Il doit donc désormais porter ces thèmes racistes et nauséabonds jusqu'aux prochaines élections. Pire, avec Le Pen présentée (par les médias) comme adversaire principal, Macron se retrouve obliger, pour espérer être réélu, à devoir être plus royaliste que le roi. Enfin, plus raciste que la raciste pure souche.

Au final, qu'importe qu'il soit profondément raciste ou fasciste. Ce qui compte pour un président n'est pas ce qu'il pense mais ce qu'il dit, ce qu'il fait, ce qu'il vote. Et sur ce point, Macron est raciste. A la fin de son mandat, il laissera au pays un héritage autoritariste et raciste, à la fois dans les esprits, dans les débats mais aussi dans les lois.

Dans une époque où tout va très vite, où tout peut basculer de façon extrême et inattendue, ce qu'a fait Macron à la France est extrêmement grave et préoccupant. Et aura des conséquences pendant de longues années.

Si une personne se balade dans une forêt en renversant de l'essence et en laissant à plusieurs endroits des allumettes, sans jamais allumer de feu, dira-t-on d'elle que c'est un pyromane ? Est-elle aussi responsable de l'incendie que le pyromane qui, quelques heures après, découvre des allumettes, en craque une et la balance par terre, ravageant toute la forêt ?

En voulant sauver ses amis et le système ultra libéral, Macron a allumé la flamme du racisme. Seul feu capable de protéger le système de sa chute inévitable. Faire cela ne peut être considéré que comme du racisme, qu'importe si la finalité ultime n'était pas de faire du mal aux étrangers, aux musulmans ou au noirs.


A NUESTRXS AMIGOS Y AMIGAS DE ESPAÑA Y CATALUÑA

Los estados fascistas y autoritarios en toda Europa son màs fuertes. Lo observamos y lo experimentamos cada día. De Salvini a Orban, de Macron a Sánchez... Todos los Estados europeos han estado sometidos durante muchos años a la dictadura de la emergencia y la excepción. Desde la amenaza de atentados hasta la amenaza de la Covid...

Estos estados de excepción permanentes legitiman medidas coercitivas cada vez más asfixiantes y una justicia cada vez más severa. Estamos bajo arresto domiciliario y silenciados bajo amenaza de prisión. Esta es una observación común, compartida por todas las poblaciones occidentales. El liberalismo, por obstinación y frenesí, se está volviendo rígido y autoritario. En Francia, una pancarta de "Macronavirus" desplegada en un balcón provoca una detención. En España, las palabras de un rapero contra el rey se saldaron con una condena de prisión. El racismo, el sexismo, el fascismo, la acumulación de riqueza por parte de un puñado de personas aumenta en todas partes. Oponerse a este escenario catastrófico es vital.

Desde hace una semana, el pueblo de Cataluña, y más ampliamente en toda España, se ha rebelado tras la detención de Pablo Hasel. Desde donde estamos, a unos cientos de kilómetros de Barcelona, Valencia, Bilbao, Girona, Vic, Reus y Lleida, queremos deciros a vosotros, amigxs de la insurgencia, a los alborotadores, a los saqueadores, a las primeras filas, lo inspiradora que es esta revuelta para nosotros que nos sentimos inmóviles, estáticos, a la espera, amordazados.

Cuánto nos hace respirar la espontaneidad y la determinación que te caracteriza, nos da esperanza, nos da fuerza. Desde la misma noche de la detención del rapero hasta hoy, todas las noches sin faltar una, habéis invadido las calles y os habéis enfrentado a los uniformes del Estado y de la realeza. Cada noche, mientras una pandemia nos aprisiona y alivia las luchas, te has movido, has luchado.

Queremos llevar nuestra solidaridad a todxs los que en estos momentos están al otro lado de los Pirineos, enfrentándose a la policía y dando golpe por golpe a su brutalidad mutiladora y asesina (que aquí conocemos muy bien. Traumatizando nuestras revueltas, cubriendo de sangre los adoquines de nuestras calles).
A los que atacan las instituciones, saquean las tiendas de lujo y las grandes marcas, les aplican barricadas, se enfrentan y aguantan. Y a los que simplemente encuentran la fuerza para salir a la calle tras un año de pandemia y restricciones sanitarias. A todos vosotrxs, gracias por darnos fuerzas cada noche. Por mostrarnos que la rebelión aún es posible. Gracias por hacer que queramos unirnos a vosotros.

Como siempre, las luchas en otros lugares se hacen eco de las luchas aquí. Se alimentan mutuamente. Tú nos alimentas. Aquí es donde reside nuestra solidaridad internacional hoy en día. Y esto se refleja ya en la travesía de los Pirineos por un buen número de francesxs para apoyar, documentar y participar en las revueltas actuales. Otros se sumarán a España y Cataluña en los próximos días.

Estamos con usted.


A NOS AMI.E.S D'ESPAGNE ET DE CATALOGNE

Il y a partout en Europe, une montée en puissance des états fascistes et autoritaires. Nous l'observons et le vivons chaque jour. De Salvini à Orban, de Macron à Sanchez. Les états européens sont tous soumis depuis de nombreuses années à la dictature de l'urgence et de l'exception. De la menace des attentats à la menace du Covid.

Ces états d'urgence permanents légitiment des mesures coercitives de plus en plus étouffantes, une justice de plus en plus sévère. Nous sommes assignés à résidence et réduits au silence sous menace de croupir en prison. Ce constat est commun, il est partagé par l'ensemble des populations occidentales. Le libéralisme, par obstination et frénésie, se rigidifie et s'autoritarise. En France, une banderole "Macronavirus" déployé sur un balcon engendre une arrestation. En Espagne, les propos d'un rappeur contre le roi, une peine de prison. Le racisme, le sexisme, le fascisme, l'accumulation des richesse par une poignée de personne s'accentuent partout. S'opposer à ce scénario catastrophe est vital.

Depuis une semaine, les populations catalanes et plus largement de l'ensemble de l'Espagne se révoltent suite à l'arrestation de Pablo Hasel. De là où nous sommes à quelques centaines de kilomètres de Barcelone, Valence, Bilbao, Gérone, Vic, Reus ou encore Lleida, nous voulons vous dire, amis insurgés, émeutiers, pilleurs, premières lignes, ô combien cette révolte est inspirante pour nous qui nous sentons immobiles, statiques, dans l'attente, bâillonnés.

Combien la spontanéité et la détermination qui vous caractérise nous fait respirer, nous donne de l'espoir, nous donne de la force. Depuis le soir même de l'arrestation du rappeur, jusqu'à aujourd'hui, chaque soir sans en manquer un, vous avez envahi les rues et affronté les uniformes de l'état et la royauté. Chaque soir, alors qu'une pandémie nous emprisonne et atténue les luttes, vous avez bougé, vous avez lutté.

Nous voulons apporter notre solidarité, à toutes celles et ceux qui, actuellement, de l'autre côté des Pyrénées, affrontent la police et rendent coup pour coup à sa brutalité mutilante et assassine. (qu'ici nous ne connaissons que trop bien. Traumatisant nos révoltes, recouvrant de sang les pavés de nos rues).
A celles et ceux qui attaquent les institutions, pillent les magasins de luxe et les grandes enseignes, appliquent les gestes barricades, font face et tiennent bon. Ainsi qu'à celles et ceux qui trouvent simplement la force de descendre dans la rue après un an de pandémie et de restrictions sanitaires. A vous tous et toutes, merci de nous donner de la force chaque soir. De nous montrer que se révolter est encore possible. Merci de nous donner envie de vous rejoindre.

Comme depuis toujours, les luttes d'ailleurs font écho aux luttes d'ici. Elles se nourrissent les unes entres elles. Vous nous nourrissez. C'est ainsi que réside aujourd'hui notre solidarité internationale. Et celle-ci se traduit déjà par la traversée des Pyrénées par bon nombre de français pour soutenir, documenter, participer aux révoltes en cours. D'autres rejoindront encore l'Espagne et la Catalogne dans les prochains jours.

Nous sommes avec vous.


ARTISTES MAJEURS EN L'AIR

Racisme, violences policières, lois liberticides, harcèlement sexuel, sexisme, homophobie et transphobie... En quelques mois, le monde a été bousculé par de nombreux drames, et tout autant de luttes face à ces drames.

Dans ce sillage, certains artistes, y compris en France, sont montés au front. Front médiatique, et même parfois dans la rue. Omar Sy, Camelia Jordana, Yseult, Pomme, Adèle Haenel, Aissa Maiga, Sandra Nkake, Jeanne Added, Kiddy Smile...

Si le phénomène peut paraitre "anecdotique", il convient de le souligner, de s'en satisfaire et de rendre hommage à ces personnes. Certains diront que c'est par peur de se couper d'une partie du public que nombre d'artistes n'osent pas prendre position. Les exemples des énormes succès populaires d'Omar Sy ou de Camelia Jordana, après leurs prises de position, prouvent que s'engager n'est pas synonyme de briser sa carrière. Le palmarès des récentes Victoires de la Musique en est un autre exemple.

Valeurs Actuelles a d'ailleurs sorti un torchon raciste intitulé " Yseult, Nouvelle Star de la génération Ouin-Ouin". Ces réactionnaires ne supportent pas que des artistes réussissent tout en affirmant leurs combats contre le sexisme, le racisme, l'homophobie ou la grossophobie.

Cette génération d'artistes n'est pas "Ouin-ouin". Elle est deter, digne et fière. Et elle emmerde ceux qui n'arrivent pas à vivre avec elle.ux. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si tous les artistes cités plus haut sont pour la plupart des femmes, la quasi totalité racisées et/ou LGBTQ+ . Ces personnes ont vécu dans leur chair l'oppression de notre société, et ne peuvent penser leur art en dehors de cette réalité. Et c'est tant mieux.

Génération Adama. Génération Nous Toutes. Génération Metoo. Qu'importe le nom, cette jeunesse porte un vent de révolte, d'amour et de progrès comme il n'y en a pas eu depuis des décennies. Et ce, dans un monde qui offre si peu de perspectives émancipatrices. Les deux sont probablement liés.

Avouons le : nous aurions aimé que cette montée au front d'artistes et de personnalités se fassent quelques mois plus tôt, fin 2019, lorsque la France a été traversée par la vague révolutionnaire des Gilets Jaunes. A cette époque, à part quelques trop rares (et courageux) Bruno Gaccio et Yvan Le Bolloc'h, les artistes sont restés muets et distants de cette révolte, sûrement par peur d'être stigmatisés et traités de racistes.

On ne peut refaire le match. Mais la séquence actuelle permet d'espérer que de plus en plus d'artistes prennent conscience que le monde d’aujourd’hui, et encore plus celui de demain, ne laisse plus de place à un univers artistique tiède, sans prise de position.

Dans un monde où l'imaginaire ne cesse d'être obstrué, où le système fait tout pour réduire le champs des possibles, l'art fait parti des armes de résistance massive.

Merci Camélia, merci Pomme, merci Yseult, merci Omar. Il y aura toujours à redire et à critiquer pour certains. Mais vous avez pris le risque de vous livrer, de prendre position, de tenter d'exposer votre vision de la vie. Cela ne peut être que source de progrès et d'émancipation.

Nous vivons dans une société du spectacle. Et nous savons que la fin de ce monde ne pourra être que spectaculaire. Pour cela, nous avons besoin d'artistes, d'amour et de révolte.


Message aux indignés des poubelles (brûlées)

https://youtu.be/Xfe47nYlTCM

Face à la gravité de la situation, face à l'urgence sociale et climatique, nous pensons que vous n’êtes pas la hauteur. Vous, les partis, syndicats, organisations, coordinations. Vous, les personnalités, les représentants, figures, les têtes.

Nous sommes des millions à vouloir remettre l’Histoire en marche. On ne parle pas d'empêcher des réformes néolibérales ou pré-fascistes. Non, nous voulons démonter le système qui les produit, avant qu'il ne détruise toute la vie, toutes les vies. Nous savons que cela ne pourra se faire sans que l'ancien monde résiste, se batte, riposte.

En France, les Gilets Jaunes ont fait briller une lueur magnifique et entrouvert la porte de cet horizon, disons le, révolutionnaire. Mais la porte est restée fermée au prix d'une répression inouïe.

Feignant de rallier cet idéal, ou craignant de le porter pleinement, les structures qui ont depuis repris en main l'essentiel des luttes en cours ont trop souvent amené avec elle un jeu bien connu consistant à accepter les injonctions du pouvoir à se désolidariser des manifestants considérés comme violents.

Ça n’est pas nouveau, c’est même complètement périmé.

Dans un pays où des personnes se battent contre la montée d'un autoritarisme de plus en plus fou, contre le racisme, contre les violences policières, contre la violence sociale qui s'abat sur les plus faibles. Un pays où l’assassin de Zineb Redouane est toujours CRS, où la police entaille les tentes des migrants, où le gouvernement a pris tout le monde pour des cons en pleine pandémie. Vous, vous condamnez une infirmière parce qu'elle a jeté une pierre en direction de policiers en armure, vous condamnez un pompier parce qu'il a jeté un fumigène, un gilet jaune parce qu'il a lancé des feux d’artifice contre la BAC, et un black bloc parce qu'il a donné un coup de marteaux dans la vitrine d'un magasin de luxe.

Vous condamnez, vous condamnez, vous condamnez. Seulement chacune de vos condamnations légitime la prochaine réforme visant à nous empêcher de manifester. Prochaine réforme qui vous permettra de feindre de redécouvrir la dégueulasserie qui nous gouverne.

En réalité vous aidez le pouvoir.

Comme nous sommes alliés, nous allons être franc. C’est ça qui nous emmerde. Pas le fait que vous pensiez encore pouvoir réformer le système, de l'intérieur, peut-être en y tirant quelques intérêts pour vous et vos structures, ni le fait que vous n’ayez toujours pas compris qu’il n’y a plus de négociation possible à ce moment de la crise structurelle du capitalisme. Non. Le fait que bon gré mal gré vous participiez à la répression des luttes parce qu’après tout, une nasse de deux kilomètres à la place d’une manifestation, il faut bien ça pour empêcher les poubelles de bruler…

Ça ne fait pas de vous des ennemis. Mais sachez qu’à une époque où tout semble possible, et surtout le pire, nous sommes de ceux et celles qui ne comptent pas laisser l'espoir enterré par des jugements moralisateurs servis à des chaînes télé et des journaux propriétés d’oligarques.

Nous ne faisons pas de morale, nous faisons de la politique, dictée par notre envie de construire un autre pays, un autre monde. D’y vivre dignement et d'y être heureux.

Il semble que la question entre vous et nous n’est pas de savoir si nous sommes du même coté de la barricade. Si vous avez du temps et de l'énergie pour expliquer en quoi une BMW qui brule ne sert pas la cause alors que le monde brule, que des milices armées répriment toute les luttes sociales, que des millions de personnes crèvent en silence pendant que les milliardaires s'enrichissent de plus en plus... C’est objectivement que vous n’êtes pas sur la barricade.

Et c’est dommage car il nous semble que comme nous et des milliers d’autres, vous avez secrètement jubilé lors des actes Gilets Jaunes les plus insurrectionnels, quand Christophe Dettinger boxait et qu’une porte de ministère tombait sous les coups d’un Fenwick.

Assumez…

De notre coté nous le crions. C’était beau. C’était beau parce que ça avait la saveur de l’espoir. Et dire cela ne fait pas de nous des assoiffé.es de violence et de chaos. Dire cela c’est savoir où et quand le pouvoir vacille réellement, même de façon furtive et localisée, et c’est s’en réjouir.

Alors oui, assumons. Quand nous voyons de la révolte, notre cœur s'emballe, et quand nous voyons du feu, c’est notre corps qui brule de désir pour demain, parce que nous rêvons tous les jours d'un monde meilleur que celui qui ne tient plus que par la force. Un monde de liberté. Un monde solidaire. Un monde qui ne soit plus régi par le profit de quelques uns. Un monde où la nature est au centre de décisions prises collectivement. C'est pour cet horizon que nous nous battons. Que nous vibrons. Et c'est pour cet horizon que détruire l'ancien monde est notre désir le plus cher.

Vous le savez. Sous le vernis civilisé, c’est bien dans l’horreur et l’inhumanité sans nom que nous vivons. Le futur qui se dessine à la couleur de l’abîme. Soyons ensemble à la hauteur et faisons tout notre possible, maintenant, sans relâche et avec amour.


Nous ne vendrons plus nos livres sur amazon. Une quarantaine de maisons d'édition boycottent Amazon

"Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon". Une quarantaine d'éditeurs s'y engage.

Plus de quarante maisons d'édition boycottent la firme de Jeff Bezos et appellent les autres éditeurs à ne plus vendre leurs livres sur Amazon.

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Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Son monde est à l’opposé de celui que nous défendons. Nous ne voulons pas voir les villes se vider pour devenir des cités-dortoirs hyperconnectées. Amazon est le fer de lance du saccage des rapports humains et de l’artificialisation de la vie. Nous devons, sans attendre, boycotter et saboter son monopole.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Les conditions de travail dans ses entrepôts et en dehors (bas salaires, précarité, cadences exténuantes, pauses réduites, management électronique, chasse aux syndicalistes), son impact écologique (destruction des invendus, bétonisation, utilisation massive d’énergie pour les frets aériens et routiers), l’enrichissement démesuré de son patron et de ses actionnaires sont autant de marques du cynisme du modèle économique et social défendu par cette multinationale.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Les librairies sont des lieux de rencontre, d’échange critique, de débat, de proximité. Un livre doit pouvoir être défendu auprès de ses lecteurs·rices par un·e libraire, un·e éditeur·rice, un·e auteur·rice et ne pas être invisibilisé par les « meilleures ventes du moment ». Nous ne voulons pas remplacer les conseils d’un·e libraire par ceux d’un algorithme, ni collaborer à un système qui met en danger la chaîne du livre par une concurrence féroce et déloyale.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Diffuser de la pensée critique ne peut se faire par ce type de plateforme. Si nous lisons, publions et défendons des textes, c’est pour affûter nos imaginaires et donner corps à nos refus comme à nos convictions. Nous ne sacrifierons pas notre idée du livre pour un compromis financier. Nous ne nous laisserons pas imposer un futur uniforme et impersonnel.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon. Avatar d’un système global, Amazon représente un monde dont nous ne voulons pas et avec lequel il est grand temps de rompre.

Nous ne vendrons plus nos livres sur Amazon et appelons l’ensemble des maisons d’édition et acteurs·rices de la chaîne du livre à nous rejoindre dans cet engagement.

Signataires : Hobo Diffusion, Éditions Divergences, Éditions la Tempête, Nada éditions, Éditions du Commun, L’œil d’or, Les Éditions sociales, La Dispute, Éditions Grevis, Éditions Ixe, Jef Klak, Panthère première, Tendance Négative, Audimat, La Lenteur, Le Monde à l’envers, Éditions des Mondes à faire, Éditions du Bout de la ville, Huber éditions, Archives de la zone mondiale, Smolny, Otium, Ici-bas, Éditions Pontcerq, Premiers Matins de novembre, Faces cachées éditions, Serendip livres, Paon  Diffusion, Les Éditions libertaires, Gruppen, Black star (s)éditions, Le Chien rouge, Rue des  Cascades, Éditions Dépaysage, Éditions Goater, HumuS, Homo Habilis, Tahin Party, L’atinoir, Éditions Adespote, Éditions Blast, Asinamali, Éditions Daronnes, Les Éditions de la Roue, Éditions Noir et Rouge, Les Nuits rouges.


Derrière la défaite de Trump, un pays plus divisé que jamais

Nous aurions tort de nous arrêter sur le seul résultat final de cette élection US 2020 pour conclure que la page du Trumpisme est terminée. Pire, après le Trumpisme, il pourrait y avoir un ou plusieurs mouvements bien pires dans les prochaines années. Si personne ne peut prédire l'avenir, encore moins en cette période, quelques chiffres peuvent tout de même nous alerter. A commencer par le chiffre brut du nombre de voies qu'a obtenues Donald Trump sur cette élection : près de 71 millions sur les 93% de bulletins validés au 8 novembre. C'est 4 millions de moins que Biden. Oui mais c'est 8 millions de plus qu'il y a 4 ans, lorsqu'il a été élu. C'est aussi plus que n'importe quel finaliste des élections US de toute l'histoire. Seul Biden en 2020 fait au dessus de lui (cf. le graph ci dessous). Alors bien sûr, il faut prendre en compte la démographie dans un pays qui gagne près de 3 millions d'habitants chaque année. Il faut aussi prendre en compte l'énorme taux de participation sur ces élections 2020. Mais justement, malgré la mobilisation très importante d'une partie de la population décidée à sortir le président actuel de la Maison Blanche, Trump a fait plus que résisté.

 

Il faut comprendre que sur les 65 millions de personnes qui ont voté Trump en 2016, la quasi totalité a encore voté pour lui cette année. Et s'y sont ajoutés près de 8 millions de personnes supplémentaires. C'est énorme. Surtout au vu du mandat de Trump sur ces quatre années et la situation du pays en 2020, avec la question raciale en premier plan. A ces chiffres, nous pouvons ajouter des infos plus précises sur l'origine des votes pour Trump, notamment puisque les USA autorisent les analyses sur les origines raciales. Ainsi, Trump arrive en tête (et de loin) uniquement chez les américains "Blancs", avec 57% des voies. Chez les Noirs, il ne fait que 8% ! Globalement, le profil type de la personne ayant voté pour Trump en 2020 est un homme, blanc, de plus de 45 ans. Si ce n'est pas une surprise, il faut garder à l'esprit que cette "catégorie" est typiquement celle qui occupe toutes les positions de pouvoir politique, économique et institutionnel. Autrement dit : si Trump n'est plus aux manettes de la maison blanche, ses soutiens restent fortement présents dans tous les rouages de la société. Et il y a peu à espérer que la tendance soit à un apaisement et à une compréhension respective.

L’apparition du mouvement Qanon (qui compte désormais une représentante au sénat) et la montée en puissance des milices suprémacistes sur-armées n'hésitant pas à sortir dans les rues ne sont que la face visible et "caricaturale" d'une tendance plus profonde au sein de la société US : celle d'une lutte d'une partie de sa population (âgée et blanche) pour ne pas être "déclassée" / "remplacée". Pour maintenir sa position dominante dans la société. La question économique et sociale vient donc intimement s'entrechoquée avec ces problématiques. Et, malheureusement, l'énorme crise post Covid qui nous pend au nez (ou qui est déjà là pour beaucoup) devraient plutôt accroitre le phénomène, avec une montée du chômage, de la pauvreté et donc d'un déclassement brutal d'une partie de la population. Face à cela, le principal risque, c'est que Biden et les démocrates continuent la marche forcée du pays dans un libéralisme qui nous conduit tous à notre perte. Et que Trump (voire des personnes encore plus fascisantes) capitalisent sur cette chute de l'empire US.

Autant dire que cette élection, si elle soulage par son résultat immédiat, ne peut que nous inquiéter dans ses conséquences à moyen et long terme.


Tout est question de fric !

Nous voilà rendus à la cage départ. La cage du confinement. Pour la bonne cause, pour sauver des vies. Sauf que désormais, on sait que cette crise sanitaire inédite ne provoquera pas de remise en cause globale du système. Au printemps, l'intensité du choc nous a permis de rêver à une prise de conscience massive et à un monde d'après différent. Vraiment différent.

Que s'est-il passé depuis ? Pas grand chose. Si ce n'est que la société est devenue encore plus sécuritaire et encore plus libérale. Aucun plan massif d'investissement dans la santé et dans l’hôpital public. Ni dans l'éducation. Aucun changement politique majeur concernant le réchauffement climatique.

Pourtant, il serait faux de dire que rien n'a changé. Les conséquences des mesures liées au Covid sont énormes. Et nous n'en voyons que les prémices. Au moins un million de Français-es ont basculé dans la pauvreté cette année et des millions de personnes vont être au chômage. Des centaines de milliers vont tomber dans l’extrême pauvreté. Des dizaines de milliers de petites entreprises vont fermer. Des personnes vont être expulsées de leur logement. En fait, l'énorme crise n'est pas encore arrivée. Mais elle est inéluctable. C'est une question de semaines. De mois tout au plus.

On pourrait se dire que c'est terrible mais qu'on n'y peut rien. Que c'est la faute au virus et qu'il fallait de toute façon prendre des mesures pour éviter des dizaines de milliers de morts supplémentaires.

En effet. Mais surtout, il ne faut pas oublier que, depuis le début de cette crise, les plus riches mettent tout en œuvre pour éviter d'être eux aussi des perdants de cette séquence. N'oublions pas qu'en mars, l'Etat a pris d'énormes mesures pour faire cesser le krach boursier. Pour rassurer le Cac 40 : baisse des taux d'intérêts, aides, allègement des charges... Le gouvernement a donné des milliards aux plus grands groupes. Officiellement pour sauver de l'emploi. Sauf qu'on connait bien la chanson. Cela n’empêchera pas les licenciements.

Le grand problème, c'est que ces milliards donnés aux ultras riches, ce sont autant de milliards qui n'ont pas été mis dans la santé, dans l'école, dans tous les services publics. Autant d'argent qui ne sera pas disponible pour éviter à des millions de personnes de tomber dans la pauvreté. Il n'y a pas d'argent magique ma petite dame !

Il faut donc le redire : tout est question d'argent. S'il n'y a toujours pas plus de lits à l’hôpital ou de personnel de santé, c'est une question de fric. Si le gouvernement a choisi de laisser les enfants aller en cours à la rentrée, c'est une question de fric. S'il n'y a pas eu assez de centres de test et que les délais de résultat ont parfois dépassé deux semaines, c'est une question de fric. S'il n'y a quasiment aucun travaux de ventilation dans les bâtiments publics, c'est une question de fric.

Jeff Bezos a vu sa fortune augmenter de plus de 80 milliard depuis la crise. Les milliardaires français sont, avec les chinois, ceux qui ont vu leur fortune le plus augmenter ces dernières années. Cela ne tient pas du hasard.

Les émeutes actuelles en Espagne et en Italie partent d'un refus des restrictions sanitaires mais s'ancrent dans une colère face à la misère sociale du plus grand nombre. Il y a quelque chose de désormais insoutenable à comprendre que les gouvernements occidentaux ne gèrent cette crise qu'au prisme des élections et du profit des plus riches. Leur objectif, c'est que cette crise ne change rien dans le système actuel, dont ils profitent eux et leurs amis. Mieux, si la crise du Covid peut permettre de renforcer les dispositifs de contrôle pour éviter la contestation sociale tout en cassant le droit du travail... c'est gagnant/gagnant !

On ne va pas se mettre à rêver d'une prise de conscience générale qu'un autre monde est possible. Les derniers mois nous ont montré le contraire. Et l'acceptabilité par la population des mesures contraignantes du gouvernement démontrent que sa stratégie paie. Pour l'instant.Un sondage IFOP début novembre, montre que plus de 7 Français sur 10 sont prêts à rester confinés pendant les fêtes de fin d’année.

Par contre, la réalité sociale qui est en train de se mettre en place va forcément aboutir à des colères difficilement canalisables par les structures politiques et syndicales. Reste à savoir si ces colères sauront se focaliser sur les vrais responsables. Ou si le système réussira, encore une fois, à trouver un bouc émissaire pour canaliser cette colère et se maintenir en place...